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    1. PHOTIUS##


PHOTIUS. ROME PREND POSITION

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plice lui fait prononcer, à l’endroit de celui-ci, des

paroles extrêmement vives, Le jugement rigoureux n’est pas encore venu ; il ne saurait plus tarder.

j Condamnation de Photius. — Retardé par diverses circonstances, l’archimandrite Théognoste, messager

d’Ignace, ne dut arriver à Rome que fort tard dans l’année 862. On ne comprendrait guère, s’il était arrivé plus tôt, que Nicolas, le 23 novembre 862, ait encore donné une mission de confiance à Radoald qu’il expédiait à Metz pour y ventiler l’affaire de Lothaire fi et de Teutberge. Voir l’art. Nicolas I er, col. 511.

De toutes manières, le pape eut enfin en main le AîosXXoç. rédigé au nom d’Ignace, de dix métropolites, de quinze évêques, de nombreux cénobiarques et prêtres et adressé « au saint patriarche de tous les troues, successeur de saint Pierre et pape œcuménique . C’est la 3e pièce de la l Te partie des actes grecs du VIIIe concile, ci-dessus, col. 15ô2. Hardouin, t. v, col. 1013-1019 : Mansi. t. xvi, col. 206-301. Le texte en est fort médiocre et l’on voudrait être plus assuré que ce que nous lisons ici est bien ce qui a été écrit par Ignace. Celui-ci y raconte, sur un ton qui sent un peu le radotage, les souffrances endurées par lui, les raisons de l’inimitié que lui a témoignée Bardas. Faisant le récit du concile présidé par les légats du pape et qui l’a déposé, il cite bien la phrase que nous avons déjà entendue, col. 1564 : « Je ne vous regarde pas comme mes juges : mais il a soin d’ajouter : « Que l’on me conduise au pape, je reçois d’avance son jugement. » Contrairement à ce qui se lit aux actes, où il déclarait : Non appellavi Komam, nec appello, il affirme qu’il a envoyé à Rome plusieurs lettres antérieures, mais qui ne sont pas parvenues à leur adresse. Ne cherchons pas à discuter contradictoirement les deux textes. Une chose demeure surprenante, c’est que quatre années se soient écoulées entre la déposition d’Ignace et le moment où Rome est saisie de son appel.

Ayant vu clair dans toute cette histoire. Nicolas se décida à agir avec la dernière énergie. Le concile romain, réuni en avril 8*53 et qui dura certainement plusieurs jours, mit en accusation Radoald et Zacharie pour l’attitude qu’ils avaient eue à Constantinople ; Zacharie reconnut sa faute : Radoald, pour lors en mission à Metz, ne perdra rien pour attendre. Mais c’était Photius surtout qui était visé : Incipit narrationis ordo, dit le fragment conservé des actes, de Phutii repulsione et Ignalii patriarchæ reslitutione, neennn de Zachariæ ac Rhodoaldi dudum episcoporum depositione ac exeommunicatione. Texte de Mon. Germ. hist., Epist., t. vi, p. 550. Cinq capitula se lisent à la suite d’un bref résumé historique de l’affaire. Le 1 er est dirigé contre Photius, néophyte, ordonné par un évêque déposé, Grégoire de Syracuse, bourreau d’Ignace, corrupteur des légats romains : il sera, en conséquence, omni sacerdotali honore et nomine alienus, omni clericalus offlcio exutus ; que s’il viole cet interdit et ne restitue pas à Ignace son siège, il sera excommunié jusqu’à l’article de la mort. Grégoire de Syracuse, visé par l’article 2, est déclaré suspens de tout ministère sacerdotal : s’il viole cet interdit, il sera anathème. Tous ceux, dit l’article 3, qui ont été promus par Photius, à quelque ordre que et’suit, sont privés de leur office, omni clericali offlcio privamus. La déposition d’Ignace est, par l’article 4, déclarée de nul effet, tous ses droits lui sont rendus. Qui lui ferait opposition serait, s’il est clerc, privé de son ollice, s’il est laïque, frappé d’anathème. Quant aux évêques et clercs partisans d’Ignace qui ont été exilés et privés de leurs offices, ils seront, dit l’article 5, réintégrés. Si quelque accusation était portée contre eux, on ne saurait y donner suite avant qu’ils n’aient d’abord été rendus à leurs sièges ; leur cause sérail réservée au Siège romain, qui les jugerait suivant les canons (cette dis position, remarquons-le, est un des thèmes favoris des Fausses Décrétâtes ; cf. art. Nicolas I>’r, col. 520). Revenant sur la question iconoclaste, le dernier article

condamne la mémoire du patriarche Jean le Grammai rien (c’était un moyen de supprimer un des précédents invoqués par Photius, cf. col. 1505 et 1560).

On n’accusera pas le synode romain de 803 d’avoir sous-estimé le pouvoir du Siège romain. Peut-être même donnait-il aux droits traditionnels reconnus a la première Église une extension un peu imprévue. Surtout l’usage qu’il en faisait était de nature, à froisser l’Église de Constantinople. En touchant non seulement à Photius, mais à tous ceux qui avaient été ordonnés par lui, quelles que fussent les circonstances de leur promotion, il allait grouper tout ce monde autour du patriarche condamné. Un tel déploiement de force était-il nécessaire, alors que, nous allons bientôt le voir, la question du conflit entre Ignace et Photius n’était pas encore définitivement ventilée ?

Quand et comment fut donnée, à Constantinople, connaissance de ces décisions, c’est ce que nous ne saurions dire. La lettre Jafïé, n. 2730 (elle n’est pas dans P. L.), est adressée non pas à Michel, comme on l’a conjecturé, mais à un prince arménien. Le mettant au courant de ce qui vient de se passer à Rome, Nicolas, arguant des promesses du Christ à Pierre, y revendique ses droits souverains dans l’Église : Nos-Irum est errantes convertere.

L’atîaire de Radoald qui s’attardait en diverses missions, Jafïé, n. 2754, fut enfin réglée le 1 er novembre 804, voir ibid., post n. 2771. Déclaré contumace, l’ancien légat fut déposé et excommunié. C’était la condamnation finale du synode constantinopolitain du printemps de 861. Entre avril 863 et novembre 864, nous ne pouvons signaler d’autres pièces en provenance de la curie romaine et relatives à l’affaire photienne’. D’ailleurs, entre ces deux dates s’étaient déroulées les péripéties du duel entre le pape et Lothaire II. Voir art. Nicolas I er, col. 511-513. Pour un temps, l’attention de la curie se détournait de l’Orient pour se concentrer sur les graves événements occidentaux.

3° La réaction de Constantinople et la riposte de Nicolas. — On imagine sans trop de peine l’effet que produisirent à Constantinople, quand elles y furent connues, les décisions du concile romain de 863. Pour qu’elles aient pu recevoir un commencement d’exécution, il eût fallu que l’empereur les acceptât. II s’agissait bien de cela ! Tout se préparait, sur les rives du Bosphore, pour une résistance acharnée aux injonctions de Rome.

Laissant au basileus le soin de le défendre, Photius se cantonne dans un silence complet, rien n’étant plus facile d’ailleurs que de tenir pour non avenues les décisions du pape. C’est le basileus qui prend l’offensive et qui riposte par une lettre adressée au pape, mais dont le texte ne s’est pas conservé. Nous la connaissons par la réponse que Nicolas lui fit, où il la qualifie une « épître pleine de blasphèmes ». Le ten devait être d’une violence que soulignait peut-être la menace d’une expédition militaire. Voir un essai de reconstitution de la lettre, dans Dolger. n. 464.

La curie n’était pas à court d’arguments à opposer au basileus. Ces démonstrations s’accumulent dans la réponse de Nicolas, laquelle est datée du 28 septembre 805 (Jafïé, n. 2700 ; le texte rétabli dans les Mon. Germ. hist., l-’.jiisl.. t. VI, p. 15 1-487. donne la date iv kal. oct.ind. XI). Cette pièce, capitale pour préciser les concepts que se faisaient du pouvoir pontifical les canonistes de la curie, pour étudier les preuves sur lesquelles ils pensaient l’appuyer, ne nous apprend en somme rien de plus que les précédentes, au point di vue de la question lgnace-Photius, telle qu’elle se