Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/612

Cette page n’a pas encore été corrigée
2651
2652
POSSEVINO (ANTONIO)


qu : v Ecclesiæ una cum Romana noslru faciem ostenderent. Ce petit traité, moitié exégèse, moitié controverse, plut tellement à Maldonat, que le célèbre professeur du

Collège de Clerniont voulut lui-même le traduire en espagnol. Possevino avait alors environ trente ans. Sans être directement un ouvrage de controverse, doit être cité ici le manuel du soldai chrétien : // soldait) cristiano con l’instruit ione dei capi dello esercito caltolico. Hoina. 1569, qui fut distribué aux soldats envoyés à Charles IX pour l’aider à sa guerre contre les protestants ainsi qu’aux marins de la Hotte envoyée contre les Turcs.

Après sa mission diplomatique en Suède, Possevino fit paraître les Responsiones ad viri cujusdam pii septenlrionalis interrogaliones qui de salutis seternse ralione ac de vera Ecclesia cupiebai institui, éditées à Yilna, en 1581, sous le nom de 1). Xicolai Mylonis, theologi Germani. Dans sa lettre au P. Sailly, Possevino appelle ce traité De nolis Ecclesiee, quoiqu’il ne traite des notes de l’Église que dans la Responsio XI, de toutes la plus longue et la plus importante. Dans le reste de l’ouvrage, il insiste sur la nécessité de croire à toutes les vérités révélées et enseignées par l’Église, sur le sacrement de l’ordre sans lequel il ne peut y avoir de véritable sacerdoce et, partant, pas de véritable Église. Il démontre qu’on ne peut ni recevoir les sacrements des mains de prêtres passés au luthéranisme ni simuler, par crainte de la mort ou de la perte des biens de ce monde, de passer à l’hérésie tout en restant secrètement catholique. Il réfute l’affirmation protestante que l’Église catholique a perdu la vraie foi. C’est alors que vient sa longue Responsio XI sur les notes de l’Église ; enfin, il explique comment il se fait que les hérétiques refusent de reconnaître la vérité de l’Église si manifestement démontrée par ses « notes ». Une traduction en tchèque parut presque aussitôt, et les éditions se multiplièrent à Ingolstadt, Rome, Venise, Cologne. L’édition d’Ingolstadt, de 1583, ajoutait un Modus quo verbum Dei et Palrum libri legendi ac légitima concilia ab illegilimis discernenda sunt, où il faut surtout noter la longue liste de tous les conciles, légitimes et illégitimes, œcuméniques et locaux, qui ont été célèbres. Dans la première liste des conciles œcuméniques approuvés manque celui de Constance qui est relégué à la seconde : conciles universels approuvés en partie…

De retour en Pologne, après avoir accompagné l’ambassadeur russe Jacques Molvianinov à Rome, il écrivit un ouvrage : Adversus Davidis Chytrwi hæretici imposturas, quas in oratione quadam inseruit, quant de statu Ecclesiarum hoc tempore in Grœcia, Asia, Afriea, Vngaria, Roemia inscriptam edidit, ac per Sueciam ac Daniam disseminari curavit, signé lui aussi Nicolaus Mylo. David Chytrœus avait fait un voyage en Grèce et en Orient. A son retour, il tint à Wittemberg un discours dans lequel il affirmait l’unité de doctrine entre les luthériens et les Orientaux. Possevino, après d’autres, écrivit une vive réfutation des affirmations de Chytrœus, qu’il divisa en trois parties : la messe, la doctrine sur le purgatoire, le célibat des prêtres. Il faut croire que les coups de Possevino portèrent, car Chytræus écrivit une réfutation du traité de Possevino qu’il dédia au roi de Suède. Possevino répliqua par ses Nota divini verbi et apostolicw Ecclesiæ fides ac /(teies ex quatuor primis oecumenicis sijnodis ; ex quibus demonslrantur : i. Fraudes provocanlium ad solum Dei verbum scriplum ; il. Atheismi lurrelicorum hujus sœculi ; m. Errores adversantium kulendario emendalo ; iv. Yafricies pervertentium canones et abulentium nomine SS. Palrum et principum in re fidei ; ad Joannem III Sueciæ, etc., regem serenissimum, adversus responsum cujusdam Chylrsei, Poznan, 1586. Le titre que nous avons transcrit tout au long donne une idée

de la manière de Possevino qui n’est guère tendre pour les hérétiques. Le c. n : Atheismi luvreticorum lui jus swculi n’était plus inédit. Au cours d’un voyage que Possevino avait fait en Transylvanie, il était entré en contact avec plusieurs libelles rédigés par des sociniens, dont deux contre la Trinité et un troisième, écrit par François David, contre la divinité de Jésus-Christ. Il composa contre leurs « blasphèmes » deux opuscules qui entrèrent par la suite dans ses Notæ divini verbi.

A Padoue, il écrivit son Judicium de Muamilitis scriptis quæ ille discursus politicos et mililares inscripsit. De Joannis Rodini mellwdo historiæ, libris de republica et dœmonomania. De Philippi Mornœi libro de perjectione christiana. De Nicholao Machiavelli, Rome, typogr. Vaticane, 1592. Ce sont les réfutations des ouvrages suivants : Discours politiques et militaires de François de La Noue, Genève, 1587 ; Les six livres de la république, de Jean Bodin, Paris, 1576 ; De la démonomanie des sorciers, du même, Paris, 1580 ; Methodus ad faciliorem hisloriarum cognitionem, Paris, 1572 ; De la vérité de la religion chrétienne, par Philippe du Plessis-Mornaꝟ. 1581 ; enfin // principe, de Nicolas Machiavel, Florence, 1532. Tous ces traités, à l’exception du dernier de Machiavel, étaient apportés en contrebande à Venise et Padoue et causaient de l’inquiétude aux catholiques. Possevino interrompit ses grands travaux scientifiques pour réfuter ces libelles. Sa réfutation de Machiavel eut une origine encore plus intéressante qui vaut d’être retracée ici : un inquisiteur, qui faisait sa retraite à Padoue, sous la conduite de Possevino, lui confia que bien des jeunes nobles demandaient la permission de lire Machiavel ; une réfutation s’imposait. Possevino se mit au travail et quand l’inquisiteur eut rapporté la nouvelle à Rome, le cardinal de La Rovere, préfet du Saint-Office, le pria de lui faire parvenir le manuscrit. Quand, dans la suitej Possevino fut appelé à Rome, Innocent IX lui envoya le cardinal Baronius pour l’inviter à publier cet ouvrage. La réfutation de Machiavel fut donc publiée ainsi que les autres opuscules de Possevino à l’imprimerie Vaticane. Une 2e édition du même ouvrage ajouta Ejusdem Antonii Possevini de Confessione augustana, ac num admitlendi sint hæretici ad colloquium publicum de fide.De Desiderio Erasmo et secta picardica judicium, deux opuscules écrits jadis par Possevino à son retour de Transylvanie et publiés à Poznan en 1586.

Controverses avec les orthodoxes.

Nous avons dit

que Possevino envisageait ses missions diplomatiques surtout comme un moyen d’apostolat. Aussi, avant de partir pour la Moscovie, il écrivit ses Interrogationes et responsiones de processione Spirilus Sancti a L’aire et Filio ; desumptæ ac breviore et dilucidiore ordine digestæ ex libro Gennadii Scholaris, patriarchæ CP., qu.se in sancta et œcumenica synodo continentur. Il se trompait en attribuant à Gennade un écrit de Jean Plusiadène qui, élu évêque de Méthone, prit le nom de Joseph. L’ouvrage de Plusiadène fut édité en même temps que les actes du concile de Florence par Zanetti, à Rome, en 1577, mais sous le nom de Gennade, et l’erreur est restée jusqu’à ce que Mgr Petit ait attribué à Plusiadène l’ouvrage en question. Ce traité de Possevino fut imprimé à plusieurs reprises, entre autres dans la Moscovia (édition de 1587) et dans l’Apparatus sacer. Il faut rapprocher de cet ouvrage les Capita quibus Grœci et Rutheni a Lalinis in rébus fidei disscnscrunl postquam ab Ecclesia catholica Grœci sese præcidcrunt. Possevino avait composé ce traité pour Ivan le Terrible et l’imprima ensuite dans la Moscovia. Après avoir décrit le consensus de l’Orient avec l’Occident au cours des premiers siècles, Possevino retrace brièvement l’histoire du schisme et les différences dogmatiques, liturgiques et disciplinaires qui en résultèrent :