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PLATKL (JACQUKS

moyenne, la prédétermination physique et la grâce efficace : t. i, il. 106-109 ; t. ii, n. 206-216, 596-612 ;

avec les jansénistes, sur les cinq propositions de YAugusiinus : t. ii, n. 492-504 ; des thèses largement développées sur l’immaculée conception : t. ii, n. 329-356 ; l’infaillibilité personnelle du souverain pontife, en particulier dans les questions de fait : t. iii, n. 123 sq. ; la restriction mentale : t. iii, n. 40-44 ; le servage : t. iii, n. 515-5 17, 550-552 ; le prêt à intérêt : t. m. n. 626642 ; les changes : t. iii, n. 698-708 ; le péché philosophique : t. iv, n. 62-03 ; le probabilisme : t. ii, n. 150157 ; l’attrition : t. v, n. 655-719.

A l’époque où Platel enseignait à Douai, les luttes véhémentes qui avaient pris naissance à la fin du siècle précédent, , autour de la question De auxiliis, . n’étaient pas encore apaisées, loin de là. Comme en fait foi un décret d’Innocent X, porté en 1651 contre les jansénistes, les partisans de Y Augustinus s’accordaient avec les bannésiens au moins autant qu’il fallait pour attaquer, de concert avec eux, les molinistes. Cf. Denzinger-Bannwart, n. 1097. Ils faisaient circuler des manuscrits et des imprimés divulguant les jugements sévères portés par des prélats et de graves docteurs contre l’auteur de la Concordia ; ils exhibaient même une prétendue constitution de Paul V, prête à être promulguée et qui devait le condamner. L’intervention d’Innocent X n’avait pas arrêté ces manœuvres puisque Plate), dans sa Synopsis, fait encore allusion à des procédés de ce genre, t. ii, n. 607. Entrant lui-même en lice, et combattant sur le terrain où se plaçaient ses adversaires, il publie, en 1669, sous le pseudonyme de Philalèthès Eupistinus, une Auctoritas contra prædeterminationem physveam pro scieniia média, recension des autorités théologiques anciennes ou récentes qu’il croit pouvoir invoquer en faveur de la science moyenne.

La riposte ne se fit pas attendre. L’année suivante, un carme, Charles de Brias, usurpant le nom de guerre du P. Platel et simulant la conversion de celui-ci du molinisme au thomisme, édite une Scientia média ad examen revocata per Philalethen. La victime du stratagème s’en plaint amèrement. Synopsis, t. ii, n. 596 et 605. En fait, la feinte engendra et engendre encore des confusions. Hurter, dans son Nomenclator, prenant au sérieux le repentir manifesté par le pseudo-Philalèthès, conjecture qu’il fut un adversaire convaincu de la prédétermination physique avant d’en devenir le défenseur. C’aurait été la lecture d’un écrit dirigé contre V Auctoritas de Platel par le P. Henneguier, O. P., Vunitas triumphorum quos ab auctoritate adversus pra-determinaliones physicas pro scientia média crigere nititur Germanus Philalethes Eupistinus, qui l’aurait fait changer d’avis. Bouquillon (préface de la Synopsis, p. iii, note 4) se refuse à admettre cette explication. Henneguier et Charles de Brias publièrent leur réponse à Platel la même année, en 1670. Il paraît dès lors difficile que l’un ait emprunté la doctrine de l’autre. D’ailleurs, ce que Platel reproche à de Brias, ce n’est pas d’avoir passé du camp moliniste au camp thomiste, mais d’avoir usé d’une ruse déloyale : prioris Philalelhis… nomen fraudulenter assumpsit et falso asseruit priorem Philalethen, re melius examinala, suam de scientia média sententiam revocasse. Synopsis, t. ii, n. 605. Voir aussi le témoignage du P. Fourmestraux dans Sommervogel, t. vi, col. 881, n. 4.

De nos jours, le P. Le Bachelet, dans son Auctarium Bellarminianum, a commis, au sujet des deux Philalèthès, une erreur plus grave. Croyant qu’ils ne faisaient qu’un, il a attribué à Charles de Brias (Carolus ab Assumplione) V Auctoritas pro scientia média qui appartient sans aucun doute à Platel. Auctarium Bellarminianum, introduction, p. 5, n. 7 ; p. 6, n. 8 ; p. 7, n. 9.

Entre bannésiens et molinistes, on luttait donc pour s’assurer le patronage d’autorités considérées comme particulièrement importantes. Les bannésiens se faisaient gloire de trouver des partisans chez les jésuites : les molinistes, des ennemis de la prédétermination, chez les dominicains. Ainsi les Salmanlicenses, Jean de Saint-Thomas, Gonet, citaient entre autres, comme favorables à la prédétermination physique, Bellarmin et Tolet. Platel, dans son Auctoritas, s’insurge contre cette prétention. Il discute longuement le cas de Bellarmin. p. 1 -22, sans parvenir d’ailleurs à trouver l’argument qui réduise ses adversaires au silence, puisque du XVIIe au xixe siècle, inclusivement, la question demeurera toujours agitée entre molinistes et antimolinistes, de savoir si le saint cardinal défendit Molina par conviction personnelle ou par attachement à son ordre. Voir, sur ce point, la longue étude du P. Le Bachelet, Auctarium Bellarminianum, p. 1-15.

Attaquant à son tour, Platel s’elTorce de revendiquer pour la science moyenne, avec un nombre imposant d’auteurs vénérables ayant écrit avant ou après les controverses De auxiliis, avec saint François de Sales, la Sorbonne, les universités de Louvain et de Douai, le témoignage de quelques dominicains dont il semble faire grand cas : François Aravio et le R me P. Turcus, général de l’ordre, duo splendidissima ordinis Sancti Dominici lumina, p. 90. Dans une autre édition de son Auctoritas, Douai, 1673, il se réclame d’un troisième dominicain, le P. Joseph de Vita, dont il publie en appendice tout un traité De primo movente. Déjà Turcus et Aravio avaient été cités comme hostiles aux bannésiens par Gabriel de Henao, de qui, d’ailleurs, Platel s’est largement inspiré dans son Auctoritas. Cf. p. 90-92. Ces trois noms : Aravio, Turcus, Vita, reviendront souvent, avec celui de Bellarmin, dans les libelles et les études historiques que s’opposeront, aux xviie et xviiie siècles, thomistes et molinistes. Pendant plus de trente années, on va se battre avec acharnement pour décider auquel des deux partis revient l’honneur d’avoir été approuvé par ces grands hommes. On trouvera dans Bouquillon (préface à la Synopsis, de Platel, p. m-iv, en notes) la suite des écrits échangés à ce sujet entre les P. de Brias. l’as seau, François Janssens Elinga, Henneguier, d’une part, et les P. Platel et Fourmestraux, d’autre part.

Serry, dans son Historia congre galionum de auxiliis, Anvers, 1709, est revenu longuement sur le cas d’Aravio, Turcus et Vita. Aravio : t. IV, c. xxvii, col.. Il sq. ; t. V, c. iii, x, col. 773 ; Joseph de Vita, t. V, c. iii, xi, col. 773 sq. ; Turcus, ibid., col. 777. Il suffira de relever ici un détail qui fera comprendre le genre et la portée de semblables querelles. Dans son Auctoritas, t. I, c. v, p. 68, Platel avait écrit : Turcus coram testibus omni exceplione majoribus, a/firmovil doctrinæ Divi Thomse contrarias esse prædeterminuliones, Parisiis, in magno conventu Palrum Dominicarum, anno 1646… quod litteris (quas legi) anno 1664, hue datis, con ftrmavil… Pater Bagotius. Après être passé par Henri de Cerf et le P. Liévin de Meyer. le trait se présente ainsi transformé sous la plume de Serry : anno 1664, post Pascha… propugnatie sunt pnesente Revcrcndissimo Pâtre Turco thèses theologicæ, etc. Le dominicain a dès lors beau jeu pour riposter : Ecqui quwso fieri poluit ut Thomas Turcus quem die i 1 decembris anni 1649e vivis ereptum liquet, anno lamen 1664, theologicis concertationibus, Parisiis interfuerit ? loc. cit., col. 782.

Après sa mort, le P. Platel fut encore l’objet de vives attaques de la part des jansénistes qui cherchèrent à faire censurer son œuvre, en même temps que la théologie morale d’un de ses collègues de l’université de Douai, le P. J.-B. Taverne. De nombreuses dénonciations et remontrances furent adressées dans ce but à