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PRATEOLUS (GABRIEL’PRATO (ARLOTTO DE)

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Des faux prophètes, séducteurs et hypochrites qui

viennent à nous en habit de brebis…, Paris, 1563, 1567 ; L’autorité du concile arec les signes pour sçavoir discerner l’Église de Jésus-Christ d’arec la Synagogue de l’Antéchrist, Paris, 15C4 ; repris ultérieurement avec un appendice : Qui sont ceux qui, de droit divin, doivent en icelui concile assister avec voix délibérntive et présider, Paris, s. d. : Arresl et condamnation donnée <iu profit des catholiques par les propres témoignages, confrontations et sentences de XXIII des principaux ministres et prédicans. .. sur le différent de XXXII articles de la foi, meu et agité entre eux et les dits catholiques, depuis cinquante ans en çà et plus, Paris, 1567 ; Remonstrance et exhortation… à ceux qui sont tombés… avec la confutation de cinquante des plus notoires erreurs de Luther… item la description des diverses sectes et opinions en la doctrine des hérétiques de notre temps, Paris, 1574 ; Déclaration des abus, hypocrisie et subtililez des (aux prophètes et séducteurs du peuple ; ensemble les marques et enseignes comment il les faut connaître et se garder d’eux, Paris 1579.

Cette polémique, contre les erreurs contemporaines amena Dupréau à l’idée d’étudier les erreurs anciennes, reproduites plus ou moins exactement — c’était un des lieux communs de la polémique — par les soi-disant novateurs. Ainsi naquit le livre par lequel Dupréau est surtout connu et qui parut en 1569, à Cologne, sous le titre : De vitis, sectis et dogmatibus omnium hæreticorum, qui ab orbe condilo ad noslra usque lempora et velerum et recenlium authorum monimenlis prodili sunt elenchus alphabelicus, petit in-fol., Cologne, 1569. Pour réaliser ce répertoire, Dupréau a puisé à de bonnes sources. Bien entendu, ses renseignements sur l’antiquité lui viennent tout spécialement des hérésiologues classiques, Irénée, Épiphane, Philastre, et des historiens ecclésiastiques qu’il a fréquentés assidûment. Sur les aberrations doctrinales du Moyen Age il s’est fait instruire par Gerson, Énéas Sylvius Piccolomini, sur les époques plus proches par Hosius, Claude d’Espence. Il a réussi, en définitive, à composer un recueil qui n’est pas sans mérite, si l’on songe surtout à la date où il fut écrit. Évidemment il a cédé à la même tentation que les hérésiologues, ses modèles, et a tenu à amplifier sa liste, en y faisant figurer des opinions ou des personnes qui n’avaient aucun droit à cette inscription au tableau d’infamie. En parcourant le tableau des hérétiques du xvie siècle (une table chronologique mise en tète du volume remédie aux inconvénients de l’ordre alphabétique), on est tout scandalisé de voir figurer, entre Martin Luther et l’anabaptiste Thomas Mùnzer, le respectable Thomas de Vio, cardinal Cajétan. Son crime ? D’avoir dit que le récit de la Genèse sur la formation d’Eve ne doit pas être pris à la lettre : non esse juxla lilteram intelligenda sed secundum myslerium. En fin d’article, Dupréau concède bien, se référant d’ailleurs à Alphonse de Castro, qu’il est peut-être hasardeux de ranger ce grand savant parmi les hérétiques : potuit quidem errare et hæreticus non esse, prœsertim si non perlinaci animo suæ sententiæ adhœsil. Ce traitement n’en donne pas moins la mesure de l’état d’âme de notre humaniste.

Mis en goût par ces recherches, Dupréau entreprit de rédiger une histoire de l’Église, prenant ainsi l’initiative du mouvement dont Baronius allait être, quelques années plus tard, le plus illustre représentant. En 1580, il faisait paraître, à Paris, en deux in-folio, l’Histoire de l’eslal et succès de V Église, dressée en forme de chronique généralle et universelle, où sont contenues les choses plus mémorables avenues chaque an par toutes les parties du monde, tant au fait ecclésiastique que civil, depuis la nativité de Jésus-Christ jusques à l’an MDLXIII : Les travaux ultérieurs ont évidemment rendu caduque cette ceuvre demeurée informe. II fallait cenendant

rapporter à l’humaniste français le mérité d’en avoir eu l’idée. C’est par erreur que certains bibliographes attribuent à Dupréau une Sarralio historica conciliorum omnium. Comme ouvrage distinct. En tête de l’Elenchus hærclicorum figure une liste (13 p. non numérotées) des conciles généraux et particuliers par ordre chronologique, depuis le concile de Jérusalem tenu par Pierre et les autres apôtres au temps de l’empereur Claude, jusqu’au concile de Trente « tenu sous les empereurs Charles-Quint et Ferdinand, par les papes qui se sont succédé de Paul III à Pie V. » A la suite du nom de chaque concile figure un sommaire très bref des questions qui y furent traitées. En 1610, le ministre luthérien Jean Lyrîius publia une critique extrêmement acerbe de cette liste de Dupréau sous le titre : Narratio liislorica conciliorum omnium Ecclesise christianæ G. Prateoli, cui addidil castigationes suas et alia nonnulla J. Lydins, Leyde, 1610. C’est ce petit volume plein de fiel, que l’on a porté au compte du vieil humaniste français, si profondément catholique.

La liste des ouvrages dans les deux Bibliothèques françaises de La Croix du Maine (édit. Rigoley), t. i, p. 253, 254, et de Du Verdier (même édit.), t. ii, p. 10-13 ; J. Launoy, Regii Navarræ gymnasii Parisiensis historia, part. III, I. III, c. lxxx, dans Opéra, t. iv a, p. 649-650.

É. A.MANN.

    1. PRATO (Arlotto de)##


1. PRATO (Arlotto de), frère mineur (xme siècle).

— Originaire de Prato, en Toscane, d’une famille noble, il revêtit l’habit franciscain avec son père et trois de ses frères, parmi lesquels Gérard et Jean. Il fit ses études à l’université de Paris probablement sous le généralat de saint Bonaventure. Cf. Gratien de Paris, Histoire de la fondation et de l’évolution de l’ordre des frères mineurs au XIIIe siècle, Paris, 1928, p. 273. Il prit le grade de maître en théologie en 1282 ; il était donc arrivé à Paris vers 1274. II existe, en effet, une quæstio disputata d’Arlotto de cette année. En 1282, il prit part à deux actes de l’université, dont l’un se rapporte à une sentence sur la réitération de la confession des péchés déjà confessés et l’autre à la fixation du loyer des maisons.. Arlotto fut un des sept membres de la célèbre commission, instituée en 1283, par Bonagratia, le général de l’ordre, pour examiner un certain nombre de propositions suspectes d’Olieu, extraites des œuvres du fougueux franciscain. Avec trois autres maîtres en théologie, Droco de Provins, Jean Valensis (Garau) et Simon de Lens, et trois bacheliers, Richard de Médiavilla, Gilles de Bensa et Jean de Murro, Arlotto rédigea deux documents destinés à rendre publique la condamnation des ouvrages d’Olieu. Le premier, écrit selon l’usage sur un long parchemin (rolulus) renfermait au moins 50 articles, extraits des ouvrages d’Olieu. En face de chacun d’eux, dans la marge, était indiquée brièvement la censure spéciale que lui avait appliquée ou l’unanimité ou la majorité des voix. D’après J. Koclï, Die Verurteilung Olivis auf dem Konzil von Vienne und ihre Vorgeschichte, dans Scholastik, t. v, 1930, p. 506, des restes de ce Rotulus seraient conservés dans le cod. Val. Borgh. 46. Ce même auteur soutient que ce Rotulus est d’une importance capitale pour l’histoire des censures, parce qu’il rompt avec l’usage traditionnel de stigmatiser les théories réprouvées du nom à’error et qu’il introduit une nouvelle méthode dans l’indication des condamnations portées. Arlotto, avec les autres membres de la commission, avait porté des censures, qui variaient depuis la note d’hérésie jusqu’à celle d’ineptie. On y rencontre, en effet, les notes de hærelicum, in fide dubium, ordini nostro periculosum, nescium, præsumpluosum et quelques propositions marquées simplement d’une croix. Le même auteur rejette aussi l’opinion, admise jusqu’ici, que la commission aurait dépassé son mandat