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POSSESSION DIABOLIQUE — POSSEVINO (ANTONIO)


pères en qualité d’exorcistes, avait cédé avec peine à la volonté formelle de Louis XIII et du cardinal de Richelieu ; il n’eut de cesse que lorsque ses confrères turent déchargés de ce ministère.

Ce n’est pas que tous ces saints ou doctes personnages niassent la réalité des obsessions ou des possessions. Mais ils estimaient qu’il ne faut l’admettre que sur preuves ou indices solides.

J. Smit. De dœmoniacis in historia evangelica, Rome, 1913, in-S’;  !.. de (.landmaison, Jésus-Christ, t. II, Paris, 1928, in-S" : / es expulsions de démous, p. 341-354 ; P. Thym-us. Dsemoniaci, hoc est de obsessis a spirilibus dsemoniorum hominibus liber unus. in-4°, Cologne, 1598 ; in-8°, Lyon, 1603 ; M. Delrlo, Disquisitionum magicarum libri sex, in-fol., Lyon. 1608, 1. III ; G. Schotl, Physica curiosa sine mirabilia nalunc et artis, in- 1°, Wurtzbourg, 1668 ; Innocent VIII, bulle Sununis desideranles :.I.-.I. Surin, Lettres spirituelles, éd. L. Michel et F. Cavaliers, Toulouse, 1926, t. i ; Histoire abrégée de lu possession des ursulines de Louilun, Paris, 1828 ; D. Schram. Inslitutiones théologies mysticæ, Augsbourg, 1777 ; t. i, Paris, 1868, § 215-225 ;.1. Ribet, La mystique divine, t. iii, Paris, 1883, p. 175-273 ; J. de Bonniot, Le miracle et ses contrefaçons, Paris, 1887, p. 72-105, 383-413 ; A. Saudreau. Les faits extraordinaires de la vie spirituelle, Paris, 1908, p. 341-306 ; L.Roure, dans Dictionnaire pratique des connaissances religieuses, art. Possession, t. v, col. 668675 ; L. Champault, Une possédée contemporaine ( 1834-1914), Hélène Poirier de Coulions, Orléans, 1919 ; Paris, 1924 ; M. Garçon et.1. Vinchon, Le diable, Paris, 1 926 ; T.-K. Œsterreich, Les possédés, Paris, 1927, in-8°.

Lucien Roure.

    1. POSSEVINO Antonio##


POSSEVINO Antonio, de la Compagniede Jésus, fondateur de collèges, prédicateur, savant, controversiste, éducateur, mais connu surtout comme diplomate (1533-1611).

I. Vie.

Possevino naquit à Mantoue le 12 juillet 1533. Après de brillantes études dans sa ville natale, venu à Rome en 1550, il devint secrétaire du cardinal Ercole Gonzaga et éducateur de ses neveux. Avec eux il vécut à Ferrare, Xaples et Padoue où il décida d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Admis par le P. Laynez le 29 septembre 1559, il va, après quelques semaines seulement de noviciat, suivre les cours de théologie au Collège romain ; mais, dès le début de 1560, il est envoyé en mission à la cour d’Emmanuel-Philibert de Savoie de qui il obtient la fondation du collège de Mondovi. Il prêche dans les vallées vaudoises et ses discussions avec les pasteurs protestants ont un tel éclat qu’on le propose déjà pour un évêché. Il est ordonné prêtre en 1561, continue à prêcher à Chieri, Turin, Chambéry et arrive à Lyon pour y faire imprimer un catéchisme en langue française. Ses prédications lyonnaises obtiennent un succès qui le rend odieux aux hérétiques et, durant les troubles de 1562, il doit quitter la ville et se réfugier en Savoie. Il revient dès que la ville a été pacifiée. A l’entrevue de Bayonne (1565), il défend avec succès l’existence de la Compagnie de Jésus, menacée en France. Il revient négocier la création du collège de Chambéry, fonde celui d’Avignon dont il est le premier recteur (1565), prêche à Rouen, à Marseille (1568), où il donne une mission aux galériens. Après un voyage à Rome, où il fait sa profession (1569), nous le retrouvons à Rouen, Dieppe, Paris, Besançon, Lyon où il est nommé recteur (1572). Au début de 1573, il est envoyé à Rome comme délégué à la Congrégation générale qui élit le P. Éverard Mercurian et lui donne Possevino comme secrétaire, il occupe ce poste durant quatre ans (1573-1577).

Le luthéranisme avait fait de grands progrès en Suède depuis qu’il y avait été introduit par Gustave Vasa. Jean III Vasa, qui avait épousé une princesse polonaise, Catherine Jagellon, en lui garantissant la liberté de conscience, désirait se rapprocher de l’Église catholique. Ses motifs s’inspiraient d’intérêts politiques et financiers ; intérêts financiers, pour que le

Saint-Siège appuyai ses revendications sur la part de L’héritage napolitain de Bona Sforza qui revenait à sa femme ; intérêts politiques, afin d’obtenir une alliance avec l’Espagne. Déjà un jésuite norvégien, Laurent Nillsen, plus souvent appelé Klosterlasse, avait fondé à Stockholm un petit séminaire où il formait des jeunes gens qu’il envoyait dans la suite au Collège germanique de Rome. Jean III demandait une légation pontificale. Possevino fut désigné et arriva à Stockholm le 19 décembre 1577, vêtu en gentilhomme, portant l’épée au côté. Il parvint à ramener le roi à la religion catholique et obtint de lui une promesse de fidélité au Saint-Siège (1578). Quand sa qualité de prêtre catholique fut connue en Suède, l’opinion s’émut. Il quitta le pays, cette fois comme ambassadeur de Jean III, pour démander douze dispenses spéciales au Saint-Siège, négocier l’alliance avec l’Espagne, obtenir l’héritage de Bona Sforza et chercher dans la maison d’Autriche des partis pour les enfants de Jean III. Ses efforts à Rome furent inutiles. Possevino, du moins, chercha à gagner du temps pour que les jésuites pussent fortifier les positions catholiques en Suède, et préparer à l’étranger — au collège de Braunsberg, à la fondation duquel il avait vigoureusement contribué, au Collège germanique, au séminaire pontifical d’Olmûtz qu’il avait fondé — de jeunes étudiants qui serviraient la foi catholique dans leur pays. Notons que, sous la direction de Possevino, un des élèves d’Olmûtz, Olav Sondergelt, traduisit en finnois un catéchisme catholique, et un autre écrivit la première grammaire suédoise.

Il revint à Stockholm le 7 août 1579, cette fois portant l’habit religieux de son ordre. Il devenait de plus en plus difficile de faire prendre au roi — guidé presque uniquement part des considérations politiques — une attitude précise sur la question religieuse. Possevino résolut de frapper un grand coup. Il ordonna à tous les prêtres catholiques qui se trouvaient en Suède de se déclarer comme tels. Cette mesure ne fit que confirmer le roi dans son attitude, mi-catholique, mi-luthérienne. Constatant alors qu’il était inutile de rester plus longtemps en Suède, Possevino quitta le pays en y laissant comme supérieur le P. Stanislas Warszewicki (1580). Le résultat positif de cette mission fut l’affermissement de Catherine Jagellon dans la foi et surtout la conversion de son fils, Sigismond, qui devait devenir fameux dans l’histoire comme roi de Pologne et promoteur de l’union de Brest-Litovsk.

Bien plus retentissante fut la mission de Possevino en Pologne et en Moscovie. Stéphane Bathory, voïvode de Transylvanie et nouvellement élu roi de Pologne, avait entrepris plusieurs campagnes contre Moscou, en vue surtout d’obtenir la Livonie et d’élargir ses terres vers l’Est. Dès 1578, il infligea une sanglante défaite aux Moscovites. En août 1579, Polock dut se rendre après un siège de trois semaines, les armées polonaises ravageaient les provinces moscovites et Pskov était menacée. En septembre 1580, Ivan le Terrible, pressé de toutes parts, se décida à invoquer la médiation du Saint-Siège. Un courrier du nom de Thomas Chévriguinc se présenta à Rome pour proposer une croisade contre les Turcs. Une condition préalable était la paix avec Bathory. Rome ne se laissa pas tromper par les propositions de Moscou, mais l’occasion parut belle pour entrer en relations avec ce pays qui n’avait jamais accepté l’union de Florence. Possevino fut donc envoyé avec une double mission : politique, régler la paix entre Bathory et Ivan le Terrible ; religieuse, travailler à l’union religieuse, ou tout au moins, amorcer des négociai ions.

Il arriva à Vilna le 13 juin 1581 et sut bientôt gagner la confiance de Bathory, peu favorable tout d’abord a la mission pontificale. Il est vrai que les années polo-