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dans toute son ampleur, et c’est ici qu’il faut chercher la source de tous les arguments que, sans se lasser, les Grecs répéteront indéfiniment contre le dogme, « inventé par les Latins », de la procession du Saint-Esprit ab ulroque,

La composition de l’opuscule n’est pas irréprochable et la démonstration gagnerait à être mieux ordonnée et pius condensée. Photius commence par poser un argument scripturaire qu’il considère comme apodictique. Parlant du Paraclet, Jésus a dit : « L’Esprit de vérité qui procède du Père rendra témoignage de moi. » Joa., xv, 26. C’est substituer à la révélation’divine ses idées personnelles que de prétendre que l’Esprit procède aussi du Fils. N. 2. Cette démonstration semblerait devoir amorcer une discussion relative aux autres affirmations scripturaires que l’on pourrait opposer, et que les Latins opposaient à celle-ci. En fait, il n’en est rien et c’est exclusivement sur le terrain dialectique que se déroulent toutes les passes d’armes qui suivent. N. 3-19. Sur cette argumentation dialectique et les divers principes qu’elle met en œuvre, on consultera utilement M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, t. i, Paris, 1926, p. 192 205. La discussion des textes scripturaires ne commence qu’au n. 20, par l’exégèse du texte de Joa., xvi, 14 : « L’Esprit me glorifiera, dit Jésus, parce qu’il recevra de ce qui est à moi (sx toù è^oû Xr^^zTy.i, de meo accipiel), et il vous l’annoncera. » Et Photius de triompher des Latins, qui raisonnent comme s’il était écrit : de me accipiet, alors que, dans leur texte même, ils lisent : de meo. Et après une leçon de grammaire donnée à ces ignorants, l’ancien patriarche entend reprendre, en s’aidant du contexte, l’exégèse du texte johannique : « Le Sauveur annonce aux disciples la venue du Consolateur. A première vue, il pourrait sembler que cet Esprit dépasse Jésus en puissance et en majesté. Aussi, le Maître prend-il soin de prévenir les apôtres : l’Esprit ne parlera pas de lui-même. De même que le Chrisf n’avait fait que redire aux disciples ce qu’il avait entendu du Père, de même l’Esprit leur dira ce que le Père a dit : KU, <potv vj’^îv ex toù Ila-rpoç êari tô StSiaxeiv xai ocm^sw. Comment, dès lors, i’Esprit glorifie-t-il le Fils ? C’est en recevant quelque chose du même trésor où le Fils a lui même puisé : de meo accipiet quoniam omnia quæcumque habet Pater mea sunt. Nous voici ramenés par le texte scripturaire à l’unique personne du Père comme origine de l’Esprit. » N. 20-31.

Cette argumentation scripturaire qui se suit avec un véritable intérêt, s’interrompt à nouveau pour faire place à la dialectique, dans les n. 31-47. Et ce n’est pas le dernier effort qui est demandé au lecteur, car, si Photius revient à la discussion d’un texte paulinien allégué par les Latins : « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils », n. 48-59, il retourne à la méthode syllogistique dans les n. 61-65. Enfin arrive la discussion des grandes autorités sur lesquelles les Latins prétendent s’appuyer. « Ambroise, Augustin, Jérôme, disent-ils, ont enseigné que l’Esprit procède aussi du Fils. Il faut les suivre ; nul n’aurait le front de les rejeter. » N. 66. Photius n’entend pas récuser l’autorité générale de ces témoins de la tradition. Ce qu’il conteste, c’est l’espèce d’infaillibilité que ses adversaires, dans la question présente, entendent conférer à ces Pères. Comme si l’on ne savait pas de reste que bien des Pères se sont laissé entraîner dans l’erreur ! Prenons-les, si tant est qu’ils affirment ici ce que l’on prétend, pour des hommes faillibles et dont l’autorité ne saurait balancer l’affirmation très claire de l’Écriture. N. 67-78. Les adversaires voudraient opposer aux Grecs ces autorités de l’Occident ; c’est à l’Occident même que Photius va demander la lumière, et tout spécialement à l’Église de Rome dont les chefs ont successivement approuvé les définitions conci liaires qui ne parlent que de la processif) a Pâtre. N. 78-89. Le pape Damase confirme le IIe concile et son symbole ; le pape Célestin, le IIIe concile. Léon le Grand, colonne du IVe concile, déclare qu’ils sont privés du sacerdoce ceux qui oseraient enseigner quelque chose d’autre que ce que le concile a proclame ; or, Chalcédoine déclare que le symbole (de Nicée-Constantinople ) e.p in c « parfaitement » ce qu’il faut croire sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le Ve concile qui renouvelle l’antique symbole est approuvé par Vigile ; le VIe parvgathon. Le pape Grégoire (peut-être y a-t il confusion entre Grégoire I" et Grégoire II), s’il ne fait pas, à ce sujet, d’actes officiels, montre dans ses Dialogues (ils étaient traduits en grec), comment il faut comprendre le mot de saint Paul sur l’Esprit de Jésus. Enfin, à une époque toute récente, le pape Léon (s’agitil de Léon III ou de Léon IV ?), voulant porter remède à cette nouvelle hérésie qui commençait à se murmurer, a pris à rencontre de l’addition Filioque des mesures énergiques. N. 87. Benoît III (855-858), s’est comporté de même. Que si, après eux, quelqu’un a voulu troubler cet accord, il est inutile de faire ici son procès. (Il s’agit v.ai emblablement de Nicolas I er ; Photius ne veut pas reprendre les discussions à son sujet.) Et, poursuit le patriarche déposé, quant à Jean VIII, que je puis bien appeler mon ami, il a, par ses légats, confirmé le symbole qui ne mentionne que l’unique procession, et son successeur, Adrien III, m’a envoyé sa synodale où il manifeste la même piété en disant que l’Esprit procède du Père. N. 89.

Revenant à l’explication de la parole de Paul sur l’Esprit du Fils, les derniers chapitres ont pour but de montrer que, en définitive, on peut dire que l’Esprit-Saint est l’Esprit du Christ, parce que c’est lui qui a donné l’onction à la sainte humanité du Verbe incarné. Et l’auteur de conclure en disant : « Si le Seigneur veut bien délivrer de leur captivité nos livres et nos scribes, il nous sera possible de fournir bientôt une démonstration plus complète et plus rigoureuse, en opposant aux, arguments des adversaires les réponses topiques, et aussi les textes patristiques qui renversent leur doctrine. » Photius n’a pas été en mesure de tenir sa promesse. Les textes qui figurent à la suite du traité, dans la P. G., col. 392-400, ne sont certainement pas de lui, encore qu’ils résument très convenablement sa doctrine. Pour la dis ussion des thèses de Pho^.us, se reporter à l’art. Esprit-Saint, col. 762 sq. ; voir aussi M. Jugie, op. cit., p. 179-223 ; cf. t. ii, p. 296-535.

Traités polémiques sur les prétentions romaines.


Bien qu’inspiré par l’esprit de controverse, le traité sur le Saint-Esprit n’attaque pas l’Église romaine. Mais, à d’autres moments de sa carrière, Photius s’était vivement élevé contre ce qu’il appelait les prétentions de Rome. En dehors de l’encyclique de 867, où il en a parlé surtout à propos de la question bulgare, il a rédigé, vers le même moment, au moins un recueil sommaire des arguments qu’il voulait opposer à « l’ingérence » de Rome.

Sous le titre, ITpôç toùç XéyovTaç wç " ?] 'Pg>uy] repcôiroç Opôvoç, figure, dans plusieurs mss., un recueil, explicitement attribué à Photius, des réponses qu’il faut faire aux arguments des Romains. Le texte n’est pas dans P. G., on le trouvera dans Rhalli et Potli, Syntagma canonum, t. IV, Athènes, 1854, p. 409-415, et aussi dans J.-N. Valettas, ot[o<j èmoTàXon, p. 567-571. L’authenticité n’en paraît pas contestable à Hergenrôther, Photius, t. iii, p. 171. Celui-ci allègue, outre le témoignage des mss., l’incontestable parenté avec des écrits authentiques du patriarche, certaines erreurshistoriques, en particulier, qui se retrouvent ici et là. L’auteur de ce très bref opuscule entend montrer que