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    1. PLATONISME##


PLATONISME. LES DOCTIUNKS DE PLOTIN

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P. G., t. xi, col. 125 A : Dieu est ex omni parte).<rrj.c et ut ila dicam brLç. S. Grégoire « le NTazianze, Orat., xxix, 2, P. G., t. xxxvi, col. 76 li. S. Augustin, De vera religione, xxxv. 65, P. L., t. xxxiv, col. 151 : Dieu est uniim… quo simplicius niliil est… Pour le pseudo-Denys, il est l’èvàç évoTCOièç à7ràaY)ç évàSoç. De thv. nom’., t. 1, P. G., t. iii, 588 B. Cf. Petau, Dogmata theol., de Deo Deique proprietatibus, t. II, c. vin : de diVina Monade seu unitate.

Par une espèce de surenchère. Clément d’Alexandrie déclare même que Dieu est au-dessus de l’Un et de la Monade, è7tsKeiva toû’Evôç xal’jTcsp aûr/jv MovàSa. Pwdag., i, 8, P. G., t. viii, col. 336 A. On retrouve dans Jamblique et Proclus les mêmes outrances.

Mais il faut reconnaître encore et surtout une influence néoplatonicienne dans la tendance de certains Pères à considérer les attributs divins, l’infinité, l’éternité, l’immensité, du point de vue de l’unité. Tels les alexandrins, les cappadociens, te ! saint Augustin dont le P. Portalié a dit : « Cette extrême simplicité de l’Un suprême le saisit vivement et il en fait la base de sa théodicée. » Cf. art. Augustin, t. i, col. 2328.

3° Comment de l’Un procède le multiple ? —— L’Un est la puissance première, puissance active évidemment, à laquelle tout participe, puissance parfaite que le changement ne peut effleurer, qui produit sans délibération et sans subir aucune altération.

On voit donc ce qu’il faut penser de l’opinion autrefois généralement répandue, grâce à Cousin, Vacherot, J. Simon, que le plotinisme est un émanatisme. Rien n’est moins exact, si l’on entend par là une diffusion susbstantielle de l’infini dans le fini. « Ainsi compris, l’émanatisme est explicitement répudié par Plotin. Ce qui émane de l’Un n’est pas sa substance, mais seulement l’effet de sa causalité infinie. » Rodier, Plotin, dans Études de philosophie grecque, p. 313, article reproduit de la Grande encyclopédie. L’usage aujourd’hui a prévalu d’appeler ce système, avec Zeller, un « panthéisme dynamiste ». Mais cette expression même a soulevé des oppositions et appelle des réserves.

Il est certain, en effet, qu’il y a des germes de panthéisme dans la doctrine de Plotin, et particulièrement la nécessité qui préside à tout ce que produit la cause première. C’est un principe dans cette philosophie que tout ce’qui est parfait, et par conséquent l’Un, engendre nécessairement. S’il ne produisait rien, comment serait-il principe ? Porphyre dira : « S’il n’avait pas de sujets, comment serait-il roi ? » Cf. Origène. De principiis, I, ii, 10, P. G., t. xi, col. 138 C, 139 A. Aussi, bien que l’Un soit la liberté même et totalement indépendant (c’est le sujet du livre Y III de la VIe Ennéade), bien qu’on affirme, au même endroit, qu’il engendre parce qu’il le veut, il faut retenir que l’Un ne peut exister sans le monde. Il faudrait aussi conclure logiquement que, sans le monde il ne serait ni l’infini, ni l’absolu. Cf. P. Henry, Le problème de la liberté chez Plotin, dans Revue néoscolastique, t. xxxiii, février, mai et août 1931. C’est une thèse panthéiste, qui peut se déduire de certaines théories de Plotin, mais qui ne s’accorde pas avec d’autres, car il répète de la manière la plus explicite que le premier Principe est parlait et se suffit, qu’il demeure sans changement quand il produit, VI, ix, 5, qu’il est différent de tous les êtres, bien qu’il ne s’en sépare que par son absolue simplicité : àcp’ou… ëxacrcrov oùy sxaa-rov, àXX’exspov ârævraw, V, ni, 11 ; cf. III, vin, 9 ; V, v, 10 et 13 ; VI, ix, 3 et 6, que l’univers est un rayonnement de sa perfection, mais qui ne la modifie en rien : TtspEXa[j.dn, v èZ, aÙTOÛ p.sv, èc ; oot/j Se [J.ÉVOVTOÇ. V, i, 6. Cf. Arnou, Le désir de Dieu dans la philosophie de Plotin, p. 156-161. Saint Augustin a largement mis à contribution les analyses qui, dans les Ennéades, décrivent la production du monde intel ligible (ci-dessous, col. 2312 sq.) ; il n’y a pas vu de panthéisme.

Les degrés des êtres ou leur hiérarchie.

L’Un est

différent de toutes choses. Mais toutes choses dépendent de lui, ear elles ne sont que par le reflet d’unité qui les fait être : Plotin essaie même de fonder sur l’étymologie l’équivalence de l’Un, ev, et de l’Être, ’/L Grâce à cette unité de principe d’où tout procède et où tout tend à revenir, la multitude variée du monde forme un tout « sympathique, la communauté d’origine entraînant la connexion de tous les êtres, ou, comme dit Plotin après Platon, leur parenté ; et, parce que, dans l’édifice du monde, il y a plusieurs étages et différents degrés, de plus en plus imparfaits à mesure qu’ils s’éloignent de leur source commune, leur coordination est aussi subordination et implique une hiérarchie ; et, parce que les effets, devant ressembler à leur principe, le suivent « sans que la distance soit trop grande », la descente s’effectue harmonieusement, sans heurt, de l’Un absolu à la multiplicité pure qui est la matière, par une série ininterrompue d’intermédiaires : le monde intelligible, le monde des âmes, le monde sensible. Telle la lumière s’affaiblit en s’éloignant de son foyer. La dégradation des êtres coïncide avec un progrès dans la composition. Plus ils s’éloignent de la simplicité du premier Principe et plus ils sont multiples. Déjà le second Dieu, l’Intelligence, n’est plus tout à fait simple : « Tout ce qui participe de l’Un, dira Proclus, est à la fois un et non-un », et c’est par là qu’il est moindre et se distingue du premier. II, ix, 8 et 13 ; V, i, 3 ; V, viii, 7 et 8.

1. L’unité et l’ordre du monde, les degrés d’êtres, autant d’idées que la philosophie chrétienne accueillit volontiers dans la mesure où elles s’accordaient avec la sainte Écriture. Elles occupent une place centrale dans l’augustinisme. « La conception néoplatonicienne qu’il faut davantage garder devant les yeux pour comprendre Augustin est celle des degrés. Le degré suprême n’est vraiment lui-même que dans ce degré et, cependant, on considère que c’est encore lui qui se trouve dans les autres, mais dégradé, obscurci. » Boyer, L’idée de, vérité dans la philosophie de saint Augustin, p. 260. Le De cselesti hierarchia et le De ecclesiaslica hierarchia du pseudo-Denys donnèrent à ces idées un relief exceptionnel.

De là on déduira une preuve de l’existence de Dieu : « Lorsqu’il existe du plus et du moins, c’est-à-dire des degrés, il est nécessaire que, dans cet ordre, le parfait existe. Donc, si les êtres sont meilleurs les uns que les autres, il existe un être parfait, qui est Dieu. » Le procédé est bien platonicien.

Cette hiérarchie des êtres fut considérée, par beaucoup de Pères et de scolastiques, à la manière néoplatonicienne, comme la dégradation d’un rayon lumineux, d’autant plus faible qu’il est plus éloigné de son foyer. (Sur cette métaphysique de la lumière et son histoire au Moyen Age, voir Bâumker. Wilelo, dans Beitriige zur Geschichte der Philosophie des Mittelalters, t. iii, fa$c. 2, 1908, p. 361 sq. Il faut noter cependant que. même chez Plotiu la métaphore n’entraîne pas une dégradation du principe producteur, i

2. Le Moyen Age retint également que l’Être et l’Un sont corrélatifs. Omne quod est, ideirco est quia iinum est. Cet axiome néoplatonicien, courant chez les scolastiques, était emprunté à Boèce. // ! Porphyrium commentariorum, I. I, P. L., t. lxiv, col. 83 B. II se trouve aussi chez Denys. De dit), nom., xiii, 2, P. G., t. iii, col. 977 C, sous une forme plus dangereuse, car on peut la tirer facilement au panthéisme : tô slvai to êv —âvTX Èarî —ꝟ. 6v~y, ce que Scot Érigène traduisit : essendo unum omnia sunt existentia, P. L., t. cxxii, col. 1169 C. L’école de Chartres en abusera.

3. L’être, en se dégradant et en se multipliant,