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PRAGMATIQUE SANCTION — PRATEOLUS (GARRIEL,

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C’est ce que le roi se hâta de faire et il l’annonça dès le lendemain (8 juillet) au concile de Bâle.

Conséquences.

La Pragmatique ne fut pas une

œuvre de représailles contre le pape ; on adoucissait les mesures du concile. On admettait que, l’Église ayant parlé par l’organe du concile de Bâle, le pape n’avait plus qu’à s’incliner. Par ailleurs, on n’avait pas craint de discuter et d’amender certains décrets du concile, mais on comptait sur les ambassadeurs du roi pour obtenir des Pères de Bâle que ces décrets fussent modifiés suivant les désirs de l’assemblée. On se gardait d’attendre l’accomplissement de cette formalité pour demander au roi de promulguer toutes les mesures votées.

La Pragmatique sanction fut expédiée de Bourges le 7 juillet 1438, précédée d’un préambule qui accentuait le caractère agressif à l’égard du Saint-Siège : on parlait de cupidités déchaînées depuis le déclin de l’antique discipline, de bénéfices tombés aux mains d’étrangers et de mercenaires, de culte supprimé, de piété attiédie, d’édifices ruinés, d’écoles délaissées, d’or transporté hors du royaume, tous abus auxquels les décrets de Bâle semblaient devoir apporter un remède nécessaire.

On ne peut dire sans exagération que la Pragmatique sanction amena un bouleversement complet des relations existant entre la France et le Saint-Siège, qu’elle inaugura un régime nouveau et définitif ; mais elle restreignit le rôle du pape dans notre pays et développa, outre mesure, le privilège des électeurs et des collateurs ordinaires. Eugène IV refusa de l’admettre et passa outre à ses prescriptions. Le roi en détourna le sens dans la pratique : parfois il eut recours au pape dans la collation des bénéfices ; parfois il exerça sur les électeurs une pression telle que la liberté n’existait plus ; souvent son action consistait à mettre la brouille dans les chapitres chargés de l’élection, ce qui provoquait finalement un recours à Rome.

Dès le début, quelques prélats s’étaient opposés par principe à la Pragmatique ; en fait, beaucoup remirent entre les mains du pape les droits de présentation ou de collation qu’elle leur conférait. L’université de Paris, attachée par intérêt aux prérogatives du Saint-Siège, attaqua l’acte de Bourges dès son apparition. D’ailleurs ce prétendu remède aux maux de l’Église de France ne supprima ni les conflits, ni les abus de force, ni les actes de violence trop fréquents dans l’histoire des monastères et des chapitres. La mesure pourtant était légale, et l’on ne saurait prétendre que son exécution resta lettre morte en France. Beaucoup d’élections et de collations se firent selon la Pragmatique. L’habitude de célébrer la messe ou du moins de communier avant de prendre part à une élection se répandit. On cessa de payer les taxes apostoliques et le pape dut consentir de fortes remises à ceux qui voulaient bien s’acquitter envers lui. Eugène IV et ses successeurs, Nicolas V, Calixte III et Pie II, multiplièrent leurs démarches auprès de Charles VII pour obtenir l’abolition de la Pragmatique. Ils lui envoyèrent des légats ; le roi usait ordinairement, pour résoudre les difficultés, du moyen si dispendieux des assemblées, parmi lesquelles l’assemblée de Chartres (1450) où apparut pour la première fois la prétendue Pragmatique sanction de saint Louis. Pour divers motifs, entre autres les difficultés avec l’Angleterre, on ne put aboutir à une entente, à tel point qu’à la mort de Charles VU on était bien loin de l’accord tant désiré.

Louis XI, qui sur beaucoup de points suivit la politique diamétralement opposée à celle de son père, abolira la Pragmatique sanction le 27 novembre 1461, préparant les voies à François I er qui devait signer avec Léon X le concordat de 1516. L’esprit de suite et

la patience des pontifes romains avaient fini par l’emporter.

Tout l’essentiel et la bibliographie se trouve <lnns N. Valois, Histoire de la Pragmatique sanction de Bourgzs, Paris, 1906 ; la l r " partie, p. i-cxcn, est une étude ; la II" partie, p. 1-200, rassemble toutes les pièces soit déjà publiées, soit inédites, avec indication détaillée de la provenance ; voir aussi P. Imbart de la Tour, L"A origiiei d ? la Réforme, t. ii, Paris-, 1006.

B. Hedde.

PRAT-CHASSAGNY « Antoine du), d >minicain à Toulouse et à Lyon, mort en 1703. Outre des éditions de textes de Jean de Saint-Thomas, Louis de Grenade, Savonarole, il a édité sous l’anonymat La morale du docteur angélique saint Thomas d’Aquin sur les vertus et les vices, expliquée par demandes et par réponses, Lyon, 1690, in-12, 492 p.

Coulon, Scriplores ordinis Priedicat. Cotii] em-ntum, fasc. 1., p. 34-33.

M. -M. Gorce.

    1. PRATEOLUS Gabriel##


PRATEOLUS Gabriel, ecclésiastique et humaniste français (1511-1588). Prateolus est la forme latinisée du nom français Duprea.it. — Ce personnage naquit à Marcoussis, près de Montlhéry, au sud de Paris, d’une famille modeste. Il fit au Collège de Navarre ses humanités et sa théologie ; il ne prit cependant point ses grades en cette faculté, s’étant adonné plus particulièrement aux belles-lettres, qu’il enseigna soit au Collège de Navarre, soit en un collège particulier qu’il avait fondé. Après un voyage en Italie qui lui donna l’occasion de bien apprendre la langue de ce pays, il revint à Navarre vers 1560. Dès lors il se préoccupe davantage des questions religieuses et prend vivement parti contre la Réforme. Ses études s’orientent dans le sens de l’histoire ecclésiastique. Finalement, il se retire à Péronne, où, après avoir dirigé quelque temps le collège local, il obtient la cure du Saint-Sauveur. C’est là qu’il meurt le 9 avril 1588.

La production littéraire de Dupréau est considérable, mais n’intéresse que partiellement le théologien. Nous laisserons de côté ses travaux de grammairien et de philologue, et de même ses traductions de quelques ouvrages italiens. Il faut pourtant signaler sa traduction de deux textes grecs qu’il attribue à Hermès Trismégiste, et qu’il publie à Paris, en 1554, sous le titre : Deux livres de Mercure Trism^gisle, l’un de la puissance et sapience de Dieu, l’autre de la volonté de Dieu, avec un dialogue de Loys Lazaret, et aussi sa traduction française de l’Histoire des croisades de Guillaume de Tyr, sous ce beau titre : La Franciade.

L’ccuvre théologique de Dupréau consiste surtout en exposés catéchétiques des vérités religieuses : Catechismus sive summa christianse doclrinse in usum christianie pueritiæ recens conscriplus, Paris, 1559 ; on en rapprochera Y Enchiridion ou abrégé et sommaire de l’instruction en la science de Dieu du fidèle chrétien… avec le formulaire que doivent tenir tous curez et vicaires pour l’administration des S. Sacremens, Paris, 1567 ; Les décrets et canons touchant les mariages publiez en la huictième session du concile de Trente, Paris, 1564 ; Du souverain et unique sacrifice de l’Église catholique et apostolique, qui est de la réalc, substantielle et corporelle présence de l’humanité de Jésus-Christ en la messe sous les espèces du pain et du viii, avec la confulation des principales objections que les ennemis de l’Église de Dieu ont pu forger pour Timpugner, Paris, 1574.

Cette manière de combattre la Béforme, en instruisant mieux les catholiques de leur religion, ne suffisait pas à Dupréau, et une bonne partie de son œuvre est consacrée à la polémique véhémente contre les novateurs : Responce aux articles que Martin Luther vouloil estre proposez par ceux de sa secte au concile général (traduction d’un ouvrage de Jean Cochlams), Paris, 1563 ;