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POMÈRE


ici-bas, étant pleinement détaché de toutes les choses de ce monde et uni à Dieu, est parfait, tandis que celui qui mène la vie active, ayant toujours à combattre ses mauvaises passions, ne peut être qu’en progrès vers la perfection. Col. 127 sq.

Passant à la troisième question : si un évêque peut s’adonner à la vie contemplative, Pomère explique que celle-ci pouvant se concevoir comme « la connaissance des choses cachées et futures », ou « comme l’abstention des occupations du monde », ou « comme l’étude des divines Écritures », ou, > ce qui est plus parfait, comme la vision de Dieu » (évidemment per fidem), rien n’mpêche un pontife de réaliser ces quatre aspects de la vie contemplative, à condition toutefois qu’il « se détourne de la sottise (stultitia) de la sagesse du siècle », pour s’adonner à l’étude de la parole de Dieu, qu’il ne s’enorgueillisse pas des honneurs qui lui sont rendus par les fidèles et qu’il ne s’attache pas aux biens de ce monde. Col. 430 sq. Pour s’adonner à la vie contemplative, l’évêque doit d’abord prêcher par le bon exemple de sa vie chrétienne. Mais, « comme la perfection ne consiste pas seulement dans les œuvres, mais aussi dans la foi », il doit aussi prêcher la doctrine. Col. 432. Il doit faire connaître « le Père, qui seul doit être cru inengendré, le Fils qui est engendré du Père, le Saint-Esprit qui, procédant du Père et du Fils, ne peut être dit ni inengendré, ni engendré ; que ces trois (ista tria) sont un (unum) ; que cet « un » n’est pas divisé en trois (Ma) ; mais distingué (distinguatur) ; que ce n’est ni le Père, ni le Saint-Esprit, mais le Fils seul, né du Père d’une manière ineffable, qui a pris (susceperil) l’homme (nature humaine) dans sa totalité, sans subir aucun changement dans sa propre substance ; qui s’est montré Dieu et vrai homme par les miracles et par ce qu’il a souffert ; qui s’est laissé saisir, a voulu être mis à mort, est ressuscité le troisième jour, et qui a élevé dans le ciel l’homme qu’il avait pris de nous ; qui nous a donné par sa résurrection l’espérance d’une résurrection heureuse ; qui nous a faits ses membres ; qui menace du châtiment ceux qui ne croient pas en lui ou qui se retirent de lui, et qui a promis le royaume céleste à ses adhérents. » Col. 433.

Pour enseigner ces vérités, l’évêque doit les connaître et sa prédication est nécessaire « afin que celui qui l’entend croie, en croyant comprenne et, ayant compris s’adonne aux bonnes œuvres avec persévérance ; car celui qui peut user du libre arbitre de la volonté ne peut être justifié ni par les œuvres sans la foi, ni par la foi seule sans les œuvres ». Col. 433.

L’évêque doit aussi reprendre ceux qui font mal, sans faire une exception pour les riches et les puissants du monde. Aux évêques qui poussent la platitude jusqu’à flatter les pécheurs riches soit par lâcheté, soit par crainte de ne plus recevoir de cadeaux de leur part, Pomère rappelle les invectives d’Ézéchiel contre les pasteurs qui se paissent eux-mêmes au lieu de paî r< leur troupeau. Col. 434.

La prédication de l’évêque doit être à la portée de son auditoire, simple et claire, mais bien ordonnée et grave, comme il sied à un pontife ; s’il n’est pas nécessaire que sa « latinité » soit châtiée, elle n’en doit pas moins procurer un certain plaisir à ceux qui l’entendent. Col. 439.

Pomère termine en énumérant les qualités du bon évêque ; il doit être humble, accessible à tous, surtout aux pécheurs, et non impérieux ; il doit rechercher uniquement la gloire du Christ et non les faveurs du siècle et des puissants de ce monde et, avant tout, s’adonner aux œuvres de miséricorde. l"n évêque qui réalise ces qualités mène la vie contemplative. Col. 440.

2. Le 1. II répond aux questions que l’évêque Julien avait posées concernant la manière de traiter les

pécheurs, la façon d’user des biens de l’Église, et la pratique de la vertu d’abstinence.

Les péchés étant de gravité différente, il s’ensuit que les pécheurs ne doivent pas être tous traités de la même manière. Les uns doivent être frappés de peines canoniques ; les autres doivent être tolérés (portandi). A ceux qui réclament des pénalités contre ceux qui n’ont que l’extérieur de la piété, sans amendement intérieur, qui jeûnent par vaine gloire, qui s’empressent autour des vierges, qui s’occupent des veuves et des orphelins avec l’arrière-pensée de s’enrichir de leurs dépouilles, Pomère répond que l’Église ne doit sévir que contre ceux qui ont été convaincus de péché grave. Toutefois, il rappelle à ceux qui ont commis des péchés graves secrets, qu’ils seront précipités en enfer s’ils refusent de se soumettre à la pénitence. Les clercs qui se sont rendus coupable, d’une faute grave se trompent s’ils croient pouvoir continuer à exercer leur ministère, parce que leur péché n’est pas connu des hommes. Col. 451. En ne confessant pas leur faute par crainte de l’excommunication, ils pèchent doublement, parce qu’ils trompent les hommes en se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas et parce qu’ils méprisent le jugement de Dieu. Par contre, Dieu est favorable à ceux qui, sans jugement préalable, « s’excommunient » eux-mêmes, en s’éloignant volontairement de l’autel auprès duquel ils exerçaient leur ministère. Col. 452.

Passant à la question de l’usage des biens de l’Église, Pomère propose l’exemple de l’évêque d’Arles, Hilaire, qui a augmenté la fortune de son Église, mais n’en usait que comme administrateur, procurator, et non comme propriétaire, possessor. Col. 453. Quant aux clercs, s’ils ont de la fortune, ils pèchent en acceptant les distributions qui leur sont servies par l’Église ; il en est de même pour les pauvres qui peuvent travailler. Ceux qui prétendent que ces distributions constituent le salaire dû au service qu’ils font dans l’Église, nimis carnaliler sapiunt. Ceux-là seuls, évêques ou clercs, qui ne possèdent rien ou qui ont renoncé à tous leurs biens, ont le droit de percevoir les distributions de l’Église. Ceux qui les acceptent, tout en ayant de quoi vivre, ou qui vivent en communauté (in congregatione ) pour faire des économies, ou pour ne pas être obligés de pratiquer les œuvres de miséricorde, se rendent coupables d’un péché que l’auteur ne veut pas caractériser. Pomère termine en disant que, pour posséder Dieu, il faut renoncer à tous les désirs du monde. Col. 460.

Pour ce qui est de l’abstinence, Pomère expose que cette vertu est nécessaire au corps et à l’âme. Elle réduit la nourriture à ce qui est strictement nécessaire à la vie du corps, ce qui dépasse ce nécessaire ne pouvant que favoriser la luxure de la chair. Elle s’étend aussi au renoncement par rapport aux vices et à la volonté propre. Les philosophes et certains hérétiques ont bien renoncé à tout ce qui flattait les sens, mais ils n’ont pas pratiqué la vertu d’abstinence, parce qu’ils n’avaient pas renoncé à leur propre volonté. Si nos premiers parents avaient pratiqué l’abstinence par rapport au fruit d’un seul arbre, ils auraient conservé leur béatitude pour eux et pour leurs descendants. Mais leur péché les en a privés et a « condamné en eux originaliler tout le genre humain ». Col. 464. « Il me semble, continue Pomère, qu’ils n’auraient pas mangé (du fruit défendu), s’ils ne l’avaient pas désiré ; qu’ils ne l’auraient pas désiré, s’ils n’avaient pas été tentés ; qu’ils n’auraient pas été tentés, s’ils n’avaient pas été abandonnés ; qu’ils n’auraient pas été abandonnés de Dieu s’ils ne l’avaient eux-mêmes abandonné les premiers ; qu.’ils n’auraient pas abandonné Dieu, s’ils n’avaient, par orgueil, voulu être semb’ables à lui…, aquelle similitude (avec Dieu) leur aurait été donnée… ls’ils avaient obéi à Dieu. Col. 464.