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    1. PLATONISME##


PLATONISME. EVOLUTION DE LA DOCTRINE

i-iri

éléments platoniciens : De hoc oulgo apud Greecos dici tur : V) ID.octmv çiXtovîÇsi ïj (IHXtov TrXaTwvivSi : tanta est similitudo sensuum et eloquii. S. Jérôme, De vir. ill.. 11. P. L.. t. xxiii. col. 659 H : cf. EpisL, î.xx. 3. t.xxii, col. 667. Siegfried accuse Philon d’avoir, plus qu’aucun autre écrivain juif, contribue à la dissolution du judaïsme, car en substituant, comme il dit. un être de raison au Dieu vivant, qui était le Palladium d’Israël, il a fait perdre à son peuple ce qui le caractérisait entre tous. Cari Siegfried. Phitu von Alexandria als Ausleger des alten Testaments, Iéna, 1875, p. 159. « 11 a changé le caractère de l’Ecriture, dit de son côté le 1’. Lagrange, ce qui était remplacer l’enseignement donné de Dieu par une série d’instructions d’origine philosophique. » Le judaïsme avant Jésus-Christ, Paris. 1931. c. xxi. Philon d’Alexandrie, p. 554. Mais, dans la transmission du « platonisme » aux Pères de l’Église, il fut, on le rappellera plus loin, un intermédiaire important. Voir l’art. Philon le Juif, col. 14391456.

a) Dieu est l’Un, la Monr.de. au-dessus de tout être et de toute pensée, inaccessible (cf. Leisegang, Index dans l’édition des œuvres de Philon, Berlin, 1926, au mot Gsoç) : oùSè —rco vco xocTaXr^TOç. Qucd Deus immut., 13, éd.’Wendland, p. 70, 1. 17 ; De past. Caini, 5 ; Leg. atleg., ni, 206. Sa transcendance l’empêche de traiter avec les hommes et de toucher le monde autrement que par des puissances intermédiaires ; le Logos est la première de ces puissances, instrument de Dieu dans la création. lieu des Idées, modèle des choses (c’est un trait platonicien), et force immanente qui les enchaîne et les vivifie (c’est un trait stoïcien). Sur la nature de ce Logos, voir Lebreton, Origines du dogme de la Trinité, 6 ? éd., t. i, 1927, note’j, p. 636-644 : « Pour Philon, le Logos n’est pas une personne, mais une force, une idée, un être métaphysique ou mythologique » (p. 642), et en sens contraire Lagrange, op. cit., p. 562-563 : « Le Verbe de Philon n’est pas seulement « la droite raison » des stoïciens, énergie naturelle et loi de la nature, mais un intermédiaire entre Dieu et l’homme, non seulement la règle, mais l’auxiliaire de toutes les vertus. Ce Verbe est ce que nous appellerions une personne. » (Cf. Lebreton, Études, t. cv, 1905, p. 577 sq. ; t. evi, 1906, p. 13 sq., 310 sq., 764 sq., et Lagrange, Revue biblique, 1923, p. 339.)

b) L’âme, impuissante à voir le Créateur, en a été rendue capable par une communication de la divinité. Quod det. potiori insid. soleat, 24, Colin, p. 278, 1. 1 ; De somniis, i, 34. Cette semence divine, reçue par tous les hommes, est le voîjç, conducteur de l’âme, qui, pour s’élever à Dieu, doit pourtant se purifier. De opiflcio mundi, 23. Colin, p. 23, 1. 6 ; Quis rerum div. hères. 13. 16, Wendland, p. 15, 1. 20 : p. 20. 1. 27.

La purification consiste à se libérer de la chair et du sang et des choses sensibles (Philon le répète fréquemment ! et, en fin de compte, à se quitter pour ainsi dire soi-même : JtaTaXeXowtwç, zl oï6v —s toûto eêtciv. kÛtoç éauTÔv. Quis rerum div. hères, 14, Wendland, p. 16, 1. 12 : Leg. alleg., iii, 13, Cohn, p. 122, 1. 5. Il faut dépasser non seulement toute multitude, mais même la dyade voisine de la Monade ». De Abrahamo, 2 1. Cohn, p. 28, 1. 11. Par ce moyen, le sage s’élève à la connaissance éminente de l’Un : âvoKTTpéçet —pô : rijv to’j svoç i-.l-yomvi. Leg. alleg., iii, 15, Cohn. p. 123, 1. 21, il est initié aux grands mystères. De Abrahamo. 24, Cohn. p. 28. 1. 13. L’œil de l’âme s’éveille comme d’un profond sommeil et voit une lumière, ibid., 15. p. 17, I. 9 ; Quis rer. div. hères, ’>'’>. Wendland, p. fin, 1. 1 1. Alors, c’est le bonheur suprême. De vila contempl., 2. Cohn, p. 49, 1. 5 sq. : De Abrahamo, 18, Cohn, p. 21, I. 5 sq.

Le Dieu de l’hilon est pourtant inconnaissable même à l’intelligence : comment peut-il donc être

atteint’? Lagrange, Le judaïsme, p. 557-558. La mystique alexandrine échappait à la contradiction ; car, comme dira Plolin, l’intelligence, dans son ivresse, voijç èpcov àçptov… isQua6zlç, possède une capacité de vision supra-intellectuelle : t/zi 8s xocl tô u.tj voeïv, aXXa aXXcoç èxslvov pXsTtei (Enn., VI, vii, 35), pXÉTist… tû sau-roû u.7) vco V, v, 8) ; c’est alors que, dans l’évanouissement du voûç (àçocviaaaa (jtivovTa tov èv aÙTÎj voûv), l’âme s’unit à Dieu, VI, vii, 35 ; cf. Philon, Quis rer. div. hères, 53, et Origène, De principiis, II, xii, 4-7, P. G., t. xi, col. 247 A.

La plupart de ces traits se retrouvent dans les Ennéades. Cf. H. Guyot, Les réminiscences de Philon le Juif chez Plolin, Paris, 1906 ; Gustav Falter, Beitrage zur Geschichte der Idée. i. Philon und Plotin, Giessen, 1906.

4. Le platonisme moyen.

Sur une voie parallèle, la même tendance syncrétiste, les mêmes efforts pour retrouver dans Platon une doctrine qui satisfasse le besoin religieux aboutissent dans le cours du iie siècle, avec Plutarque, Gaius, Albinus, Apulée, Atticus, à ce « platonisme moyen », qui considère le fondateur de l’Académie presque uniquement comme le théoricien de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme, un législateur qui montre le chemin de la vraie vie et de la sagesse. « Que l’on détruise, si l’on veut, les lois civiles, disait Plutarque, pourvu que les doctrines de Parménide, de Socrate, d’Heraclite et de Platon demeurent sauves, il n’y a pas de danger que les hommes mènent une vie sauvage et en viennent à se manger les uns les autres (c’était la crainte de Colotès) ; ils continueront à aimer la vertu et à craindre les dieux. » Adv. Colotem, c. xxx.

Ces doctrines sont, à peu près, celles que Philon avait retenues. Cf. Bréhier, Histoire de la philosophie, t. i, p. 436-444 ; Ueberweg-Pnechter, Die Philosophie des Altertums, 12e éd., p. 524-556 : Der mittlere Platon ismus.

a) Chez Plutarque. — Dieu est un, ev, et non pas mutiple, noXki (De E apud Delphos, xx : êv slvat Seï to ôv, coairsp Ôv to ev, ’rapprochement entre 6v et ev qui se retrouve dans les Ennéades). Transcendant, il’ne peut entrer lui-même en relation avec la matière, De Iside et Osiride, lxxviii, ni s’occuper des hommes. Aussi les oracles ne viennent-ils pas de lui, mais des démons ou divinités subalternes. De de/ectu oraculorum, ix, xiii, xv. Ces démons sont, comme disait Platon dans le Banquet, intermédiaires entre les dieux et les hommes, allant des uns aux autres. Plutarque sépare aussi de l’âme, (^u/Yj, l’intelligence, voûç, qui lui est très supérieure : si le corps peut se comparer à la terre, l’âme est la lune, et l’intelligence le soleil. De facie in orbe lunse. L’âme peut pourtant apercevoir le pur intelligible, mais comme dans un éclair. De Iside et Osiride, lxxvii. Cf. B. Latzarus, Les idées religieuses de Plutarque, Paris, 1920.

b) Dans le développement de ce platonisme moyen Gaius semble avoir occupé une place importante. Nous savons par Porphyre que Plotin le commentait. Apulée s’en inspire dans son traité Sur le dogme de Platon. Albinus, son disciple immédiat, dont il nous reste une Introduction à la philosophie de Platon (longtemps attribuée à Alcinoùs) nous permet d’avoir quelque idée des doctrines de l’école. Cf. Freudenthal, Hellenist. Studien, ni. Der Plaloniker Albinos und der falsche Alkinoos, Berlin, 1879.

Albinus (c. vii-xi) distingue trois hypostases qui annoncent celles de Plotin : le premier Dieu, qui est aussi le premier Bien, Û7rspoupâvioç Œôç ; l’Intelligence divine, où se trouvent les Idées, exemplaires du monde, lîuoupàvioç Osoç et l’Ame, d/u/Yi. Reprenant la tradition du Phédon, il considère la philosophie ou la sagesse comme une séparation du corps, Xûcnç xocl