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IMSTOH (MARTIN

PISTORIUS (JEAN’223 :

    1. PISTOR Martin ou Martin Boulanger##


PISTOR Martin ou Martin Boulanger, dominicain du couvent de Saint-Jacques, à Paris. Il mena une vive campagne polémique contre les protestants au milieu du xvc’siècle, dont témoigne un écrit assez répandu : Prosopopseia quant ideo Symmachiam dicere oqluimus, quod acerrimam effingat fldelium adversus Irium infestissimorum fldei hostium epitheses concertationem. Fidei hostes 1res, Caluinus, Melanchthon etantitliesium Christi et romani pontifias coneinnator, in-8°, Paris, 1552 ; réédité en 1550.

Quétif-Échard, .s’en’P/— ord. preedicat., t. ii, p. 1 12-1 13.

M. —M. Gorce.

    1. PISTOR IUS Jean (senior) (Niddanus)##


1. PISTOR IUS Jean (senior) (Niddanus). Théologien protestant, né. en 1504, à Nidda, enHesse, d’où son surnom de Niddanus, devint, vers 1525. curé de Oberursel, passa à la réforme luthérienne, et fut le premier pasteur de Nidda. Marié en 1535. surintendant levèque luthérien) d’Alsfeld en 1511. avec résidence à Nidda, il fut l’homme de confiance du landgrave de Hesse, se montra le docile instrument de sa politique, cherchant a concilier les diverses formes du protestantisme, se montrant fidèle au luthéranisme mélanchthonien. mais sans rompre avec le luthéranisme outrancier, ni avec les Églises zwingliennes ou calvinistes. Il avait assisté à la diète d’Augsbourg, en 1530. On le trouve dans la plupart des colloques entre catholiques et protestants : Haguenau et Wnrms en 1540, Batisbonne en 1. Il et 1546, Naumburg en 1551, Worms en 1557, Pforzheim en 1558. Erfurt en 1561. C’était un homme d’action plus qu’un théologien vigoureux. Il envisageait le côté pratique des questions plus que leur aspect dogmatique et rêvait d’une impossible fusion des doctrines. II a joué un rôle important dans l’organisation de la liturgie, de la discipline ecclésiastique et de l’instruction scolaire, en Hesse, durant toute sa surintendance.. Il démissionna en 1580 et mourut à Nidda, le 25 juin 1583. Son fils, Jean Pistorius junior, est beaucoup plus connu que lui.

Hasscncamp, llessische Kirchengeschichtc, 2 vol., Francfort, 1864 ; H. Heppe, Kirchengeschichte bei der Ilessen, Marbourg, 1876 ; Jean.lanssen, L’Allemagne et la Réforme, Paris, trad. Paris, passim.

L. Christiani.

    1. PISTORIUS Jean qunior)##


2. PISTORIUS Jean qunior). — Converti, théologien, polémiste, historien (1546-1608). I. Biographie. II. Arguments polémiques contre le luthéranisme.

I. Vie.

Jean Pistorius le Jeune naquit à Nidda, le I février 1546, quatorze jours avant la mort de Luther. Destiné par son père à la théologie, il passa à la médecine à l’âge de dix-huit ans. Mais, comme il avait goûté à la théologie et au droit, aux universités de Marbourg et de Wittemberg, il mena toujours les trois branches de front. Il devint, en 1575, médecin et historiographe du margrave Charles II de Hade-Durlach. Les fils de ce prince tirent de lui leur conseiller intime. Il eut des relations particulièrement étroites avec le margrave Jacques III de Bade-Hochberg, second fils de Charles II, dont la capitale était Emmendingen. Après trois années de luttes intimes, et après avoir embrassé d’abord le calvinisme, Pistorius passa au catholicisme, en 1588. Presque aussitôt, il entra en polémique violente avec les théologiens luthériens qui affectaient de donner à sa conversion des motifs peu honorables. Luc Oslander publia même, en 1590. une Fernere Beweisung dans Pistorius nient ans Ztvang seines Geivissens und rechlmâssigen Ursachen vom Evangelio abgefallen sei (Nouvelle démonstration que Pistorius n’a pas quitté l’Évangile sous la pression de sa conscience et pour des raisons légitimes). Pistorius eut pourtant la satisfaction de travailler à la conversion de Zeheiuler, prédicateur luthérien de la cour de Bade-Hochberg, et à celle du margrave Jacques III lui-même. Il y eut deux colloques orageux, l’un à Bade, en 1580, l’autre

à Emmendingen, l’année suivante. Mais la mort du margrave converti fut le signal d’une réact ion violente. Pistorius dut quitter le pays et se retirer à Fribourgen-Brisgau. Il devint prêtre en 1501, vicaire général de Constance, où il introduisit les jésuites en 1502. Il démissionna en 1594, fut conseiller de la cour de Vienne, puis de celle de Munich, chanoine de Breslau, protonolaire apostolique en 1601, confesseur de Bodolphe II. Il déploya une prodigieuse activité malgré une santé chancelante, se montra un polémiste redouté et parfois trop âpre, travailla de toutes ses forces à la conversion des protestants et à l’union des princes catholiques.. Il mourut, le 18 juillet 1608, à Fribourg, qui avait été, depuis 1590, sa résidence la plus habituelle. L’une de ses filles et son lils s’étaient convertis avec lui au catholicisme. Son autre fille demeura luthérienne. Les protestants, acharnes contre sa mémoire, affirmèrent qu’il était mort en désespéré, lâchant d’horribles blasphèmes et invoquant le diable. Le jésuite Gretser réfuta cette légende et prouva que Pistorius avait eu la mort la plus paisible, après avoir reçu les derniers sacrements de l’Église. Janssen, L’Allemagne et la Réforme, trad. E. Paris, 1899, t. v, p. 423 ; N. Paulus, Luthers Lebensende, Fribourg, 1898, p. 22.

IL Arguments polémiques contre le luthéranisme. — L’argument préféré de Pistorius, dans sa lutte contre le luthéranisme, est celui de la catholicité de l’Église. Il s’en expliquait en ces termes, en écrivant au théologien zwinglien Jean— Jacques Grynœus, de Baie (1540-1617) : Nisi catholicam luam esse, nisi semper fuisse, nisi cum priori catholica Ecclesia consensissr Ecclesiam luam catholicam declarabis, nihil efjicies — frustra apostolicus videri cupies, cum catholicus non sis. Ce texte démontre que les protestants se vantaient d’être » apostoliques ». Ils avaient la prétention d’avoir retrouvé le véritable enseignement des apôtres oblitéré par l’Église catholique. Pistorius contestait cette apostolicité et soutenait que l’apostolicité véritable est inséparable de la catholicité. Ses œuvres établissent du reste qu’il avait nettement aperçu la force démonstrative des « notes de l’Église ». Deux de ses ouvrages sont principalement à retenir à ce sujet : Motifs édifiants, chrétiens et bien fondés pour lesquels nous avons abandonné la doctrine luthérienne et embrassé la foi catholique (1591), et sa célèbre Anatomia Lutheri (1595-1598). Le premier expose les raisons de la conversion du margrave Jacques III. Mais, visiblement, il traduit l’apologétique personnelle de Pistorius. Tout le fond de l’argumentation revient à ceci : l’Église luthérienne n’a pas les marques de la véritable Église, tandis que l’Église catholique possède ces marques. Sur le premier point. 1° l’Église luthérienne se sert du mensonge, sousentendez : donc, elle n’est pas sainte ; « que de fois n’avons-nous pas constaté, en lisant Luther, les mensonges, les calomnies que lui, ceux de son parti et les théologiens des autres sectes ont impudemment et très peu chrétiennement forgés contre l’Église catholique ; 2° le luthéranisme est divisé, il n’a pas la « note de l’unité » : « Mon cœur était déchiré, écrit Pistorius, lorsque je constatais que le protestantisme allait se divisant toujours plus, enfantant des sectes toujours nouvelles. Notre foi est devenue un amas si confus de doctrines contradictoires qu’il est difficile de discerner ce qui est luthérien de ce qui ne l’est pas. C’est en somme l’argument des Variations de Bossuet : 3° l’esprit qui règne dans les écrits de Luther prouve qu’il n’est pas l’élu de Dieu pour réformer la religion, à supposer qu’elle en ait eu besoin. Cet argument, qui avait le don de mettre en rage les écrivains luthériens. était traité par Pistorius avec une spéciale prédilection. Il fait tout le fond de son Anatomia Lutheri. Il prétend y démontrer que Luther était possédé de sept