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avaient prétendu rester fidèles à saint Augustin.

Puis on reprit l’examen des mémoires du synode de Pistoie : la majorité fut d’avis de supprimer les serments qui sont évidemment inutiles ou ne sont pas nécessaires dans les actes civils ; on ferait de même pour les actes qui touchent à la discipline et aux offices ecclésiastiques ; la majorité refusa de suggérer quelque chose au souverain au sujet du serment prêté à Rome par les évêques. Voir.Voue. ceci, du 18 déc. 1789, p. 201-202.

XVIII* session (4 juin). — Comme la xviiie session n’eut lieu que cinq jours après la précédente, les évêques, les canonistes et les théologiens eurent plus de loisir pour examiner les mémoires déjà insérés dans les Actes. Ce fut l’occasion de nouveaux mémoires, avec des réfutations et des réponses sur des questions qu’on aurait pu croire résolues ; l’archevêque de Pise lut un mémoire sur l’obligation de dire en secret le canon de la messe et un autre sur la validité des fiançailles. On revint sur le plan d'études et, malgré l’opposition des trois évêques de la minorité, la majorité tint à conserver l’enseignement scolastique que les opposants regardaient comme une invention des siècles d’ignorance et qui auraient voulu qu’on s’en tint à l'Écriture, à la tradition et aux Pères, en particulier à saint Augustin. D’autres mémoires parlent de nouveau des droits des évêques et des empiétements du Saint-Siège, de la suppression des oratoires privés, de la correction des bréviaires et des missels, de la qualité du vote des prêtres aux synodes, de la valeur des ouvrages du P. Berti proposés comme manuels (cet auteur défendait les droits du pape sur les souverains et sur les biens temporels), du droit du patronat, etc. Enfin, on arriva à l’examen du troisième mémoire du synode de Pistoie, relatif aux fêtes. On proposait de les renvoyer au dimanche suivant, tandis qu’on supprimerait l’obligation du repos, ces jours-là, et celle du jeûne les vigiles précédentes, en nu’me ttmps que le précepte d’assister à la messe, de même, ainsi que les jours de fêtes déjà abolies, où on avait conservé cette obligation. Ces diverses propositions furent assez mal accueillies et l’assemblée se contenta de constater que les mesures déjà prises par le grand-duc n’avaient pas produit les effets attendus et qu’on ferait des instances pour en obtenir l’observation plus exacte. Le quatrième mémoire du synode de Pistoie avait pour objet une délimitation nouvelle des paroisses ; toute l’assemblée approuva cette proposition. Le cinquième était d’une importance capitale, car il contenait un plan de réforme r ; dicale pour les réguliers. La majorité estima que les religieux, dans l'état présent, étaient utiles aux diocèses. Fnfn, on jugea superflue la discussion du sixième mémoire du synode de Pistoie, sur la convocation d’un concile national, puisqu’en fait la circulaire royale du 17 mars 1787 avait fait connaître la décision. du souverain.

xixe tessU n (5 juin). - — La xixe et dernière session devait être une simple formalité pour clôturer l’assemblée ; en fait, elle débuta par la lecture de trois mémoires sur les droits épiscopaux dont on avait parlé la veille, sur les fêtes de demi-précepte et enfin sur la prononciation du canon de la messe.

L’assemblée demanda au commissaire royal d’obtenir du grand-duc une audience ou bien de toute l’assemblée, ou bien de quatre députés (les trois archevêques et l'évêque de Grosseto). Le grand-duc ordonna que les Actes de l’assemblée restassent ouverts peu dant huit jours, afin que l’on pût y ajouter les réponses ou mémoires sur les derniers articles ; les évêques de la minorité profitèrent ele cette permission pour déposer des remarques et affirmer de nouveau qu’ils n’avaient signé les A< les de Pass< mblée que relativement à leurs

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

réponses, afin ele sauvegarder leurs opinions personnelles.

Le grand-duc reçut en corps tous les évêques ele l’assemblée et, dit Tanzini, « il témoigna tout son mécontentement pour la malignité avec laquelle on s'était plu à méconnaître ses intentions ; les ecclésiastiques, par esprit de parti et ei’animosité, se plaisaient à indisposer le public contre les vues du gouvernement, comme l’avaient prouvé les troubles de Prato ; il exposa son déplaisir d’avoir constaté le peu de concorde qui avait régné dans les assemblées ». Ils furent congédiés avec la permission de retourner dans leur diocèse. Dans la suite, la majorité des évêques envoya une supplique pour demander la prohibition de certains écrits qui, dans une multitude ignorante, ne pouvaient que fomenter de mauvaises conséquences et conduire insensiblement à l’incrédulité et au libertinage. L’archevêque de Florence écrivit, le 12 juin 1787, une lettre à Vincent Martini, secrétaire du droit royal, pour lui envoyer la supplique des quatorze évêques de Toscane demandant d’interdire quelques livres imprimés à Pistoie : il s’agissait de la Collection de volumes intéressant la religion, publiés sous le patronage de l'évêque de Pistoie, et l'écrit intitulé : JésusChrist sous l’anathème (déjà condamné le 10 nov. 173-1, en français, et encore plus tard, 4 juin 1797, dans sa traduction italienne).

Le grand-duc de Toscane défendit dans ses états (ordonnances du 2 octobre, Nouvelles ecclésiastiques du 13 févr. 1788, p. 28), le Journal de Rome et le Projet de Bourg-Fontaine et quelques autres feuilles périodiques ou libelles qui, dit Tanzini, « forgés dans les ateliers romains, étaient respandus ensuite dans toute la Toscane, pour y allumer le feu de la séduction et de la superstition ». De I otter termine l’histoire de l’assemblée de Florence par des remarques sur le progrès des lumières, de l’aveu même des membres de l’assemblée ; bien qu’ennemis de toute réforme, ils décrétèrent des points qui, écrit-il, eussent paru, un siècle auparavant, autant d’hérésies ; l’assemblée, en effet, fixa le nombre des prêtres d’après la seule nécessité et utilité de l'Église ; elle décida leur incardination à un service précis, établit l’uniformité des études d’après la doctrine de saint Augustin, résolut la réforme des bréviaires, des missels et des prières défectueuses, détermina les moyens de faire entrer le peuple dans l’esprit des prières de l'Église, régla la collation des églises et des bénéfices, rendit profitable l’exercice du ministère pastoral, recommanda l’abolition des taxes dans l’administration des sacrements et les autres fonctions ecclésiastiques, prit en considération la suppression des honoraires de messes, regardés comme un abus, réforma les prédications et les panégyriques, condamna dans les églises le luxe, la superstition, l’oisiveté, l’avarice et l’ignorance chez les ecclésiastiques. Sans aucun égard pour les condamnations de Rome, les meilleurs livres furent adoptés et dans le plan d'études ecclésiastiques et dans la discussion de l’article 54.

m. aprè s l’assemblée de Florence. — Malgré ces éloges qui exagèrent la portée des résolutions prises par la majorité des évêques, l’assemblée de Florence apparaît nettement comme la contre-partie du synode de Pistoie. Les Actes de ce synode, pour des raisons diverses, n’avaient pas encore été publiés ; c'était surtout à cause de l’opposition de Rome, disait-on. « Ce retard, écrit De Potter, avait fait naître, chez la plupart des prélats, l’idée qu’ils n’avaient été convoqués que pour prononcer sur le sort de Ricci, de son synode et de tous ses. adhérents. » Le grand-duc avait félicité l'évêque de Pistoie, mais lui avait demandé d’attendre une occasion opportune' pour publier les décisions prises ; si les évêques assemblés à Florence avaient

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