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PHOTIUS. LE PATRIARCHE, SOURCES


ont retenu l’attention des littérateurs ; ils ont été plus sensibles au charme discret qui se dégage d’une foule de billets de Photius, à la concision voulue de la langue, à la recherche du style, qui font de beaucoup de ces pièces des modèles de la langue grecque.

Les mêmes qualités se retrouvent dans les brèves sentences morales qu’Hergenrother a publiées sous le titre (fourni par le Vatic. 74 i) : Ilapxîvs nç Six yva>[iX>-Xoyîxç, dans les Monumenta græca ad Photium ejusqae hi’sloriam pertinentia, Ratisbonne, 1869, p. 20-52. Il s’agit de 214 proverbes ou sentences, de longueur très variable. Tous ne sont pas de lui, il s’en faut ; beaucoup sont empruntés même à des collections déjà existantes. Mais le recueil, qui semble bien de lui, a l’intérêt de nous peindre davantage encore le personnage.

S’il fut un hon prosateur, Photius fut un poète assez médiocre, à en juger par les différentes pièces en vers publiées sous son nom. Il y a, dans la P. G., t. en, col. 577-584, trois « odes > qu’avait publiées Mai’, dans le Spicil. rom., t. ix, p. 739-743. Pitra a donné, depuis, dans les Analecla sacra, t. i, Paris, 1876, un certain nombre de morceaux qu’Aristarchos revendique pour Photius, voir Pitra, p. 438-443, cf. p. 668. Papadopoulos-Kérameus a publié une ode sic t/)v <x{ixv TpbSx xxl sîç ttjv Ù7T£pxYtxv ©sotôxov, p. 9, dans les Oco-do’j —ovrjtxà-ua, Saint-Pétersbourg, 1892, une acolouthie sur la Transfiguration dans les Ocotîo’j skicsto-Xod jjt.e’, p. 55-57, diverses poésies dans ETç uxvoç toû Oomo’j, Odessa, 1900. Al. Lauriotès a donné dans l"ExxX7)<Tiafffi>ri]’AÀ7)0eU, 1895, n. 28, p. 220, un poème sur le Christ et la Vierge, de 9 odes. Aristarchos attribuerait volontiers à son héros de nombreuses pièces contenues dans le 0£OToxxpt.ov de Nicodème l’Hagiorite. Ce n’est pas le lieu de discuter toutes ces attributions. Aucune de ces pièces, d’ailleurs, n’ajouterait grand’chose à la gloire du patriarche.

VII. Œuvres perdues. — Comme on l’aura sans doute remarqué, une partie importante de l’œuvre écrite de Photius a disparu : commentaires bibliques, discours, leçons professorales, dont il ne s’est retrouvé que des fragments.

En dehors de quoi il faut signaler : 1. Un écrit contre l’empereur Julien, expressément signalé dans Amphilochia, q. ci, P. G., t. ci, col. 617 A : 2. Un autre contre un hérétique nommé Léonce d’Antioche (à l’époque de Flavien de ConstaiUin.)ple, milieu du ve siècle), que mentionne Suidas, au mot Léonce, édit. Bekker, p. 653 b.

II. LE PATRIARCHE.

Le nom de Photius reste principalement associé à la crise qui, entre 860 et 890, mit en péril les bonnes relations entre Rome et Constantinople, et qui, même apaisée, continua à peser lourdement sur les rapports ultérieurs des deux Églises. Le rôle joué en l’occurrence par Photius a été, comme il est naturel, très diversement apprécié. Dès le principe, on remarque qu’il n’y a guère de témoins à garder leur sang-froid dans le récit des événements, et les pièces officielles elles-mêmes n’ont pas toujours le calme désirable. Cette nervosité n’a pas pris fin avec le ix c siècle, et l’on est surpris de voir des écrivains du xix c ou même du xxe siècle perdre tout sens de l’objectivité quand ils traitent de ces événements vieux de plus de mille ans. Admirateurs qui poussent le culte de Photius jusqu’à l’idolâtrie, détracteurs qui ne peuvent parler sans colère du moindre des actes du patriarche, on les trouve depuis les origines de la crise photienne jusqu’à aujourd’hui. Avant donc d’étudier cette crise en elle-même, il convient d’étudier les sources auxquelles remontent nos connaissances, de les classer, de les critiquer. — I. Les sources. II. Le premier pontificat de Photius, la rupture avec Rome (col. 1559). III. Le deuxième pontificat de Photius, la réconciliation avec

Rome (col. 1582). IV. Les séquelles de la crise photienne (col. 1595). V. Conclusion (col. 1599).

I. Les sources.

Elles se répartissent en deux catégories : 1° actes officiels ; 2° récits des historiens.

I. actes officiels.

Ils sont constitués tant par les lettres échangées entre la chancellerie romaine et les chancelleries patriarcale ou impériale de Constantinople que par les procès-verbaux des conciles tenus au sujet de la question dans l’Ancienne et la Nouvelle Rome. Nous commencerons par ces derniers, car une bonne partie des pièces de la première catégorie ne nous sont conservées que dans les actes conciliaires.

Procès-verbaux conciliaires.

La richesse apparente

des diverses collections conciliaires ne doit pas donner le change. Dans la réalité, la masse de documents qu’elles recèlent aurait besoin d’un sévère travail de triage, et c’est seulement quand une critique impitoyable se sera exercée sur la provenance et l’organisation de ces documents qu’il sera possible d’arriver à quelque précision sur des points capitaux de l’affaire photienne. Parmi les collections d’usage courant, Labbe et Cossart, Hardouin, Mansi, il convient, pensons-nous, de préférer celle d’Hardouin. Celle-ci a du moins le mérite d’avoir dégagé les pièces plus ou moins officielles du fatras des notes de Binius, qui embrouillent les questions plus qu’elles ne les éclairent. En réintroduisant ces notes dans son édition, ou plutôt dans sa réimpression, Mansi a remis la confusion là où le jésuite français avait commencé à faire de l’ordre. Nous étudierons successivement les, conciles tenus à Rome et à Constantinople.

1. Conciles tenus à Rome.

Ce sont des synodes particuliers, lointains ancêtres de nos consistoires. En toutes les questions importantes, le pape prenait l’avis, avant de donner une réponse définitive, du synode romain, qui rassemblait un nombre variable d’évêques des environs plus ou moins immédiats de Rome. A l’époque qui nous occupe, ces synodes sont très fréquents. Leurs actes, malheureusement, ne se sont conservés que par exception. Parmi les synodes où ont été examinées les affaires de Photius, on peut citer les suivants :

a) Synode de septembre 860, tenu par le pape Nicolas I er. Jaffé, Regesta pontif. roman., post n. 2681. Il nous est connu par le Liber pontificalis, t. ii, p. 155, la préface d’Anastase aux actes du VIIIe concile ; mais comme pièces officielles nous n’avons que les lettres n. 2682 et 2683, la première figurant d’ailleurs parmi les documents lus à la ive session du VIIIe concile ; la seconde à la ve session. Voir ci-dessous, col. 1552.

b) Synode de mars 862, tenu par Nicolas I er. Jaffé, post n. 2689. Connu par les lettres n. 2690, 2691, 2692, ces deux dernières figurant aussi parmi les documents lus à la ive session du VIIIe concile.

c) Synode d’avril 863, tenu par Nicolas I er. Jaffé, post n. 2735. La description sommaire du concile est donnée par le début de la lettre dont on trouvera le texte dans P. L., t. exix, col. 850-855 (à la col. 855 s’ajoutent les capitula d’un concile antérieur relatif à des questions christologiques). Un meilleur texte dans Mon. Germ. hisl., Epistol., t. vi, p. 556 sq.

d) Synode de novembre 864, tenu par Nicolas I er, Jaffé, post n. 2771, connu seulement par la lettre de Nicolas, dans Mansi, t. xv, col. 184 ; Mon. Germ. hist., ibid., p. 562 : Quapropter convocata, etc.

e) Synode du 10 juin 869, tenu par le pape Adrien II. Jaffé, post n. 2912. Les actes, y compris les signatures, sont conservés dans la vue session du VIIIe concile.

/) Synode d’avril 879, tenu par le pape Jean VIII, non mentionné dans Jaffé. Son existence ressort du Commonitorium et des signatures qui sont rapportés à la iiie session du concile constantinopolitain de 879-880. Hardouin, t. vi a, col. 293 B-297 ; Mansi.