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PISTOIÈ (SYNODE DE). LA Bl LLE, SUR L ÉGLISE

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aient répété qu’ils condamnaient ces propositions, mais que ces propositions n'étaient pas dans l’Augustinus. Et ce fut le fond de la fameuse distinction du fait et du droit.

De plus, la bulle Auctorem précise le sens exact dans lequel chaque proposition, extraite des Actes de Pistoie, est condamnée et attache la condamnation à ce sens, en sorte que la condamnation porte formellement sur un sens déterminé, quelle qu’ait pu être l’intention de l’auteur. Il n’y a plus d'échappatoire possible, puisque la bulle ne juge pas les intentions. Le premier décret du synode avait déclaré que les jugements doctrinaux de Rome, parce qu’ils étaient vagues et indéterminés, n’instruisaient pas d’une manière précise et, dès lors, ne pouvaient obliger en conscience les> fidèles. Cette critique ne pourrait pas s’appliquer à la nouvelle bulle.

Aussi, dès le prologue de la bulle, on lisait : « S’il reste encore des sectateurs obstinés du synode, ils ne pourront plus, fauteurs de nouveaux troubles, tirer à leur parti, sur des ressemblances purement verbales des écoles théologiques, qui, sous des mots semblables, attestent qu’elles n’ont pas la même pensée, ni les associer injustement à leur juste condamnation. D’autres, qui, par inconscience et simple préjugé, gardent encore une trop bonne idée du synode, ne pourront se plaindre, puisque la condamnation ne tombe que sur des erreurs, dont eux-mêmes se déclarent fort éloignés. »

Analyse de la bulle « Auctorem ». — La bulle Auctorem condamne, en les qualifiant de notes théologiques, 85 propositions : les 15 premières ont pour objet l'Église et la hiérarchie ; elles sont la condamnation formelle du richérisme et du gallicanisme et elles préparent la voie au concile du Vatican. Les propositions 16 à 20 ont pour objet les différents états de l’homme ; elles visent les thèses proprement jansénistes. Les propositions 21 à 26 se rapportent à la grâce et les propositions 27 à 60 ont trait aux sacrements et elles condamnent des pratiques que le jansénisme, sous prétexte de revenir à la vénérable antiquité, aurait voulu restaurer, en particulier pour la discipline pénitentielle. Les propositions 61 à 79 ont pour objet les cérémonies et le culte extérieur, les propositions 80 à 84 visent la réforme des ordres religieux et enfin la proposition 85 se rapporte au concile national. Sur toutes ces questions délicates, la bulle Auctorem donne des notes extraordinairement nettes et elle exprime les thèses théologiques avec une vigueur qu’on ne rencontre dans aucun autre document officiel. C’est pourquoi il est utile de reproduire la bulle et d’en donner les passages les plus caractéristiques. Il est regrettable que VEnchiridion de Denzinger-Bannwart, n. 15011599, n’ait reproduit ni le prologue de la bulle, ni, avant chaque proposition condamnée, la citation de l’endroit du synode d’où cette proposition a été tirée, ni le dispositif qui termine la bulle.

1° Erreurs sur l'Église (propos. 1-15). — 1. Obscurcissement des vérités dans l' Église. — Propos. 7 re. — Dans ces derniers siècles, a été répandu un obscurcissement général sur des vérités de grande importance relatives à la religion et qui sont la base de la foi et de la doctrine morale de Jésus-Christ (propos, extraite du décret De la grâce, § 1). Proposition hérétique.

2. Du pouvoir attribué à la communauté de l' Église pour être communiqué par elle aux pasteurs. — Propos. 2e. — La proposition qui établit que le pouvoir a été donné par Dieu à l'Église pour qu’il soit communiqué aux pasteurs, qui sont ses ministres pour le salut des âmes, est une proposition hérétique, si on l’entend en ce sens que le pouvoir du ministère et du gouvernement ecclésiastique découle de la communauté des fidèles sur les pasteurs (extrait de la lettre de convocation au synode).

3. De la dénomination de chef ministériel attribué au pontife romain. - l’r<> « >s. 3'. La proposition qui déclare que le pontife romain est le chef ministériel de l'Église, est hérétique, si l’on veut dire que le pontife romain reçoit de l'Église son pouvoir de ministère et non point du Christ en la personne du bienheureux Pierre, en tant que successeur de Pierre, vrai vicaire du Christ et chef de l'Église tout entière (décret De la foi, § 8). La même idée se trouve aussi au début de la ve session de l’assemblée de Florence. Cette proposition, avec la précédente, résume les thèses de Richer, dans son livre De ecclesiaslica et politica potestate, 1611.

4. Pouvoir de l'Église pour constituer et sanctionner la discipline extérieure (prop< s. 4-5). - Propos. 4'. Ce serait un abus d'étendre l’autorité de l'Église au delà des bornes de la doctrine et des mœurs, de l'étendre aux choses extérieures, et d’exiger par la force ce qui dépend de la persuasion et du cœur et aussi de prétendre exiger, par une contrainte extérieure, la soumission à ces décisions. Cette proposition (extraite du décret De la foi, § 13 et 14) est hérétique, en tant que, par ces termes indéterminés « étendre aux choses extérieures », on caractérise comme un abus de l’autorité de l'Église l’usage de cette autorité reçue de Dieu, dont ont usé les apôtres eux-mêmes, pour établir et sanctionner la discipline extérieure.

Propos. 5e. — En insinuant que l'Église n’a pas le droit d’exiger la soumission à ses décrets, autrement que par des moyens de persuasion, en prétendant que l'Église n’a pas reçu de Dieu le pouvoir non seulement de diriger par des exhortations et des conseils, mais encore de commander par des lois et de punir par des jugements extérieurs et par des peines salutaires ceux qui s'écartent de ces lois et leur résistent (Benoît XIV, bref Ad assiduas, 1755, aux archevêques et évoques de Pologne), on énonce une proposition qui conduit à un système déjà condamné comme hérétique.

5. Droit faussement attribué aux évêques (propos. 6-8). — Propos. 6e. — Le synode déclare « être persuadé que

l'évêque a reçu de Jésus-Christ tous les pouvoirs nécessaires pour le bon gouvernement de son diocèse », comme si, pour le bon gouvernement d’un diocèse, n'étaient pas nécessaires d’autres règlements supérieurs, relatifs soit à la foi et à la morale, soit à la discipline générale, dont la source est dans les souverains pontifes et les conciles généraux pour l'Église universelle. Proposition (extraite du décret De l’ordre, § 25) schismatique et au moins erronée. La thèse avait été reprise au 5e point ecclésiastique, et au début de la ve assemblée de Florence.

Propos. 7e. — De même, le synode invite l'évêque « à poursuivre avec ardeur une constitution plus parfaite de la discipline ecclésiastique », et cela, « contre toutes les coutumes contraires, contre les exemptions et les réserves, qui s’opposent au bon ordre du diocèse, pour la plus grande gloire de Dieu et la plus grande édification des fidèles » (décret De l’ordre, § 25). Par là, le synode suppose qu’il est permis à l'évêque d'établir des règlements de par son propre jugement et sa propre volonté et de décréter, contre les coutumes, lés exemptions et les réserves, qui existent, soit dans l'Église universelle, soit dans une province, sans l’agrément et l’intervention d’une autorité hiérarchique supérieure, de qui elles sont venues, par qui elles ont été approuvées et de qui elles obtiennent force de loi. Proposition qui conduit au schisme et à la destruction du gouvernement hiérarchique ; proposition erronée.

Propos. Se. — De même, le synode est persuadé « que les droits que l'évêque a reçus de Jésus-Christ pour gouverner l'Église ne peuvent être ni altérés, ni empêchés ; là où l’exercice de ces droits, pour quelque motif que ce soit, a été interrompu, l'évêque peut toujours et doit revenir dans ses droits originaires toutes les fois