Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée
1531
1532
PHILOXÈNE DE MABHOUU — PHOTIN DE SIKMIUM


Verbe s’est incarné de la Vierge et non pas seulement dans la Vierge. P.’-- I. Marie a enfanté à la fois naturellement et surnaturel liment, elle est restée vierge dans son enfantement. P. 198.

Les anges sont des êtres purement spirituels, et cependant les Livres saints parlent aussi de leurs corps : ils enseignent qu’il y a différentes espèces de corps dans ces êtres célestes lorsqu’ils décrivent les séraphins et les chérubins. Budge, The discourses…, t. ii, p. 30. Ces êtres, qui ont des yeux par tout le corps, ne sont pas divisés comme les êtres corporels que nous sommes, mais, en raison de leur nature spirituelle, ils voient, entendent, sentent, etc., par tout leur être, p. 30 sq.

Plusieurs considérations sur la foi, qu’on trouve dans les traités II et III du De institutione morum, dont les doctrines morales seront esquissées ci-dessous, appartiennent à l’étude du dogme et méritent d’être relevées ici. Le premier objet de la foi, c’est l’existence de Dieu. Ibid., p. lxxvi, 24. La foi a encore pour objet la Trinité des personnes, l’existence des anges, p. 29 sq. Elle ne demande pas de raisons, le chrétien croit Dieu comme les enfants croient leurs parents, p. 25-28 ; la parole de Dieu lui suffît, les témoignages et les miracles ne lui importent pas.

Enseignement moral et ascétique.

Dans son De

institutione morum, adressé à des moines, Philoxène traite systématiquement de la vie spirituelle. Dès le prologue, il établit que le Christ est la fondation sur laquelle doit reposer tout travail de perfectionnement moral : Jésus doit être à la fois notre maître et notre exemplaire. Mais ce principe général ne suffît pas ; une méthode est nécessaire. De même que les soldats apprennent à guerroyer, le futur ascète doit s’instruire sur les tentations, sur les commandements à observer et les vertus à pratiquer, apprendre comment prier, comment se comporter envers les hérétiques, etc.

On devient chrétien par la foi, qui est un don du Christ, p. 33 sq., et le fondement de l’Église. P. 45. A ceux qui ont la foi, rien n’est difficile, pourvu que leur foi soit accompagnée de simplicité. Philoxène a consacré les deux traités IV et V à d’abondants développements sur la simplicité, p. 70-152, par quoi il entend la disposition de l’esprit à recevoir tous les ordres de Dieu sans les discuter, aussi bien que la rectitude des intentions. Les traités VI et VII, p. 153-213, ont la crainte de Dieu pour objet. Lorsqu’un homme est établi sur la foi, née de la simplicité, la crainte de Dieu est en lui et le protège contre tous les maux, en particulier contre le péché. La foi, la simplicité, la crainte de Dieu sont les trois premiers échelons de l’échelle qui mène à la perfection et dont l’amour est le terme. Dans le traité VII, Philoxène montre les Juifs de l’Ancien Testament courbés sous cette crainte servile de la mort que Notre-Seigneur a remplacée par la crainte de la damnation. Les traités VIII et IX, p. 214336, sont sur le renoncement au monde et la pauvreté : ceux qui vivent dans le monde peuvent être justifiés, ils ne peuvent devenir parfaits ; ainsi, après avoir reçu le baptême de l’eau, chacun peut recevoir le baptême de sa volonté, quitter tout pour mieux servir Dieu. P. 265. Le traité X est une attaque contre la gourmandise et la gloutonnerie, qui engendrent des mauvais désirs et des maladies, tandis que le traité XI, p. 403471, vante les bienfaits de l’abstinence. Enfin la lutte contre la fornication est l’objet des traités XII et XIII, p. 472-497.

Les éditions des écrits de Philoxène ont été citées au cours de l’article.

La. plus ancienne notice originale sur Philoxène (Xenaias Mabugensis) est celle de.1. S. Assémani dans Bibliotheca orientons, t. ii, Home, 1721, p. 10-46. Elle a été rédigée d’après les mss. de la bibliothèque Vaticane, dont plusieurs.

provenant de Scété, avaient été rapportés d’Egypte par l’auteur lui-même. Cette notice est demeurée pendant longtemps l’unique source de ce qui a été écrit sur Philoxène, par exemple dans la Biographie universelle, t. xxxiv, Paris, 1823, p. 209 sq. Il y a quelques éléments nouveaux dans Smith et Wace, A dktionary o/ Christian biography, t. iv, Londres, 1887, p. 391-393, où l’on trouvera, en particulier, l’indication des passages sur Philoxène dans les ouvrages des historiens antérieurs à.1. S. Assémani. Très bonne notice de W. Wright, dans Encyclopœdia brilannica, 9° éd., t. xxii, Edimbourg, 1887, p. 831 sq., réimprimée dans .1, s/ior( hislory of syriac literature, Londres, 1894, p. 72-70. La vie et les ouvrages de Philoxène furent traités à fond la même année dans E. A. W. Budge, The discourses o/ Philoxenus…, t. ii, introduction, translation, etc., Londres, 1894, p. xvii-xxxi, xi.viii-i.xxiii ; néanmoins, quelques lignes seulement lui sont consacrées dans le Kirehenlexikon de Wetzer et Welte, 2e éd., t. xi, Fribourg-en-Brisgau, 1899, à Syrïsche Spruche und Literatur, col. 1149. Bon article de G. Kruger dans la Prolest. Realencyclopàdie, 3e éd., t. xv, Leipzig, 1904, p. 307-370. H. Duval, La littérature syriaque, 3e éd., Paris, 1907, p. 354-356, 364, 221 sq. A. Vaschalde, qui avait si judicieusement écrit sur la vie et la doctrine de Philoxène dans Three letters of Philoxenus…, Rome, 1902, p. 1-79, a donné une notice courte mais exacte, dans The eatholic encuclopœdia, t. xii, New-York, 1911, p. 40. Enfin, deux excellentes études, qui se complètent, ont paru dans les dernières années : A. Baumstark, Geschichte der syrischen Literatur, Bonn, 1922, p. 141-144 ; O. Bardenhewer, Ceschichle der altl.irchlichen Literatur, t. iv, Fribourg-en-Brisgau, 1924, p. 417-421.

E. TlSSERANT.

    1. PHOTIN DE SIRMIUM##


PHOTIN DE SIRMIUM, hérétique du

ive siècle. I. Vie. IL Doctrine. III. Les photiniens.

I. Vie de Photin.

Photin était originaire d’Ancyre en Galatie, Athanase, De synod., 26, P. G., t.’xxvi, col. 732 ; Socrate, Histor. ceci., ii, 18, P. G., t. lxvii, col. 224 : Jérôme, De vir. illustr., 107, P. L., t. xxiii, col. 703, et il y avait été diacre de Marcel. Hilaire, Fragm. histor., H, 19, P. L., t. x, col. 645. Il devint évêque de Sirmium en des circonstances qui ne nous sont pas connues ; nous savons seulement qu’il succéda à Euthérius qui était encore présent au concile de Sardique, en 343 ; comme il est question des erreurs de Photin dès 345 au concile d’Antioche, il faut admettre, semble-t-il, qu’il fut élu vers la fin de 343 ou les premiers mois de 344 ; au dire de Vincent de Lérins, Commonit., 36, son élection fut très bien accueillie par ses diocésains.

Photin était un homme d’une très grande science théologique et d’une éloquence puissante. Il savait également le grec et le latin, et sa parole contribua, pour une large part, à accroître encore son crédit auprès des fidèles, Socrate, Histor. eccl., ii, 30 ; Sozomène, Histor. ceci., iv, 6 ; Épiphane, Hæres., lxxi, 1. II composa un catalogue d’hérésies, dans lequel, au dire de Socrate, Histor. eccl., ii, 30, il n’oublia que la sienne ; saint Jérôme, De vir. ill., 107, nous apprend, d’autre part, qu’il écrivit plusieurs volumes, parmi lesquels un traité, Contra génies, et un autre, Ad Valentinianum. Il ne nous reste rien des ouvrages de Photin.

En 345, un concile réuni à Antioche condamna l’enseignement de Photin, en même temps que celui de Marcel d’Ancyre : « Les disciples de Marcel et de Photin, les ancyrogalates, explique YEcthèse macroslique, nient l’existence éternelle du Christ, sa divinité et son règne sans fin, semblablement aux juifs, sous le prétexte de paraître affermir la monarchie. » Athanase, Dcsijnod., 26, P. G., t. xxvi, col. 736 ; Socrate, Histor. ceci., ii, 19, P. G., t. lxvii, col. 233. Photin porte ici le nom de Scotin, sans doute en vertu d’un jeu de mots facile : Photin signifie « lumineux », et Scotin « ténébreux ». Il faut remarquer cependant que, suivant quelques auteurs, Scotin aurait été le vrai nom de notre personnage.

La condamnation de Photin fut renouvelée plusieurs fois au cours des années suivantes. Les deux conciles