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    1. PHILOXÈNE DE MABBOUG##


PHILOXÈNE DE MABBOUG. DOCTRINE

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La consubstantialité du Christ avec le Père et av.ec l’humanité est enseignée couramment par Philoxène.

P. 202 sq. Le Verbe, en s’incarnant, ne s’est soumis à aucun changement, il faut l’affirmer pour éviter de laisser croire qu’on a mal compris le sens du mot « devenir ». P. 206, 208. L’expression « sans changement » est complétée par « sans confusion ». P. 214. Philoxène a soin d’exclure l’idée de transformation, lorsqu’il écrit des mots signifiant « mélange ». synonymes de (iiÇiç ou xpâaiç, employés par les Pères grecs. P. 220. Quels que soient d’ailleurs les exemples de mélanges dont Philoxène s’est servi pour expliquer l’union du Verbe et de l’humanité, il faut se souvenir de l’intention si formellement marquée d’entendre union sans transformation des éléments unis, du désir d’insister seulement sur l’indissolubilité de l’union. P. 223 sq.

Philoxène, ainsi que les autres sévériens, emploie, comme s’ils étaient synonymes, les termes « nature, hypostase, personne ». P. 242 sq. Dans ses chapitres contre ceux qui prétendent que le Christ est une seule hypostase et deux natures, il s’appuie sur l’impossibilité, pour la nature et l’hypostase, d’exister dans des conditions différentes. P. 244. Il n’y a pas d’hypostase sans nature, ni de nature sans hypostase. P. 245 sq. ; cf. p. 290. Ayant posé cette équivalence absolue de termes que les chalcédoniens avaient eu soin de distinguer, Philoxène ne pouvait plus trouver de différence fondamentale entre chalcédoniens et nestoriens ; aussi déclarait-il les formules des premiers aussi fausses et plus hypocrites que celles des seconds, puisque, disait-il, il est impossible qu’il y ait à la fois unité de personne et d’hypostase avec dualité des natures. P. 249. J. Lebon a démontré abondamment que chez Philoxène le mot « nature » désigne un être individuel, sa pensée demeurant dans l’ordre de l’existence réelle, tandis que les chalcédoniens, poussant leur analyse plus à fond, considéraient la qualité naturelle, ou essence spécifique de l’individu. P. 254256. Si Philoxène, préoccupé avant tout d’exclure le nombre, a refusé de dire « deux natures », même « deux natures non séparées », p. 340, c’est parce qu’il voyait dans le mot « nature », plus qu’une différence spécifique. P. 258-263. Il reconnaît d’ailleurs qu’il y a une caractéristique de chacune des deux « formes », celle de Dieu et celle de l’homme, qui reste sans conversion, mais il n’eut pas à développer cette question et n’employa jamais le mot « nature » pour désigner cette qualité. P. 440.

Philoxène et les sévériens, en prenant le mot « nature » pour désigner un être individuel, lorsqu’ils traitent de l’incarnation, s’écartent d’ailleurs du sens qu’ils donnent au même mot, lorsqu’ils parlent de Dieu, car en Dieu ils distinguent, comme les catholiques, entre nature et hypostase. Rien ne montre mieux leur confusion, lorsqu’il s’agit de l’incarnation, que cette phrase de la lettre à Maron d’Anazarbe, où Philoxène presse ses adversaires de confesser avec lui « une nature incarnée, une hypostase faite homme, une personne et un Fils ». P. 263 ; cf. Le Muséon, 1930, p. 63. J. Lebon a expliqué comment cet usage du mot « nature » a été imposé à Philoxène et à Sévère par l’autorité qu’ils reconnaissaient non seulement aux écrite de saint Cyrille d’Alexandrie, mais aussi à ceux que les apollinaristes avaient mis en circulation sous les noms du pape Jules et du patriarche Proclus.

Dans le c. xi des Capita xii aduersus eos qui proftlentur duas naturels et unam personam in Christo, Budge, The discourses…, t. ii, p. cxvii, cf. Lebon, p. 325, n. 1, l’équivalence absolue des termes « nature » et « personne », lorsqu’il s’agit du Christ, est affirmée on ne peut plus clairement par la formule : « âme et corps, nature de l’homme ; corps, âme et Verbe, nature

du Christ ». L’union des éléments dans le Christ est pour Philoxène une union physique et naturelle, comme celle de l’âme et du corps. Lebon, p. 288. Il n’importe pas qu’on l’appelle union physique ou hypostatiqne, puisque < nature » et « hypostase » sont des termes synonymes. P. 290. A noter d’ailleurs que le mot « union », svwaiç, est surtout entendu dans le sens de « réduction à l’unité, unification ». P. 286.

Philoxène est le défenseur de la formule habituelle des adversaires de Chalcédoine, ù% tpôcnç to’j 0eoû A.6you aea’xpxo)[iivY ;, p. 300, mais il n’emploie pas l’expression [lia. cp’Jaiç gôvŒtoç, p. 319, ni [û’x q>omç S’.ttXy) ou Sittï ;, dont se sont servis fréquemment les auteurs jacobites. P. 328. Il exclut formellement que Marie ait engendré un être double. P. 329. Ainsi J. S. Assémani s’est trompé dans sa description des Tractatus. Bibliolh. orient., t. ii, p. 25 ; cf. Lebon, p. 328. Lorsque Philoxène emploie le mot « nature », en parlant du Christ, il entend toujours la divinité, p. 311, et plus exactement la personne du Verbe. L’humanité du Christ n’a jamais existé sans sa divinité, c’est dans l’hypostase du Verbe que l’hypostase du corps et de l’âme a été faite. P. 412.

Philoxène n’attribue pas les propriétés aux natures, mais au Verbe incarné, à l’unique Christ, car il y a unité absolue du sujet après l’incarnation, p. 421 ; jusqu’à la fin de sa vie, il considéra la répartition des attributs comme nécessairement nestorienne. P. 422. Il fut bien obligé, cependant, d’interpréter les textes scripturaires, qui montrent le Christ dans deux attitudes opposées, homme faible et Dieu tout-puissant, il ne fait pas de difficulté de dire alors « comme Dieu » et « comme homme ». P. 470. Philoxène admet la communication des idiomes, quoi qu’en ait dit A. Vaschalde, Three lelters…, p. 45. U prétendit même que seuls les antichalcédoniens avaient le droit d’employer les expressions qui attribuent au Verbe tout le côté humain de l’économie. Lebon, p. 473 sq., cf. p. 477, où sont cités Rom., i, 3, et Col., i, 16. C’est au nom de la communication des idiomes que Philoxène peut employer et défendre la formule Unuse Trinitate passus est, p. 482 ; ce faisant, il ne versait d’ailleurs pas dans le théopaschisme, ayant eu soin de réserver que le spirituel n’est pas mort en tant que spirituel. P. 483.

J. Lebon étudie enfin l’attitude de Philoxène envers les additions au Trisagion, qui agitèrent à son époque les Églises d’Orient et, plus particulièrement, le patriarcat d’Antioche. Les discussions eurent leur origine dans le fait que les monophysites rapportaient le Trisagion à la personne du Christ, tandis que nestoriens et chalcédoniens l’adressaient à la Trinité entière. Philoxène admit donc l’addition de Pierre de Foulon, qui crucifixus est pro nobis, acceptable à cause de la communication des idiomes, p. 484 sq., mais il refusa d’ajouter in carne, comme faisaient les « moines scythes », parce qu’il y aurait eu pléonasme. P. 488. Si Philoxène écrivit aux moines de Tell’Addâ contre l’addition des mots « Christ-roi », c’est sans doute parce qu’il se plaçait dans l’hypothèse de ses correspondants, dont le Trisagion s’adressait aux trois personnes, p. 484 sq., peut-être aussi par un effet de son opposition personnelle à Calandion, auteur de cette addition, cf. supra, col. 1523.

Autres points de doctrine.

On trouvera rassemblés

dans ce paragraphe divers détails relevés un peu au hasard.

Le Christ s’est incarné pour racheter l’humanité déchue : les auteurs monophysites insistent continuellement sur ce but de l’incarnation. Lebon, p. 187 ; sans le péché d’Adam, il semble à Philoxène qu’il n’y aurait pas eu d’incarnation. P. 188.

Marie est Mère de Dieu ; Philoxène défend vigoureusement le dogme d’Éphèse, p. 478, 493 sq., car le