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    1. PHOTIUS##


PHOTIUS. LE SAVANT, ŒUVRES THÉOLOGIQUES

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L’intérêt do l’ouvrage « .-si considérable à de multiples points de vue. Il nous permet surtout de mesurer toutes les pertes que l’histoire littéraire a faites depuis le iv siècle ; Photius a eu entre les mains nombre décrits qui ont totalement disparu depuis et qui ne sont plus connus que par la mention qu’il en fait, l’analyse qu’il en fournit, les extraits qu’il en donne. Aussi, le Mgriobiblon est-il une mine qui est exploitée à l’envi par tous les historiens de la littérature grecque, profane ou sacrée. Pour nous cantonner dans cette dernière, signalons au moins la contribution importante qu’il fournit à l’étude des pseudo-Clémentines (cod. 112-113), de Clément d’Alexandrie (cod. 109111), de l’auteur présumé des Actes apocryphes des apôtres (cod. 114), d’Hippolyte et du prêtre romain Caius (cod. 48. 121, 202), ’de Méthode d’Olympe (cod. 234-237), de saint Athanase (cod. 258), de Diodore de Tarse (cod. 223), de Théodore de Mopsueste (cod. 177), de Job le Moine (cod. 222), d’Eulogius, patriarche d’Alexandrie, mort en 607 (cod. 182, 208, 225-227. 230, 280). — Une place à part doit être faite aux extraits de Philostorge à qui Photius avait consacré d’abord une brève mention (cod. 40). Les extraits copieux qu’il en a faits ne se trouvent point dans les diverses éditions du Myriobiblon ; ils ont subsisté indépendamment et permettent de reconstituer les grandes lignes de l’ouvrage de cet historien. Voir l’art. Philostorge.

2° Le Lexique, AsÇeiç xxrà aToi/eicàv oV cov pYjxépcov ts —ôvot x.al auYYP a Ç— <, JV èÇûipalÇovTai [liXiaxoc, contient ou plutôt contenait (car il y a une grande lacune au début de l’ouvrage), rangées dans l’ordre alphabétique, les expressions empruntées aux Attiques, qui devaient permettre aux Byzantins du ixe siècle d’orner leur prose. Sans intérêt pour la théologie, cet ouvrage n’a pas été reproduit dans la P. G. Voir les éditions courantes de R. Porsonus, Londres, 1822 ; de S.-A. Naber, Leyde, 1864-1865 ; de R. Reitzenstein, Der An/ang des « Lexikons » des Photius, Leipzig-Berlin, 1907 (qui comble une partie de la grande lacune du début). Les philologues classiques ont beaucoup étudié la question des sources de cet ouvrage ; le principal travail, sur ce sujet, est celui de K. Boysen, Lexici Segueriani £uvoy<>>Y7] XéÇeaw ypqaiy.uiv inscripti pars prima ex codice Coisliniano —3 47 édita, Marbourg, 1891. L’originalité de Photius ne semble pas avoir été grande, et l’on discute encore sur la part qui lui revient en propre dans ce travail d’ordre exclusivement philologique.

3° Les Amphilochia, sur lesquels nous allons revenir plus loin, contiennent, eux aussi, une série de questions et de réponses sur des sujets de philosophie, de mythologie, de grammaire et d’histoire. Nous ne faisons que les indiquer ici.

III. Œuvres théologiques. — Comme le fait justement remarquer A. Ehrhard, ce n’est pas dans les ouvrages spécialement consacrés à la théologie que Photius manifeste le plus d’originalité. L’ensemble de sa production le met au-dessous de Jean Damascène et il n’a la vigueur ni de Maxime le Confesseur, ni de Léonce de Byzance. Voir Ehrhard, dans Krumbacher, Gesch. der byzanl. Literutur, 2e éd., 1897, p. 74. Son œuvre théologique ne laisse pas de mériter attention, révélatrice qu’elle est du point où était arrivée en Orient la pensée ecclésiastique.

Les Amphilochia.

— Bien que cette compilation n’ait été faite que durant le premier exil (867-874), il faut la citer en premier lieu. C’est ici que sont venues se déposer, en sédiments de puissance variable, beaucoup des élucubrations philosophiques, scripturaires, théologiques qui avaient pris naissance soit durant les années de professorat, soit durant le premier passage de Photius sur le siège patriarcal.

Ce recueil rentre dans un genre fort cultivé dans l’antiquité chrétienne, chez les Grecs et chez les Latins, celui des’EpcoTïjæu ; xal à7roxpîaeiç, Qussstion.es et responsiones ; il tire son nom d’Amphiloque, évoque de Cyzique, à qui Photius le dédia. Texte dans P. G., t." ci, col. 1-1190 et 1277-1296 (éd. Hergenrother) ; des compléments importants sont ajoutés par S. Oikonoraos, dans son édition donnée à Athènes en 1858. Le nombre des questions varie beaucoup avec les éditions. La numérotation donnée ici est celle de Hergenrother.

Un certain nombre des questions, nous l’avons dit, roulent sur des sujets profanes. Mais la grande masse se partage entre deux catégories de problèmes, ceux qui touchent à l’exégèse (ce sont les plus nombreux), ceux qui touchent à la dogmatique. A l’exégèse se rapportent 240 questions environ, qui sont consacrées, pour la plus grande part, à résoudre les contradictions apparentes ou, du moins, les oppositions qui se remarquent entre des passages bibliques. C’est principalement au Pentateuque, à l’Ecclésiaste, au psautier, aux évangiles, aux épîtres paulines que se rapportent les réponses fournies. Celles-ci consistent souvent en remarques philologiques, qui ne sont pas sans mérite et où intervient quelquefois la considération des anciennes versions. La méthode allégorique est employée avec une sobriété relative, encore que l’auteur reste fidèle aux principes de la typologie. A vrai dire, il ne manifeste guère son originalité. Beaucoup des réponses sont fournies textuellement par les auteurs ecclésiastiques anciens, quelquefois cités, souvent aussi transcrits sans référence. Voir, dajis P. G., t. ci, col. 1187, la table des Pères et auteurs allégués. Le mérite de Photius a été surtout de discerner, dans ses immenses lectures, quels étaient les passages susceptibles de fournir les réponses topiques. Ce mérite est assez considérable pour que l’on puisse écarter l’accusation de plagiat, sur laquelle ont insisté divers critiques. On retrouverait exactement le même procédé chez tous les auteurs occidentaux de la même époque.

Pour tenir une place moins importante dans les Amphilochia, les questions dogmatiques, une cinquantaine environ, n’en sont pas moins intéressantes à étudier. Elles roulent tout spécialement sur le double problème trinitaire et christologique. Voir, en particulier, les questions clxxi, clxxxi sq., cxciii, excv, ccxxiii, ccxxv, ccxxviii-ccli. Bien que, au moment où il compile son recueil, Photius ait déjà rompu des lances avec les Latins sur la « procession du Saint-Esprit », il n’y traite pas ex professo de ce problème. Pourtant son idée se trahit plus ou moins dans les questions xxviii, clxxxviii, exc, ccxxxv.

Commentaires bibliques.

Une bonne partie des

Amphilochia est consacrée à l’exégèse. En dehors de ces études dispersées, Photius a-t-il rédigé des commentaires suivis sur quelque livre de la Bible ? En fait, on retrouve son nom parmi les lemmes d’un certain nombre de « chaînes ». Mais l’on sait combien sont embrouillés les problèmes qui se rapportent à ce genre de travaux. Voir, sur toute cette question, B. Devreesse, Chaînes exégetiques grecques, dans Suppl. au Dict. de la Bible, t. i, 1928, col. 1084-1233. Nous rassemblerons brièvement ici les données de cet article qui concernent Photius.

D’une part, Photius pourrait bien être l’auteur de la chaîne sur les psaumes, contenue dans le Coislin 12, de la Bibliothèque nationale de Paris, et qui reproduit des scolies d’Athanase, de Basile, de Théodore de Mopsueste. Il y aurait lieu d’y relever de précieux morceaux de l’exégèse de ce dernier. Loc. cil., col. 1139. cf. col. 1116. D’autre part, Photius a dû composer plusieurs coiii mentaires sur des écrits du Nouveau Testament donl