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PISTOIE (SYNODE DE). LES MEMOIRES AU GRAND-DUC


l’orgue, depuis l’offertoire jusqu'à la postcommunion.

Le prélat, disent les Nouvelles ecclésiastiques (6 févr. 1787, p. 24) devait recevoir le baisement des mains, niais, par un transport mutuel, cette cérémonie se changea en de tendres embrassements, mêlés de larmes a et l'évêque lit un discours touchant qui clôtura ce synode, i le plus régulier peut-être qui ait été tenu depuis dix ou douze siècles ».

/II. LES MÉMOIRES AV QRAND-DVC. — Le synode résuma ses décisions en six Mémoires qui furent adressés au grand-duc, pour lui demander sa protection et son aide afin de faire exécuter les décrets synodaux.

1° Le premier Mémoire a pour objet les fiançailles et quelques empêchements de mariage. On pose en principe l’autorité du pouvoir civil pour tous les contrats. Comme les fiançailles ne constituent qu’un rite civil, et que, d’autre part, sous prétexte de favoriser les relations des fiancés, elles conduisent à la licence et au scandale, le synode en demande la suppression. De plus, le synode dit que c’est en s’appuyant sur de fausses analogies que l'Église a établi d’abord six degrés de parentés (d’après les six générations du monde et les six états de l’homme), puis les quatre degrés du pape Innocent III (d’après les quatre humeurs du corps de l’homme et les quatre éléments de la nature). La parenté spirituelle et l’honnêteté publique ont leur origine dans le Code de Justinicn. Comme les dispenses de ces empêchements sont souvent accordées, ils ne servent plus qu'à retarder les mariages.

Ces faits posés, le synode demande au prince : 1. de refuser toute valeur aux fiançailles ; 2. de supprimer complètement les empêchements de parenté spirituelle et d’honnêteté publique ; 3. de réduire au 4e degré, selon la manière de compter du Code civil, l’empêchement d’affinité et de parenté provenant de n’importe quelle union licite ou illicite, en ligne directe ou indirecte, mais sans aucune dispense pour les trois premiers degrés. On rappelle les inconvénients des mariages contractés avec tumulte et par surprise, devant le curé pris à l’improviste. On demande enfin que le curé ne publie les bans de mariage des vagi qu’après avoir obtenu l’autorisation du juge ou de quelque autre ministre de l'état civil.

Réforme des serments.

Les serments se sont

multipliés. Jésus condamna formellement les serments que les Juifs faisaient à tout propos, tandis qu’ils ne réprouvaient que le parjure. A l’origine du christianisme, les serments étaient fort rares, car on ne les prêtait qu’en cas de nécessité ; aujourd’hui, on prête serment pour tout : dans les cours ecclésiastiques, dans les universités, devant les tribunaux, pour les contrats et les conventions, dans les investitures, pour le sacre des évêques. Ces serments sont devenus tout à fait inefficaces, car ils sont prêtés sans raison et sans la moindre attention, avec réticence et équivoque. Ainsi, ils ne donnent aucune force aux contrats et n’engendrent que le mépris. C’est pourquoi on demande au grand-duc de supprimer les serments dans les cours ecclésiastiques et séculières, pour les dignités, les offices et devant les universités, et de les remplacer par une formule de promesse, de témoignage et d’obligation.

Réforme des fêles.

Les fêtes chrétiennes sont

devenues toutes païennes et juives. A l’origine, elles étaient fort rares et elles avaient pour but de rassembler les fidèles à l'église. Les évêques les ont multipliées. De là est né un culte plus extérieur et l’opinion que Dieu est honoré plus par la multiplicité des fêtes que par la correction des mœurs. La cupidité du clergé a favorisé cette opinion et à établi les fêtes de dévotion, de vœux et de coutume populaire. Ainsi, les fêtes se sont multipliées ; au lieu de fréquenter des écoles de religion, on s’occupe de banquets, de beuve ries, de jeux : les riches s’amusent et vivent dans le faste et le luxe, tandis que les pauvres vivent dans l’oisiveté et la misère. C’est un dommage pour l'âme et pour le corps ; la suppression des œuvres serviles, au lieu de produire des œuvres de charité, ne favorise que le vice. Cette abstention des œuvres serviles est devenue la part principale du culte divin en ces jours de fête ; ainsi, elle nuit à la richesse privée et publique, et ne sert point au culte divin auquel elle est plutôt nuisible.

Le décret royal du 18 septembre 1749 a déjà supprimé quelques fêtes, mais il a laissé subsister l’obligation d’assister à la messe, ces jours-là, et ainsi il a favorisé l’erreur de ceux qui croient sanctifier les fêtes par la seule assistance à la messe, et les fausses opinions de ceux qui confondent ces jours avec les fêtes de précepte. Comme le peuple est plus enclin au repos qu’au travail, et comme la paresse se voile du prétexte de la religion, il profite volontiers de ces occasions ; et ces jours de demi-fête, les artisans les sanctifient à leur manière : les plus modérés ouvrent leur boutique, la moitié du jour, et emploient l’autre moitié à la fête, c’est-à-dire au repos judaïque et à la joie païenne. Les campagnards envahissent les villes, les jours de fêtes et les dimanches, sans distinction, et viennent en foule se distraire, sous prétexte d’assister à la messe. Par là, on favorise l’opinion des casuistes relâchés, qui réduisent la sanctification des fêtes à la seule assistance à la messe.

Pour procurer le respect du dimanche, le synode demande : 1. la suppression des fêtes qui seront transférées au dimanche ; 2. pour les évêques le pouvoir de supprimer le précepte d’assister à la messe les jours indiqués dans le décret royal du 18 septembre 1749 ; 3. la suppression des vigiles de ces fêtes et le transfert des jeûnes et abstinences de ces vigiles au mercredi et au vendredi des quatre semaines de l’A vent ; 4. pour l’application de ces réformes, le synode ose solliciter l’exécution complète de l’article 7 du décret du 18 septembre, qui prévoit des peines contre ceux qui. sans cause légitimé, n’ouvriraient pas leur boutique ce jour-là ; 5. le synode fait remarquer au grand-duc que la faculté de tenir ouvertes certaines boutiques jugées nécessaires au bien public conduit à des abus. Des artisans et des marchands non seulement négligent de prendre part aux offices religieux, mais encore fournissent à d’autres l’occasion de n’y point assister. D’où le scandale de voir les cafés et les salons de coiffure remplis de gens oisifs, tandis que les églises paroissiales n’ont que de rares auditeurs pendant l’explication de l'Évangile. C’est pourquoi on demande au prince de faire fermer toutes les boutiques de ville et de campagne, sans exception, d’interdire toute vente sur les places et dans des endroits déterminés, ou toute exposition d’objets à vendre durant le temps où se célèbrent les offices divins. Son Altesse pourrait déclarer qu’il n’y a, dans certaines villes, qu’une seule église paroissiale pour laquelle cette prescription serait valable. Les offices divins, durant lesquels la défense serait en vigueur, sont, le matin, la messe paroissiale, et, l’après-midi, les vêpres, le catéchisme et la bénédiction du saint sacrement. Dans les villes où il y a plusieurs églises paroissiales, la défense irait de 9 à Il heures du matin et de 2 à 4 heures du soir, et ainsi cette prescription ne causerait aucun dommage matériel.

Nouvelle circonscription des paroisses.

Pour des

causes nombreuses, les limites actuelles des paroisses de campagne ne sont plus adaptées aux besoins : les unes sont trop vastes et trop populeuses, d’autres trop étroites et trop peu peuplées ; parfois des églises sont construites à l’extrémité de la paroisse. On demande au prince de prendre les mesures les plus convenables