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PREC.IPIANO DE SOYE — PUE DESTIN ATI AN ISME


contre les jansénistes et se présentent sous la forme de lettres. Il faut citer : Lettre au Saint-Office du 31 janvier 1691, où il dénonce les menées de la faction janséniste (Synodicon belgicum. 1. 1, p. 574-577) ; Lettre pastorale du 12 octobre 1692, qui valut à son auteur les félicitations du pape Innocent XII (Synodicon, t. ii, p. 391-117, et Clæssens, Histoire des archevêques de Matines, t. ii, p. 38-42) ; Lettre du 19 juillet 1696 à Innocent XII : Lettre du 21 juillet 1700, où il recommande divers points de la morale chrétienne et demande le rétablissement des confréries, notamment de celles du Saint-Sacrement et de la SainteVierge et où il conseille la communion fréquente (Synodicon, t. ii, p. 418-457, et Clæssens, op. cit., t. ii, p. 42-45).

Corneille van Gestel, Hisloria sacra et profana lu-chiepiscapalus Mcchliniensis. 2 vol. in-fol., 1725, t. i, p. 63-05, avec portrait de Précipiano ; Clæssens, Histoire des archeoêques de Matines. 2 vol. in-8°, Louvain, 1881, t. ii, p. 1-49 ; (initia christiana. t. v, col. 21-22 ; François Xavier de Ram, Sunodicon belgicum. sine Acta omniani Ecclesiarum Belgii a cetebraio concilio Tridentino asqæ ad concordatum anni 1801. 2 vol. in-4°. Matines, 1828-1829, t. i, p. 570-577, et t. ii, p. 391-457 ; F. Filsjean, Antoine Pierre I er de Grammont, archevêque de Besançon, in-l(i, Besançon, 1898, p. 22-30, 95-97, 105-112 ; Biographie nationale de Belgique, t. xviii, col. 204-210 ; L. Rochette, llumberl Guillaume de Précipiano. dans La vie diocésaine. Malines, 1912, t. v, p. 81-90, 125-132.

, 1. Carreyre.

    1. PRÉDESTINATIANISME##


PRÉDESTINATIANISME. — Ce serait

Terreur de ceux que l’on a appelés les prédestinatiens, ce dernier mot traduisant, par à peu près, le mot prædestinati, lequel a été en usage plutôt que celui de prœdesdnatiani. Théoriquement on devrait appeler ainsi ceux qui, assimilant de tout point la prédestination au ciel et au bien et la prédestination à l’enfer et au mal, enseigneraient que Dieu, par un décret éternel et antérieurement à toute considération, choisit un certain nombre d’hommes (ou de créatures raisonnables) pour manifester en eux sa miséricorde, tandis qu’il en destine d’autres à manifester sa puissance et sa sévérité, en décidant à l’avance qu’ils seront pécheurs, mourront dans le péché et seront damnés.

Que. dans la réalité de l’histoire, il ait existé une telle opinion, qu’il faille en rapprocher la doctrine calviniste de la prédestination, telle que l’ont formulée les supralapsariens des Pays-Bas, au xviie siècle, c’est ce qui ne paraît pas évident à bon nombre d’historiens des dogmes. En fait, quand l’on traite la question du prédestinatianisme, on raconte beaucoup plus la polémique qui, au milieu du xviie siècle, mit aux prises les disciples de saint Augustin » et les < nouveaux théologiens (disons, pour faire court, jansénistes et molinistes ) sur le point de savoir s’il avait existé dans le passé chrétien une hérésie prédestinatienne, caractéi isée comme telle et réprouvée comme telle par n’élise.

I. Les pièces de la controverse.

1° Dans son Histoire du pélagianisme qui forme le t. i de l’Augustinus, Jansénius racontait au t. VIII, c. xxi-xxiu, les résistances des Massilienses à la doctrine de saint Augustin sur la prédestination, et il exprimait l’idée que c’étaient ces semi-pélagiens » qui avaient inventé l’hérésie prédestinatienne », nom sous lequel ils poursuivaient en fait la véritable opinion du docteur de la .nràce. Voir l’analyse de ces chapitres à l’art. Jansénisme, t. viii, col. 340.

2° L’Augustinus parut à Louvain en 1640, à Paris en 1(541. En 1643, Sirmond publiait le texte du livre anonyme qu’il appelait le Prædeslinatus ; cf. ci-dessus, col. 2775 et surtout 2779. Ce n’était pas une simple édition. La préface Ininduit paucis ubliinc annis (elle n’est pas dans P. L., la chercher soit dans l’édition originale de Sirmond, s : >it dans les Opéra de Sirmond)

DICT. DE TIIÉOL. CATHOL.

prenait en termes très vifs le contre-pied de la thèse soutenue par Jansénius. L’hérésie prédestinatienne, dont les modernes défenseurs de saint Augustin se refusaient à reconnaître l’existence, était bel et bien garantie par ce livre anonyme du ve siècle, qui la combattait si vigoureusement et de manière si orthodoxe. Comme confirmation, Sirmond alignait un certain nombre de Veterum testimonia de prsedestinatorum luvresi. Cf. P. L., t. lui, col. 585-588.

3° Cette intervention de Sirmond, venant à la rescousse de Baronius et de Suarez (que Jansénius avait pris à partie), provoqua sur-le-champ une réplique : Censure d’un livre que le R. P. J. Sirmond a fait imprimer sur un vieil manuscrit et qu’il a intitulé Pr^edestinatus, par le sieur Auvray, docteur en théologie (Auvray est un pseudonyme ; l’auteur est Martin Barcos, neveu de Saint-Cyran), Paris, 1643 et 1644. Cette censure fut traduite en latin : Censura in qua ostenditur nullam fuisse unquam prædestinalorum hæresim, auct. Auvra ?o, doct. Sorb., Paris, 1645, que l’on publia aussi à la suite d’une réédition du Prædeslinatus. Le volume débutait par une préface d’Auvray, Nihil sub sole novum, faisant allusion aux débats récents, en Hollande, entre arminiens et calvinistes orthodoxes, à Rome, où la controverse De auxiliis s’était récemment déroulée, en France, où la Sorbonne et la Compagnie de Jésus étaient aux prises. De part et d’autre, on en appelait au consensus veteris Ecclesiæ, de part et d’autre aussi on voulait que la doctrine adverse eût été qualifiée d’hérésie dans le passé. Les partisans de la prédestination inconditionnée (ante prævisa mérita) appelaient leurs adversaires « pélagiens » ; inversement, ceux qui dans l’affaire du salut défendent les condilionata décréta mettaient leurs antagonistes au nombre des prædestinati. C’est dans ce dessein que le P. Sirmond venait de publier le Prædeslinatus ; mais, en fait, il n’y avait jamais eu d’hérésie prédestinatienne ; le soi-disant écrit prédestinatien réfuté par l’auteur anonyme était un faux en provenance de milieux pélagiens ou semi-pélagiens. Quant à la Censure elle-même, qui faisait suite à là réédition du Prædeslinatus, elle s’ouvrait par une introduction très violente, tant pour Sirmond qui s’était laissé duper que pour le livre anonyme publié par lui. Loin de pouvoir être invoqué comme juge, ce misérable auteur devait même être récusé comme témoin.

4° Ce pamphlet — il est impossible de lui appliquer un autre nom, malgré l’exactitude des données positives — induisait Sirmond en tentation de riposter. Il y succomba, hélas ! et fit paraître, à Paris, en 1648, son Hisloria prædestinaliana quibus initiis exorta et per quos polissimum profligata prædestinalorum hæresis olim fuerit et oppressa, 89 p. in-8°, reproduite dans P. L., t. lui, col. 671-692. Le vieil historien, mis sur une fausse piste par Hincmar de Reims, s’efforçait de relever, depuis le début du ve siècle jusqu’à la controverse du ixe, les affleurements d’une hérésie, disons plus, d’une secte prédestinatienne, qui, née en Afrique au temps même d’Augustin, aurait fait école dans le sud de la Gaule et s’y serait perpétuée jusqu’à l’éclat de l’affaire Gottschalk. Il est vraiment douloureux de voir ce vieillard (il avait 89 ans) accumuler les paralogismes pour donner aux textes les plus clairs un sens diamétralement opposé à leur signification obvie.

5° Dans le camp adverse on triompha. Encore que la thèse d’ensemble de Sirmond lût insoutenable, elle n’avait pas laissé d’attirer l’attention sur l’importance qu’avait eue la controverse du ixe siècle, où s’était débattu le problème de la double prédestination. L’évêque angl.ican d’Armagh, en Irlande, J. Usher, avait d’ailleurs, dès 1631, publié une Gotteschalci cl prædestinatianèe controversise historia. (C’est lui qui, dans le latin de l’époque, est appelé Armaghus). lu

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