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PRATO (GÉRARD DE ;

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envoyer dos légats pour la préparer. Urbain IV confia

les négociations à quatre franciscains : Simon d’Auvergne. Pierre de Crète, Pierre de Morée et Boniface

(livrée (, 28 juillet 1263). puis, dans une seconde légation, à Gérard de l’rato et Raynier de Sienne (212 juin L264). l’eu après le départ de ces délégués, Urbain IV mourut (2 octobre 12(14). Il est difficile de déterminer la part que les derniers envoyés ont eue dans les négociations avec Paléologue. D’une lettre de Clément IV, qui succéda à Urbain IV, il résulte que Gérard de l’rato et Raynier de Sienne sont restés plus longtemps à la cour de Paléologue que les quatre premiers envoyés. Cf. Golubovich, op. cit., t. i, p. 256. On admet toutefois généralement que Gérard et son compagnon n’eurent pas à intervenir, parce que les quatre premiers délégués les avaient précédés. Comme les discussions engagées traînaient en longueur, les apocrisiaires du pape y mirent fin et partirent, emportant avec eux un écrit, où Michel Paléologue proposait la réunion d’un concile.

Gérard de Prato doit s’être acquitté avec fruit de sa délicate mission auprès de Michel Paléologue, puisqu’en avril 1278 il fut envoyé, par Nicolas III, avec quatre confrères (Antoine de Parme, Jean de Sainte-Agathe. André de Florence et Mathieu d’Arezzo), au grand khan des Tartares, Kubilai, et à l’illkhan de Perse, Abagha, qui, en 1277, avait député au pape une ambassade pour négocier une alliance contre les musulmans et lui promettre des secours importants. Contre C. Eubel, Bullurii franciscani epitome, Quaraccbi, 1908, n. 1403, qui soutient que ces nonces ne seraient arrivés en Perse qu’après la mort d’Abagha-Khan (1 er avril 1282) et auraient trouvé sur le trône Ahmed Xikudar, musulman farouche et persécuteur des chrétiens, nous admettons avec G. Golubovich, op. cit., t. ii, p. 427-428, que Gérard et ses compagnons sont arrivés à la cour de l’illkhan de Perse vers la fin de 1278 et s’y sont acquittés de la mission qui leur avait été confiée par Nicolas III. Ils n’auraient cependant pas poursuivi leur voyage jusqu’à la cour du grand khan, mais, après la mort d’Abagha-Khan, ils auraient quitté la Perse et seraient revenus en Italie.

En 1283, nous rencontrons Gérard comme compagnon ou secrétaire du général de l’ordre, Ronagratia, qu’il accompagna dans ses voyages à Paris et à Avignon, où Bonagratia emportait les censures infligées par les sept théologiens de l’ordre à Paris aux doctrines d’Olieu. Comme, à son arrivée à Avignon, Bonagratia tomba gravement malade et fut emporté rapidement (3 octobre 1283), il avait chargé son secrétaire, Gérard de Prato, de poursuivre en son nom et avec son autorité l’aflaire de Pierre Olieu. D’après les dispositions établies par Bonagratia, Olieu fut convoqué à Avignon où Gérard fit lire, en présence des frères assemblés, la sentence des théologiens de Paris et ordonna au chef des spirituels de signer la Litiera septem siyillorum. Après avoir hésité, Olieu se soumit, mais non sans quelque réserve. Il distingua parmi les propositions, qui lui étaient soumises, celles qui étaient purement philosophiques et celles qui touchaient à la foi. Aux premières il n’opposa rien et consentit simplement à les reconnaître. Quant aux autres, il crut devoir y ajouter quelques explications propres à fixer le sens qu’il leur avait donné dans ses différents traités.

Après avoir obtenu cette soumission d’Olieu, faite par écrit, Gérard, toujours d’après les ordres de Bonagratia et investi de l’autorité que le général lui avait communiquée avant de mourir, promulgua une circulaire, dans laquelle il ordonnait de faire lire dans tous les couvents de la province les deux pièces du procès et invitait les supérieurs de tousles couvents à défendre à leurs sujets la lecture des ouvrages d’Olieu. Il y

donnait aussi l’ordre de rechercher partout les écrits du chef des spirituels. C’est le dernier acte connu de la vie de Gérard de l’rato. Nous ignorons la date de sa mort. Nous tenons à faire remarquer cependant que nous ne savons point sur quelles sources le P. Gratien de Paris peut s’appuyer pour affirmer que Gérard fut pénitencier d’Urbain IV. Histoire… des frères mineurs un XIIIe siècle, p. 538. Nous ne connaissons aucun document qui puisse fonder cette assertion.

Gérard de Prato est l’auteur d’un Breviloquium super libros Sententiarum magistri Pétri Lombardi, conservé dans le ms. Q. II, 26, n. 11, de la bibliothèque Roncionienne de Prato, les Vat. lut. 3159 (xve s.), fol. 1 r°-69 v°, et 5062 (xive s.), fol. 1 r°-24 v°, et le ms. Regin. lai. 430, fol. 36 r°-64 v°, de la bibliothèque Vaticane. Ces deux derniers sont anonymes. Le Breviloquium comprend quatre livres, dont le I er (ll ch.) traite de Dieu et de la sainte Trinité ; le IIe (32 ch.), de la création, des anges, de l’homme, du péché originel et du péché ; le IIIe (23 ch.) de l’incarnation, de la grâce, des vertus théologales et cardinales, des dons du Saint-Esprit ; le IVe (16 ch.) des sacrements, des préceptes du décalogue, du mérite, du jugement dernier, de la résurrection, du ciel et de l’enfer. Il faut noter cependant que le ms. Regin. lat. 430 divise le tout en six livres. Le 1. III des autres mss. y comprend trois livres dont le I er traite de l’incarnation (5 ch.) ; le IIe de la grâce et des vertus théologales et cardinales (9 ch.) ; le IIIe des dons du Saint-Esprit (9 ch.). Au fond cependant, le texte de tous ces mss. concorde.

Ce Breviloquium débute : Deus est id quo melius excogitari non potest, et finit : quia a suis peenis itatotaliter absorbebuntur quod aliorum tormenlis inlendere non valebunt. Il a été édité, avec un commentaire exhaustif, par le P. Marcellin de Civezza, O. F. M., avec le titre : Il Breviloquium super libros Sententiarum di fraie Gherardo da Prato, Prato, 1882. L’auteur y expose longuement la doctrine de Gérard de Prato et la compare avec les théories défendues par les représentants de l’école franciscaine, principalement par Alexandre de Halès et saint Bonaventure. Le Breviloquium de Gérard de Prato ne constituerait au fond qu’un résumé, un compendium de la Summa theologica attribuée à Alexandre de Halès et du Commentarium in quatuor libros Sententiarum de saint Bonaventure. L’édition du Breviloquium a été faite d’après le ms. Q. II, 26, n. 11, de Prato, confronté avec le ms. Vat. lat. 3159. Le P. Marcellin de Civezza ne connaissait pas les deux autres mss. mentionnés. La théorie de Gérard de Prato sur les dons du Saint-Esprit a été exposée par H. Boeckl, Die sieben Gaben des Heiligen Geisles in ihrer Bedeutung fur die Mystik nach der Théologie des 13. und 14. Jahrhunderls, Fribourg-en-B., 1931, p. 131-132.

L. Wadding, Annales minorum, t. iv, Quaracchi, 1931, an. 1264, n. ii, p. 252 ; t. v, ibid.. an. 1278. n. vui-xii, p. 39-47 ; an. 1283, n. i, p. 135 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ordinis minorum, t. i, Rome, 1908. p. 325 ; Salimbene, Chronica, éd. (). Holder-Egger, dans Mon. Germ. hist., Script., t. XXXII, HanovreLeipzig, 1905-1913, p. 210, 311 ; Card. Fr. Ehrle, S. J., Petrus Jolmnnes Olivi, sein Leben und seine Schriften, dans Arcliiv fur Lilteraturimd Kirchengeschichte des M. A., t. iii, 1887, p. 417, 123429 ; Chronica XXIV Generalium, dans Anal, franc., t. iii, Quaracchi, 1897, p. 370 ; Kené de Nantes, O. M. Cap.. Histoire des spirituels, Paris, 1909, p. 279-280 ; An. Van den Wyngært, O. F. M., Sinica franciscana, t. i. Quaracchi, 1029, p. i.xvii :  ; G. Golubovich, o. 1°. M.. Biblioteca biobibliografica délia Terra sautae dell’Oriente francescano, t. i, Quaracchi, 1906, p. 193, 254-259, 300 ; I. n. ibid., 1913, p. 420-428 ; P. Gratien de Paris. O. M. Cap.. Histoire de la fondation et de l’évolution de l’ordre des frères mineurs au

XIIIe siècle. Paris, I928.i>. 538, 563-654, 668-669 ; Décima L. Douic, The nature and the effecl o/ the heresy o/ the fralïrelli. Manchester, 1932, p. 80-88.

Am. Teet U RT.