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PHILOTHÉE KOKKINOS — PHILOXÈNE DE MABBOUG

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Varsovie, 1930, dans Travaux historiques de ta Société dis sciences et des lettres de Varsovie, t. viii, p. 152-15 1, 235-242 et passim. Il n’y a, par contre, aucune allusion au rôle international que tentèrent déjouer les patriarches du XIVe siècle dans l’ouvrage tout récent, d’ailleurs superficiel et inexact, d’A. Vasiliev, Histoire de l’empire byzantin, t. ii, Paris, 1932, p. 298-309. 2° Son activité littéraire et son attitude au cours de la querelle hésychaste, G. Mercati, Notizie di Procoro e Demelrio Cidone, Manuele Caleeae Teodoro Meliteniota ed allri appunti per la storia délia teologiae delta lelteratura bizanlina dcl seeolo XIV, dans Sladie lesli, n. 56, Città del Vaticano, 1931, p. 540. Consulter aussi R. Guilland, Essai sur Nicéphore Grégoras. L’homme et l’œuvre, Paris, 1920, p. 305 sq. ; Fr. Stein, Studien tiber die Hesychasten, Vienne, 1873, p. 178-183. Il nous est parvenu un nombre assez élevé d’actes patriarcaux sous le nom de Philothée ; si ceux-ci ne doivent pas, en général, être regardés comme son œuvre personnelle, ils intéressent sa gestion de chef d’Église. Un lot important de ces diplômes ont été publiés dans Miklosich et Millier, Acia et diplomata græca Medii JEvi, t. t, Vienne, 1860, p. 325-350, -148-550 ; on trouvera le relevé d’autres pièces conservées et la nomenclature de toutes celles qui ne le sont pas, mais dont les sources font mention, dans le fasc. 5 des Rcnesles des Actes grecs du patriarcat byzantin, en cours de publication.

V. Laurent.

    1. PHILOXÈNE DE MABBOUG##


PHILOXÈNE DE MABBOUG, métropolite

monophysite de Hiérapolis de Syrie, mort à Gangres, en 523. — I. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

La carrière ecclésiastique de Philoxène, qui joua un rôle important dans les luttes christologiques des environs de l’an 500, est décrite par les divers historiens de cette période. En dehors de ces sources générales, on ne connaît qu’une courte biographie, copiée au folio 5 du Vatican, si/riac. 155, trente-huitième d’une série de 51 brèves notices, qui groupent des personnages de l’Ancien Testament, des évêques, des docteurs de la Loi nouvelle, des martyrs. Cf. S. E. Assémani et J. S. Assémani, Bibliothecse apostolicæ vaticanæ codicum manuscriptorum catalogus…, t. iii, Rome, 1759, p. 294. Joseph Simonius, qui avait rapporté ce ms. d’Orient (n. 16 de la collection décrite dans Bibliotheca orientalis, t. i, Rome, 1719, p. 614), lui emprunta plusieurs détails pour son article sur Philoxène, ibid., t. ii, Rome, 1721, p. 10 (où 13 est une erreur pour 16). Mais la notice elle-même n’a été publiée qu’en 1902 par Arthur A. Vaschalde, Three letlers of Philoxenus, bishop of Mabbôgh (485-519), Rome, p. 175 sq.

F. Nau a publié, une Notice inédite sur Philoxène, évêque de Mabboug (485-519), dans la Revue de l’Orient chrétien, t. viii, 1903, p. 630-633, sans en indiquer le contexte. Or, ce n’est pas un document isolé, mais seulement un paragraphe du fragment de chronique anonyme conservé dans le ms. du Musée britannique, Add. 14 642, publié en 1905 par E. W. Brooks et traduit par J.-B. Chabot sous le titre de Chronicon ad annum Domini 846 pertinens, dans Corp. script, christ, orient. Script, syri, IIIe sér., t. iv, texte, p. 220 sq., trad., p. 168 sq.

Pniloxène naquit en Perse, dans le district de Garamée ou Beit Garmaï, à l’est du Tigre, entre le Petit Zab et la Diyala. Siméon de Beit Arsam, dans sa lettre sur Barsaumâ de Nisibe, Bibliolh. orient., t. i, p. 352, et la notice du ms. Val. sur. 155 ul donnent pour patrie une localité nommée Tahal, ou Tahil, si l’on adopte la vocalisation du lexicographe Bar Bahlul ; cf. Rubens Duval, Lexicon syriacum auctore Hassan’o Bar Bahlule, au mot Philoxenus, Paris, 1894, col. 1546. L’année de sa naissance n’est pas connue, et l’on ne sait même pas quel fut son nom de baptême, car le nom sous lequel on le désignait avant son épiscopat, Aksenayâ = Çévoç, « étranger », est un surnom qu’on n’employa sans doute comme prénom que lorsque la carrière ecclésiastique de Philoxène l’eut rendu célèbre.

On a dit que Philoxène était de naissance servile el que des évêques venus de Perse, lorsqu’il était déjà métropolite de Mabboug, l’auraient reconnu et dénoncé comme n’ayant pas même été baptisé. A quoi le patriarche d’Antioche, Pierre le Foulon, aurait répondu que Philoxène avait reçu la consécration épiscopale et que celle-ci suppléait au défaut de bap tême. Mais il faut tenir comme très suspecte cette his toire, racontée par Théodore le Lecteur dans un fragment connu seulement par les actes du VIIe concile œcuménique, IIe de Nicée. Mansi, Concil., t. xiii, col. 180. Le fait que cette accusation est répétée par Théophane, P. G., t. cvni, col. 328 ; éd. de Boor. Leipzig, 1883, p. 134, et par Cédrénus, P. G., t. cxxi, col. 676, n’en augmente pas l’autorité, et l’on regrette qu’elle ait été acceptée par Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, t. xvi, p. 677, et par Le Quien, Oriens christianus, t. ii, Paris, 1740, col. 928.

Philoxène, dans la profession de foi qu’il écrivit pour l’empereur Zenon, rappelle éloquemment qu’il a été baptisé suivant l’ordre donné par le Christ à ses apôtres, et qu’il a ainsi revêtu celui au nom de qui et dans la mort de qui il a été baptisé. Au surplus. J. S. Assémani fait opportunément remarquer que Philoxène, s’il avait été païen, n’aurait pu être élève de l’École des Perses. Bibliolh. orient., t. ii, p. 10-12.

Autant vaut l’accusation de manichéisme, qu’on trouve dans Théophane (fxaMi’/aic/rppejv), P. G., t. cviii, col. 353 ; éd. De Boor, p. 150, et qui semble avoir été admise par le patriarche de Constantinople Taraise, commentant au VIIe concile les accusations portées contre Philoxène. Mansi, t. xiii, col. 181. Il s’agit, dans l’un et l’autre cas, d’accusations lancées dans le feu d’une controverse posthume : Philoxène, loin d’avoir été favorable aux manichéens, écrivit contre eux. Bibliolh. orient., t. ii, p. 12 et 22.

Quoi qu’il en soit de son enfance et de sa prime jeunesse, Philoxène était à Édesse, avec un frère nommé Addaï, lorsque Ibas y assura le triomphe de l’enseignement dyophysite (435-449). Bibliolh. orient., t. i, p. 352 ; cf. art. Nestorienne (Église), t. xi, col. 174. La mqrt de Philoxène étant fixée avec certitude après 522, on voit qu’il aura pu difficilement se trouver à l’École des Perses avant les dernières années de cette période : en le supposant âgé de 16 à 18 ans lorsqu’il y arriva, le synchronisme indiqué par Siméon de Beit ArJam oblige à reporter la naissance de Philoxène aux environs de l’année 430 et à le faire mourir plus que nonagénaire. Il n’y a là, en soi, rien d’impossible ; cependant O. Bardenhewer exclut ces dates extrêmes et refuse sans discussion toute valeur chronologique au passage de Siméon de Beit Arsam, pour reporter aux années 460-470 le séjour de Philoxène à l’École des Perses. Gesch. der altkirchl. Lit., t. iv, Fribourg-en-Br.. 1924, p. 420. Mais alors c’est à Nisibe que Philoxène aurait été élève de l’École, cf. art. Narsai, t. xi. col. 27 (transfert de l’École en 457, comme l’admet O. Bardenhewer, p. 407), et cela explique moins bien sa position théologique.

L’adoption définitive des doctrines nestoriennes par ses compatriotes de Perse fut sans doute ce qui détourna Philoxène de rentrer dans son pays ; il resta donc dans l’empire byzantin, où il compta bientôt de nombreuses amitiés dans les monastères de l’Osrhoène et de la Syrie septentrionale. Ayant sacrifié sa patrie à sa foi, Philoxène se dévoua à la diffusion des doctrines théologiques en faveur desquelles il s’était décidé, et nous pouvons suivre les traces de son activité d’alors du monastère de Beit Gaugal, près Diarbékir (Amid), jusqu’à celui de Mar Bassus, dans le voisinage d’Antioche. Cette activité n’allait pas sanssoulever bien des contradictions : à peine en possession