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PLANUDE (MAXIME)

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sonnels, ont fait du maître à la fois un écrivain original, un traducteur, un commentateur et un compilateur.

Nous n’avons pas à composer ici son dossier littéraire complet, au sujet duquel on peut d’ailleurs consulter K. Krumbacher, Gesch. der byzant. Lileratur, 2e éd., p. 99, 543-546, 727 sq., et 11. Chevalier, Répertoire des sources historiques du Moyen Age, t. ii, col. 3773, au mot Planude. Seules nous retiendront ses compositions proprement religieuses (théologiques, hagiographiques et poétiques), sa correspondance et son œuvre de traducteur.

1° Œuvres théologiques. - Planude écrivit trois traités sur une question d’actualité : la procession du Saint-Esprit a Pâtre Filioque. Le premier, composé pendant la période d’union dés Églises (avant 1282), justifiait la doctrine catholique ; les deux derniers, rédigés sous la menace de la réaction orthodoxe (en 1283, 1284), sont des libelles - antilatins. Ceux-ci nous sont seuls parvenus. Sur les motifs déterminants de cette palinodie, voir ci-après. Les deux ouvrages conservés portent les titres suivants : 1. IiEpi -roû’Ayîou Ilveoparoç xsçdtXaioc auXXoyiartxà xaxà tcov AaTÎvwv. Inc. : ’Epwxéov, Tcôxepov y] èx Ila-pôç… C’est, des deux, le plus important.. Il semble avoir existé en deux recensions, l’une comprenant trois, l’autre quatre chapitres. La première fut réfutée par un contemporain, Georges le Métochite (texte dans P. G., t. cxi.i, col. 1276-1305). Le cardinal Bessarion, lui, argumenta contre la seconde (texte dans P. G., t. clxi, col. 309-317). L’apparition de ce dernier opuscule provoqua une riposte du philosophe Gémiste Pléthon qui prit la défense de Planude (texte, entre autres, dans P. G., t. clx. col. 975-980). La polémique, entre les deux amis, se poursuivit quelque temps par correspondance. La réfutation attribuée par tous les auteurs, voire les plus récents, à Démétrius Cydonès est inexistante. C’est à tort qu’on a pris pour telle une courte note (texte dans P. G., t. clxi, col. 312 BC) lue par Bessarion en marge d’un manuscrit de Planude et incorporée par cet auteur à sa démonstration. Le texte de Planude n’est conservé à part qu’en un petit nombre de manuscrits, par exemple dans le Taurin, gr. 354 (B, VII, 4), les Mare. gr. 153 et 506 ; partout ailleurs, il est joint à l’œuvre de ses contradicteurs et défenseurs. Pour les mss. de Bessarion, cf. L. Mohler, Kardinal Bessarion aïs Theolog, Humanist und Staatsmann, t. i, Paderborn, 1923, p. 220, n. 4. C’est d’après l’un de ceux-ci qu’il fut d’abord édité par ArcUdius, Opuscula aurea, Borne, 1630, p. 614-629 ; reproduction dans P. G., t. clxi, col. 309-317. L. Allatius Je redonna dans sa Grœeia orthodoxa, t. ii, Borne, p. 922, avec la réfutation, plus longue et plus serrée, du Métochite. — 2. Aoyoç uspl TrÊaTScoç, en 20 chapitres. Inédit, conservé dans le cod. Vindob. theol. gr. 269, fol. 1-77. Inc. : ildcCTTQç dcyaOrjç ^pâSscoç. Ue cette double attitude, adoptée par l’écrivain avant et après 1282, laquelle répondait le mieux à ses convictions intimes ? Fut-il vraiment anticatholique ? Démétrius Cydonès, presque un contemporain, soutient que non et nous livre le vrai motif de cette volte-face : la peur. C’est également l’avis de Bessarion. L’éditeur de la correspondance (Maximi monachi Planudis epistulæ, Bratislava, 1890, p. 195) proteste assez violemment contre cette déposition d’écrivains catholiques ; à l’en croire, si Planude a pu avoir la main forcée, cela n’eût pu être que de la part de Michel Paléologue. Ainsi que la critique l’a relevé, le fait est improbable. Planude, né vers 1260, fut élevé dans une atmosphère nettement latinisante, à la veille du concile de Lyon (1274). L’ouvrage qu’il composa d’abord reflétait naturellement les idées en cours. Pour acquérir du latin la connaissance dont il devait faire preuve, il dut longtemps frayer avec les étrangers, selon toute vraisemblance

avec les dominicains ou franciscains de Péra-Galata. D’ailleurs, quel besoin eût porté Michel VIII à commander à un homme de vingt ans à peine, sans notoriété encore, une longue apologie de la doctrine catholique ? N’est-il pas plus juste de voir dans cet essai une tentative d’un talent nouveau, préoccupé de s’imposer à l’attention en traitant une matière à l’ordre du jour ? Le tribunal de moines fanatiques qui, en 1283, présida à la restauration de l’orthodoxie, dut exiger de lui, comme il le fit d’autres théologiens, tels Georges de Chypre et Théodore Muzalon, qu’il réfutât ses propres œuvres. lit c’est uniquement à cette mise en demeure que nous devons les deux traités antilatins relevés ci-dessus. Ce double gage fut donné à la vigilance d’inquisiteurs soupçonneux ; le polémiste renonça à toute spéculation théologique, alors que, vu sa connaissance de la théologie latine, il eût pu faire figure de premier plan dans les débats qui mirent aux prises, de 1282 à 1297, les catholiques byzantins, groupés autour de leur chef déchu, le patriarche Jean XII Beccos, et les champions de la doctrine officielle.

Au même ordre de travaux se rattache un sermon d’apparat prêché à la cour, le vendredi saint : In corporis Domini Dei nostri Jesu Christi sepulturam et in sanelissimee Deipane ac Dominée nostræ lamentationem, texte dans P. G., t. cxlvii, col. 985 A-1016 D. D’autres compositions, tels deux discours sur l’efficacité de la prière, un autre sur la vérité, attribués à Planude par le seul N. Comnène Papadopoli et ceux qui l’ont copié, sont encore à découvrir, si elles ont jamais existé.

2° Œuvres hagiographiques. — Les principales sont : 1. Un éloge de saint Diomède, écrit par reconnaissance, en l’honneur de Nicomédie, sa ville natale. Cf. M. Treu, Maximi Planudis epistulie, p. 191 ; inédit ; voir, à ce sujet, Acta sanet., août t. iii, p. 267. — 2. Un long éloge des saints glorieux et très célèbres, les coryphées Pierre et Paul. Édité dans P. G., t. cxlvii, col. 10171112 ; cf. Bibl. hag. griee., n. 1500. L’écrit, rédigé dans un sens nettement catholique, vraisemblablement avant la volte-face de 1283, accorde au chef des apôtres, au sein du collège apostolique, plus qu’une simple préséance d’honneur, la place et l’autorité même du Christ. Cf. M. Jugie, Theologia dogmatica ehristianorum orientalium, t. iv, Paris, 1931, p. 328, 329. — 3. Ehrhard, dans Gesch. der byzant. Lit., p. 99, fait mention d’une vie d’Arsène, patriarche de Constantinople (mort en 1273). Malheureusement, le seul auteur à signaler cette œuvre, Comnène Papadopoli, compte parmi ces malfaiteurs littéraires dont on ne saurait trop se défier.

3° Œuvres poétiques. — On relève dans les manuscrits les épigrammes ou les odes religieuses suivantes : 1. trois épigrammes dédicatoires pour le monastère urbain de Saint-André. L’auteur y fait parler la princesse Théodora Bhaoulaina, restauratrice du couvent. Pièce d’un intérêt particulier pour la généalogie des Paléologues. Texte dans P. G., t. cxlviii, col. 11751178, et, d’une qualité plus critique, dans Néoç’EXXr r vo[i.vr)puûV, t.xiii, 1916, p. 4 15, 416-418. Pour les éditions anciennes, cf. M. Treu, op. cit., p. 245. — 2. Poésie de 27 vers en l’honneur du métropolite d’Andrinople, Théoctiste, qui lui avait commandé un recueil de canons. Texte dans M. Treu, op. cit., p. 204. — 3. Canon à la louange de saint Démétrius, comprenant huit odes. Le groupement des initiales de chaque vers donne l’acrostiche : r ; y.r-ç.ic, / xafiacu M6t.^iioç û[i.vco. Édité par Treu, op. cit., p. 219-223. — 4. Un groupe de stichères dont la passion du Christ et l’idée de la mort forment tout le thème. Édition dans Treu, op. cit., p. 267-269. — 5. Épigramme pour un tableau représentant le jugement dernier ou seconde parousie. Ibid., p. 93. — 6. Une courte pièce en l’honneur des