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PORTIONCULE. DISCIPLINE ACTUELLE


de l’indulgence plénièrc. Ensuite il ne peut être établi avec certitude qu’on en trouve des traces dans les écrits et les documents pontificaux du xiv c -xve siècle, comme l’ont prouvé MM. Faloci’Pulignani et J. Abate dans les travaux mentionnés ci-après. De même, la concession orale de Paul III ne peut être acceptée comme un fait historique, dûment prouvé, comme l’ont démontré les mêmes auteurs.

A partir de la fin du xvie siècle on rencontre, en effet, l’indulgence quotidienne à diverses reprises dans les écrits, principalement des frères mineurs, et dans les documents officiels, surtout ecclésiastiques. Il faut avouer toutefois que l’Église s’est montrée, en général, opposée à ce pardon quotidien. D’abord trois livres, qui soutinrent 1 i thèse de l’indulgence quotidienne, furent mis à l’Index, le 21 avril 1693, à savoir les œuvres des PP. Etienne Tofl, Michelange de Bogliasco et Santé Villa, éditées respectivement en 1644, 1646 et 1663. Ensuite, aucun souverain pontife n’a concédé ou confirmé l’indulgence quotidienne ; plusieurs, au contraire, par la voix des congrégations, ont déclaré que l’existence d’un semblable pardon ne peut point être démontrée, que l’indulgence est fixée au 2 août, qu’elle ne peut être gagnée les autres jours, qu’il est défendu, sous peine d’excommunication, de soutenir et de divulguer l’indulgence quotidienne. Pour le texte des documents ecclésiastiques et pontificaux, voir les ouvrages de Faloci Pulignani et Abate. Les documents historiques, examinés avec sérénité et sans parti pris, révèlent que, si les frères mineurs observants de Sainte-Marie-des-Anges se sont efforcés, au cours des siècles, de défendre et de divulguer l’indulgence quotidienne de la Portioncule, d’un autre côté, le Saint-Siège s’est généralement opposé à la confirmation, à la concession, à la divulgation d’un semblable pardon. Il faut descendre jusqu’à Benoît XV pour rencontrer le premier document pontifical certain et solennel au sujet de l’indulgence quotidienne et perpétuelle de la Portioncule, à savoir le bref Constat opprime du 16 avril 1921.

III. L’indulgence de la Portioncule. Discipline actuelle. — Cependant, même si l’on admet que l’indulgence plénière de la Portioncule manque dans ses éléments essentiels de solidité et de cohésion, même si l’on refuse d’en faire remonter l’origine jusqu’à saint François et à Honorius III, il est certain qu’au cours des siècles de nombreux souverains pontifes ont cité cette indulgence, l’ont confirmée et renouvelée, de sorte qu’au point de vue canonico-juridique on ne peut douter de sa vérité et de sa légitimité. Au début, cette indulgence ne put être gagnée que dans la chapelle de la Portioncule, une seule fois entre les premières vêpres (1 er août) et le coucher du soleil du 2 août ; elle ne pouvait être appliquée aux défunts. Ce n’est qu’en 1687 qu’Innocent XI l’a étendue officiellement aux âmes du purgatoire. Le pardon toties quoties pour le seul 2 août, bien que reconnu et confirmé par la Congrès ation du Concile en 1700 et 1723 et par la Congrégation des Indulgences le 22 février 1847, n’a été officiellement confirmé et reconnu que par Pie IX, le 12 juillet 1847. Quant à l’indulgence toties quoties quotidienne et perpétuelle, elle ne fut concédée que par Benoît XV, par le bref Constat opprime, du 16 avril 1921.

Au cours des siècles, ce pardon a été étendu à d’autres églises. Léon X, en 1515 (probablement déjà Sixte IV en 1480 ou 1481), retendit à toutes les églises du premier et du second ordre pour les seuls membres des deux ordres franciscains. Le 4 juillet 1622, Grégoire XV concéda la même faveur à tous les fidèles, qui, confessés et communies, visiteraient une église franciscaine. Ce même privilège fut accordé aux églises des capucins par Grégoire XV, le 12 octobre 1622 ; aux

| églises du tiers ordre régulier par Urbain VIII, le 13 janvier 1643 ; aux églises des conventuels par Clé , ment X, le 3 octobre 1670. D’autres papes ont étendu cette indulgence à toutes les églises qui étaient, d’une manière ou de l’autre, en relation avec l’ordre franciscain, ainsi qu’à celles dans lesquelles existait une congrégation du tiers ordre séculier, s’il ne se trouvait pas une église franciscaine à une distance déterminée dans les environs. Le 9 juillet 1910, Pie X a concédé (seulement pour cette année) aux évêques la faculté de désigner quelques églises publiques, où les fidèles pourraient gagner l’indulgence de la Portioncule le 2 août ou le dimanche suivant. Ce privilège a été renouvelé pour un temps indéterminé par un décret de la Congrégation des Indulgences le 26 mars 1911. Un décret toutefois de la Sacrée Pénitencerie, du 10 juillet 1924, détermine que, parmi les églises auxquelles le privilège de l’indulgence de la Portioncule a été concédé, seules le conservent celles auxquelles il fut donné in perpeluo. Ce privilège ne pourra être concédé à l’avenir que parla Sacrée Pénitencerie et à la demande des évêques ; de plus, il est requis que l’église soit distante au moins de trois kilomètres d’une église franciscaine. Le même décret concède aux évêques, curés et recteurs de transférer l’indulgence au dimanche qui suit le 2 août, dans le cas où ce jour ne tomberait pas un dimanche. Il demande en outre qu’on expose à la vénération publique des reliques, des images ou des statues de saint François ou de la sainte ierge et qu’on fasse des prières publiques à l’intention du souverain pontife. Il exige encore que les fidèles se soient confessés et aient communié et qu’à chaque visite ils récitent six Pater, Ave et Gloria à l’intention du souverain pontife. Par un décret du 13 janvier 1930, la Sacrée Pénitencerie a déclaré qu’une même personne peut gagner l’indulgence le 2 août dans une église et, le dimanche suivant, dans une autre. D’après le nouveau Code de droit canonique (can. 923), cette indulgence peut être gagnée, en dehors de la chapelle de la Portioncule, à partir de midi du 1 er août jusqu’à minuit du 2 août.

P. Sàbatier, Vie de saint François d’Assise, Paris, 18’.)4, p. 412-418 ; du même, Un nouveau chapitre de la vie de saint François d’Assise, Paris, 1896 ; du même, Étude critique sur la concession de l’indulgence de la Portioncule, dans Revue historique, t. lxii, 1896, p. 282-318 ; du même, Fralris Francisci Bartlwli de Assisio « Tractatus de indulgenlia S. Mariée de Porliuncula », dans Coll. d’études et de documents sur l’histoire relig. et litlér. du M. A., t. ii, Paris, 1900 ; Fr. Van Crtroy, S. J., Note sur l’indulgence de la Portioncule, dans Analecta bollandiana, t. xxi, 1902, p. 372-380 ; P. A. Kirsch, Der Portiunkula-Ablass, eine kritisch-hislorische Sdidie.dans Theol. Quarlalschrift, t. lxxxviii, 1906, p. 81-101, 221-291 ; N. Paulus, Die Bewilligung des Porliuncula-Ablasses. Eine kritische Untersuchung, dans Der Katholik, 1899, t. i, p. 97125 ; du même, ZurGcschichledes Portiuncula Ablasses, dans la même revue, 1901, t. ii, p. 185-187 ; du même, Berùhmle doch unechte Ablàsse, dans Histor. Jahrbuch, t. xxxvi, 1915, p. 482-493 ; du même, Geschichte des Ablasses im Millelaller, t. ii, Paderborn, 1923, p. 312-322, que nous citons fréquemment dans l’article ; H. Holzapfel, O. F. M., Enlstehung des Portiunculavblasses, dans Arch. franc, hist., t. i, 1908, p. 31-44 ; L. Lemmens, O. F. M., Die àlleslen Zeugnisse fur den Portiunkula-Ablass, dans Der Katholik, 1908, 1. 1, p. 169184, 253-267 ; du même, Der heulige Stand der Partiunkula-Frage, dans Franz. Studicn, t. iii, 1916, p. 290-298 ; Gratien de Paris, O. M. Cap., Note sur l’indulgence de la Portioncule, dans Études franciscaines, t. xviii, 1907, p. 478-482 ; J. Jôrgensen, La vie de saint François d’Assise, trad. franc, par Th. de Wyzewa, Paris, 1912, p. 246-263 ; du même, // perdono d’Assisi, dans Oriente serafico, t. xxvii-xxviii, 1917, p. 115-127, ou il déclare qu’après avpir nié l’authenticité historique de l’indulgence dans sa Vie de saint François, il l’admet maintenant ; L. Oliger, O. F. M., // B. Giovanni délia Verna (1259-1322). Sua vita, sua testimonianza per l’indulgenza délia Porziuncola, Arezzo, 1933, extrait de La Verna, t. xi ; E. Giusto, O. F. M., L’indutgenza délia Porziuncoln