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PHILOXÈNE DK MABBOUG. VIE


L705, p. 455 ; cf. J. S. Àssémani, Biblioth. orient., t. ii, p. 15 sq. ; A. -A. Vaschalde, Three letters…, p. 17.

Une autre invraisemblance vient du sujet qui aurait été traité au concile : il n’était pas encore question, en 499, d’anathématiser tous les personnages que cite Victor. Philoxène, dans sa lettre à Maron d’Anazarbe, explique avec complaisance la méthode qu’il a suivie dans sa lutte contre Flavien ; il n’a pas demandé d’abord des condamnations de personnes, en dehors de Nestorius, mais seulement la réprobation des doctrines, assuré qu’il était d’obtenir ensuite l’anathème contre des dyophysites morts en paix avec l’Église, une fois que leurs formules auraient été condamnées. J. Lebon, Le monophysisme sévérien, p. 42, n. 1, et Textes inédits de Philoxène de Mabboug, dans Le Muséon, t. xliii, 1930, p. 49 sq., trad., p. 73. Tillemont avait justement flairé l’anachronisme en proposant de reporter aux années 507-508 le synode mentionné par Victor. Mémoires, t. xvi, p. 679.

Parmi les textes orientaux dont ! a publication dans les trente dernières années a jeté tant de lumière sur l’histoire des controverses christologiques des ve et vie siècles, on pourrait être tenté d’apporter à l’appui de Victor un passage de Michel le Syrien, Chronique, éd. Chabot, p. 259 sq., trad., t. ii, p. 160, où il est dit que Philoxène se rendit sur l’ordre d’Anastase à la ville impériale pour assister à un synode, dont les membres anathématisèrent Léon de Rome et le concile de Chalcédoine. Mais la source reproduite par Michel place aussitôt après la destruction du volume original des Actes de Chalcédoine et la déposition de Flavien ; or, les Actes de Chalcédoine ne furent extraits qu’en. Il du tombeau de la martyre Euphémie (L. Duchesne, L’Église au r/e siècle, p. 21) et Flavien fut déposé en 512.

Le premier voyage de Philoxène à Constantinople n’eut donc pas lieu en 499 ; il conviendrait plutôt de le placer au moment du différend avec Calandion, entre 482 et 485, lorsque, empêché de continuer son prosélytisme dans les environs d’Antioche et encouragé par l’accueil fait à sa profession de foi, Philoxène réussit à obtenir de Zenon la déposition de son persécuteur. Quoi qu’il en soit, le deuxième voyage eut lieu aussitôt après que le traité signé pour sept ans, au mois de novembre 507, eut mis fin à la guerre contre la Perse, ou plutôt un peu auparavant, dès la cessation des hostilités actives. Car, d’après Théophane, c’est en 5999 de l’ère du monde que l’empereur Anastase convoqua Philoxène, « parce qu’il était de son sentiment » (é(x6<ppo>v). P. G., t. cviii, col. 353. Migne, d’après Goar, fait correspondre l’an 5999 du monde à 499 de notre ère, suivant le comput des Coptes et des Éthiopiens, mais, en réalité, il s’agit de l’année qui s’étend du 1 er septembre 506 au 31 août 507.

Le patriarche Macédonius, qui savait Philoxène ennemi convaincu du concile de Chalcédoine, prit prétexte du trouble que son arrivée provoqua parmi les moines de la capitale pour lui refuser la communion. Dès le début, la position fut donc bien nette de part et d’autre. L’année suivante, un important détachement de moines palestiniens arrivait dans la capitale, conduit par un autre ennemi des dyophysites, Sévère ; et ce fut, pendant trois ans, une belle lutte contre Macédonius, défendu par les moines acémètes et la population. Il serait difficile de préciser qui eut le rôle principal, de Philoxène ou de Sévère, car les biographes de ce dernier affectent d’ignorer le métropolite de Mabboug. Il semble cependant que celui-ci ne rentra en Syrie qu’après la déposition de Macédonius, ayant essayé en vain de faire monter son allié, Sévère, sur le trône patriarcal.

Dès lors, Philoxène pouvait consacrer ses efforts à renverser le patriarche d’Antioche, Flavien. A vrai

dire, depuis 507, il n’avait pas cessé de le harceler. Les diverses phases de cette lutte sont racontées avec passablement de détails dans une lettre des moines de Palestine à l’évêque de Nicopolis en Épire, Alcison, dont Évagre a tiré un des chapitres les plus intéressants de son histoire, t. III, c. xxxi, P. G., t. lxxxvi b, col. 2657-2664. Même après avoir écrit à l’empereur une lettre privée où il réprouvait Léon et condamnait le concile de Chalcédoine, le malheureux patriarche ne se sentait pas en sûreté. Philoxène s’acharnait : il voulait absolument la condamnation de ces nestoriens d’avant la lettre, qu’il avait commencé de détester lors de ses études à l’École des Perses, et, pour y arriver, il ne cessait d’accuser Flavien de nestorianisme. Pressé par plusieurs évêques, dont Philoxène avait fait ses auxiliaires, Flavien rédigea le libelle qu’on lui dictait ; mais lorsqu’il fut question, au cours d’une nouvelle instance, de condamner tous ceux qui affirmaient deux natures, le patriarche se déroba. Tout ceci semble bien, d’après le texte d’Évagre, antérieur à la déposition de Macédonius ; quoi qu’il en soit de leur date, ces événements caractérisent le duel entre Philoxène et Flavien, dont les adversaires du métropolite de Mabboug reconnaissent eux-mêmes qu’il n’avait pas d’autre origine que la différence de croyance. Évagre, op. cit., col. 2660.

La principale péripétie, après la chute du patriarche de Constantinople, fut la réunion, à Sidon, en 512, du concile des évêques de Syrie. Zacharie, Théophane et les historiens qui dépendent d’eux, comme Cédrénus et Michel, attribuent à Philoxène l’initiative de ce synode, qu’ils disent réuni par ordre de l’empereur. Zacharie, p. 179 ; Corp. script, christ, orient. Script, syri, IIIe sér., t. vi, p. 50-54, trad., p. 34-37 ; P. G., t. cviii, col. 361. Mais l’erreur est certaine : c’est Flavien qui convoqua les évêques de Syrie et de Palestine, dont il était sûr, ainsi que l’a fort bien démontré J. Lebon, Le monophysisme sévérien, p. 51 sq. Philoxène n’est allé au concile de Sidon que contraint, et il raconte à Siméon de Tell’Addâ que tous les évêques de l’Orient, en dehors de l’Euphratésienne, et trois même de cette province, dont il était le métropolite, étaient en communion avec Flavien et pensaient comme lui. Bien qu’ayant attiré à son parti plusieurs évêques au cours de son voyage de Mabboug à Sidon, Philoxène n’avait constitué qu’un groupe de dix opposants. Mais il avait autour de lui des moines, qui lui étaient tout dévoués, de ces moines dont il avait assidûment visité les monastères avant son épiscopat, et il s’en servit pour faire pression sur le synode. Ils présentèrent une supplique en 77 chapitres, blâmant le Tome (de Léon) et le concile de Chalcédoine. Ce fut en vain : Flavien, d’accord avec Élie de Jérusalem, entraîna la majorité, et les deux pontifes écrivirent à l’empereur une lettre où ils se contentaient d’adhérer à l’Hénotique.

Flavien rentrait à Antioche triomphant. Philoxène voulut essayer encore contre lui d’une manifestation publique, mais le peuple se leva contre les moines armés par le métropolite ; plusieurs d’entre eux furent tués au cours de la bagarre et leurs cadavres jetés dans l’Oronte. Toutefois, le sentiment populaire ne l’emporta pas ; les moines monophysites, qui travaillaient à Constantinople, racontèrent la bagarre à leur façon et arrachèrent à l’empereur un décret contre Flavien : il fut exilé à Pétra.

Philoxène avait un successeur prêt ; grâce aux moines, Sévère fut élu patriarche d’Antioche et sa nomination immédiatement ratifiée par l’empereur. Quittant son monastère palestinien, le fameux higoumène fut consacré le 6 novembre 512. La victoire était grande, mais il y avait encore à faire le siège des évêques, qui avaient soutenu Flavien à Sidon. Ils cédèrent peu à peu, grâce à l’activité de Philoxène, et