Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 12.2.djvu/428

Cette page n’a pas encore été corrigée
2291
229
PLATONISME. TRANSMISSION AU MOYEN AGE
2

voir Rivaud, Platon, Timée, Critias, éd. « Les belleslettres. Paris. 1925, p. 3sq. ; sur le commentaire de Chalcidius, Switalski, Des Chalcidius Commentar zu Platos Timôus, dans les Beitràge de Bàumker, t. iii, fasc. 6, Munster, 1902.

Au xire siècle, le Phédon et le Ménon sont traduits par Henri Aristippe en Sicile, et quelques copies commencent à circuler. Jusque-là on ne connaissait de ces dialogues que des extraits. Surle platonisme au Moyen Age, voir de M. de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, t. i, n. 33, 5° éd. franc., 1921, p. 66 sq. ; Bàumker, Der Platonismus ini Mittelalter, dans Studien und Charakteristiken : ur Geschichte der Philosophie, insbesondere des M. A., édité par Grabmann, Beitràge…, Munster, 1928.

2. Par quelques auteurs et commentateurs d’inspiration néoplatonicienne : Apulée de Madaure, dont on connaît le De doymate Plalonis et le De deo Soeratis ; on lui attribue à tort VAsclépius, qu’on cite souvent au Moyen Age sous le nom de Mercure ou d’Hermès Trismégiste qui, dans le dialogue, répond aux questions d’Asclépius. Aux livres hermétiques on emprunte des aphorismes qui formulent, selon l’esprit d’un néoplatonisme mêlé de pythagorisme, la nature de Dieu et ses rapports avec le monde. Thierry de Chartres, Abélard, Alain de Lille, Guillaume d’Auvergne les citent d’après saint Augustin et le De quinque luvresibus faussement attribué à saint Augustin. Sur ces livres hermétiques, cf. Reitzenstein, Poimandres. Studien zur griechisch-àgyptischen und frùhchristlichen Lileratur, 1904, qui insiste sur l’importance des éléments égyptiens, et Zielinski, Hermès und die Hermetik, dans Archiv jùr Religionswissenschaft, 1905 et 1906, qui proteste contre l'égyptomanie de Reitzenstein et insiste sur l’influence de la philosophie grecque :

Le commentaire du Timée par Chalcidius, œuvre éclectique de la fin du ive siècle ou du commencement du ve, o le Moyen Age apprit à connaître, avec des extraits d’autres dialogues platoniciens, certaines théories des présocratiques, d’Aristote, des stoïciens, de Philon, de Numénius. Cf. Switalski, Des Chalcidius Commentar zu Platos Timiius, dans Beitràge…, t. iii, fasc. 6, Munster, 1902.

Le commentaire sur le songe de Scipion de Macrobe (ve siècle), pour qui Plotin est inter philosophie ? projessores cum Plalone princeps et qui est, lui-même, pourrait-on dire, un des « professeurs » du Moyen Age. Les savants lui empruntent ses théories physiques et astronomiques ; Bavon II, abbé de Corbie, Manegold de Lautenbach, Abélard, Hugues de Saint-Victor, les chartrains sont tributaires de ses idées philosophiques. Cf. M. Schedler, Die Philosophie des Macrobius und ihr Ein/luss auf die ^Yissenscha|t des christlichen M. A., dans Beitràge…, t.xii, fasc. 1, Munster, 1916. On distingue chez lui un écho très net du système néoplatonicien, de la hiérarchie des êtres et de leurs processions, à la manière des Ennéades. C’est par lui aussi (Comm. in somn. Scipionis, i, 8) que le Moyen Age connaît la division plotinienne des vertus, si souvent reproduite. Voir M. van Lieshout, La théorie plotinienne de la vertu, Fribourg (Suisse), 1926, p. 124 sq.

3. La seconde moitié du xii c e siècle, qui fait connaître à l’Occident les livres d’Aristote autres que YOrganon, lui apporte aussi de nouvelles traductions d’oeuvres néoplatoniciennes ou marquées par le néoplatonisme. Vers 1151, quelques années avant que paraissent les Sentences de Pierre Lombard, Burgundio de Pise traduit la IIIe partie de la Source de la connaissance de saint Jean Damascènc, le De fuie orthodoxa, où sont mis au service du dogme les principes néoplatoniciens en même temps que la méthode d’Aristote. Le même Burgundio traduit en 1159 un ouvrage de Némésius, évêque d'Émèse, qui avait été traduit déjà au xi c siècle

DICT. DE THÉOL. CATHOL,

par Alfanus de Salernc : le Ilepi epuascoç àv0pâ>71 : ou, De natura hominis, qui jusqu’au xvie siècle fut attribué à Grégoire de Nysse sous le titre Libri octo de philosophia. Là encore le platonisme se mêlait à l’aristotélisme. Voir l’art. Némésius, et Domanski, Die Psychologie des Nemesius, 1900.

Vers 1180, le Liber de causis, qu’on attribua longtemps à Aristote, Liber Aristolelis de expositione bonilalis pune, mais dont Proclus est la source, est traduit de l’arabe à Tolède par Gérard de Crémone. Alain de Lille déjà le connaît. Il est cité ou commenté par Guillaume d’Auvergne, Robert Orosseteste, Alexandre de Halès, saint Bonaventure, Albert le Grand, saint Thomas, qui reconnaît son origine platonicienne (Comment, de causis, lect. iv). Cf. Bardenhewer, Liber de causis, Die pseudoarislotelische Schrift ùber das reine Gut bekannt unter dem Namen Liber de causis, Fribourg-en-Br., 1882. A la même époque, on peut lire en latin la Théologie d’Aristote, qu’on appelait aussi De secreliore ^Egyptiorum philosophia, mais dont l’inspiration plotinienne est évidente. Saint Thomas, De unitate intellcclus adversus Averroïstas, éd. Mandonnet, p. 45, dit en avoir vu un texte grec aujourd’hui perdu ; les Arabes l’avaient traduit du syriaque et attribué à Aristote.

D’autres œuvres néoplatoniciennes faussement attribuées à Aristote sont alors traduites de l’arabe, le Livre de la pomme (Aristoteles de porno, ou de morte), et la pseudo Politique d’Aristote à Alexandre (ou Secretum secretorum). Cf. Bàumker, Der Platonismus in Mittelalter, p. 158, n. 51. Il faut nommer encore le Livre des XXIV maîtres, Liber de propositionibus sive de regulis theologiæ qui dicitur Termegisti Philosophi, où se lisaient ces propositions caractéristiques : 1. Deus est monas monadem gignens in se suum reflectens àrdorem ; 2. Deus est sphæra infinita, cujus centrum est ubique, circumjerentia nusquam ; 11. Deus est superens… ; 23. Deus est qui verius cognoscitur quid non est quam quid est ; 24. Deus est qui sola ignorantia mente cognoscitur. Les deux premières propositions sont souvent citées au Moyen Age ; les autres se retrouvent chez maître Eckhàrt, Nicolas de Cues, Thomas Bradwardine. Cf. Bàumker, Das pseudohermetische Buch der XXIV Meister, dans Der Platonismus im Mittelalter, p. 205 sq.

En 1268, Guillaume de Mœrbeke fait paraître la STOiyetwaiç ŒoXoytxf) de Proclus, sous le titre : Elementatio theologica. La traduction est connue de saint Thomas, utilisée par Witelo et Thierry de Freiberg ( Theodoricus Teutonicus), commentée par Bcrthold de Mosburg. Elle ne fut pas sans influence sur la pensée de Gilles de Rome. Cf. Hocedez, JEgidii Romani Theoremata de esse et essentia, Louvain, 1930, p. 67 sq.

4. Le platonisme entre encore en Occident, par l’intermédiaire des Arabes et des Juifs, non seulement par les œuvres anciennes qu’ils y introduisirent, mais par leurs propres ouvrages ; car, dès la seconde moitié du ixe siècle, on connaissait dans l’Islam non seulement Aristote, mais Platon, les grands commentateurs, et Porphyre et Plotin que les Arabes confondent souvent avec Platon. Al-Farabi, Avicenne portent la marque de ce néoplatonisme dont Averroès lui-même n’arrive pas à se libérer complètement.

Or, avant la fin du xiie siècle, Dominique Gundisalvi et Jean l’Espagnol avaient en collaboration traduit la Logique, certaines parties de la Physique et la Métaphysique d’Avicenne, le Pons vitæ d’Avicebron.

5. Mais les. grands maîtres en platonisme du Moyeu Age furent les docteurs chrétiens qui, ayant adapte au dogme la sagesse antique, la rendaient recommanda ble par leur autorité incontestée. Origène était connu

T. — XII — 73