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POLOGNE. SCIENCES SACRÉES, LA RÉFORME


staurcren 1370, à l’occasion de ce qu’on appelle l’accord de Sandomicrz. Enfin, vers la fin du xvie siècle, pendant le règne des monarques sincèrement catholiques, Etienne Batory (1576-1586) et Sigismond III Waza (1587-1632), le protestantisme subit un échec complet, sous les attaques du catholicisme triomphant.

Les premières luttes contre le protestantisme en Pologne utilisèrent les œuvres d’auteurs étrangers, dont les plus connues sont celles d’Eck et de Cochlams, C'étaient tout spécialement les prédicateurs qui menaient ces luttes, avec plus ou moins de succès et, souvent, ils devaient céder devant l'érudition et l’arrogance des prédicateurs des nouvelles doctrines, assez indolemment combattues par des évêques négligents. Cependant, dès cette époque, dans la retraite, des savants, surtout de l’université cracovienne, étaient en train de préparer les armes qui devaient contribuer un jour à la victoire de l’idée catholique. Ces armes étaient la connaissance des traditions de l'Église et de la littérature religieuse du passé. II faut chercher la genèse du développement de l’idée catholique dans le courant humaniste, qui pénétra en Pologne dès la première moitié du xv° siècle et y gagna dans le clergé de nombreux et remarquables propagateurs, comme, par exemple, le professeur de Cracovie, mentionné ci-dessus, Jean d’Oswiecim (Sacranus), l’archevêque de Lwôw, Grégoire de Sanok († 1477) et beaucoup d’autres. Deux œuvres de l’humaniste André Krzycki (Cricius, t 1537) marquent le début de la lutte littéraire contre le protestantisme. C’est une poésie dirigée contre Luther sous le titre ironique : Encomium Luiheri (1524), et une autre œuvre en vers, De afllictione Ecclesise commentarius in psalmum XXI (1527). André Krzycki était archevêque de Gniezno, du reste courtisan et ecclésiastique sans grande valeur morale.

Ce qu’il faut souligner avant tout c’est que l’humanisme contribua heureusement à l'éveil d’un goût prononcé pour l'étude du passé de l'Église et de son activité littéraire. Ces études furent commencées en Pologne sous le protectorat de l'évêque de Cracovie, le savant Pierre Tomicki (1520-1535). Et voilà qu’un courant prend naissance à Cracovie, soutenu dans tout l’univers catholique par la grande autorité d'Érasme de Rotterdam. On commence à prendre connaissance des écrits des Pères de l'Église, non plus seulement en extraits, à l’aide de diverses Catense aureee comme c'était l’usage au Moyen Age, mais dans leur intégralité. En 1528 paraît à Cracovie la première édition patristique : Antologium des écrits de Basile, de Grégoire de N’azianze et de Jean Chrysostome, exécuté par Jean de Lignica, surnommé Libanus, professeur connu de langue grecque. Quelques autres éditions suivent ; on fait venir de l'étranger des éditions patristiques et la connaissance de la tradition ecclésiastique s'étend en Pologne. Les premières publications des théologiens polonais, dirigées contre la Réforme, portent l’empreinte de cette expansion. Elle se fait sentir surtout chez Mathieu de Koscian, professeur de Cracovie, dans son œuvre : Cohortatio Sarmaticarum (les Polonais prétendaient à cette époque tirer origine de l’antique tribu de Sarmates) Ecclesiarum ad antiquæ et avilæ religionis observantiam, Cracovie, 1345. Walenty de Poznan, surnommé Wrobel, mentionné ci-dessus comme interprète de l'Écriture sainte, est l’auteur du Propugnaculum Ecclesise catholicæ adversus seclas Lullieri (1536), œuvre d’allure plutôt scolastique. André Bochenczyk ou Lubelezyk (de Bochnia ou de Lublin), chanoine de Lwôw, par contre, se réfère à la tradition de l'Église dans son écrit : Tumultuaria responsio in libellnm Philippi Melanchlhonii nuperrime de Ecclesise auctorilate et veterum scriptis editum, Cracovie, 1510. Ce dernier écrivain est aussi l’auteur d’un

ouvrage sur les Arméniens, dont un nombre assez considérable s'établit, vers la fin du Moyen Age, en Ruthénie et qui ont possédé jusqu'à aujourd’hui un archevêché uniate à Lwôw. Cette œuvre porte le titre : Baptismus Armenorum, Lwôw, 1544. La 2° édition est élargie : Liturgiie Armenorum seu Ecclesise illorum ritus sacri et ceremoniæ, Cracovie, 1549.

La théologie polémique.

Cette manière de

combattre les novateurs fut appliquée dans toute sa perfection par le cardinal Stanislas Hosius (Hozjusz), le plus grand théologien que la Pologne ait produit et le chef moral de toute la lutte contre la Réforme. Né en 1504, à Cracovie, d’une famille bourgeoise d’origine allemande mais polonisée, il fit des études approfondies dans sa ville natale et à Bologne, puis, grâce à ses talents extraordinaires et à sa parfaite intégrité, il fut admis à la chancellerie du roi Sigismond I er (1506-1548) et acquit, en 1543, la haute dignité de grand secrétaire. Il fut ordonné prêtre en même temps. Bientôt après son avènement, Sigismond II Auguste, le dernier roi de la dynastie des Jagellons (1548-1572), nomma Hosius évêque de Culm (1549) et, deux ans plus tard, le transféra au riche évêché de Warmie (en allemand : Ermland, partie de la Prusse orientale qui appartint à la Pologne jusqu'à 1772, et qui est habitée par une population polonaise catholique). Ainsi, Hosius devint-il l’un des premiers dignitaires ecclésiastiques du royaume. Mandé par le pape Paul IV à Rome, en 1558, il demeura dès lors constamment au service du Saint-Siège, fut nommé, en 1561, cardinal par Pie IV et choisi comme un des légats pontificaux au concile de Trente. Les débats du concile terminés, il revint en 1564 en Pologne, pour y introduire, en coopération avec le nonce papal Commendone, les réformes de Trente, ce qui n'était pas chose aisée, vu l’indécision religieuse du roi et l’influence que les protestants exerçaient sur la noblesse polonaise. En 1569, abandonnant le gouvernement de son diocèse à son coadjuteur et ami, Martin Cromer, Hosius se rendit à Rome et y mourut en odeur de sainteté en 1579. Voir son article, t. vii, col. 178-190.

Toute la vie d’Hosius fut une lutte incessante contre le protestantisme, lutte dans laquelle il avait exclusivement pour but le triomphe de la vérité et des droits de Dieu. Son immense érudition et son profond savoir lui servirent d’armes. Sa connaissance des Pères et son érudition scripturaire formées à Cracovie et approfondies par un travail constant, la beauté et la clarté de son style, la justesse de son raisonnement font que ses écrits doivent être classés parmi les chefs-d'œuvre de la polémique littéraire et il faut constater qu’ils furent reconnus comme tels par tout l’univers catholique de cette époque. Il convient de mentionner en premier lieu sa célèbre Confessio catholicæ fidei christianse, écrite à la demande des évêques polonais réunis au synode de Piotrkôw en 1551. Cette œuvre, en deux parties, contient un aperçu général des litiges entre le catholicisme et le protestantisme. La l re édition de la I re partie eut lieu à Cracovie en 1553, une édition totale, avec suppléments, parut à Mayence en 1557, puis il y eut, du vivant encore de l’auteur, trente éditions latines ; sa Con/essio fut traduite en polonais, en allemand, en français, en italien, en anglais, en flamand, en tchèque, en arabe et en arménien. Hosius édita encore, en 1558, à Cologne (et puis encore plus tard), sa seconde œuvre polémique, très vaste, dirigée contre le célèbre théologien allemand Jean Brencius, intitulée Confutatio prolegomenon Brenlii… Il est aussi auteur de quelques é.crits plus courts, notamment d’un manuel polémique : De expresso Dci verbo (1558, souvent réédité). Cet écrit fut attaqué par le réformateur Jean Laski, à qui Hosius répondit par l'écrit : De oppresso