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    1. PHILOXÈNE DE MABBOUG##


PHILOXÈNE DE MABBOUG. ŒUVRES

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l’on p ut tenir un synode, probablement dans les premiers mois de 513. J. Lebon, op. cit., p. 57. Pbiloxène

expliquait quelques années plus tard à Siméon de Tell Addâ que l’on procéda alors avec beaucoup de tolérance en exigeant un minimum des anciens parti sans de Flavien et en s’appliquant à ne les froisser en rien. C’est seulement au synode tenu à Tyr, en 514515, qu’une interprétation ollicielle de l’I lénotiquc, dans un sens monophysite, fut promulguée pour empêcher le triomphe d’un parti de monophysites modérés, qui avaient résolu au conciliabule d’Alexandrette de faire prévaloir une acceptation partielle du concile de Chalcédoine.

En 516, Philoxène réussissait encore à faire exiler, sur les bords de la mer Rouge, Élie de Jérusalem ; mais le successeur d’Élie, malgré des engagements formels, ne put se déclarer pour la communion de Sévère, empêché qu’il en fut par saint Sabas et ses moines. Alexandrie avait un patriarche monophysite et il semblait que Constantinople, à la mort de Timothée, finirait par entrer en communion avec les deux grands patriarcats d’Orient : les monophysites escomptaient que le Cappadocien Jean II serait l’homme de cette union, mais quelques jours après l’avoir nommé, le 9 juillet 518, l’empereur Anastase cessait de vivre et avait pour successeur celui que personne n’attendait, le silentiaire Justin. Le nouveau souverain était un chalcédonien convaincu : dès le 15 juillet, le patriarche de Constantinople était contraint de prononcer l’anathème contre son collègue d’Antioche. Sévère s’efforça d’abord de ne pas prendre au sérieux cet ostracisme, mais les rapports qu’il recevait de la capitale finirent par le convaincre : le 29 septembre 518. il abandonnait spontanément son siège et se retirait en Egypte, où l’autorité impériale ne s’exerçait guère efficacement, et qui devint dès lors le refuge habituel des monophysites. Philoxène, plus obstiné, resta pour organiser la résistance ; mais, quelques mois plus tard, ii fut compris dans une mesure générale, qui frappa une cinquantaine de prélats. Exilé par ordre de l’empereur, il demeura d’abord à Philippopolis de Thrace, au moins jusqu’en 522 ; puis transféré à Gangres, en Paphlagonie, il y mourut l’année suivante. L’auteur de la notice anonyme contenue dans le Yatic. syr. 155 dit qu’il fut asphyxié intentionnellement dans la chambre haute du caravansérail par la fumée d’un feu allumé dans le local qui se trouvait au-dessous. A. —A. Vaschalde, Three letters…, p. 175 ; Bibliotheca orientait*, t. ii, p. 20. Suivant Zacharie, Philoxène aurait été incommodé pendant un certain temps par la fumée de la cuisine du caravansérail et s’en serait plaint dans une de ses lettres, trad. Hamilton-Brooks, p. 207 ; Corp. script, christ, orient. Script, syri, IIIe sér., t. vi, p. 78, trad., p. 53 ; M. Kugener, s’appuyant sur ce texte, estime que la fin du grand polémiste fut purement accidentelle, recension du livre de Vaschalde dans Revue d’histoire ecclésiastique, t. v, 1904, p. 317.

Philoxène a été vénéré comme docteur par tous les jacobites et se trouve nommé dans toutes les liturgies syriennes, coptes, éthiopiennes, mais il n’a pas de notice dans le synaxaire écrit en arabe par Michel de Malig pour ses compatriotes d’Egypte, ni dans le synaxaire éthiopien, qui en dépend. Sa commémoraison ne figure dans aucun des ménologes coptesarabes édités par F. Nau, Putrologia orientalis, t. x, fasc. 2, non plus que dans le calendrier d’Abù’l-Barakât Ibn Kabar, ibid., fasc. 3.

Les jacobites syriens ont fêté Philoxène, en certains lieux deux ou trois fois dans le cours de l’année, sans que les manuscrits expriment la raison de ces multiples commémoraisons. l’ne date est plus fréquemment attestée que les autres, celle du 18 février, mais rien

ne dit que ce soil l’anniversaire de sa mort. On la trouve pour la première fois dans un manuscrit copié par un jacobite du Séistan, eu 1210, Add. 1 ?’.’;  :.’du Musée Britannique, provenant de Scété, Pair, orient., t. x, fasc. 1, p. 119. Elle apparaît ensuite dans une commémoraison où les noms de Philoxène et Jacques Baradée sont réunis, rapportée par deux manuscrits de même origine, Add. 17 246, écrit au monastère de Notre-Dame des Syriens en 1239, et Add. 14 708, postérieur d’un siècle tout au plus, ibid., p. 91. C’est également au 18 février que figure le nom de Philoxène dans le martyrologe de Rabban Slibâ, qui donne l’usage de la région de Mardin au début du xive siècle. Analecta boltandiana, t. xxvii, 1908, p. 147, trad., p. 175. Même date dans un ms. d’origine composite, écrit peut-être à Scété, au xme ou xive siècle, Add. 17 261, Pair, orient., ibid., p. 109, et dans trois mss. provenant d’Alep, Vatic. syr. 68, écrit en 1465, Yatic. syr. 6’J, écrit en 1547, et Paris, syr. 146, certainement antérieur à 1645, ibid., p. 129 et 72.

Toutefois, la date la plus anciennement attestée est celle du 16 août, enregistrée par trois mss. dont le calendrier reflète l’usage du monastère de Qennesré du viie au ixe siècle, Add. 14 504, 14 519 et 17 134, ibid., p. 44, 52 et 34. La date du 18 août, qui est, dans les deux mss. alépins Paris. 146 et Val. 69, celle d’une deuxième commémoraison, doit en être rapprochée, ibid., p. 84. Ces deux mss., ainsi que Vat. syr. 68 ont encore une commémoraison le 10 décembre, ibid., p. 68 et 128. Enfin, on trouve une mention de Philoxène au 1 er avril dans ce dernier ms., p. 131, et au 2 avril dans Add. 17 261, p. 111.

On voit par cet exposé combien il serait peu exact de dire avec J. S. Assémani : Philoxeni enim memoriam colunt iacobitæ die 10. decembris, 18. februarii, et 1. apritis, ut in kalendario Cod. ms. syr. Vat. 25. Biblioth. orient., t. ii, p. 20 ; cf. W. Wright, A short history of syriac literature, Londres, 1894, p. 73 sq. Le renseignement est pris du Yatic. syr. 68, qui portait, en 1721, la cote 21, non 25, mais il est précisément le seul à porter une commémoraison au 1 er avril.

II. Œuvres.’— Joseph Simonius Assémani a donné au t. ii, p. 23-46, de sa Bibliotheca orientalis, une liste des œuvres de Philoxène contenues dans les manuscrits de la bibliothèque vaticane. E. A. Wallis Budge a développé singulièrement cette liste dans son introduction à The discourses of Philoxenus, t. ii, p. xlviii-lxv, arrivant à dénombrer, y compris plusieurs fragments de minime importance, un total de quatre-vingts numéros. Enfin, A. Vaschalde a repris ce catalogue dans le Corp. script, christ, orient. Script, syri, IIe sér., t. xxvii, trad., p. 3 sq. Bien que cette liste soit un peu moins complète que celle de Budge, elle a été choisie pour constituer le schéma de l’exposé ci-dessous.

1° Œuvres exégétiques. — Philoxène n’est pas l’auteur de cette version syriaque du Nouveau Testament, qui est habituellement désignée par l’épithète de « philoxénienne s mais plusieurs auteurs anciens, Moïse d’Aghel, Thomas de Harqel, Barhebrœus, affirment qu’elle avait été exécutée pour lui par un de ses chorévêques, nommé Polycarpe. On ignore quels furent les livres traduits, et il n’est pas certain qu’aucune partie de ce travail nous soit parvenue : exposé des vues traditionnelles par F. Nau, Syriaques ( Ycrsions), dans Dict. de la Bible, t. v, 1911, col. 1918 et 1926 sq. ; conclusions très radicales en sens opposé de J. Lebon, La version philoxénienne de la Bible, dans Revue d’histoire ecclésiastique, t. xii, 1911, p. 116 136,

Ayant donc fait exécuter, sur le grec, en 507-508, une version très littérale, du Nouveau Testament tout au moins, afin de pouvoir participer à des discussions dogmatiques, Philoxène avait préparé, soit un com-