Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/479

Cette page n’a pas encore été corrigée
2393
2394
PLAZA (BENOIT) — PLÉTHON


testimoniis ordine chronologico ulrinque allegatis :.. agitata, avec VOralio Pétri, Argorum episcopi, Païenne, 1747 (beau traité sur l’immaculée conception, que, au surplus, Lamindus n’avait pas niée) ; Christianorum in sanctos, sanctorumque reginam, eorumque fesla, imagines, reliqnias propensa devotio, a prsepostera cujusdam re/ormatoris (Muratori) reformutione vindicata, Païenne, 1751 ; // purgatorio, Païenne, 1754 (un religieux du tiers ordre franciscain attaqua cet ouvrage comme peu favorable à l’indulgence de la Portioncule ; le P. Plaza répondit par une Aliestalio apologetica, Palerme, 1758, où il déclare son admiration pour l’ordre de Saint-François et sa croyance à la Portioncule) ; Dissertatio anagogica… de paradiso, Palerme, 1762 (œuvre posthume, achevée et éditée par le P. Gravina. Le chapitre relatif au nombre des élus, que l’auteur (Gravina) enfle outre mesure, fut mis à l’Index le 22 mai 1772).

Sommervogcl, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, t. vi, 1895, col. 886-890 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 1360, 1489.

F. BONNARD.

    1. PLÉTHON##


PLÉTHON, surnom adopté par GEORGES

GÉMISTOS, écrivain et philosophe byzantin (13557-1452). — I. Vie. — Né plus probablement à Constantinople (vers 1355), encore que d’autres le veuillent originaire de Mistra, en Péloponèse, Georges Gémistos eut une jeunesse assez mystérieuse. Réfugié à la cour des sultans (à Brousse ou à Andrinople, sous Mourad I er ou Bajazet I er), il y rencontra un juif du nom d’Elisée qui l’initia aux sciences occultes et aux philosophies païennes. Après la mort de son maître, condamné au supplice du bûcher, Gémistos vint s’installer dans la forteresse de Mistra, près de Sparte, vers 1393, et c’est là que s’écoula paisiblement sa vie entre la littérature et la philosophie. Sa science encyclopédique, sa profonde connaissance de l’antiquité, spécialement hellénique, lui attirèrent de nombreux élèves et, bientôt, ce fut une école florissante qui apparut en terre de Lacédémone ; école un peu mystérieuse, il est vrai, par l’enseignement plus ou moins ésotérique qui s’y pratiquait. La renommée du maître s’élargit, et vers 1413, il se crut en assez belle position pour adresser à l’empereur Manuel un mémoire sur les affaires du Péloponèse ; deux autres mémoires, toujours sur le même sujet, furent à cette époque, adressés au despote de Morée, le jeune Théodore, fils de l’empereur. Un autre mémoire à l’empereur traite des fortifications de l’isthme de Corinthe qui, commencées en 1405, étaient terminées vers 1415. Dans ces mémoires, le sociologue fait plus que percer. Gémistos ne propose rien de moins qu’un vaste plan de réformes administratives et militaires qui, à son avis, sont destinées à redonner la vie à l’empire chancelant. Ainsi, la société est divisée en militaires, fonctionnaires et producteurs ; seuls ces derniers ont à payer l’impôt. Les moines sont classés comme parasites inutiles à la société. La monnaie est supprimée et l’importation commerciale étrangère limitée au strict nécessaire, etc. Gémistos s’offre même à mettre à exécution ce plan de réforme hardi. Est-ce orgueil, est-ce prétention excessive ? Il faut croire, en tout cas, qu’il jouissait alors d’une réelle influence dépassant de beaucoup le domaine intellectuel ; Gémistos ressortait d’autant plus qu’autour de lui c’était le désert des valeurs, si l’on en croit, du moins, Filelphe : Præter unum Gemistum, cœtera illic omnia commiserationis sunt plena. Lettres de Filelphe, t. V, fol. lvii, édit. de Paris, 1503. En 1427, il recevait en fief le pays de Oawaptou xal BpucjEcoç et, vers la fin de sa vie, nous le trouvons exerçant les fonctions de magistrat, TcpoaTdmr)ç t<ov v6 ; juov.

Mais voici qui est plus intéressant : l’empereur Jean

Paléologue, en tournée en Morée (1428), vint le consulter sur la grande question alors à l’ordre du jour, l’union projetée des Eglises. Gémistos ne vit dans cette démarche que peu ou point de profit. Comme condition de quelque réussite il conseilla à l’empereur d’exiger, au concile, la parité des voix grecques et latines ; dans le cas contraire, ce serait simplement conduire les Pères grecs non à un concile, mais devant un tribunal de condamnation. A Ferrare-Florence Gémistos vint figurer, au sein du conseil impérial, parmi les membres les plus représentatifs du monde byzantin. Cette faveur est-elle due à la recommandation de son élève Bessarion, fraîchement promu au siège de Nicée, ou à celle de son propre souverain, le despote de Morée, Théodore le Jeune, on ne sait ; toujours est-il que le philosophe de Mistra eut un rôle assez important à jouer au concile. Membre de la commission des six, chargée de soutenir ou plutôt d’alimenter la discussion, au nom du parti byzantin, Gémistos ne cessa d’opposer une attitude railleuse et même méprisante à toute idée et à toute tentative vraie d’union, et il fut, à n’en pas douter, le membre le plus représentatif du groupe des opposants formé autour du prince Démétrius. Son opposition se fonde apparemment sur un à priori de foi inébranlable, une confiance absolue qui ne souffre aucun retour sur les vérités défendues par la doctrine orientale. Le patriarche Joseph, qui le consulte sur le dogme de la procession du Saint-Esprit, fait semblant de ne produire qu’une conviction hésitante. Gémistos le rassure : nous avons avec nous Jésus et son apôtre, rien n’est plus ferme que notre croyance. Syropoulos, Histoire du concile de Florence, sect. vii, c. 8. L’empereur qui conseille la suspension de tout jugement sur la question du purgatoire n’a rien dit de plus insensé, car, pense Gémistos, hésiter sur un point c’est rejeter toute la foi. Ibid. Enfin, il est un des premiers à rejeter la formule présentée par Gennade Scholarios sur la procession du Saint-Esprit, à laquelle les Latins acceptaient de souscrire moyennant quelques éclaircissements. Ibid., sect. viii, c. 16. Mais feinte inqualifiable que tout cela ; les convictions chrétiennes de Gémistos ne doivent aucunement entrer en ligne de compte pour l’appréciation de son attitude d’opposant et de son prétendu attachement à la foi de ses pères, car déjà, comme nous le dirons plus loin, non seulement il était étranger au christianisme, mais il croyait toucher du doigt à la réalisation de son rêve : détrôner Jésus et ressusciter Jupiter.

D’ailleurs, le concile n’absorba pas toute son attention, et l’eût-il voulu, qu’il ne l’eût pu. Malgré sa science incontestablement supérieure et reconnue comme telle par tout le monde, des adversaires surgirent dans le camp byzantin qui, bien au courant des idées religieuses intimes de Gémistos, contrecarrèrent ses mouvements au sein du concile. En tête de l’opposition il faut citer Scholarios et le patriarche, sans parler des unionistes, frappés, sans doute, par son opposition à tout projet d’union. Écrivant à Bessarion, bien après le concile, Gémistos dit textuellement : « Si je n’ai pas’parlé de tout cela au concile de Florence (il s’agit de ses opinions sur la procession du Saint-Esprit), c’est que, d’abord, je ne croyais pas convenable de me mêler de doctrines dont la défense revient, de droit, aux prêtres, et parce que vous m’en empêchiez ; souvenez : vous des instances du patriarche actuel (il s’agit de Grégoire Mammas, cf. Syropoulos, op. cit., sect. vi, c. 23). défendant aux laïques de parler théologie. » C. Alexandre, Plr’thon, Traité des lois, p. 312 et p xxxv, note 2. Ce fut donc sans regret, on peut l’assurer, que Gémistos oublia le concile pour occuper son temps plus opportunément. D’ailleurs, son talent oratoire, ses idées philosophiques et la nouveauté de son système, le