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    1. PHILOXÈNE DE MABBOUC##


PHILOXÈNE DE MABBOUC. DOCTRINE

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vants, xi. -xi. iii, appartiennent aux prières canoniques. Plusieurs de ces prières pour les heures ont été traduites en arabe et en éthiopien, cf. Hiblioth. orient., t. il. p. 24 : Budge, p. lxv ; Conti Rossini, Manoscritti ed opère abissine m Europa, dans Rendiconti délia H Accademia dei Lincei, classe di scienze morali, v sér., t. viii, 1899, p. 615, au mot Falaskinos.

11 semblerait aussi, d’après Budge, p. lxiv, qu’une hymne sur la nativité de Notre-Seigneur soit attribuée à Philoxène dans un grand nombre de mss., mais cette impression résulte de la transposition de la note 11, qui devrait être reportée à la p. lxv. L’attribution ne repose que sur le Val. syr. 94, fol. 1, et l’hymne doit avoir été composée par Jean bar Aphtonia. Biblioth. orient., t. ii, p. 46 et 54 ; Bibliothecse apost. Yatic. catalogus…, t. ii, Rome, 1758, p. 501.

Deux hymnes en éthiopien sont indiquées par Budge, p. lxv. Une pièce intitulée « Prière de louange » a été signalée dans un manuscrit du palais Gatchinsky, fol. 3-12. Les derniers mots, rapportés par B. Turaiev, ne suffisent pas pour permettre de déterminer si elle est identique à l’une ou l’autre des prières connues en syriaque ou en arabe, Melkia izvestia i zamietki, Ethiopskia rukopisi Gaèinskago dvor.sa, dans Zapiski vostocnago otdieleaia imrerato skaao, russkago archeologiceskago obscestva, t. xiii, 1900, p. 04.

III. Doctrine.

Sur Dieu.

Aux seuls

hommes régénérés par le baptême, Philoxène accepte de parler de Dieu, Tract, de Trinit. et incarn. ( = Tractatus), dans Corp. script, christ, orient., IIe sér., t. xxvii, versio, p. 10. La nature divine est une, créatrice de tout, incréée ; l’homme peut connaître l’existence du Créateur, mais ne peut connaître de lui existence, mode, cause, fin, origine ou durée. La nature divine se connaît, pleinement et parfaitement ; elle n’a pas de parties, étant immuable ; elle est sa propre fin, elle se suffit à elle-même. P. 11. De même que la nature de Dieu est unique, sa volonté est unique ; les divers noms donnés à Dieu se rapportent à ses œuvres, non à son essence. P. 12 sq. Dieu est la source de tous les biens ; son essence n’a pas de cause en dehors d’elle et sa bonté non plus. P. 14. Ses qualités existent indépendamment de leur exercice. P. 19. Dieu est en dehors du lieu, présent partout. P. 20. Philoxène termine son exposé sur la nature divine par une liste des noms qui s’appliquent à cette nature, liste qui fait pressentir ces litanies de noms divins en usage dans l’Islam : Être, Dieu, Seigneur, Éternel, Incréé, Audessus du temps, Agent, Créateur, Sage, Qui règle tout, Qui orne tout, Bon, Miséricordieux, Bienfaisant, Riche, Plein, Fort, Puissant, Roi, Parfait, Sabaoth, El-Sadday, Seigneur des dominations, Seigneur des puissances, Adonay, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. P. 23 sq.

Comme il a été dit ci-dessus, col. 1524, Philoxène s’est opposé énergiquement aux divagations d’Etienne bar Sudayli, qui, en partant de I Cor., xv, 28, prêchait le panthéisme sous la formule : toute créature deviendra consubstantielle à la nature divine. Cf. A. L. Frotingham, Stephen bar Sudaili…, p. 29-48, passim.

La Trinité.

Philoxène, dans les Tractatus, ne

s’étend guère sur la trinité des personnes, qu’il réunit dans la formule : Ens, Entis filius, Ex Ente. P. 24. Il ne parle pour le Saint-Esprit que de la procession a Paire : lia et Spiritum si nominal alius, Patris nempe esse Spiritum indical, p. 26 ; Xon enim quemadmodum Filius ex Paire est, ila et Spiritus ex Filio ; sed ambo ex Paire sunt : unus Filius et aller Spiritus. P. 29. Ce dernier texte exclut formellement la procession ab ulroque. La Trinité, note Philoxène, est supprimée par confusion des personnes dans le système d’Etienne bar Sudayli. A. L. Frotingham, op. cit., p. 35.

Il y aurait davantage à recueillir sur la Trinité dans

la dissertation II du De unoe sancta Trinitate incorporato et passo, dans Pair, orient., t. xv, p. 492-542. Dieu est une nature, trois hypostases, mais ces hypostases sont comptées « une, une et une », non « une, deux et trois », parce que ce ne sont pas trois principes, mais un seul. P. 494. Cependant, les mots par lesquels nous désignons ces hypostases ne sont pas de vains mots, comme si tout ce qui est dit d’une des personnes pouvait également être dit des deux autres. On ne peut dire que le Fils engendre le Père, ni que le Père est engendré. Et de même, lorsque nous disons que le Fils s’est incarné, cela convient au Fils seul et l’on ne peut dire, eu prétextant la consubstantialité, que le Père et le Saint-Esprit se sont incarnés, sont nés ou ont été crucifiés. P. 498 sq. La thèse annoncée par le titre de l’ouvrage touche à la fois à la Trinité et à l’incarnation, d’où la nature mixte des développements suivants : c’est réellement que le Fils est descendu du ciel, tout en y demeurant, de même qu’il est venu réellement dans le monde, où, cependant, il était déjà présent par l’omniprésence divine ; lorsque nous parlons de sa venue, nous envisageons moins sa naissance corporelle que le passage de l’essence divine à l’humanité, car ce que saint Paul appelle anéantissement, c’est la descente du ciel et l’habitation hypostatique, dans la Vierge, de celui qui est partout. P. 524.

L’incarnation.

J. Lebon, dans sa magistrale

étude sur Le monophysisme sévérien, Louvain, 1909, p. 176-526, a exposé en grand détail et avec beaucoup d’acribie, ce que Sévère et Philoxène ont enseigné sur le mystère de l’incarnation. Une bonne partie de son information provient des Tractatus, publiés et traduits deux ans auparavant par A. Vaschalde, et d’autres écrits de Philoxène, qu’il a utilisés d’après les manuscrits. Aussi est-ce d’après l’ouvrage de J. Lebon que l’exposé ci-dessous a été préparé.

La christologie de Philoxène, comme celle des alexandrins, celle de saint Cyrille en particulier, considère d’abord le Verbe éternel voulant relever l’homme au rang d’où il était tombé : « Le Verbe a pris un corps et s’est fait homme et il en a fait en lui une nouvelle créature. » Lebon, p. 182. Dans l’acte de l’incarnation, les trois personnes sont intervenues : « Le Fils a pris un corps, le Père l’a revêtu d’un corps, le Fils a pris un corps par l’Esprit, et c’est de la Vierge qu’il a pris un corps ». P. 183. Le corps du Christ est consubstantiel au corps de Marie, car la chair du Christ a été engendrée dans la Vierge et de la Vierge, l’humanité du Christ étant une humanité complète, corps, âme, esprit. P. 185 sq.

En étudiant la manière dont l’incarnation a été réalisée, Philoxène distingue deux actes, simultanés en fait, mais successifs dans l’ordre de la logique, l’anéantissement du Verbe, qui rend possible son habitation dans le sein de Marie, et l’acte par lequel il « devient » chair. P. 189-191. Tenant compte d’ailleurs d’une théorie assez répandue à son époque, d’après laquelle l’animation du fœtus aurait eu lieu seulement quarante jours après la conception, Philoxène a distingué Vincarnatio, qui eut lieu au moment de l’annonciation, et Yincorporalio. produite par infusion de l’âme raisonnable, d’où résulte V inhumanalio parfaite. P. 191 sq. Cette manière de se représenter la génération humaine et celle du Christ plaisait d’autant plus à Philoxène qu’elle rappelait ce que la Rible enseigne sur la création d’Adam, complétée elle aussi par deux actes différents, la formation du corps et l’insufflation d’une âme vivante. P. 193. Le Fils de Dieu est engendré éternellement selon sa nature, il est né de Marie selon l’économie, dans l’ordre de la volonté. P. 194-199. Philoxène ne veut pas aller plus loin dans son investigation : incarnation, union, unité sont les trois termes de sa foi christologique. P. 199.