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PR/LDESTINATUS — PR AG MATIQUH SANCTION

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bliées par (loin Morin dans les Anecdola Maredsolana, t. iii, fasc. 3, p. 129-151, on un texte meilleur que celui de P. L.. t. cit., col. 569-580 ; sans parler non plus du Liber ad Gregoriam in palatio constilulam, édité par le même dom Morin dans Études, textes, découvertes t. i. p. 38$1-$239). L’air de parenté de tous ces ouvrages semble incontestable. Par ailleurs, il y a, comme Sirmond l’avait déjà noté, des relations très étroites entre le Prædestinatus et quelques passages du Commentaire ; Sirmond avait même imprimé, à la fin du t. III, l’explication du Ps. cxvii, P. L., t. cit., col. 505 BGD : S une forte audial me prædestinationem docens… ipse nobis effuitur in salulem, et du Ps. cxi.vi, col. 562 au bas-563 : Objicitur huie loco nos hoc ila dicere… credendo et desiderando consecutus es. On pourrait multiplier ces exemples, voir au moins Ps. xci, col. 459 : Ea ergo quæ lucida sunt in Scripturis, etc. ; Ps. cxxvi, col. 528 : Ab initio sœculi, etc. En tous ces passages on trouvera les doctrines caractéristiques du Prædeslinatus. A la vérité, ces rencontres pourraient s’expliquer par une utilisation que l’auteur du Commentaire aurait faite du Prædestinatus. Mais le nombre des rencontres de style et de pensée est trop considérable pour s’expliquer d’une manière aussi mécanique. Les choses se passent comme si un même auteur, la tête remplie des mêmes pensées, avait rédigé presque simultanément le Prœdestinatus et le Commentaire. Que si, dans le Conflictus, malgré des rapprochements stylistiques fréquents et d’incontestables parentés de doctrine, les idées pélagiennes se rencontrent beaucoup moins nettement, il faut tenir compte du fait que ce dernier ouvrage a été composé après 451, et donc sous le pontificat de saint Léon, qui, en matière de pélagianisme, n’entendait pas la plaisanterie.

Somme toute, l’hypothèse de la composition du Prœdestinatus, vers les années 435-440, par le moine Arnobe, peut-être d’origine africaine mais séjournant pour lors à Rome, nous paraît tout aussi admissible et beaucoup plus simple que celle qui a été proposée par H. von Schubert. A en croire ce dernier, l’auteur responsable serait en dernière analyse Julien d’Éclane, animateur d’un petit groupe de pélagiens ou de pélagianisants, entre lesquels il aurait réparti la besogne de composition ( !). Mais abstraction faite de ces conjectures, il faut reconnaître que la seule existence du Prœdestinatus jette un jour singulier sur la persévérance du pélagianisme dans les milieux romains après les condamnations de 418 (Tractoria du pape Zosime) et de 431 (concile d’Éphèse). lit quant à la manœuvre qui, pour faire pièce à l’augustinisme intégral, camouflait celui-ci en une « hérésie prédestinatienne », elle était singulièrement habile, puisqu’elle a induit en erreur un aussi bon juge que Sirmond. Voir l’art. Prédestinatianisme.


I. Texte, éditions. — Sirmond publie le texte pour la première fois en 1643 : Prædestinatus, pra’deslinaiorum hnresis et libri S. Augustino temere ascripti rcfulaiio, Paris, in-8°, 220 p. ; son édition reposait sur un ms. de Reims (n. 70) qui avait été en la possession d’Hincmar. Quand .1. de La Baune, S..1., publia en 1696 les œuvres complètes de Sirmond, il eut en main les collations faites sur un ms. de Reichenau (actuellement à Karlsruhe, Augiensis CIX) ; les variantes qu’il a ainsi ajoutées au Prædestinatus. Opéra, t. i, col. 465-580 (éd. de Venise, 1728, t. I, col. 269 sq.), sont passées dans la réimpression de Gallandi, Vêler. Pair. biblioth., t. x. et de là dans P. L., t. lui. (C’est La Baune qui est responsable de la transposition de la préface avant les aucioritates ; cette transposition a trompé Mignc, qui a ajouté le nom de Sirmond !). — Édition du t. I, dans Vr. Œhler, Corpus heereseologicum, 1. 1, Berlin, 1856, p. 227 sq.

—.1. Scharnagl a commencé la préparation d’une édition pour le Corpus de Vienne ; cf. Wiener Sludien, t. xxxix, 1917, p. 179.

II. Notices littéraires et travaux.

1° Aux xvii 1 " et x m’siècles, les querelles entre les jansénistes et leurs adver saires attirent l’attention sui le Prædestinatus et font discuter assez vivement la question d’auteur et d’esprit.

Sur la Censura d’Auvray (Barcos) et la critique de Mauguin dans les Vindicise, voir plus loin l’art. Prédestinatianisme. Attribuent avec plus ou moins de fermeté l’ouvrage à Arnobe : Petau, Theol. dogm., De incarn., t. XIII, c. vi, n. 9-12, éd. Vives, t. vi, p. 666-668 ; les Ballerini, éditeurs des Opéra de Noris, t. iv, col. 922 ; Tillemont, Mémoires, t. xvi, p. 19-22 ; l’Hisl. tilt, de la France, t. ii, p. 349-351 ; dom Ceillier, Hist. des auteurs særés et ecel., 2e éd., t. x, p. 330-335. — Le nom de Primasius, avancé par I lolstenius (voir Sirmond, Opéra, 1. 1, en tête de l’édition du Pnvdeslinatus), proposé conjecturalement par Mabillon, lier germ., dans Vêlera analecta, éd. in-fol., 1723, p. 15 a, n’a pas été retenu ; pas davantage les conjectures du P. S. Piccinardi, (). P., De novitio opère quod inscribitur Prædestinatus, Padoue, 1686 ; ni celles de C. Oudin, Script, ecel., t. i, col. 1247, qui attribuait l’ouvrage à Vincent de Lérins.

2° Aux Xixe et xxe siècles, les discussions ont pris une allure plus irénique. On trouvera les renseignements les plus nombreux dans Hans von Schubeit, Der sogenannle Prædestinatus, ein Beitrag zur Geschichte des Pelagianismus, dans Texte und Unters., t. xxiv, fasc. 4, Leipzig, 1903. Contre l’attribution à Julien d’Éclane proposée par celui-ci, s’élève dom G. Morin, dans Études, textes, découvertes (Anecd. Maredsolana, IIe sér.), t. i, p. 309, l’étude la plus complète sur Arnobe le Jeune ; comparer G. Kriigei, dans Schanz, Gesch. der rôm. Litteratur, t. iv b, 1920, g 1216 (se rallie aux conclusions de Morin) ; O. Bardenhewer, Altkirchl. IJteratur, t. iv, 1924, p. 520-521 (conteste ces conclusions). — Voir aussi G. Bardy, Le souvenir d’Arius dans le Prædestinatus, dans Rev. bénédict.. t. xl, 1928, p. 256-261.

É. Amann.
    1. PRAGMATIQUE SANCTION##


PRAGMATIQUE SANCTION. — Cette

expression appliquée autrefois aux rescrits impériaux reparaît dans le vocabulaire des chancelleries du Moyen Age. Cf. Du Cange, Glossarium, au mot Pragmalicum. Elle signifie un règlement solennel fait par un gouvernement civil sur des matières ecclésiastiques conformément à une tradition ou à une délibération antérieure. Ce mot est employé pour qualifier l’ordonnance de Charles VI (6 octobre 1385) contre les exactions de la cour de Rome, l’ordonnance de 1415 au concile de Constance interdisant aux cardinaux la possession de bénéfices en Castille, l’acte royal en suite de l’assemblée du clergé de 1406, etc.

Nous étudierons ici la Pragmatique sanction attribuée à saint Louis, et celle de Bourges, promulguée par Charles VII en 1438.

I. Pragmatique sanction attribuée a saint Louis (mars 1269). — Elle apparaît pour la première fois à l’assemblée du clergé à Chartres en 1450 et sera longtemps opposée aux papes pour défendre les libertés de l’Église gallicane.

Teneur.

Art. 1 er. — Les églises de notre

royaume, les prélats, les patrons, les collateurs de bénéfices jouiront pleinement de leurs droits, et à chacun sera conservée sa juridiction.

Art. 2. — Les églises cathédrales et autres de notre royaume auront la liberté des élections, qui sortiront leur plein et entier effet.

Art. 3. — Nous voulons et ordonnons que la simonie, ce crime si pernicieux à l’Église, soit entièrement bannie de notre royaume.

Art. 4. — Nous voulons également et ordonnons que les promotions, collations, provisions et dispositions des prélatures, dignités et autres bénéfices quelconques ou offices ecclésiastiques de notre royaume, se fassent suivant la disposition, ordination et détermination du droit commun, des saints conciles et des saints Pères.

Art. 5. — Nous ne voulons aucunement qu’on livre ou qu’on recueille les exactions pécuniaires et les charges très pesantes que la cour de Rome a imposées ou pourrait imposer à l’Église de France, et par lesquelles notre royaume est misérablement appauvri, si ce n’est pour une cause raisonnable, pieuse et très