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PORTUGAL. EXPANSION CATHOLIQUE


séminaire dans tout l’Orient pour le clergé Indigène,

comptait au xvi 1’siècle plus de 700 élèves, qui s’y rendaient de toutes les contrées maritimes des Indes, de l’Abyssinic, de Ceylan, de.lava, du Pérou et de la Chine.

Cette floraison magnifique de l’esprit apostolique portugais étonne d’autant plus qu’il est parti et qu’il fut assuré financièrement pendant deux siècles par une si petite nation. Pouvait-elle maintenir toutes ces missions dans le même degré de splendeur ? Assurément non. Son ampleur 1 même déliassait les possibilités du Portugal. Le déclin commença avec la malheureuse union du Portugal à l’Espagne (1580-1640). Le Portugal vit subitement tous les ennemis de l’Espagne devenir les siens. Cette concurrence, commencée par les Hollandais protestants, ruina l’empire politique du Portugal en Orient. Puis, la persécution des jésuites au x in 1’siècle vint briser son élan apostolique. Ce fut là le coup le plus rude qu’on eût jamais porté à la religion, aussi bien dans les missions qu’au Portugal même. Car les calomnies que l’on fit courir sur les jésuites ont laissé dans le peuple une empreinte qui n’est pas encore tout à fait effacée de nos jours et qui atteint même des personnes que leur culture devrait en exempter. Au moment de cette persécution, il y avait, dans les missions. 893 missionnaires de l’assistance portugaise de la Compagnie de Jésus.

Ce funeste coup de Pombal fut suivi de bien d’autres. Car, après lui, aucun gouvernement n’a satisfait pleinement aux engagements du patronage. Or, il était impossible de jouir de tous ses avantages, si l’on ne faisait les dépenses correspondantes d’hommes et d’argent. Les luttes où l’on s’engagea ne furent pas toujours brillantes ni du côté du Portugal, ni du côté des concurrents missionnaires (les « propagandistes », comme on les appelait). Il y eut des frictions douloureuses et même un commencement de schisme à Goa, mais tous les torts ne sont pas du côté portugais, quoi qu’en dise certaine école, trop influencée par les documents provenant d’une seule des parties. Disons plutôt avec Mgr Rossillon, évêque de Yizigapatam, un Français connaissant personnellement les lieux : « Ici ne soyons pas injustes, confessons hautement que l’Église catholique doit en grande partie ce qu’elle est dans l’Inde à cette petite nation, qui fut très grande. Sans son aide dans les siècles passés, en quel état serait-elle aujourd’hui ? » (Les Missions catholiques, 1 er juillet 1929, p. 291.)

2. Missions actuelles : padroado et colonies portugaises. — a) Missions du padroado. — Le concordat de 23 juin 188(3 vint mettre fin aux conflits qui se prolongeaient indéfiniment au sujet du padroado. Il est aujourd’hui remplacé par l’accord du 15 avril 1928, entre le Saint-Siège et le Portugal. Ce dernier y a perdu. On parle dans cet accord de deux espèces de diocèses. Les uns que nous appellerons, en gardant le nom traditionnel, de plcin-padroado, les autres de demipadroado.

a. Le plein-padroado comprend les diocèses de Goa (archevêché avec la dignité patriarcale), Cochin, Méliapour et Macao (en Chine). Goa et Macao sont des ilks portugaises. Les autres sont des villes soumises à la Grande-Bretagne. Mais tous les diocèses, même Goa et Macao. s’étendent sur des territoires qui ne dépendent pas politiquement du Portugal.

Pour la nomination des évèqucs. le Saint-Siège choisit le candidat et le propose au président de la République portugaise. Celui-ci le présente ensuite officiellement au Saint-Siège a moins qu’il n’y trouve des difficultés d’ordre politique. Cette présentation doit avoir lieu dans les deux mois qui suivent la proposition du Saint-Siège.

b. Le demi-padroado comprend les diocèses de Bom bay, Mangalor, Quilon et Trichinipoli. Le procédé pour la nomination de leurs évèqucs est semblable. Mais l’accord ne parle pas de difficultés politiques possibles, et la présentation par le chef de l’État portugais doit avoir lieu un mois après la proposition du Saint-Siège. Une innovation de l’accord de 1928 c’est que l’archevêque de Bombay doit être, à tour de rôle, de nationalité britannique et portugaise.

Dans le diocèse de Méliapour subsistait encore le problème assez épineux de la « double juridiction ». Un autre accord, daté du 29 juin 1929, prévu par celui de 1928, a réglé définitivement le différend. Les paroisses enclavées dans d’autres diocèses ont été soustraites à la juridiction de l’évêque de Méliapour. Celui-ci a. reçu d’autres paroisses, situées tout à côté du territoire diocésain, sans solution de continuité. Ce fut un avantage pour tout le monde.

Les missions du padroado sont très florissantes. On peut s’en convaincre en consultant les tableaux de la col. 2617 ; les comparer à ceux de l’art. Missions, t. x, col. 1975 sq.

c. Le cierge indigène du padroado est le plus nombreux de l’Inde. Toute l’Inde (Ceylan excepté) compte 2 077 prêtres indigènes répandus en 37 circonscriptions ecclésiastiques. Sept d’entre elles constituent le padroado portugais ainsi qu’il a été dit. Or, celles-ci ont à elles seules, 963 prêtres indigènes, tandis que toutes les autres ensemble (30) n’en ont que 1 114 (Streit, Atlas hierarchicus, Ratisbonne, 1919). Goa possède aujourd’hui (1933) 710 prêtres, dont 180 travaillent en dehors de leur diocèse. Cela prouve la force de la tradition sacerdotale indigène, créée et maintenue par le Portugal aux Indes.

b) Missions aux colonies portugaises. — Les missions. aux colonies portugaises d’Afrique, par suite de circonstances diverses (persécution des ordres religieux, décadence de l’esprit missionnaire et colonial au xviiie siècle) avaient presque disparu. On trouve encore, dans les peuplades du centre de l’Angola, les notions d’écriture laissées par les anciens missionnaires jésuites.

Pu mouvement de presse et d’opinion a fait renaître au Portugal l’ancien esprit missionnaire, pour contrecarrer, surtout dans les colonies portugaises, l’invasion protestante, qui, dans ces dernières années, est devenue une menace et pour la religion et pour le prestige national. Cette dernière considération a ému les pouvoirs publics. Déjà quelques décrets du Parlement, surtout ceux du 24 décembre 1919 et du 26 août 1921, sous un gouvernement démocratique, reconnaissaient la hiérarchie ecclésiastique aux colonies portugaises, jetaient les bases d’une organisation missionnaire, y pourvoyant avec les fonds nécessaires.

Un autre décret, rendu, celui-ci, sous la dictature militaire et daté du 13 octobre 1926, complétait les mesures antérieures. Ces documents constituent l’ensemble juridique le plus remarquable de toutes les législations du monde au sujet de missions catholiques. Les supérieurs hiérarchiques y sont reconnus. On leur confie le choix des missionnaires et on y pourvoit suffisamment à leur subsistance.

Actuellement (1933) sont reconnus officiellement les missionnaires de la congrégation du Saint-Espril (66 prêtres) pour le Congo portugais et l’Angola, les franciscains (17 prêtres) pour le Mozambique, et les prêtres missionnaires séculiers (qui viennent d’être organisés en société missionnaire) pour toutes les colonies portugaises y compris Timor dans l’Océanie. Ce même décret prévoyait : i l’avenir l’addition d’autres instituts missionnaires, ce qui vient d’être fait pour deux d’entre eux, les marianos et les bénédictins.

Un bon nombre de religieuses (410) de diverses congrégations, et presque toutes étrangères, rendent