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PRATO (ARLOTTO DE) PRATO (GERARD DE

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en ne se prononçant pas seulement sur la doctrine, mais en condamnant aussi la personne d’Olieu. D’après lui, au contraire, ce serait la première commission qui ait procédé avec, autant d’objectivité et examiné avec autant de soin des ouvrages théologiques.

Le second document, rédigé par Arlotto et les autres membres de la commission, contenait 25 articles (non 22, comme on l’a admis jusqu’ici) opposés à ceux qui avaient été condamnés, qui devaient être souscrits par Olieu et ses adhérents. Cette lettre, appelée Litlera seplem siyillorum, était munie de sept cachets, un pour chaque censeur, qui pendaient à la pièce, comme les sceaux aux bulles pontificales. Enfin les sept censeurs demandèrent la prohibition des œuvres d’Olieu. Tout cela se passait avant septembre 1283. Bonagratia, en efïet, emportait avec lui ces deux documents, quand, en septembre 1283, il se rendit de Paris en Avignon. Il se promettait de briser d’un seul coup tout le parti d’Olieu. Mais à peine avait-il pris ses premières dispositions qu’il tomba gravement malade et fut rapidement emporté par la mort. Gérard de Prato, frère d’Arlotto, poursuivit cette affaire, comme nous l’indiquons dans la notice suivante.

D’après L. Oliger, Dict. d’hist. et de géogr. eccl., t. iv, col. 251, Arlotto, bien que résidant à Paris, aurait exercé les fonctions de provincial de Toscane entre 1282 et 1285. Au chapitre général, célébré à la Pentecôte de 1285 à Milan, Arlotto fut élu général de l’ordre. Peu soucieux de renouveler des expériences hasardeuses et demeurées stériles à l’égard d’Olieu, il ajourna toute solution nouvelle. Ne voulant pas cependant mécontenter les adversaires d’Olieu, il renouvela l’ordonnance de Gérard de Prato et prescrivit de rechercher avec soin les différents écrits de l’accusé. Toutefois il n’en ordonna pas la destruction, mais se contenta d’en défendre la lecture, jusqu’à ce qu’il eût examiné l’affaire par lui-même et l’eût définitivement réglée. Arlotto fit venir Olieu à Paris pour s’expliquer sur les points incriminés de sa doctrine et lui permettre de se justifier. Animé d’un esprit plutôtbienveillant à l’égard du chef des spirituels, le général espérait qu’Olieu parviendrait facilement à vaincre ses adversaires et à les réduire au silence. Mais les débats n’étaient pas encore terminés, lorsqu’Arlotto mourut en 1286, après onze mois de gouvernement, de sorte qu’aucune décision ne fut prise dans l’affaire d’Olieu. Arlotto fut enseveli dans le Grand Couvent de Paris.

Si Arlotto eut une part considérable dans les luttes intestines de l’ordre franciscain, son activité littéraire, au contraire, du moins pour ce qui en est connu, est très limitée. Le cardinal Fr. Ehrle, Petrus Johannis Olivi, sein Leben und seine Schrijlen, dans Archiv f. Lill.-und Kirchengesehichte des M. A., t. iii, 1887, p. 417, mentionne une Quæslio disputata de seternitate mundi, conservée dans le ms. lai. 14 726, fol. 181 v° b183 v° b, de la Bibl. nationale de Paris, ainsi que quelques Sermons contenus dans le ms. lai. 14 947 de la même bibliothèque. Denifle-Chatelain, Chart. Univ. Paris., t. i, p. 648, et t. ii, p. 717, de son côté, a attiré l’attention sur un ancien registre de l’Université de Paris, dans lequel figure un recueil de sermons, commençant : Sapienlia sanctoriim. Peut-êtreles sermons du ms. lai. 14 947 sont-ils identiques avec ceux du recueil susdit. D’après L. Oliger, op. cit., Arlotto aurait écrit aussi un commentaire sur les Sentences du Lombard. Il en trouve des indices dans le fait que Guillaume de Ware, franciscain contemporain d’Arlotto, cite ce dernier dans son 1. IV des Sentences, q. xxxiv, conservé dans le ms. Conv. sopp. A. 4. 42, fol. 163 r° b de la Bibliothèque nationale de Florence.

Quant à la concordance biblique, Concordahiiæ Scriplurarum, que les auteurs attribuent généralement à Arlotto, la question d’authenticité est plus compliquée.

D’après L. Oliger, op. cit., le témoignage le plus ancien à ce sujet serait celui de Barthélémy de Pise (1385), qui en parle à deux reprises dans son De conformante. D’abord il écrit : Fr. Arlottus de Prato…, gui inler alia opéra concordantias dicitur edidisse, dans Analecta franciscana, t. iv, Quaracchi, 1906, p. 337 : ensuite, il parle d’une manière absolue : Locum de Prato, de quo oriendus fuit frater Arlottus… et concordanliarum librum pro magna parle confecil. Op. cil., p. 518. Sixte de Sienne, Bibliolheca sancta, I. IV, t. I, Venise, 1575, p. 380, lui attribue Concordanliu-Yeleris ac Novi Testamenti. Sbaralea, de son côté, mentionne des manuscrits d’une concordance biblique, qui étaient conservés dans les bibliothèques des couvents Sainte-Croix à Florence et à Vienne, Saint-François à Assise et à Ferrare et dans la bibliothèque Martienne de Venise. Cette concordance débute : Cuilibel volenli requirere concordantias et termine : ancillam marito Iradidit. Sbaralea en indique aussi diverses éditions : Nurenberg, 1485 ; Bologne, 1486 ; Bàle, 1496 ; Strasbourg, 1530 ; Venise, 1549 ; Anvers, 1572, 1585, 1625 ; Francfort, 1620. Cette concordance diffère certainement de celle des dominicains et semble être le travail des franciscains. On ne peut cependant l’attribuer avec certitude à Arlotto de Prato, parce que jusqu’ici on n’a pu trouver aucun manuscrit qui porte le nom du maître franciscain.

L. Wadding, Scriptores ordinis minorum. Rome. 1906 v p. 13 ; du même, Annales minorum. t. v. Quaracchi. 1931, an. 1285, n. iv-v, p. 155-156 ; an. 1286, n. i, p. 150 ; t. ix. Quaracchi, 1932, an. 1399, n. xxvi, p. 236 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores ordinis minorum. t. i. Rome, 1908, p. 101-102 ; Salimbene, Chronica, éd. O. Holder-Egger, dans Mon. Germ. hisl.. Script., t. xxxii, Hanovre-Leipzig, 1905-1913, p. 210, 211, 578-579, 593, 618 ; Chronica XXIV Generalium, dans Anal, francise, t. iii, Quaracchi, 1897, p. 374-376, 382-383 ; Barthélémy de Pise, Liber ennformitatum, ibid., t. iv, Quaracchi, 1906, p. 337, 518, 544 ; Denifle-Chatelain, Chartularium universitalis Parisiensis. t. i. Paris, 1889, p. 595-596. 598 ; t. ii, ibid., 1891, p. 717 ; Fr. Ehrle, Petrus Johannes Olivi, sein Leben und seine Schri/len, dans Arcliiu fur Litteralur-und Kirchengesehichte des M..4., . t. iii, 1887, p. 417-430 ; René de Nantes, O.-M. Cap., Histoire des Spirituels, Paris, 1909, p. 278-287 ; E. Hocedez, S. J., Richard de Middlelon, sa vie, ses œuvres, sa doctrine, Louvain, 1925, p. 79-90 ; (iratien de Paris, O. M. Cap., Histoire de la fondation et de l’évolution de l’ordre des frères mineurs au XIIIe siècle, Paris. 1928, p. 273, 344, 369, 374, 382 ; J. Koch, Die Verurteilung Olivis auf déni Konzil von Vienne und ihre Vorgeschichte, dans Scholaslik, t. v, 1930, p. 489-512 ; D.-L. Douie, The nature and the effect of the heresg of the fraticelli, Manchester, 1932, p. 84-89 ; L. Oliger, O. F. M., Arlotto de Prato, dans Dict. d’hist. et de géogr. eccl., t. iv, col. 251-252.

Am. Teetært.

    1. PRATO(Gérard de)##


2. PRATO(Gérard de), frère mineur (xme siècle), qu’il faut distinguer d’un autre Gérard, franciscain comme lui et pénitencier d’Innocent IV (1243-1254). Cf. Wadding, Ann. min., t. iii, Quaracchi, 1931, an. 1244, n. xvi, p. 120. — Frère d’Arlotto de Prato, Gérard fit ses études d’abord au couvent de Pise avec Salimbene, depuis 1243 jusqu’à 1247. Cf. Salimbene, Chronica, éd. Holder-Egger, p. 210. G. Gol’ubovich, Biblioteca… délia Terra santa, donne les années 12411246. Il fut envoyé ensuite avec Benoît de Colle à Toulouse pour y continuer ses études. Celles-ci terminées, il revint en Toscane, où il exerça la charge de lecteur. Le 22 juin 1264, Gérard de Prato et Raynier de Sienne furent envoyés par Urbain IV en qualité de délégués pontificaux à Constantinople, pour y traiter de l’union de l’Église grecque et de l’Église latine avec Michel Paléologue qui, le 25 juillet 1261, avait repris Constantinople aux Latins. Le pape ayant organisé une croisade, Michel ne vit d’autre moyen de détourner l’orage que de parler, comme son prédécesseur, de réconciliation avec Rome. Il demanda au pape de lui