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    1. PISTOIE (SYNODE DK)##


PISTOIE (SYNODE DK). PREMIÈRE RÉPONSE DE ROME 2202

qui tenait trop du luxe mondain et des fêtes profanes et qui causait aux fidèles plus de distraction que de dévotion ; il a supprimé les autels superflus et inutiles qui donnaient lieu à la confusion, aux distractions, à la précipitation dans la célébration de la messe ; il a corrigé le bréviaire, où, de l’aveu de tous les savants, s'étaient glissées, dans les temps d’ignorance, des histoires fabuleuses et d’autres choses peu propres à favoriser la piété des fidèles ; il a aboli des pratiques superstitieuses et l’abus des indulgences, beaucoup trop multipliées et dénaturées dans leur application ; le culte de certaines images couvertes d’un voile, comme si elles avaient plus de vertu que lorsqu’elles sont découvertes. Avant de faire toutes ces réformes, il a pris soin 'd’instruire les fidèles pour leur en faire comprendre l’utilité et la nécessité, et il a publié tous les écrits qui se trouvent réunis dans le Recueil des opuscules qui intéressent la religion, qu’il continue d’imprimer à Pistoie. II n’a rien fait qu’avec l’approbation du souverain ; plusieurs des réformes lui ont été proposées et suggérées par le souverain lui-même et des écrits ont été distribués gratuitement, par les soins et la libéralité du grand-duc.

L’apologie de l'évêque de Pistoie fut attaquée, spécialement dans les Remarques pacifiques d’un curé catholique, ouvrage qui fut interdit dans toute la Toscane, en février 1788 ; mais d’autres libelles circulèrent et les écrits réunis par Ricci dans le Recueil d’opuscules, avaient été condamnés par un décret de l’Index du 24 avril 1787. Pour calmer les esprits, le grand-duc, dans une ordonnance du 2 octobre 1787, défendit sous des peines rigoureuses l’introduction dans ses états de ces pamphlets. Une nouvelle ordonnance du 22 mai 1788 interdit aux fidèles de troubler les cérémonies religieuses. Nouvelles ecclés., 22 mai 1788, p. 152.

Malgré ces défenses, Ricci était encore attaqué : un ouvrage anonyme intitulé Annotazioni pacifiche, critique vivement la conduite et les écrits de l'évêque, qu’il présente comme « condamnés par toute l'Église et par tout l'épiscopat catholique », et comme renouvelant « le système de Richer, adopté par les appelants ; et qui a été cent fois condamné comme hérétique par l'Église gallicane ». On découvrit plus tard que l’auteur de ce libelle était le P. Marchetti, « uni à la cabale jésuitique et ultramontaine, sorti du tripot jésuitique qui dirige le Journal ecclésiastique de Rome ». Par sa lettre du 18 mai 1788, Ricci répondit lui-même à ces nouvelles attaques ; il y reprend ses thèses sur la primauté du pape, « chef ministériel de l'Église », sur les droits des souverains au sujet des empêchements de mariage, sur la suppression des ordres religieux et, sur tous les points, il affirme la parfaite conformité de ses ordonnances avec l’ancienne discipline de l'Église.

Publication des Actes du synode de Pistoie.

Les

Actes de Pistoie ne furent imprimés qu’en 1788. On avait dit que la publication avait d’abord été interdite par le gouvernement, mais les raisons données par Ricci, dans une lettre à son clergé, le 23 mars 1787, sont les plus vraisemblables. Une copie authentique des Actes fut envoyée au grand-duc, pour qu’il donnât son approbation et la permission de les faire imprimer : l'évêque voulait ainsi échapper aux intrigues et aux calomnies, car le bruit courait que la cour de Rome se préparait à condamner les décisions du synode. Mais le grand-duc ne voulait pas faire échouer à l’avance le concile national qu’il préparait : il écrivit, le 16 mars, à Ricci une lettre remplie de félicitations, où il lui demandait de retarder la publication jusqu’après le concile. De fait, les évêques toscans furent convoqués à l’assemblée de Florence le 23 avril, pour préparer les matériaux du concile et Ricci pouvait écrire à ses curés que la convocation du grand-duc répondait à

tous leurs désirs, puisque eux-mêmes avaient demandé un synode national, comme le moyen le plus propre « soit de parvenir à l’uniformité de doctrine et de discipline, soit de donner aux déterminations des synodes particuliers la force et l’autorité qui résulteraient de la sanction d’une Église nationale tout entière ». Nouvelles ecclés., 28 août 1789, p. 137.

Mais l’assemblée de Florence n’eut pas le succès qu’on en attendait, puisque les décisions prises par la majorité des prélats rendaient impossible la réunion du concile national. Aussi, le duc faisant imprimer les Actes de l’assemblée de Florence, il n’y avait plus la moindre raison de retarder la publication des Actes de Pistoie. L'évêque de Pistoie réitéra ses instances, d’autant plus qu’il voulait répondre aux rapports infidèles et calomnieux, qui profitaient du retard, pour indisposer les esprits.

L’autorisation fut accordée le 2 octobre 1788 et les éditions se multiplièrent rapidement à Pistoie, à Florence, à Paris ; les Actes étaient traduits en diverses langues et, dès 1789, parut une édition latine, qui se répandit dans toute l’Europe. Elle était l'œuvre de l'école de Pavie, et tout particulièrement de Tamburini.

IV. La réponse de Rome. La bulle « Auctorem

FIDEI ». — I. PREMIÈRES MESURES CONTRE RICCI. —

Les polémiques soulevées autour du synode de Pistoie avaient attiré l’attention de Rome, même avant la publication officielle des Actes, et une Congrégation fut chargée d’examiner les décisions prises. D’autre part, le crédit de Ricci grandissait : à Florence, comme auparavant dans ses Instructions pastorales, il s'était fait remarquer par l’audace des réformes qu’il proposait ; au lendemain de l'échec des assemblées de Florence, le duc Léopold lui demandait de dresser un plan de règlement pour toute la Toscane. L'évêque répondit à ce désir et rédigea un mémoire sur l’uniformité des études du clergé, l’ordination des prêtres, le salaire des curés, les droits et les devoirs des évêques, les synodes diocésains, les cérémonies religieuses, le culte des images, la réforme du bréviaire et des fêtes, l’usage et l’administration des biens ecclésiastiques, les bénéfices, la collation des cures, le mariage, le serment de fidélité à la cour de Rome, etc. Ce plan ne fut pas publié, mais il a été conservé dans les archives de la famille (De Potter, Vie et mémoires de Ricci, t. ii, édit. franc., 1826, p. 255-256, et Vie manuscrite de Ricci par l’abbé X…, p. 187-191). Rome ignorait le détail de ces projets, mais elle en connaissait l’ensemble, puisqu’en réalité ceux-ci n'étaient qu’une mise au point des décisions du synode de Pistoie et des discussions des assemblées de Florence.

Examen des Actes de Pistoie à Rome.

Pie VI

avait nommé une commission d'évêques et de théologiens pour examiner ces projets. Un prélat italien avait discuté, en détail, les principaux articles et son travail fut publié plus tard, sous le titre : Analisi del concilio di Pisloia, celebrato nel mese di setlembre delV anno 1786… osia saggio de molli errori contra la fede… opère postremo di Giuseppe Antonio Rosier, 2 vol. in-8°, Assise, 1790. On dit que les Actes de Pistoie eussent été condamnés dès 1788, si « la modération du pontife ne lui eût fait craindre de blesser, par là, un prince ombrageux et susceptible ». Picot, Mémoires, t. vi, p. 408.

Le grand-duc demanda au pape de lui communiquer confidentiellement tout ce qu’on trouverait à blâmer dans les Actes du synode, avant de prononcer une condamnation. La première Congrégation, écrit De Potter (op. cit., t. ii, p. 270-271) ne trouva rien à reprendre et la seconde ne s’arrêta qu'à des scrupules sans importance et n’allégua que des doutes sophistiques sur la signification des termes et sur les intentions secrètes