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    1. PHOTIUS##


PHOTIUS. LE SAVANT, ŒUVKKS l> — ERUDITION

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l. LE SAVANT. — I. Curriculum vitie. II. Œuvres d’érudition générale (col. 1538). III. Œuvres théologiques (col. 1539). IV. Œuvres canoniques (col. 1545). V. Œuvres oratoires (col. 154 7). VI. Correspondance (col. 1548). VII. Œuvres perdues (col. 1549).

I. CURRICULUM 177./ ;. — Tout n’est pas également clair dans la vie de Photius ; quelques-unes des dates qui seront données ici ne sont pas absolument certaines. Elles fournissent néanmoins un cadre tant à la production littéraire qu’aux événements de la vie de Photius.

Il est né à Constantinople, au premier quart du ix’siècle, d’une famille fort distinguée tant par son rang que par l’orthodoxie de ses sentiments. Son père, Sergius, était spathaire ; sa mère, Irène, était alliée à la famille impériale, l’oncle maternel de Photius ayant épousé la sœur de l’impératrice Théodora. S jn pète, de son côté, était le frère de l’ancien patriarche Taraise († 806) ; c’était une garantie d’orthodoxie : lors du renouveau de l’iconoclasme agressif, sous Léon V (813-820), les parents de Photius avaient été persécutés pour leurs sentiments religieux. Nous ne savons sous quels maîtres le jeune Photius fit ses études, mais les résultats de celles-ci furent extrêmement brillants. De très bonne heure, il est lui-même un maître réputé. Les productions littéraires sorties de sa plume féconde, malgré les mutilations qu’elles ont subies, témoignent d’une immense curiosité : grammaire, logique, dialectique, métaphysique, écriture sainte, théologie, il a abordé successivement dans son professorat ces diverses disciplines.

S’il est toujours demeuré professeur par l’esprit (il garde jusqu’à la fin de sa vie la manie de « régenter » ), Photius ne devait pas s’éterniser dans la fonction elle-même. Nous ne pouvons préciser quel fut pour lui le cursus honorum, mais il est certain qu’il entra de bonne heure au Sacré-Palais et, finalement, fut élevé à la charge importante de protosecrelis avec rang de protospathaire ; était-ce avant, était-ce après une ambassade dont il fut chargé, soit auprès du calife de Bagdad, soit auprès de quelque émir, à une date qu’il est difficile de préciser, nous ne saurions le dire. Quoi qu’il en soit, sous le règne de Michel III (842-867), il est un des personnages les plus en vue de la cour impériale. Sur cette ambassade, voir F. Dôlger, Iiegesten, n. 451 ; cf. Dvornik, Les légendes de Constantin. .., Prague, 1933, p. 96 sq.

En 858 (date préférable à celle de 857), il est appelé par le pouvoir civil à remplacer le patriarche Ignace, déposé. Cette désignation ne tarde pas à le mettre en conflit avec Rome et avec une partie de l’Église grecque. Quand, en 867, Basile I er le Macédonien se débarrasse de Michel III par le meurtre, Photius est à son tour déposé, et le patriarche Ignace rétabli. Durement traité d’abord, Photius, après quelques années, reprend de l’ascendant sur Basile I er et, quand Ignace meurt, en 877, il reprend le trône patriarcal et obtient, en 879-880, une éclatante revanche de ses anciens malheurs. Mais la mort de Basile lui est aussi funeste que n’avait été son accession au trône ; le successeur de Basile, Léon VI (886-912), dépose une seconde fois Photius. A partir de ce moment, on perd si complètement ses traces qu’il est impossible de fixer avec certitude l’époque de sa mort. Peut-être a-t-il vécu jusqu’après 897-898.

Aprement discuté pendant sa vie ecclésiastique, plus àprement discuté encore après sa mort, Photius n’a pas laissé de s’imposer à tous, amis et ennemis, par les éminentes qualités de sa personne. Ses adversaires les plus acharnés d’autrefois, ceux aussi qui, aujourd’hui, regrettent le plus vivement l’œuvre de division dont il est partiellement responsable, ne peuvent que rendre hommage à sa remarquable intelligence, à son labeur acharné, à l’indépendance de ses jugements, à

l’ampleur et à la diversité de ses connaissances. Nul ne conteste que le patriarche byzantin ne soit l’une des plus puissantes personnalités que connaisse l’histoire de la littérature grecque, l’une aussi des plus difficiles à expliquer. Au milieu de ses contemporains, il fait figure d’isolé ; il est malaisé de voir à quelles traditions il se rattache ; il ne l’est guère moins de suivre l’influence qu’il a exercée, dans le domaine scientifique, aux âges qui l’ont suivi. E, si on le compare aux savants occidentaux de la même époque, aux grands hommes de la seconde génération de la renaissance carolingienne, il apparaît non moins surprenant. Un Raban Maur, un Hincmar, pour ne citer que les plus grands, tout férus qu’ils soient d’érudition, restent en toute leur production littéraire des gens d’Église ; Photius, qui connaît lui aussi les grands écrivains ecclésiastiques de langue grecque, ne nous apparaît pas confiné dans sa spécialité. A parcourir son œuvre, on sent qu’il est resté en contact avec l’esprit hellénique. Sous le Byzantin transparaît à tout instant le très authentique héritier de la Grèce classique, le fils spirituel de Démosthène et de Lysias, d’Aristote et de Platon.

Sa production littéraire, qui est considérable, près de quatre volumes de la Palrologie grecque (t. ci-civ), peut se répartir en œuvres d’érudition générale, œuvres théologiques, œuvres canoniques, œuvres oratoires ; la correspondance et divers recueils doivent également retenir l’attention.

II. Œuvres d’érudition générale. — La plus importante est le Myriobiblon ou Bibliothèque ; mais il faut aussi faire une place au Lexique.

1° Le Myriobiblon (texte dans P. G., t. cm tout entier, t. civ, col. 9-356). — C’est la description, souvent avec une analyse systématique et de copieux extraits, de plusieurs centaines d’ouvrages lus par Photius. Il peut s’agir soit de livres expliqués par lui durant son professorat, soit de livres discutés, sous sa direction, dans le cercle littéraire qui se groupait autour de lui, soit encore d’ouvrages qu’il a lus pour sa personnelle satisfaction et dont il a fait des dépouillements copieux. Sur les conditions dans lesquelles s’est faite la publication de ces notes, nous ne sommes qu’insuffisamment renseignés par la dédicace, adressée par Photius à son frère Taraise. P. G., t. ciii, col. 41-44 (il a pu y avoir une seconde édition). Ce serait au moment de partir pour son ambassade en « Assyrie » que Photius aurait rassemblé ses notes, pour les laisser en souvenir à son frère. Celui-ci, qui avait manqué à beaucoup de réunions où avaient été discutés nombre de ces ouvrages, avait demandé d’être mis au courant de ce qui avait été lu pendant son absence. Photius a fait bonne mesure, car la simple lecture de tous les livres qu’il signale a dû prendre un nombre considérable d’années.

De quelque façon que s’explique la composition et l’édition. de cette Bibliothèque, elle témoigne du caractère encyclopédique de la formation de Photius. Aucun ordre apparent ne préside au groupement de ces notes : histoire sacrée et profane, éloquence de la chaire ou du barreau, droit canonique et institutions, grammaire et philologie, théologie et philosophie, littérature d’imagination et sciences exactes, médecine et histoire naturelle, tout y vient. Dans les notices qui forment les deux premiers tiers du recueil, Photius s’astreint à analyser l’ouvrage cité, et exprime d’ordinaire un jugement tant sur le fond que sur la forme. Dans le dernier tiers, il s’agit presque exclusivement de très copieux extraits, littéralement transcrits. Sur le texte de la Bibliothèque, voir Edg. Màrànl, Textgeschichte der Bibliothek des Pat. Photios von Kp.. I Theil, Die Handschri/ten, Ausgaben und Uebertragungen, Leipzig, 1911.