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toires ; sous des tendances matérialistes, il met la vertu dans un milieu purement quantitatif, fait dépendre le bonheur plus du corps que de l’âme et met la fin de la vie dans le plaisir. Dans le système d’Aristote, où la méthode positive, scientifique, méticuleuse ne réalise qu’une montée lente et pénible des effets à la cause première, Pléthon relève toutes les faiblesses réelles ou imaginaires qu’un platonicien, par tempérament métaphysicien et idéaliste, est naturellement tenté de relever. Cet écrit philosophique joint aux autres qui l’accompagnent (Contra Scholarii defensionem Aristolelis, P. G., t. clx, col. 979-1020) n’aurait assurément qu’une importance médiocre, surtout du point de vue purement théologique, n’étaient les polémiques acerbes qui s’allumèrent autour de ces pages dans’la deuxième moitié du xve siècle, avec Théodore de Gaza, Georges et André de Trébizonde, Andronicus de Calliste d’une part, et Bessarion, Michel Apostole, Giannandria, Nicolas Perrotus d’autre part ; n’était surtout l’intention antichrétienne qui l’inspira, comme on le verra tout à l’heure. Sur cet écrit et sur les débats philosophiques engagés à sa suite, cf. les ouvrages récents de J.-W. Taylor, Georgius Gemislus Plelho’s criticism of Plato and Aristotle, université de Chicago, 1921 ; Bessarion. the mediator dans Transactions of the american philological association, t. lv, 1924, p. 120-127 ; Théodore Gaza’s de Fato, université de Toronto, 1925 ; A misunderstood tract by Théodore Gaza, dans Archiv fur Geschichte der Philosophie, t. xxxiii, 1921, p. 150-155.

3. Aiocacc<pY)<Tiç tcov sv toïç Zcopoâcrrpou Xoyfoiç àtrocçsCTTepov stp7)(i.£vtov, édité par Jean Opsopée, Paris, 1599 ; extraits publiés par C. Alexandre, op. cit., p. 274-281.

4. ZwpoaCTTpsîwv te xal IlXaTcovt.x<ï>v Soy^aTtov c7UYXs<paXaîtûat.< ;, édité par Hermann Thryllitius, Wittemberg, 1719 ; P. G., t. clx, col. 973-974 ; C. Alexandre, op. cit., p. 262-269.

5. Commentaires des Analytiques d’Aristote mentionnés par Allatius, De Georgiis, dans Fabricius, Bibl. grœc, t. x, p. 746.

6. Ilepl ©soù « puaixaî àTroSet^etç, mentionné par Allatius, op. cit., ibid., p. 748.

7. Nofi.o>v mjYYpxcpv] ou ITepi vofi.o6salaç r 71spl vôjjicjv £k6Xla Tpta, publié par Alexandre, Paris, 1858. C’est dans ce Traité des lois que Pléthon exprima son rêve et si, comme livre, il ne put venir à la lumière que vers la fin de sa vie, il n’enferma pas moins l’enseignement que le maître livra tout bas aux habitués de son école de Mistra. A la mort de Pléthon cet ouvrage, trouvé entre les mains du despote du Péloponèse, Démétrius, fut porté à Constantinople par la princesse Asanina et présenté à Scholarios, alors patriarche ; celui-ci, grâce sans doute à des indiscrétions, connaissait et les buts de Pléthon et les grandes lignes de son système (cf. sa réponse à l’écrit de Pléthon sur le Saint-Esprit, P. G., t. clx, col. 599605) ; il n en fut pas moins surpris à la lecture des énormités qui remplissaient ce livre. Par précaution pour la conscience chrétienne, déjà si ébranlée en cette époque de troubles, il fit acte d’autorité suprême et le chef-d’œuvre de Pléthon finit misérablement dans les flammes. Contre ses ennemis, toujours prompts à l’accuser, Scholarios voulut opposer des témoins des monstruosités contenues dans ce livre et, dans ce but, il en conserva les tables et les quelques chapitres qui s’y trouvaient attachés. Ce furent ces restes, découverts par Vincent à la Bibliothèque nationale et complétés par C. Alexandre, qui furent plus tard édités par ce dernier. L’ouvrage, d’après les tables, se divisait en trois livres comprenant chacun un nombre inégal de chapitres. Cette division n’est pas rationnelle et la doctrine n’y est pas exposée avec ordre.

De cet ensemble, resté inconnu, Pléthon n’avait publié, de son vivant, que le c. vi du 1. II sur le destin (Ilspl EL(j.apuiv7]ç) ; ce fut comme pour sonder l’opinion publique ou plutôt pour lui donner un avant-goût de sa religion. Son autre opuscule, ZcapoaaTpeltov te xal lTXaTtovixtov 80y[iÂTtù ai>YX.z<pocXcc.loiai<z, n’avait pas d’autre but ; il avait, au contraire, l’avantage de paraître comme un simple résumé des anciennes philosophies et d’échapper ainsi aux rigueurs de la censure.

Ici, une question se pose : celle de l’origine des fragments qui nous restent du Traité des lois. Le livre parvenu à Scholarios constituait-il l’unique exemplaire de l’ouvrage ? Il est difficile de le savoir ; mais Scholarios affirme, dans sa lettre à l’exarque Joseph, que Démétrius se refusa aux nombreuses sollicitations de ceux qui tentèrent d’en prendre des copies. Cf. P. G., t. clx, col. 635 B. D’autre part, il commanda lui-même, sous peine d’excommunication, de livrer au feu toute copie intégrale ou fragmentaire qui pourrait encore subsister, ibid., col. 648 B, et une note du codex 276 de la bibliothèque du patriarcat de Jérusalem (cf. Papadopoulos Kérameus, ’IepoaoXujimjd) p16Xic10rjX7], t. i, p. 346), nous apprend qu’une lettre encyclique fut envoyée par Scholarios aux gens du Péloponèse pour les mettre en garde contre le polythéisme pléthonien, où, sans doute, la première mesure indiquée devait être la destruction de ses œuvres. Or, dans un ms. du xve siècle copié par Démétrius Raoul Kabakès (Hardt, Cat. cod. man. biblioth. regise bavaricse, n. 336, t. iii, p. 329), nous trouvons plusieurs fragments du Traité des lois. Si Scholarios est mort après 1472 et Démétrius Raoul Kabakès à la fin de ce siècle, force nous est, ou de supposer que des fragments du fameux écrit existaient en dehors de ceux conservés par le patriarche de Constantinople, ou que, malgré ses défenses et excommunications, Scholarios consentit lui-même à passer les restes de l’autodafé à Kabakès avec lequel, d’ailleurs, il se trouvait en excellents termes. Toujours est-il que communément Raoul Kabakès passe pour être celui qui conserva à l’histoire ce qui nous reste des Lois pléthoniennes.

2° Œuvres théologiques. — 1. Ilspl t5)ç ÈvaapxaxTswç toû Yloù to5 0eoù signalé par Allatius De Georgiis, Fabricius, Bibl. gr., t. x, p. 755. — 2. Ilspl to ÛTcèp tou XocTi.vi.xoij 86yy.a.zoç PtêXlov, publié une première fois par Dosithée de Jérusalem dans son Tôpioç àyâvrqç, Jassꝟ. 1698, p. 316-320, puis par Alexandre, Pléthon, Traité des lois, Paris 1858, append. vii, p. 300-311, enfin par Migne, P. G., t. clx, col. 975-980. Allatius De Georgiis (Fabricius, loc. cit.), connaît encore, de cet ouvrage, deux autres titres Ilspl tyjç sxTtops’Jascoç toû àylou IIvsô[i.aTOÇ, et’AtcoSepiç otl èx ji.6vou to> IlaTpô ; sx-nropsôsTat. to Ilveûfia tô ayiov xal oùSsv ôXmç àSûvaTov ËTTSTat.

Ce petit traité composé, vers 1448-1449, sans doute, à l’instigation de Démétrius Paléologue, grand adversaire de l’union, se présente comme une réponse à une défense anonyme du Filioque, qu’il faut, très probablement, attribuer non à Jean Argyropoulo, mais à Bessarion, si l’on en croit du moins l’inscription du ms. de Florence plut. LVI, cod. xviii (cf. Bandini, Catalogus cod. gr. bibl. Laurentianee) ainsi libellée : ToO

0C1JTOU (IIX7)OCOVOÇ) 7TpÔÇ TO UTTSp AcCTÎvCûV TOU NlXOcloCÇ

Pl6XIov… Toute l’argumentation de Bessarion se baserait sur l’axiome suivant : &v al Suvâ^siç Stâoopoi xal aÙTà Sv Eir] Taïç oùalaiç Siâçopa, « des puissances différentes ne peuvent appartenir qu’à des essences différentes », qui donne à Pléthon l’occasion de faire montre de ses convictions païennes ainsi que d’un manque absolu de sincérité dans sa réponse soidisant orthodoxe. Son attitude, dans le débat, est celle non pas d’un apologiste qui série des arguments