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PHOTIUS. LE SAVANT, (EUVRES T IIEOLOGIOUES


les fragments sont conserves par des chaînes postérieures.

Papadopoulos-Kérameus a publié, en 1892, d’après le ms. 2, ’12 du couvent palestinien de Saint-Sabas, les considérant comme les débris d’un commentaire sur saint Matthieu, des Ogitêou rr/ôliv. xocl TexjxâÇia ô a-Xtwv zlç, tô xarà MaTÔaïov eôayYéXiov. Recueil orthodoxe palestinien (en russe), t. XI, Saint-Pétersbourg 1892, p. 140 sq. En réalité, il s’agit d’une chaîne sans lemtnes, où l’on a pu confondre des passages provenant de Photius avec d’autres. Poussines et Cordier fournissent, dans leur édition des chaînes sur saint Matthieu, un certain nombre de scolies en provenance de Photius (rassemblées dans P. G., t. ci, col. 11891210). Récemment, on en a signalé une vingtaine d’autres fournies par le Palat. græc. 220. Il serait possible, pense R. Devreesse, qu’il ait existé un commentaire suivi de Photius sur saint Matthieu, d’où proviendraient les scolies signalées et d’autres encore. Voir loc. rit., col. 1174-1175, cꝟ. 1165.

Poussines fournit onze extraits de Photius sur saint Marc (rassemblés dans P. G., t. ci, col. 1209-1214), à quoi il faut ajouter deux fragments, sur Marc, xiii, 12, et xv. 37, transmis par les Scholia vêlera, P. G., t. evi, col. 1173 sq. On ne saurait dire s’ils proviennent d’un commentaire suivi. Voir Devreesse, col. 1181.

Les extraits sur Luc sont plus copieux. On trouvera rassemblés dans P. G., t. ci, col. 1213-1230, ceux qu’avait, à deux reprises, publiés Mai. Il resterait à en relever d’autres particulièrement abondants dans le Vatic. græc. 758 et surtout dans le Barber, græc. 562. Voir Devreesse, loc. cit., col. 1193-1 194. Cette abondance devrait-elle faire penser à l’existence d’un commentaire suivi ?

Celle d’un commentaire sur Jean paraît démontrée. La P. G., t. ci, col. 1232-1233, n’en fournit que de maigres fragments ; ils sont, au contraire, très abondants dans le même Barber, græc. 262, où on a fait place au commentaire de Photius à travers celui de Jean Chrysostome. Devreesse, col. 1204-1205.

L’édition des chaînes sur le Nouveau Testament de Cramer contient une assez forte proportion d’extraits de Photius sur l’épître aux Romains (rassemblés dans P. G., t. ci, col. 1233-1253) et dont plusieurs sont fort importants pour la question du péché originel. Mais ces extraits, dit R. Devreesse, ne représentent qu’une partie de ce que fournirait le dépouillement systématique des chaînes. Loc. cit., col. 1224, cꝟ. 1211-1212.

En définitive, A. Ehrhard voyait juste quand il écrivait, en 1897, que l’on ne saurait contester l’existence de commentaires ou de scolies sur le Nouveau Testament ayant pour auteur Photius.

Les traités contre les manichéens.

Les manichéens

dont il est ici question ne sont autres que les pauliciens, contre lesquels l’impératrice régente Théodora, puis son fils Michel III, menèrent une lutte acharnée un peu avant 860.

Sous le titre Air^an ; Trept r/jç [i.avpo’icov àvo<6Xaarr }Gza>ç, la P. G. donne un long traité en quatre livres, t. en, col. 9-264, qui se divise naturellement en deux grandes parties, le 1. I contenant une histoire de la secte des pauliciens et la preuve de ses origines manichéennes, les trois autres, d’allure plus théologique, une discussion des erreurs professées par elle. De ceuxci, le t. IIe expose les difficultés faites par les manichéens à la doctrine catholique et en donne la solution ; le IIIe démontre que le Nouveau Testament, admis par les manichéens, est en rapports continus avec l’Ancien que les sectaires rejettent ; le IVe reprend d’une autre manière les arguments exposés dans les deux premiers.

Mais ce traité, sous la forme que lui donnent les éditions modernes (forme qui ne se retrouve pas dans

tous les mss.), soulève, rien qu’à l’examen interne, de graves problèmes. On n’a certainement pas affaire avec une œuvre d’une seule venue. Le 1. I paraît formé de deux sections distinctes, c. i-x et c. xi-xxiv. qui se répètent partiellement. Les deux livres suivants se détachent très aisément du premier. Au début du t. IV, l’auteur f ; iit allusion à des ouvrages antérieurs composés par lui sur la matière, et qu’un correspondant, le moine Arsène, lui réclame ; ne les ayant pas sous la main, il lui en fait, de mémoire, une analyse : cette analyse, d’ailleurs, ne respecte pas l’ordre suivi dans les deux livres précédents. Cette question de critique interne se complique du fait de la ressemblance qu’il est aisé de remarquer entre le Traité contre les manichéens attribué à Photius et une œuvre analogue qui porte le nom de Pierre de Sicile, P. G., t. civ. col. 1240-1349. Sans compter que la Panoplia dogmatica, attribuée à Euthyme Zigabène, dans ses titres xxiv et xxv, reproduit les premiers chapitres du 1. I presque textuellement. Sur ces questions, voir l’art. Pauliciens, col. 56.

Les critiques ne se sont pas encore mis d’accord sur la solution de ces divers problèmes. Celle qui est proposée par Karapet Ter-Mkrttschian ne reconnaît comme de Photius que la i re section du 1. I ; l’ensemble de l’ouvrage, tel que le fournissent les éditions, n’aurait été composé que sous Alexis I er Comnène (10811118). Mais cette hypothèse est déjà en contradiction avec ce fait que le Palatinus gnecus 216. qui remonte au xe siècle, donne (sous le nom de Métrophane) un texte qui se rapproche sensiblement de celui de nos éditions. S. Aristarchos a proposé une solution qui accorde bien davantage à Photius. Celui-ci, durant son premier patriarcat, vers 866, compose la $tY)yr]at.< ; êv CTUvô’jiS !, T7)^ vsof>’tvoôç tûv Ly » v/~el ov àvx^y.az f]ascii :, comprenant la I re partie du 1. I. C’est la forme conservée par le Coislin 270. Ayant eu l’occasion de prêcher, après 861 et avant 867, plusieurs homélies doctrinales contre les manichéens, le patriarche en tire un a 1 JVTay[i, ânov, correspondant sensiblement à nos I. II et III d’aujourd’hui. Vers 871, pendant son premier exil, il envoie au moine Arsène le résumé, fait de mémoire, de ce auvrayu-aTiov ; c’est notre I. IV. Enfin, vers 874, alors que sa situation s’est améliorée, il procède à une revision de ses productions antérieures. Ainsi naît le texte fourni par le ms. de Hambourg, que Wolf a publié en 1722, et qui est à la base de nos éditions actuelles. Voir S. Aristarchos, Oiotîo’j Xôꝟ. 1. y.y). ôfviXtat., t. i, Constantinople, 1901, p. 333-334. Pour compliquée que soit l’hypothèse, elle paraît assez vraisemblable, s’accordant assez bien avec ce que nous savons par ailleurs des procédés de composition de Photius et ne manquant pas d’appui dans la tradition manuscrite.

4° Le traité sur le Saint-Esprit, Ilepl ttjç toû àyîo’j Ilv£tj(i.aToç (HjaTaycDYtaç, texte dans P. G., col. 280391. — Édité pour la première fois par Hergenrôther en 1857, cet écrit, dont l’authenticité est hors de toute contestation, est capital pour fixer la doctrine que le patriarche entend opposer à « l’innovation » de certains Latins (il ne dit pas tous les Latins) sur la procession du Saint-Esprit a Pâtre et a Filio. Il a été composé après 885, puisqu’il y est fait mention, n. 89, d’une lettre adressée à Photius par le pape Adrien III (883-885). Au moment où il écrit, l’auteur est privé de ses livres et de ses scribes, voir n. 97, c’est donc après la seconde déposition de Photius en 886.

De cette question dogmatique Photius s’était déjà occupé à deux reprises : dans son encyclique de 867 dirigée contre les prétentions de l’Église romaine (ci-dessous, col. 1574) et dans une lettre à l’archevêque d’Aquilée, Epist., i, 24, P. G., t. en, col. 793-821 ; Valettas, n. 5. Le présent traité reprend la question