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POUGET (FRANÇOIS) — POUSSINES (PIERRE)


condamna le catéchisme qui figure toujours au catalogue de l’Index. Pour donner plus de poids à cette sanction le Dict. des livres jansénistes, à partir de l’édition de 17 1(t. la date du 1° février 1712, dix-huit mois avant la bulle Unigenitus, lorsqu’elle est en réalité du 1° février 1721, six semaines axant la mort du pape. Cette dernière date est certaine, bien qu’elle ne soit pas imprimée au catalogue de l’Index ; elle est donnée dans le Dictionnaire des hérésies de Migne, t. ii, col. 994. C’est à cette date que fut condamnée la traduction italienne ; la traduction anglaise le fut le 15 janvier 1725 ; l’espagnole, le 2 septembre 1727. Les sept évêques appelants font, le juin 1721. un grief au pape de cette condamnation, ce qui ne s’expliquerait pas si elle datait de 1712 : En etiam, sanctissime Pater, damnare audirimus catechismum Montispessulensis Ecclesise de quo dicemus acerbissimum dolorem bonis omnibus afjerre seandalosam ejusmodi damnalionem. — 6. M. de Charanev, un des successeurs de M. de Colbert à Montpellier, a donné, en 1747, une nouvelle édition du catéchisme de Pouget. Dans son mandement du 1 er janvier, il en fait cet éloge : « Quelle clarté, quel ordre et quelle méthode dans cette nouvelle forme d’instruction » ; il dit ensuite que, « en l’année 1732, il parut une édition de ce catéchisme qu’on défigura par des propositions condamnées dans les constitutions des souverains pontifes, acceptées par le corps des pasteurs. M. de Colbert protesta et l’éditeur mit frauduleusement la date de 1710 en tête du livre ». L’évêque ajoute que « sur différentes matières et principalement sur les dogmes qui font l’objet des dernières décisions de l’Église, il était échappé à l’auteur plusieurs propositions peu exactes, et beaucoup d’expressions auxquelles on pouvait donner un mauvais sens… Quelques traits aussi d’une morale trop relâchée ; tels sont les endroits où il traite de l’ivresse, de l’usure et de la confession générale. » II a consulté les plus savants théologiens : i Nous sommes donc persuadés, dit-il, que vous nous saurez bon gré du soin que nous avons pris de perfectionner un ouvrage si estimable en lui-même ; et que les changements que nous y avons faits n’affaibliront point la haute et juste idée que vous en avez. » Or, confrontation faite, l’édition de 1747, refaite encore en 1818, est identique aux précédentes dans les endroits désignés ; ce qui est dit de l’usure est plutôt sévère que relâché ; nous contesterions aujourd’hui ce qui est dit de l’autorité des conciles œcuméniques ; les deux éditions se ressemblent ; une phrase ajoutée dans celle de M. de Charancy augmente même l’importance donnée à l’acceptation des pasteurs. Part. II, sect. ii, c. ii, § 5. Elle ajoute quelques précisions sur la possibilité de faire sans la grâce « quelques bonnes actions naturelles comme donner l’aumône à un pauvre par pur sentiment d’humanité ». Part. III, ch. prélim., § 3.

Les éditions latines.

Depuis 1706, Pouget travaillait

à traduire son catéchisme en latin et à l’augmenter considérablement, en ajoutant à sa rédaction première les textes de la Bible, des Pères, des décisions de l’Eglise, etc., dont il avait donné seulement la référence. C’est donc une œuvre toute nouvelle et qui peut tenir lieu d’une théologie ; elle devait paraître seulement après sa mort sous ce titre : Inslitutiones catholicæ in modum eatecheseos in quibus quidquid ad religionis historiam pertinet… ex sacris fonlibus Scripluræ et trad.tionis explanatur, 2 vol. in-fol. de 1002 et 054 p., l re éd., Paris, 1725 : 2e éd., Venise, 1764. Sa publication connut toutes les péripéties possibles ; d’abord, le frère de l’auteur, l’abbé Pouget, chanoine de Montpellier, qui s’était chargé de copier certains passages, se servit de mauvaises éditions, de mauvaises traductions latines des auteurs grecs. Le P. Pouget, devenu aveugle sur la fin de ses jours, ne put rectifier les erreurs de son frère ; il en chargea bien le P. Desmolels, de l’Oratoire, qui

n’eut pas le temps de tout revoir. Celui : ci, après la mort de l’auteur, fut chargé de la publication qui fut faite en 1725 ; mais le cardinal de Bissy (il saisir les volumes, qui ne purent être vendus qu’après la révision du docteur Clavel, lequel lit mettre des cartons en beaucoup d’endroits. Les suppressions, changements, corruptions défiguraient tant l’ouvrage, que M. de Colbert, qui regardait comme sienne l’édition française, désavoua celle de 1725 dans une instruction pastorale du 17 septembre 1720, refusant d’admettre ce qui est dit sur la nécessité d’aimer Dieu, la nécessité de rapporter nos actions à Dieu, sur la grâce. De nouveaux cartons furent faits après la lettre de l’évêque ; dans quelques exemplaires de cette édition, ils ne figurent pas ; dans d’autres, les additions ou rectifications sont imprimées à la fin de l’ouvrage avec une pagination différente. C’est à n’y rien comprendre. L’édition de Venise de 1704 a corrigé un certain nombre de fautes, mais pas toutes, à beaucoup près.

Autres ouvrages.

Le P. Pouget a aussi travaillé

au bréviaire de Narbonne, imprimé à Paris en 1708 ; il a publié, en 1712, Instructions sur les devoirs des chevaliers de Malle, in-12, dont il n’est guère que l’éditeur et le reviseur ; Instruction chrétienne sur la prière, in-12, Paris, 1728 ; ce n’est, en général, que la traduction des passages des Pères, tirés de son grand catéchisme ; Mémoire d’un docteur de Sorbonne consulté par les commissaires du conseil de régence, chargés d’examiner les questions proposées par rapport au refus que le pape (ait de donner des bulles aux sujets nommés par le roi à divers cvêchés. Ce mémoire se trouve dans le i er volume des Avis aux princes catholiques, publiés en 1768 ; Lettre au président Ban, à la suite de la dissertation de ce dersier sur la soie des araignées. Il a laissé en manuscrit des lettres adressées à M. Bonnet, général des lazaristes, où il fait l’apologie du système de Law ; une lettre à M. Périer, doyen du chapitre de Narbonne, touchant la composition d’un nouveau bréviaire.

A la fin de sa vie, il était venu demeurer à Paris ; il faisait partie de l’assemblée que M. de Noailles avait établie pour examiner et régler les usages ecclésiastiques du diocèse de Paris ; il donnait des conférences publiques de morale au séminaire de Saint-Magloire. Il mourut à Paris dans la maison de la rue Saint-Honoré le 4 avril 1723.

Ellies du Pin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, XVIIe siècle, t. xxvi, p. 99, et xviii 6 siècle, p. 193 ; Dictionnaire des livres jansénistes, 4 vol. in-12, Anvers, 1755, t. i, p. 232 ; t. ii, p. 276 ; Moréri, Dictionnaire ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée ; Michaud, Biographie universelle ; Journal de Dorsanne, t. iv ; Fisquet. Biographie de l’Hérault (inédite) ; Lettres importantes sur les différentes éditions du catéchisme de Montpellier, in-12, 1765. Le catalogue de la bibliothèque communale d’Amiens met S. n. n. 1. n. d. et indique comme auteur l’abbé Ricourt ; la lettre citée sur la conversion de La Fontaine renferme des détails sur la vie ; elle est imprimée dans les Mémoires de littérature et d’histoire, du P. Desmolets, t. i, p. 285-308 et dans Œuvres diverses de La Fontaine, 3 vol., t. i, 1744, in-8°.

A. Molien.

    1. POUSSINES Pierre (Possinus)##


POUSSINES Pierre (Possinus), de la Compagnie de Jésus. — Né à Laure (Aude) le 28 octobre 1609, il fit ses études au collège des jésuites de Béziers, entra au noviciat de Toulouse le 7 juillet 1624 et, dès le mois d’octobre 1626, après un an consacré aux humanités, était, par une mesure tout à fait exceptionnelle, immédiatement appliqué aux études de théologie, au collège de Toulouse. Il ne reçut cependant la prêtrise qu’en 1635. Professeur d’humanités et de rhétorique, en ce même collège, il fut nommé sur place professeur d’Écriture sainte (leçon d’ouverture dans les Orationes : De conjungéndis studiis scholasticæ cl positivée theologiee, datée de Hlll). Dans l’intervalle, il avait passé l’année scolaire. 1638-1639, a Paris, où