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PISTOU- : SYNODE DE). LA BULLE « AUCTOREM FIDEI


des membres de l’assemblée ; une troisième assemblée aurait trouvé îles erreurs, mais ne fit aucune communication à Léopold.

A la mort de l’empereur Joseph II, le 20 février 1790, Léopold quitta la Toscane qu’il laissa à son fils Ferdinand III. Le 24 avril 1790, il y eut une révolution ; Ricci dut abandonner Pistoie pour se retirer à Florence et toutes les réformes furent anéanties. Bien plus, malgré une intervention de l’empereur Léopold en faveur de Ricci, malgré l’accueil bienveillant de l’archiduc Ferdinand III. Ricci dut donner sa démission par une lettre du 3 juin 1791. Son successeur, Falehi, approuva tout ce qui avait été fait depuis le départ de Ricci et il remit en vigueur le synode diocésain de l'évêque Bassi, comme le plus propre à rapporter toutes les mesures, qui avaient été prises en vertu du dernier synode de Pistoie. La mort de l’empereur Léopold II, au début de mars 1792, enleva à Ricci son dernier protecteur : rien, désormais, n’arrêterait plus la condamnation.

2° Reprise de l’examen des Actes du synode de Pistoie. — Pie VI, après la démission de Ricci, songeait à garder le silence, mais une propagande effrénée était faite des idées nouvelles. L’ancien évêque de Pistoie était félicité de tous côtés ; il était consulté surtout par de nombreux amis de France et il entretenait une correspondance très active avec l’abbé Grégoire et le clergé constitutionnel. Les articles de Pistoie étaient regardés comme le point de départ de la constitution civile du clergé. Ricci était consulté : 1. sur l’orthodoxie de cette constitution ; — 2. sur le serment que les représentants du peuple exigeaient des prêtres d’y demeurer fidèles ; — 3. sur l’obéissance due aux prêtres assermentés que le gouvernement avait substitués à ceux qui avaient refusé de jurer. Confidentiellement, Ricci répondait que l’autorité souveraine peut exiger un serment de fidélité et de soumission à la loi et à ses règlements, que tous les sujets sans exception peuvent et doivent même prêter ce serment, s’il ne blesse en rien la vérité, ni la justice, ni l’essence de la religion. Il ajoutait que celui de se conformer à la constitution civile du clergé de France, qui ne concernait que la réforme de la discipline ecclésiastique, entièrement dépendante du pouvoir civil, ainsi que la disposition des biens du clergé pour l’avantage du culte et de l'État, la circonscription des diocèses, etc., était évidemment dans le cas désigné. De Potter, t. ii, p. 317 et 318, et appendice, p. 402-405. Le nonce de Toscane se plaignit au grand-duc qu’un évêque se fût oublié jusqu'à soutenir une doctrine diamétralement opposée à celle que le Saint-Siège avait déclarée la seule orthodoxe, une doctrine qui avait été condamnée solennellement par le pape.

De plus, en ce moment, le bruit se répandit qu’on préparait une traduction espagnole des Actes du synode de Pistoie. D’après De Potter, ce fut l’occasion qui amena la décision de Rome : le concordat que le ministère espagnol préparait devait être, disait-on, dans les principes des canonistes modernes.

Ricci est convoqué à Rome.

Quoi qu’il en soit,

Ricci reçut, en avril 1794, une lettre du cardinal secrétaire d'État, Zelada, qui le convoquait à Rome. Ricci communiqua la lettre au grand-duc Ferdinand, et il joignit un mémoire pour rappeler les faits passés. Le pape écrivit directement au grand-duc, le 9 avril, pour lui annoncer qu’il allait promulguer la condamnation des Actes du synode de Pistoie, qui avaient été examinés par une congrégation. Ferdinand répondit le 16 mai ; il était persuadé que cette condamnation ne ferait que réveiller les désordres et les troubles anciens ; il avait anéanti toutes les innova lions de Ricci, qui avait donné sa démission, et son successeur Falehi, par une lettre pastorale du 12 mai 1702. avait implicitement

aboli les Actes du synode lesquels n'étaient plus « qu’un livre privé, qui ne mérite pas une censure ; si on le veut, il suffirait de mettre ce livre parmi ceux dont la lecture est interdite ».

Le 8 août, Pie VI envoya un second bref pour dire que la condamnation qu’il allait porter ne ferait que confirmer la paix, déjà procurée par la démission de Ricci et par la lettre pastorale de son successeur. Les erreurs de ce synode étaient telles qu’une condamnation implicite ne suffisait pas : il ne s’agissait pas, en effet, du seul diocèse de Pistoie, car les erreurs étaient répandues dans d’autres diocèses ; d’autre part, ce n'était point un simple livre privé ; et il y avait des livres privés, qui, à cause des erreurs graves qu’ils contenaient, méritaient une condamnation explicite, formelle et détaillée, des propositions qu’ils renfermaient. Mansi, Concit., t. xxxviii, col. 1255-1256.

Ricci avait d’abord promis de se rendre à Rome pour s’expliquer, mais il retarda son départ et il finit par déclarer que son état de santé ne lui permettait pas de faire le voyage. D’ailleurs, la bulle était déjà prête et l’invitation du pape n’avait qu’un seul motif : permettre à Ricci de s’expliquer sur certains points et faire les modifications que ces explications auraient pu suggérer. Prologue de la bulle, Mansi, ibid., col. 1264.

77. LA BULLE « AUCTOREM FI DEI » (28 août 1794). —

C’est le 28 août 1794, jour de la fête de saint Augustin, que parut la bulle Auctorem fidei. Elle est le terme d’un long travail dont le prologue indique les étapes successives : tout d’abord les Actes du synode de Pistoie ont été examinés par quatre évêques et par trois théologiens ; puis une commission, composée de cardinaux et d'évêques, à examiné les décrets d’une manière plus approfondie : des passages ont été extraits, collationnés et discutés, et chacun des juges a transmis son suffrage au pape, de vive voix et par écrit ; tous ont été d’accord pour condamner les Actes du synode et censurer des propositions plus ou moins nombreuses. Le pape, avec quelques conseillers, examina ces rapports et les propositions qu’ils signalent. Enfin, sous sa direction et son contrôle, il s’est fait un dernier travail dé rédaction et de mise au point. Un certain nombre de propositions, extraites des Actes du synode ou des documents qui les ont préparés, ont été groupées et coordonnées. Les passages sont cités textuellement et qualifiés avec les notes précises qu’ils méritent, si on les prend dans un sens nettement spécifié. (Mansi, t. xxxviii, col. 1262.) Ce dernier travail est attribué au cardinal Gerdil.

La bulle Auctorem occupe une place privilégiée parmi les bulles doctrinales relatives au jansénisme, d’abord à cause de la date où elle a paru ; c’est l'époque où le jansénisme et son allié le gallicanisme avaient porté tous leurs fruits, et ensuite à cause des travaux minutieux qui avaient préparé sa publication. Aussi cette bulle se présente avec des caractères qu’il faut souligner.

Tout d’abord elle applique à chaque proposition la censure spéciale qui lui convient, tandis que les bulles contre Baius et contre Quesnel énonçaient une longue liste de propositions et ajoutaient les censures ou notes appliquées à ces propositions, sans indiquer, en détail, pour chaque proposition, la note correspondante. Ces condamnations in globo, légitimes en elles-mêmes, avaient soulevé de violentes discussions, et ceux-là mêmes qui avaient approuvé la bulle Unigenitus, paT exemple, ne s’entendaient plus, quand on leur demandait de qualifier telle ou telle proposition condamnée. Sans doute, le bref Cum occasione avait condamné les cinq propositions de Jansënius, mais ces propositions n'étaient pas. sauf la première, extraites textuellement de l’Augustinus. C’en fut assez pour que les jansénistes