Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée
1553
1554
IMIOTHJS. LE PATRIARUIK. SOURCES


Sophie ; 1° serment prononcé dans le même sens par pins de vingt patrices ; 5° petite dissertation tendant à établir qu’aucun pape n’avait le droit de rétablir Photius et de valider les ordinations faites par lui ; 6° un résumé fort sommaire des sept conciles œcuméniques (dont le scribe ne fait qu’indiquer l’existence), introduisant un soi-disant abrégé du VIIIe concile, lequel tourne aussitôt à la déclamation contre Photius ; 7° cette déclamation se continue par des plaintes très vives contre Mapas (le même que Stylien) et son changement d’attitude dans l’affaire des ordinations de Photius ; il s’y insère une lettre du pape Jean IX (Jalïé, n. 3522), dont on s’efforce de montrer qu’elle n’a pas le sens qu’on lui attribue. — La pièce suivante, consistant en quelques extraits de l’historien Jean Scylitzès, ne nous paraît pas se rapporter au VIIIe concile de 869-870 ; elle introduit, en réalité, les actes du concile photien de 879-880, qui suivent immédiatement dans les deux mss. de Munich.

Tout cet appendice, publié par Rader, n’est pas dans l’édition romaine ; Labbe et Cossart, les premiers, l’introduisent dans leur collection, en le surchargeant de notes qui sont bien faites pour dérouter le lecteur ; Hardouin se contente de donner, sans y mêler de réflexions personnelles, la série des pièces fournies par Rader ; Mansi arrive au comble de la’confusion.

De toute évidence, cette farrago est un morceau d’une seule venue et la numérotation que nous y avons introduite, pour nous conformer aux éditions, ne doit pas masquer la continuité du développement. C’est, de bout en bout, un plaidoyer virulent contre ceux qui (à Rome ou à Constantinople) prétendent reconnaître la validité des ordinations conférées par Photius ; les quelques pièces officielles qui sont résumées ou indiquées sont toutes interprétées dans ce sens, alors que l’une au moins (la lettre de Jean IX) est tout à fait explicite dans le sens opposé ; quelques anecdotes sont rapportées qui viennent à l’appui de la même thèse. La date de ce factum n’est pas très difficile à déterminer ; postérieur au pontificat de Jean IX (898-900), il doit être des premières années du xe siècle, alors que la lutte entre « ignaciens » et « photiens » a conservé toute son àpreté. Il ne figure pas d’ailleurs en son intégrité primitive dans les mss. utilisés par Rader. Quelques remarques du copiste montrent qu’il a été, de-ci de-là, allégé ; ce scribe est un grec unioniste du xve siècle, comme il est facile d’en juger par quelques-unes des remarques marginales qui viennent, surtout à propos du concile photien de 879-880. La juxtaposition de ce factum à la collection des pièces plus ou moins officielles relatives au VIIIe concile a été génératrice de redoutables méprises. Cette juxtaposition est-elle le fait de l’auteur du /actum ? est-elle le fait du scribe du xve siècle ? s’est-elle faite entre deux ? Le groupement lui-même des pièces relatives au concile ne serait-il pas aussi l’œuvre du rédacteur du factum ? Toutes questions auxquelles il est, dans l’état présent des recherches, impossible de répondre et dont on voit néanmoins toute l’importance.

e) Le concile photien de 879-880. — Dans les collections conciliaires antérieures à celle d’Hardouin, ce concile ne figure que par son titre avec les notes de Binius qui y sont annexées, et par un résumé de Baronius qui s’était fait traduire en latin un texte grec conservé à la bibliothèque Vaticane. A quoi Labbe et Cossart (t. ix, col. 324-331) ont ajouté un texte latin de l’appendice du Sijnodicum vêtus, n. 153, donnant un très bref résumé de ce concile, enfin un texte de Nil Diasorénus (voir son art. ici) racontant, à sa manière, l’histoire du concile (il y voit surtout que les Occidentaux s’y sont ralliés au symbole sans l’addition du Filioque, comme il ressort, ajoute-t-il, de la lettre du pape Jean VIII à Photius : il s’agit de la

lettre Oôx àyvosïv sur laquelle nous reviendrons). Tout ceci est reproduit dans Mansi. t. xvi, col. 365372.

En 1071, Beveridge, dans son Synodicon sive Pandectx canonum, t. n b, Oxford, p. 273-305, publie un texte grec des actes, mais extrêmement lacunaire. Hardouin, en 1703, put se procurer une copie d’un ms. grec du Vatican (vraisemblablement le Vatic. grœc. 1115) contenant les actes au complet. (Noter que, cent ans plus tôt, Rader avait eu ces actes en main dans les deux mss. de Munich signalés ci-dessus, col. 1552.) Hardouin les publie t. vi a, col. 213-341 C. (Mansi, t. xvi, col. 373-524, en est une simple reproduction parfois fautive.) Rien de particulier à signaler pour les procès-verbaux des cinq premières sessions. Mais, à la marge du début de la VIe session (Hardouin, col. 332 A ; Mansi, col. 512 C), l’éditeur reproduit, d’après son ns., une très longue note qui ne va à rien de moins qu’à contester non pas seulement la véracité du procès-verbal, mais, semble-t-il, l’existence même des deux sessions données comme VIe et vii e. Photius, dit le scribe (la note du Val. græc. 1 1 lô est de la même main que le texte) a forgé de toutes pièces ces deux sessions et les a soudées aux autres ; et d’expliquer assez longuement, et suivant une dialectique qui surprend un peu, les raisons qui ont déterminé Photius. Le dernier mot n’est pas dit, il s’en faut, sur les origines et la signification de cette note. Les éditeurs du xviiie siècle y voyaient une perfidie : Posita de industriel a Grœculo quoplam adnolatio est, ut priores sallem actiones sinceree credantur, écrivent-ils en marge. C’est un contre-sens évident ; l’auteur de la note est certainement hostile à Photius. Qui est-il ? Un grec unioniste du xive siècle ? Cela n’a rien d’impossible. Le P. Vita-Iien Laurent a attiré l’attention sur le fait que, lors du mouvement unioniste qui a suivi le concile de Lyon (1274), le patriarche Jean Beccos et ses amis croyaient que Photius, à ce concile de 879-880, avait fait amende honorable à l’Église romaine et s’était rallié à « l’addition », c’est-à-dire au Filioque. Ils s’appuyaient donc sur un récit du concile photien tout différent, au moins pour les deux dernières sessions, du texte que nous possédons. Voir l’art. Le cas de Photius et Jean XI Beccos, dans Échos d’Orient, t. xxix, 1930, p. 396-415. Une remarque du P. Venance Grumel, relative à une argumentation du patriarche Michel d’Anchialos, tend à montrer que, du temps de celui-ci (1169-1177), le texte des deux dernières sessions n’avait pas la forme actuelle. Voir l’art. Le « Filioque » au concile photien de 879-880, et le témoignage de Michel d’Anchialos. même recueil, p. 257-264. Rien donc ne sera fait tant que le recensement des textes et leur filiation n’auront pas été scientifiquement établis. — Presque au même moment que Hardouin, Dosithée de Jérusalem publie les mêmes actes dans le T6[i.oç ^apàç, Rimnic, 1705, p. 33-102. — —A la suite du résumé du concile de 861, la collection du cardinal Deusdedit donne un abrégé des actes du concile de 879-880. Édit. Wolf von Glanvell, p. 610-617. II y a des extraits des cinq premières sessions. Là où il est quelque peu développé, Je latin de Deusdedit serre d’assez près le texte grec actuel. C’est le cas en particulier pour le texte du Commonilorium de Jean VIII, cité à la iiie session.

Lettres échangées entre Rome et Constantinople.


1. Lettres des papes.

a) Lettres de Nicolas I". —La correspondance de Nicolas I er contient un nombre considérable de pièces relatives à l’affaire photienne. Sur la manière dont ces lettres ont été conservées, voir la préface d’E. Perels à la plus récente édition de cette correspondance, dans Mon. Germ. hist., ’Epistol., t. vi, Berlin, 1925, p. 227 sq. ; les lettres relatives à l’affaire photienne sont groupées p. 433-610.

Voici la numérotation, dans Jafîé, des pièces qui