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IMIOTIN DE SIRMIUM

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Marius Mercator écrit de son côté, en comparant la doctrine de Nestorius à celle des hérétiques qu’il considère comme ses prédécesseurs : In eo igitur Paulo Samosateno conjungitur (Nestorius) in quo habitalorem et habitaculum pro mcritis séparai, dioidens quod uniciiique eorum s il proprium et diversitate naturæ ; quod quidem Mis ambolus cum Ebione et Pholino et Galato Marcello commune est. In eo vero quod substantiale Yerbum Dei confdetur et esse ab aterno cum Pâtre Deum asserit. a memoratis recte dissentit. Epist. de discrimine inter heeres. Xestorii et dogm. Pauli Samosal., P. L., t. xi.vm, col. 77-1 : Schwartz, Acta conc. œcuw., t. 1. 5° part. p.’^8.

Il est d’ailleurs à remarquer que, le plus souvent, on a été sensible au rapprochement ainsi fait entre la doctrine de Photin et celle de Paul de Samosate. On a oublié assez vite, semble-t-il. les origines marcelliennes de l’enseignement de Photin, et l’on a condamné l’évêque de Sirmium en même temps que le vieil hérétique d’Antioche. C’est ce que font, par exemple, le symbole de la communauté d’Ancyre, en 372. Hahn, Bibliolhek der Symbole, p. 264 : les anathématismes de Quintianus contre Pierre le Foulon, en 485, ibid., p. 330 ; les anathématismes du premier synode de Braga, en 563, ibid., p. 230 ; l’exposition de la foi de Méginhard de Fulda, au milieu du ix c siècle, ibid., p. 361. Il peut y avoir là une simplification excessive. Du moins voit-on que le souvenir laissé par Photin est celui d’un négateur de la divinité du Christ.

Saint Augustin, qui était bien placé, semble-t-il, pour connaître l’enseignement de Photin, précise davantage, mais aboutit en somme à donner la même idée que devait garder la tradition. Il écrit, en effet : (Photiniani) principium Filio Dei ex utero virginis tribuunt, nec volunt credere quod et aniea fueril. Epist., cxlvii, 19 ; par où il marque la relation entre Photin et Marcel ; et, ailleurs : £170 vero aliud putabam tantumque sentiebam de domino Christo meo, quantum de excellentis sapienlim viro, cui nullus posset sequari, prsesertim quia mirabililer natus ex virgine ad exemptum contemnendorum temporalium præ adipiscenda immortalitate divina pro nobis cura tantam auctorilatem magislerii meruisse videbatur. Confess., VII, xx, 1. Il explique, un peu plus loin, que telle est la doctrine de Photin et que c’est par ignorance qu’il l’attribuait à l’Église catholique.

III. Les photiniens.

Il ne paraît pas que l’hérésie de Photin se soit beaucoup développée en dehors de son pays d’origine, ni même qu’elle ait trouvé à Sirmium de très nombreux adhérents. Sans doute, une loi promulguée par Gratien, à la fin de 378, nomme encore les photiniens pour les excepter de la tolérance accordée à la plupart des autres confessions ; cette loi, qui ne figure pas dans le Code Thc’odisien, ne nous est connue que par les historiens, Socrate, Histor. eccl., v, 2, P. G., t. lxvii, col. 568 ; Sozomène, Histor. eccl., vu, 1, ibid., col. 1417. En 381, le concile d’Aquilée demande au gouvernement de dissoudre les assemblées des photiniens. Une trentaine d’années plus tard, en 409, le pape saint Innocent juge utile de signaler à la sollicitude de l’évêque Laurent de Sirmium la propagande des photiniens et lui recommande de veiller soigneusement à en défendre son troupeau. Epist., xli, P. L., t. xx, col. 607.

Saint Augustin parle, à maintes reprises, des photiniens dans ses ouvrages, De hæres., xlv ; Serm., ccxiiv, 4 ; ccxlvi, 4 ; Confess., VII, xix ; Epist., cxlvii, 19, P. L., t. xlii, col. 34 ; t. xxxviii, col. 1150 et 1155 ; t. xxxii, col. 746 ; t. xxxiii, col. 605 : mais ce qu’il en dit ne prouve pas nécessairement qu’il en ait connu. Le passage le plus caractéristique est celui qui figure dans les Confessions et que nous avons cité plus haut. Quelques historiens des dogmes, comme Haï nack, ont conclu de l’ignorance d’Augustin avant sa conversion que la croyance chi istologique de l’Église, à la fin du ive siècle, était encore mal fixée ; cette conclusion est assurément illégitime, car saint Augustin, en ce passage, ne veut rien marquer que sa méprise personnelle, méprise fort compréhensible chez un homme qui n’a jamais fait effort pour connaître le véritable enseignement du catholicisme.

A la fin du ive siècle, les ; riens se préoccupent également de combattre le photinisme ; cf. Dissertatio Marimini contra Ambrosium, édit. Kaufmann. Aus der Schule des Wulflla, p. 74. L’auteur de YOpus imperfectum in Matthœum, un peu plus tard, a souvent l’occasion de guerroyer contre Photin ; ce sont là surtout des controverses littéraires. Autant faut-il dire de ceux qui, à propos du 19e canon de Nicée, se posaient la question de la validité du baptême photinien, qu’ils rapprochent du baptême samosatéen, par exemple Gennade, De eccles. dogmat., 52, P. L., t. lviii, col. 993 ; Sévère d’Antioche, Fragm., cité par F. Nau, Ancienne littérature canonique syriaque, fasc. 3, Paris, 1909, p. 43.

Une survivance plus réelle du photinianisme serait peut-être à trouver dans l’enseignement de Bonose, qui, en 391, était évoque de Naïssus (Nisch) en Dacie. Le cas de Bonose n’est pas d’ailleurs parfaitement clair et les témoignages anciens ne nous renseignent que très incomplètement sur sa christologie. Les lettres des papes Sirice et Innocent, où il est question de lui, insistent sur son refus d’admettre la virginité perpétuelle de Marie. Pseudo-Marius Mercator, Appendix ad contrad. xii anathem. Nestorii, 15, P. L., t. xlviii, col. 928 ; Schwartz, éd. citée, p. 82, rapproche l’enseignement de Bonose de celui de Paul de Samosate, ce qui signifie que Bonose niait la vraie divinité de Jésus : Christ ; mais l’auteur de cet écrit, qui fait d’ailleurs de Bonose un évêque de Sardique, semble mal renseigné sur son compte. Gennade, De vir. ill., 14, P. L., t. lviii, col. 1068, parle des photiniens que l’on appelle maintenant bonosiaques. Saint Avit de Vienne, Epist., iii, écrit que les bonosiaques enlèvent au Christ l’honneur de la divinité, et semble avoir connu, en Gaule, de ces hérétiques. Il est toutefois refnarquable que le IIe concile d’Arles, en 443 ou 452, suivant lequel pourtant photiniens et bonosiaques professaient la même erreur, ne soumet pas à la rebaptisation les bonosiaques convertis, tandis qu’il y astreint les photiniens, Mansi, Concil., t. vii, col. 880. Il y a là, on le voit, un problème dont nous ne parvenons pas à venir entièrement à bout. Cf. l’art. Bonose.

Le photinianisme, en tout cas, ne tarda pas à disparaître. Une loi de Théodose II, loi datée de Constantinople le 30 mai 428, condamne encore les photiniens parmi beaucoup d’autres hérétiques, Cod. Theodos., t. XVI, tii. v, kx65, ce qui ne prouve pas nécessairement qu’il en ait encore existé. Un peu plus tard, Théodoret, Hseret. fabul. compend., 11, 11, P. G., t. lxxxiii, col. 397, signale les photiniens parmi les hérésies disparues. Il semble que ce jugement soit motivé : le nom de Photin, après le milieu du ve siècle, n’apparaît plus que pour rappeler de lointains souvenirs.

D. Petau.De Photino hærelico eiusque damnatione, Paris, 1636 ; F. Loofs.art. P/iod’n von Sirmium, dans Herzog-Hauck Protesl. Realencyklon., t. xv, p. 372 sq. ;.1. Zeillcr, Les origines chrétiennes <l<ms les provinces danubiennes de l’empire romain, Paris, 1918, p. 259-271 ; G. Bardy, Paul de Samo saie, 2e édit., Louvain, 1929, p. 407-414.

G. Bardy.

PHOTIUS (ixe siècle), érudit et théologien de valeur, qui occupa à deux reprises le siège patriarcal de Constantinople et entra avec Borne en un conflit dont les conséquences furent considérables. Nous étudierons successivement I. Le savant. II. Le patriarche.