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POUSSINES (PIERRE’POUVOIR TEMPOREL Di ; PAPE


il travailla sous la direction de Petau avec lequel il était déjà en correspondance ; cf. I). Petavii epistola-Tixiii, t. II, n. v, vi, vu. Ell 1654, il est appelé à Home pour continuer l’histoire de la Compagnie de Jésus de Sacchini, puis il y reste dix-neuf ans comme professeur d’Écriture sainte et rentre au collège de Toulouse, en 1681, comme scriplor ; il y meurt le 2 février 1686, dans sa 77e année.

A l’exemple de son maître Petau, il a beaucoup publié, et des ouvrages très variés : il était à la fois humaniste, aimant à composer des discours et des vers latins, érudit très versé dans la connaissance de l’antiquité profane et sacrée, et fureteur de bibliothèques. Pour ne retenir que les publications se rapportant à la religion, ses deux principales œuvres personnelles sont restées inédites : 1° Occwsus prophétise et hisloriæ in mysteriis vitæ mortis, et resurrectionis Christi, vaste ouvrage en quatre parties, allant de la création du inonde à la prise de Constantinople, en 1453, dont la préface seule est imprimée : c’est le n. 30 de Sommervogel, Dissertatio procemialis de adventu Christi nonnisi post prievisuin Adami lapsum décréta. Le 1’. Lombard, qui en avait la plus grande partie entre les mains, déclare que « c’est un ouvrage précieux à la religion et singulier par la vaste érudition qui s’y trouve unie avec la sagesse et la sagacité de la critique ». — 2° Historia controversiarum quæ inter quosdame sacro prædicatorum ordine et societaiem Jesu agitatse sunt ab anno 1548 ad 1612 sex libris explicata a P. P. ex eadem Soeietate (Sommervogel, Bibl. de la Comp. Jésus, t. vi, col. 1132, donne 1623 mais l’autographe que j’ai sous les yeux a bien 1602, devenu, après correction de l’auteur lui-même, 1012). Cet autographe, avec de nombreuses ratures, corrections, suppressions et additions, appartient à la bibliothèque Adrien-Carrère, à Toulouse. L’ouvrage ne put être imprimé, à cause du décret du Saint-Office interdisant les publications sur les matières De auxiliis, mais plusieurs copies se retrouvent dans diverses bibliothèques. L’original, un vol. in-4°, compte 1230 pages. — 3° On peut y joindre un autre ouvrage de polémique : Vincentia victus, Montauban, 1050, réfutation des textes invoqués par Pierre de Vincentia, O. P., à propos de l’immaculée conception. — 4° Diverses dissertations ou lettres sur des questions scripturaires notamment de chronologie, cf. Sommervogel, n. 30, 31, 33, 34. — 5° Apocalypsis enarratio, Toulouse, 1085. — 0° Surtout Poussines a été un éditeur infatigable de textes grecs avec traduction latine inédits de l’époque patristique ou byzantine : Chaîne sur saint Matthieu, Toulouse, 1040 ; sur saint Marc, Rome, 1073 ; Opuscules de saint Nil, Paris, 1039 ; Lettres du même, Paris, 1657 ; Thesaurus ascelicus, sive syntagma opusculorum octodecim, e græcis olim Patribus, Toulouse, 1083 ; Banquet de saint Méthode, Paris, 1057 ; Collaliones Isidorian.ee (sur les lettres de saint Isidore de Péluse), Rome, 1070 ; Panégyrique de saint Nicolas, par l’empereur Léon, Toulouse, 104 1 ; des archanges Michel et Gabriel, par Nicétas, Toulouse, 1037 ; Institutio regia de Théophylacte, Paris, 1051 ; Alexiade d’Anne Comnène, Paris, 1051 ; Histoire de Nicéphorc Bryennios, Paris, 1001 ; Histoire de Michel et d’Andronic Paléologue, par Georges Pachymère, Rome, 1006 et 1669 ; il a édité les Actes de sainte Perpétue et de sainte Félicité, préparés par L. Holstenius, Rome 1003, et ceux de sainte Eudocie dans les Acta sanctorum, au 1 er mars : à ce propos, le P. Lombard écrit : « L’immense ouvrage des jésuites d’Anvers lui est redevable de plus de deux cents Vies des saints de la Grèce, du Languedoc et de la Gascogne, qu’il a comme ressuscites » ; et encore : « Je lis dans une de ses lettres écrites de Rome (le 7 mars 1004) au P. Laloubère, jésuite à Toulouse, qu’il a enrichi la nouvelle édition des Conciles du P. Labbe, de plus de trente

conciles-synodes ou actes anciens relatifs a ces augustes assemblées … —7° On lui doit également la notice sur Notre-Dame-la-Daurade, la Vierge de liruguière et celle de Roque ville, dans V Atlas Marianus de qumpenberg, S. J. — 8° Plusieurs de ses œuvres se rapportent à l’histoire de la Compagnie de Jésus ; le t. v, l" part., dû a Sacchini : rcs extra Europam gestas et alia quædam supplevil P. P., Rome, 1661 ; il a ajouté un 1. Y aux lettres de saint François-Xavier, de l’édition de Tursellini, et 18 autres lettres inédites, Anvers, 1657 et Paris, 1001 : Dissertation sur l’année de la naissance de ce saint, Toulouse 1077, réfutée par Bartoli (la réfutation est restée inédite) ; Vie latine d’Ignace d’Azevedo et de ses compagnons, Rome, 1079 ; dissertation sur la patrie de Pasquier Brqë, Paris, 1059 ; on peut y rattacher la vie latine en quatre livres d’Arnaud Roret, conseiller à la cour de Toulouse, fondateur de la maison professe, Paris, 1039. — 9° Enfin, outre le volume d’Orationes déjà signalé, Toulouse, 1654, on a de lui un volume de Catalecta variorum carminum libri 1res, Rome, 1074. — 10° On connaît de lui, outre quelques lettres publiées, environ quatre-vingts restées inédites. En relation avec la plupart des savants de son temps, il possédait un grand nombre de leurs lettres qui eussent été une source précieuse pour l’histoire de la science sacrée et profane de cette époque, mais par un sentiment de discrétion exagérée, elles furent détruites après sa mort.

Le P. Lombard a publié dans les Mémoires de Trévoux, en novembre 1759, un Éloge historique du P. Poussines, jésuite, reproduit à peu près textuellement dans le Moréri de 1759 qui a servi de sources aux notices ultérieures. A compléter par les indications des Acta sanctorum Maii, Puralipomena <id conalum in catalogos pontifieum, t. iv, éd. Palmé, p. 21-25 ; t. xill, Propylœum, p. 26-27 ; bibliographie des œuvres, dans Sommervogel, Bibliothèque de la Comp. de Jésus, t. vi, col. 1123-1134 ; t. ix, col. 783 ; Supplément Rivière, n. 128, 2037, 5172 ; t. xi, col. 1865 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 486- ! ’.io.

F. Cavallera.

POUVOIR DU PAPE DANS L’ORDRE

TEMPOREL. — Le Maître divin l’a constaté : « Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des abris, mais le Fils de l’homme n’a pas une pierre pour reposer sa tête. » Matth., viii, 20. Il a dit aussi : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » Joa., xviii, 36. C’est pourtant sans contradiction avec l’Évangile, mais par suite d’impérieuses circonstances historiques que la papauté fut contrainte, afin d’accomplir librement sa mission spirituelle, de chercher mieux qu’une pierre où s’appuyer et plus que des propriétés, à savoir une cité, un territoire dont elle fût maîtresse souveraine, « une part de puissance terrestre, qui lui permît de figurer et de se défendre parmi les rois de la terre ». É. Gebhart, Les siècles de bronze, Paris, 1913, p. 87.

C’est, de même, sans paradoxe que les papes ont pu revendiquer une juridiction suprême, qui du domaine purement spirituel descendît jusqu’aux choses temporelles, voire même dans les régions du gouvernement politique et de l’économie sociale.

Il nous faut exposer ici ce qui concerne ce double pouvoir du pape : son principat civil particulier ou pouvoir temporel proprement dit et son pouvoir général en matière temporelle (col. 2701).

I. LE POUVOIR TEMPOREL. - Sous cette

appellation on désigne communément et nous désignerons ici le principat civil, la souveraineté qui assure au pape une parfaite indépendance au regard de l’ordre international, devant le droit des gens.

De toute évidence, le pouvoir religieux, mais un pouvoir religieux indépendant, est seul essentiel à la papauté, et il n’entraîne point, comme condition absolument nécessaire, l’exercice d’un pouvoir temporel.