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    1. PORTUGAL##


PORTUGAL. SCIENCES SACRÉES. LE DOGME

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Il y a certaines divergences entre les deux auteurs, par exemple, sur les propositions de futuro contingenli (si elles contiennent ou non une vérité déterminée), sur l’intelligence divine (si elle prévoit ou non in signo anteriori les actes de la volonté divine), sur la connaissance de Dieu (dans le mode suivant lequel elle voit les futuribles, etc.). Tout cela n’atteint pas l’essence du système. Aussi bien, nous remarquons que les grands maîtres de la Compagnie, Suarez, Vazqucz, Montoya, s’écartent, sur ce point, de Molina pour rejoindre le maître premier de la science moyenne.

On s’ingénie parfois à chercher des devanciers à Fonseca. Il y en a peut-être : aucun n’a vu clair. Il faut dire plutôt que Fonseca, tout imprégné de l’esprit de son ordre, cherchait une issue raisonnable pour l’angoissant problème de la liberté et de la grâce. Il avoue lui-même qu’il n’a pas créé de toutes pièces une doctrine nouvelle. Il l’a trouvée dans les Pères, dit-il : Nec solurn utraque præscienlia plane adstruitur a Patribus, sed eam præcedere omne divinæ voluntatis decretam perspieue traditur. Commentarii in melaphysicam Aristotelis Stagirilæ, t. iii, Cologne, 1604, c. ii, q. iv, sect. ix, p. 125, col. 1 D. Mais il ajoute aussi : Nequc enim quisque erat qui hoc pacto libertatem arbitrii nostri cum divina præscientia aut providentiel aperte et (ut dicitur) in terminis conciliasse !, lbid., sect. x, p. 125, col. 2 B.

Ainsi le P. de Régnon, un des plus profonds connaisseurs de la métaphysique de Fonseca, a pu écrire parlant du molinisme (Banes et Molina, Paris, 1883, p. 29) : « Le maître de cette brillante école avait été le jésuite portugais, Pierre Fonseca, le plus grand métaphysicien qu’ait enfanté la Compagnie de Jésus… A ce grand homme, revient en propre la gloire d’avoir réuni dans une même synthèse les principes admis de tous, touchant la prédestination et la liberté humaine. Ce fut là, pour la science théologique, un grand progrès, un légitime progrès, conformément à la règle non nova sed nove ; et ces deux mots unis ensemble protègent Fonseca contre l’épithète de novateur et attestent son droit au titre de réformateur. Quant à Molina, son nom est resté attaché à cette belle théorie, parce que son livre a servi de bouclier pour la défendre. » Cf. José de Oliveira Dias, Um centenario. O P. Pedro da Fonseca, ou Pero de Affonseca, da Companhia de Jésus : a con-Iroversa paternidade da theoria da sciencia média, dans Broléria, t. vii, 1928, p. 347.

C’est donc au Portugal qu’a pris naissance un grand système théologique. La question De auxiliis en fournit la preuve. D’ailleurs, Molina était tout jeune lors de son arrivée au Portugal (17 ans) ; il a fait son noviciat à Coïmbre, où enseignait alors Fonseca : il y a fait sa philosophie, sa théologie, et y a enseigné, écrit et publié sa Concordia.

A quoi l’on ajoutera que Suarez passa au Portugal les vingt dernières années de sa vie. Comme professeur de théologie à l’université de Coïmbre, il y a composé les [dus notables de ses ouvrages. Nous avons insisté un peu plus sur Fonseca, parce qu’il représente ce qu’il y a de plus spécifiquement original au Portugal.

Pour ce qui regarde la fameuse question De auxiliis, si elle fut provoquée par l’apparition de la Concordia, elle a eu cependant, comme champ de bataille, l’Espagne, où se trouvait le principal animateur, Banes, O. P. Au Portugal, ni dominicains, ni jésuites n’ont voulu rompre la bonne entente qui régnait entre les deux ordres. On sait même que c’est un des plus illustres religieux portugais de l’ordre de Saint-Dominique qui a donné l’approbation de l’Inquisition au livre de -Molina. Un peu plus tard, cependant, le P. Jean de Portugal, O. P., ne put éditer son ue volume sur la grâce à cause de la « loi du silence ». Ce fut presque le seul cas au Portugal d’une opposition écrite. Remar quons, en passant, que la faculté de théologie de Coïmbre fut la première, après Rome, à créer une chaire de controverse (1664).

Parmi les théologiens portugais, il faut faire une place d’honneur à Jean de Saint-Thomas et au P. Magalhâes. Diogo de Paiva de Andrade a étonné les Pères du concile de Trente par son érudition et sa clarté. Foreiro, théologien du même concile, fut chargé de reviser le missel, d’organiser l’Index librorum prohibitorum et aussi de composer, avec trois autres théologiens, le catéchisme romain.

Le traité sur l’eucharistie du P. Veiga, professeur à l’université de Vilna, est un des plus beaux qu’on ait écrit sur ce sujet. De même pour Gil (Gillius), le traité sur l’essence de Dieu. Casai, célèbre théologien du concile de Trente, auquel appartient la théorie de sacrifice qui a le nom de Lugo ; Osorio, iEgidius Lusitanus, Macedo, Marques, méritent encore d’être relevés. Nous n’avons pas à nous occuper ici de la chaire. Toutefois, quelques sermons (Vieira, p. ex.) sont de vraies pièces théologiques ou exégétiques.

Voici les plus grands théologiens nés au Portugal. Plusieurs de leurs ouvrages furent réimprimés. En cas de réédition, nous mettons un etc. Dans les bibliothèques on trouve des manuscrits qui mériteraient aussi d’être étudiés.

vEgidius Lusitanus (Appresentacâo), O. S. Aug., De immaculata beatie Virginis conceptione, Coïmbre, 1607, in-fol. ; Disputationes de animæ et corporis beatitudine, 3 vol. in-fol., Coïmbre, 1609-1617. Il a écrit aussi De incarnalione divini Verbi, De eucharistia, De sacrificio missæ. Ses Disputationes physicæ et metaphysiese, in-4°, Urgel, 1604, ont été attribuées à tort à Gilles de Rome. — José de Araujo, S. J., Cursus iheologicus, Lisbonne, 1734-1737, 2 vol. in-fol. — Gaspar do Casai, O. S. Aug., Axioma christianorum adversus hæreticos antiquos et modernos, Coïmbre, 1550, in-4°, etc. ; De sacrificio missæ et sacrosancta eucharislise celebralione, Venise, 1563, in-4°, etc. ; De csena et calice Domini, Venise, 1563, in-4°, etc. ; De quadripartita juslitia, Venise, 1565, in-fol., etc. — Antonio Cordeiro, S. J., In præcipua partium D. Thomæ theologiascholastica, Lisbonne, 1716, in-fol. — Francisco de Cristo, O. S. Aug., Prælecliones sive ennarrationes de Verbo incarnaio, Coïmbre, 1564, in-fol. ; In collectanea I libri Magistri Sententiarum, Coïmbre, 1579, in-fol. ; De fide, spe et charitate, Coïmbre, 1586. — Francisco Foreiro, O. P. (en collaboration), Caiechismus ex decreto concilii Tridentini ad parochos, Rome, 1566, in-4°, etc. ; Index librorum prohibitorum. Rome, 1564, etc. — Cristovâo Gil, S. J., De sacra doctrina et essentia alque unitale Dei, 2 vol. Lyon, 1610, in-fol., etc. — Francisco Leitâo, S. J., De hebrœo convicto, Rome, 1693, in-4° ; lmpenetrabilis pontificiæ dignitatis clypœus, Rome, 1695, in-fol. ; Synopsis de Ecclesia militante, Rome, . 1699, in-fol. — Agostinho Lourenço, S. J., Syntagmata theologica, Liège, 1680-1682, 2 vol. in-fol. — Isidoro da Luz, O. SS. Trin., De sacris traditionibus, Paris, 1666, in-4° ; De Ecclesia Dei, Lisbonne, 1667, in-4°. — Francisco de Santo Agostinho de Macédo, d’abord jésuite, puis franciscain, voir son article, t. ix, col. 1461. — Cosme Magalhâes, S. J., Operis hierarchici seu de ecclesiastico principatu libri III, Lyon, 1609, 2 vol. in-4°, etc. — Pedro Magalhâes, O. P., De scientia Dei, Lisbonne, 1661, in-4°, etc. ; De prædestinatione, Lisbonne, 1667. in-4°, etc. ; De voluntate, de prædestinatione, de Trinitate, Lisbonne, 1669, in-4°. — Fernando Mascarenhas, De auxilio divinæ gratiæ ad actus supernaturales, Lisbonne, 1604, in-fol., etc. ; Pro defensione immaculatæ conceplionis, Séville, 1616. — Manuel Marques, S. J.. Dejensio cullus SS. cordis Jesu spectali ut est in se, Venise, 1781, etc. — Diogo Mcnescs, O. S. F., Instilutiones doctrinachristianæ, Manloue, 1546. — Agos-