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criptibles du Su ge apostolique. 1 >u moins l’affaire photienne va révéler chez lui, dans le début, la plus grande prudence. Ce qu’il veut avant tout, c’est tirer au clair la question du départ d’Ignace et de l’accession de Photius. Conscient de l’énorme importance qui s’attache à la communion accordée à un titulaire par le Siège apostolique, il entend bien ne donner celle-ci qu’à bon escient. Rien de plus légitime, et le nouveau patriarche aurait eu mauvaise grâce à s’en plaindre.

C’est eu septembre 800 que se place le synode où fut décidée la conduite à tenir. La notice du Liber pontificalis et la préface d’Anastase sont d’accord (et pour cause i sur ces résolutions. Deux légats, Radoald de Porto et Zacharie d’Anagni, seraient envoyés à Constantinople. Sur les questions relatives aux saintes images : ils avaient le droit de porter un jugement, mais seulement en synode ; quant à l’affaire Ignace-Photius. ils n’avaient que des pouvoirs d’enquêteurs : ut quicquid de sacris imaginibus quirstio cifferrel synodice di/ftnirent et ipsius Ignatii patriarcluc Photiique noophyli causant sollemniter ixquirerent tantum et sihi renunliareni. Peut-être Anastase, dans la préface du VIIIe concile, accentue-t-il la note de défiance de Nicolas à l’endroit de Photius, et il anticipe certainement sur la suite, quand il écrit : pêne cuncta quæ ab eo (Photio) facta fuerant sagaci deprehendit acumine Kicolaus et non Ignatium, ut Photius postulaverat, sed potius ipsum Photium repulit. P. L., t. cxxix, col. 12 A.

Nous jugerons mieux des sentiments de Nicolas par les deux lettres adressées respectivement au basileus et à Photius et datées du 25 septembre de la IXe indiction (800). Jafïé, n. 2082, 2083. La première met d’emblée la question sur le terrain des principes et débute par un exposé irénique, mais très significatif, des droits du Siège romain, en particulier du devoir qui lui incombe de corriger les erreurs. Les efforts faits par le souverain pour rétablir l’orthodoxie sont, à coup sûr. louables ; mais les conciles particuliers où l’on a voulu traiter cette affaire ne peuvent rien, s’ils ne sont autorisés par le pape. Or, le concile récemment tenu dans la capitale (c’est le synode des Saints-Apôtres) n’a pas tenu compte de cette prescription, lui qui a déposé Ignace sans demander l’avis du pontife de Rome. D’ailleurs, l’irrégularité de la procédure ressort aussi de la lettre envoyée : les griefs faits à l’ancien patriarche ne sont pas précis, ni prouvés selon la forme canonique. Quant à l’élection de Photius, un néophyte, elle est en contradiction avec le droit ; et la lettre de citer longuement les textes canoniques sur la matière. Ces longs considérants amènent les décisions suivantes : Le pape ne peut consentir à l’élection de Photius avant enquête faite par ses légats, enquête au cours de laquelle fgnace sera interrogé. Les légats ne pourront rien terminer de cette affaire, le pape lui-même se la réserve. Un mot était dit, pour terminer, de la question des images sur laquelle, à Rome, on ne pensait pas qu’il fallût revenir. Surtout l’on insistait sur un vieux grief qui revient fréquemment dans la correspondance de la curie avec les basileis : le préjudice causé à Rome par les décrets de Léon l’Isaurien mutilant le patriarcat romain et confisquant les patrimoines de Calabre et de Sicile. Que l’on rende au Siège romain sa juridiction métropolitaine sur Syracuse et son ressort. Remontant beaucoup plus haut dans le passé. Nicolas demandait même que l’on revint à l’ancien état de choses, où l’évêque de Thessalonique faisait fonction de vicaire pontifical pour les deux Épircs, l’Illyricum, la Macédoine, la Thessalie, l’Achaïe, les deux Dacies, la Mésie, la Dardanie et la Prévalitane. (Dans cette revendication sont contenus tous les germes de l’affaire bulgare qui ne tardera pas à interférer avec la question Ignace-Photius.) Sur la

part qui revient à Anastase dans la rédaction de cri le lettre, voir l’art. Nicolas I tr, col. 520-522.

La lettre à Photius, beaucoup plus courte, n’a pas, comme la lettre au basileus, l’allure d’un manifeste ; le pape se réjouit des sentiments orthodoxes exprimés par le nouvel élu, mais ne peut s’empêcher de regretter qu’il soit arrivé du premier élan, lui, simple laïque, au sommet de la hiérarchie ecclésiastique. Il ne pourra consentir à cette élévation qu’après que ses légats lui auront fait connaître la manière dont le nouveau patriarche se consacre à la défense de la foi catholique. On remarquera que cette lettre ne fait allusion qu’à un seul des griefs qui se pouvaient élever contre l’élection de Photius : c’est parce que « néophyte » que le nouvel élu demeure suspect. Mais il va de soi que la teneur de la lettre adressée au basileus devait arriver, d’une manière ou de l’autre, à la connaissance du patriarche. D’ailleurs, les légats pontificaux, porteurs de ce courrier, étaient qualifiés pour faire connaître, au plus juste, les intentions de leur maître. Voyonsles maintenant à l’œuvre.

3° La mission de Radoald et de Zacharie. Le concile conslantinopolitain de 861, — Aux renseignements fournis par Anastase, le Liber pontificalis, le Synodicon velus et Nicétas, il convient de préférer ceux que fournissent les Acta de la collection Deusdedit. Une donnée intéressante se trouve dans la lettre de Nicolas I er, Jaffé, n. 2092 (voir P. L., t. exix, col. 791 D : le principal grief allégué contre Ignace à ce concile a été son élection irrégulière, quod potentia sœculari sedem pervaserit).

Comment les légats romains, qui n’avaient que des pouvoirs d’enquêteurs, ont-ils été amenés à se constituer en juges d’Ignace et finalement à le déposer, c’est ce qu’il n’est pas très difficile d’imaginer. Anastase fait expressément remarquer qu’ils ne savaient pas le grec (que ne l’a-t-on envoyé à Constantinople, lui qui le savait parfaitement !). Us étaient donc à la merci des interprètes ; il n’était pas difficile de les isoler et de les chapitrer tout à l’aise. Est-il besoin de faire appel, en outre, à la corruption ou à la violence ? Le seul fait qu’ils étaient les hôtes, et les hôtes comblés, du basileus et de Photius était bien fait pour les disposer favorablement en faveur du patriarche en exercice. Tout n’était pas limpide d’ailleurs dans la manière dont Ignace était jadis arrivé au trône patriarcal ; ils avaient à enquêter sur toutes les circonstances de fait ; ils enquêtèrent et, finalement, en arrivèrent à se convaincre de l’irrégularité de l’élection d’Ignace. Il leur restait un pas à faire pour se concilier les bonnes grâces de Photius et du basileus ; ils le firent. On les vit siéger à droite de l’empereur au synode qui se réunit au printemps de 801 pour juger Ignace. On remarquera que les légats commencèrent à interroger celui-ci sur ses rapports avec Rome, a l’époque de Benoît III. Pourquoi n’avait-il pas répondu à la citation qui lui avait été faite de comparaître à Rome ? Ignace fit remarquer qu’il n’avait été touché par la citation qu’en juillet (858) et que, peu après, il avait été déposé. Mais ce fut surtout aux circonstances de son élection que l’on s’en prit. N’avait-il pas été porté au siège patriarcal par la seule autorité de l’impératrice Théodora ? Ignace ne nia pas le fait, mais invoqua le précédent de Taraise, devenu patriarche, lui aussi, par le choix d’Irène. Après une seconde séance, à laquelle il refusa de se présenter, on en tint, après les fêtesde Pâques, une troisièmeoù, de nouveau, Ignace remit en question la compétence des légats. Il n’avait pas appelé à Rome, il n’appelait pas pour le moment : ego non appellavi Romam nec appello ; les légats ne lui avaient rien apporté de la part du | il n’avait donc pas à les connaître, quia vero lillcras mihi non adduxistis, nec ego recipio vos. Kl. comme s’il