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    1. PHILOXÈNE DE MABBOUG##


PHILOXÈNE DE MABBOUG. [E

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du siège patriarcal. Calandion (181-485) s’inquiéta de voir les couvents et les villages voisins de sa résidence troublés par l’enseignement de Philoxènc, et celui-ci fut obligé de quitter la région. Cf. Théodore le Lecteur, P. G., t. lxxxvi. col. 215, dont l’information est reproduite par Théophane, P. G., t. cviii, col. 325 ; éd. de Boor, p. 134, et Cédrénus, P. G., t. cxxi, col. 676.

C’est vraisemblablement alors que, dénoncé à l’empereur Zenon, Philoxène lui adressa cette profession de foi, dont l’occasion est définie par la phrase finale : « J’ai écrit ces quelques lignes, ô pieux empereur, et je les ai envoyées à Votre (Majesté) chrétienne, parce que vous m’en avez donné l’ordre, pour la confusion des hérétiques, par qui ma foi au Christ est mise en question, et pour l’édification de ceux qui, pensant comme moi et enhardis par l’amour divin, essaient de me défendre. » A. Vaschalde, Three lellers…, p. 173. Le fait que cette lettre à Zenon ne contient aucune allusion à l’Hénotique, promulgué en 482, indique suffisamment qu’elle a été rédigée avant que la formule impériale ait été connue, ainsi que.1. Lebon l’a finement observé. Le monophysisme sévérien, Louvain, 1909, p. 112 sq.

Les termes employés par Philoxène dans la déclaration de sa foi plurent à l’empereur, qui fit lire le document au Sénat et honora l’auteur d’une réponse. Encouragé, celui-ci dénonça le patriarche et, dès 485, Calandion qui avait refusé de souscrire l’Hénotique fut déposé, grâce aux manœuvres de Philoxène, affirme sans ambages l’auteur du remaniement syriaque de la chronique composée en grec par Zacharie de Mitylène. F. J. Hamilton et E. W. Brooks, The syriac chronicle known as that of Zachariah of Mitylène, Londres, 1899, p. 179 ; Corp. script, christ, orient. Script, syri, IIIe sér., t. vi, p. 50 sq., trad., p. 34 sq.

Quelques mois plus tard, Pierre le Foulon récompensait celui à qui il devait de s’asseoir, pour la troisième fois, sur le trône d’Antioche en le nommant au siège de Hiérapolis-Mabboug (aujourd’hui Mambidj), métropole de l’Euphratésienne avec juridiction sur treize suffragants. Le Quien, Oriens christianus, t. ii, p. 926 sq. C’est alors que Philoxène changea son nom, suivant un usage général dans les Églises orientales, et d’ « étranger > (Xénaia = Çévoç) devint « celui qui aime les étrangers > (ŒiXô^evoç). La date de 485 pour l’ordination de Philoxène est garantie par le texte de sa lettre aux moines de Senûn, car il y déclare qu’il est resté trente-quatre ans sur le siège de Mabboug, et l’on sait qu’il fut exilé en 519, deuxième année de l’empereur Justin Chronique d’Édesse, dans Corp. script, christ, orient. Script, syri, IIIe sér., t. iv, p. 9 sq.

Pendant treize ou quatorze ans, aussi longtemps que les formules monophysites triomphèrent avec Pierre le Foulon († 488) et Palladius (488-498) dans le patriarcat d’Antioche, Philoxène administra son diocèse en évêque savant, comme il convenait à un ancien élève de l’École d’Édesse, composant ouvrages et discours, dans une atmosphère de paix, comme l’a noté E. W. A. Budge, The discourses of Philoxenus bishop of Mabbôgh, A. D. 48ô-ô H), t. ii, Londres, 1894, p. xxii. Philoxène n’exerçait alors que contre les nestoriens de Perse ses talents de controversiste et son humeur belliqueuse : c’est à lui que Michel le Syrien attribue la condamnation des « canons immondes » de Barsaumâ dans un concile d’Antioche tenu sous Pierre le Foulon. Chronique…, éd. Chabot, p. 258 ; trad., t. ii, p. 157.

Ennemi depuis sa jeunesse de la doctrine qui avait triomphé à l’École des Perses, Philoxène eut, sans doute, une part dans la suppression définitive de ce

qui restait à Édesse de cette école en 489. J. Labourl. Le christianisme dans l’empire perse, Paris, 1904, p. 140 sq. On peut conjecturer que la préparation de cette mesure l’occupait déjà lorsqu’il se trouva, en 488, dans la capitale de I’Osrhoène, au moment où il prêcha au peuple de cette ville après l’écroulement d’un bain nouveau, survenu à la fin d’une semaine de saturnales. W. Wright, The chronicle of Josuah the Stylite, Cambridge, 1882, p. 25, trad., p. 21.

La dernière année du ve siècle marque un tournant dans la vie de Philoxène : Flavien, le nouveau patriarche d’Antioche, qui comme nonce de Palladius à Constantinople avait dû se montrer de tendances monophysites et acquérir ainsi la faveur d’Anastase, s’avéra chalcédonien, à peine intronisé. Ennemi fanatique des dyophysites comme il l’était, Philoxène se trouva bientôt à la tête d’un mouvement d’opposition au patriarche ; mais, ne pouvant agir auprès de l’empereur, dont l’affaire principale était alors la guerre avec les Perses, il fut en butte, pendant plusieurs années, à des persécutions qu’il rappelle en ces termes aux moines de Senûn : « On sait partout et l’on raconte ce que j’ai supporté de la part de Calandion d’abord, puis de Flavien et de Macédonius, les archevêques d’Antioche et de la capitale. J’omets ce que cet hérétique de Flavien a machiné contre moi auprès des autorités pendant la guerre des Perses et ce qui m’est arrivé à Édesse, dans la région d’Apamée et dans celle d’Antioche, lorsque j’étais au monastère de Mar Bassus, et toutes les embûches que me tendirent les hérétiques nestoriens, lorsque, par deux fois, je me rendis à la ville impériale. » Biblioth. orient., t. ii, p. 15.

Le premier voyage de Philoxène à Constantinople est rapporté par la plupart des historiens à cette même année 499. J. Lebon écrit : « Dès 499 l’évêque de Mabboug vint à Constantinople pour défendre les intérêts de son parti et réclamer contre la nomination de Flavien. » Le monophysisme sévérien, p. 41. Mais la date de 499 pour le premier voyage de Philoxène à la capitale provient d’un texte qu’il est impossible de recevoir. Victor de Tununna écrit, en effet, à l’année 499 : Anastasius 1 imperalor Flaviano Antiocheno et Filoxeno Hierapolitano prxsulibus, Constant inopolim synodum conqregat, et contra Diodorum Tarsensem, Theodorum Mopsuestenum cum scriptis, Theodoretum Cyri, Ibam Edessenum, Andream, Eucherium, Cyrum et Johannem episcopos, cœterosque alios qui in Christo duas prædicabant naturas duasque formas, et qui non confltentur unum dé Trinitate crucifixum, una cum Leone romano episcopo et ejus tomo, atque Chalcedonensi synodo inferre anathema persuasit. P. L., t. lxviii, col. 949.

Quoi qu’on pense de l’exactitude habituelle de Victor, il faut bien reconnaître qu’il a commis plusieurs erreurs chronologiques à propos d’événements appartenant à l’histoire ecclésiastique de cette époque : l’exil de Macédonius (août 511) figure dans sa chronique à l’année 501 (consulat d’Aviénus et de Pompée) ; le remplacement de Flavien par Sévère est raconté à l’année 504 (consulat de Céthégus au lieu de 521 ; l’exil d’Élie de Jérusalem figure à l’année 509 (consulat d’Importunus junior), alors que, motivé par son opposition à Sévère, il est nécessairement postérieur à 512.

La réunion à Constantinople. en 499, d’un synode, auquel Macédonius n’aurait pas assisté et qu’aurait présidé le patriarche d’Antioche accompagné d’un de ses métropolites, est absolument invraisemblable et l’on s’étonne de voir ce synode enregistré sans protestation par Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. n b, p. 917. Déjà, dans les dernières années du xvii 1 siècle, Pagi avait déclaré qu’il était impossible d’en admettre l’existence. Critica, au. 198, t. ii, Anvers (Genève),