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PISTOIE (SYNODE DE). DÉCRETS, LA PRIÈRE


se fonde uniquement sur la puissance et la bonté de Dieu. De même, pour les images des saints, auxquelles on ne doit pas rendre un culte analogue à celui des païens pour leurs idoles. Les images sont une sort" de livre pour les ignorants ; elles rappellent à tous. plus vivement, ce que Jésus-Christ a lait pour nous. les merveilles que Dieu a opérées dans ses saints, les exemples qu’ils nous ont donnés ( ^ 15-16). Appuyé sur ces principes, le synode signale tout ce qu’il faut écarter comme particulièrement dangereux : a) il faut écarter toutes les images qui représentent de faux dogmes, comme le cœur de chair de Jésus, ou qui sciaient pour les simples une occasion d’erreur, comme celles du mystère de la sainte Trinité, ou seraient un motif de scandale, comme les peintures lascives, ridicules, remplies de vanité et de pompe ; b) il faut faire aussi disparaître les images auxquelles le peuple accorde une confiance singulière, ou reconnaît une vertu spéciale, contre les décrets et l’intention de l'Église : cela peut se conclure lorsque les fidèles rendent un culte spécial à telle image, ou recourent à celle-ci plutôt qu'à celle-là, comme si Dieu avait attaché une grâce particulière à telle image ; c) il faut également supprimer la coutume de distinguer certaines images, spécialement de la sainte Vierge, par des titres et des noms spéciaux, pour la plupart vains et puérils. Il est défendu d’employer d’autres appellations que celles qu’on trouve dans l'Écriture. A<_>ir autrement serait favoriser les superstitions et fournir aux fidèles l’occasion d’inventer des noms pompeux ou conformes à leur intérêt particulier ; d) défense est faite de tenir certaines images voilées, car cela excite les fidèles à croire qu’elles ont une vertu spéciale et à leur rendre un culte particulier ; e) enfin le synode veut qu’on garde dans les églises seulement les images qui représentent les mystères du Rédempteur d’après la tradition et les formes prescrites par les Pères ; qu’il n’y ait pas plusieurs statues de la sainte Vierge ou d’autres saints, mais plutôt qu’on fasse des peintures représentant quelque fait historique édifiant de l’Ancien ou du Nouveau Testament (§ 17).

2. La prière publique.

Le chrétien devrait prier en tout temps, mais, à cause de ses occupations extérieures, cela est pratiquement impossible ; c’est pourquoi l’Eglise a fixé des heures et des temps déterminés pour ses ministres et les fidèles réunis ; c’est ce qu’on appelle la prière publique. Tous ont droit à ces prières, même les hérétiques et les infidèles. C’est pourquoi les prêtres doivent faire mémoire du prince, au sacrifice de la messe (lettre pastorale du 6 février 1781), comme ils font mémoire de l'évêque (§ 18-19). De même, c’est une pensée sainte et salutaire de prier pour les défunts qui expient leurs péchés au purgatoire. Le premier dimanche du mois, chaque curé avec ses coadjuteurs et les prêtres, avec les frères de la compagnie de charité et les autres fidèles, s’uniront à l'église paroissiale pour prier pour les défunts en chantant ou lisant les vêpres, le premier nocturne et les laudes de l’office des morts, et le lendemain matin les mêmes célébreront une messe de Requiem selon les rubriques. Et on veut détruire des erreurs pernicieuses, comme les suivantes : qu’il y a, au purgatoire, des âmes abandonnées qui restent privées de tout secours, ou bien encore que les prières particulières des fidèles profitent uniquement à ceux pour qui elles sont faites. Aussi les prêtres instruiront les fidèles sur ce point : les biens spirituels sont communs entre les membres vivants de JésusChrist par la charité qui les unit, en sorte que personne n’est privé des prières qui sont faites dans l'Église parce que la charité les rapporte au bien et à l’utilité du corps entier. Ainsi les prières particulières faites par les fidèles pour une âme du purgatoire lui servent, en proportion de la charité et du mérite qu’elle s’est

acquis dans cette vie et qui l’ont rendue capable d’en profiter dans l’autre. Le synode, enfin, défend toutes les pratiques qui, sur ce point, ne sont pas autorisées dans l'Église et qui pourraient répandre dans le peuple des superstitions pernicieuses ( S 20). Les curés doivent recommander les prières faites en commun et les fidèles ont le devoir de participer a ces prières publiques, aux oraisons et aux cérémonies de l'Église, de l’office divin et, en particulier, au sacrifice de la messe (§ 21-22). Le synode aborde ensuite la question de la réforme du bréviaire et du missel. La vérité ne saurait être honorée par le mensonge : il y a, de l’avis des savants et des pontifes romains eux-mêmes, spécialement dans les leçons des saints, des erreurs et des faussetés ; d’autre part, on pourrait substituer à des choses peu utiles et peu édifiantes des paroles de Dieu ou des saints Pères : surtout on devrait disposer le bréviaire de telle sorte que, dans le cours d’une année, on lût la Bible entière. C’est pourquoi le saint concile adopte le projet de correction transmis par l'évêque aux prêtres dans sa lettre pastorale du 1 er janvier 1786, et il laisse à l'évêque le soin de choisir quelques confrères pour compléter cette œuvre (§ 23). Pour que le peuple unisse sa voix à celle de l'Église, le synode demande qu’on publie un rituel et un manuel à l’usage de la ville et du diocèse de Pistoie : il y aurait, outre les instructions et les explications nécessaires, en latin et en langue vulgaire, les oraisons et les rites de l'Église dans l’administration des sacrements, les offices des principales fêtes de l’année, l’ordinaire de la messe et tout ce qui pourrait instruire et édifier les fidèles. Il faudrait insérer les psaumes et les hymnes traduits en vers italiens, pour les substituer, autant que possible, aux chants profanes (§ 24). Pour mieux répandre l’esprit de prière, le synode veut établir un règlement pour certaines fonctions sacrées : la multiplicité des processions, de nouvelles fêtes extraordinaires sont loin de développer une solide piété. Le saint synode veut que désormais on ne fasse aucune neuvaine sans la permission de l'évêque ; pour la préparation à la solennité de Noël, on suivra les prescriptions de l'évêque, en date du 26 novembre 1785. Toutes les cérémonies qui s’y faisaient la nuit seront reportées au lendemain matin, après le lever du soleil. Il n’y aura aucune fête, excepté celle du titulaire de l'église et celles qui sont conformes à l’antique coutume ecclésiastique. Les processions seront limitées aux suivantes : dans l'église, la procession des Rameaux, du jeudi saint et de la Chandeleur, et, hors de l'église, celle de la P'ête-Dieu et celles des Rogations ou des litanies majeures et mineures, pour lesquelles on suivra les prescriptions de la lettre pastorale du 21 avril 1786 ; on fera un petit circuit dans l’intérieur des limites de la paroisse, à la campagne. Restent entièrement abolies les autres processions et spécialement celles où l’on porte quelques images ou reliques, et plus encore celles qui ont pour but de visiter quelque image de la Vierge ou des saints, et qui se terminent par des banquets ou des réunions indécentes ( S 25). Ainsi le peuple ne sera plus distrait par ces cérémonies tout extérieures ; il reviendra 'aisément au véritable esprit de piété ; il comprendra que toute la vie du chrétien est une fête continuelle et doit chanter les louanges de Dieu ; mais, comme ceux qui vivent ainsi sont rares, les dimanches et fêtes fourniront l’occ isiori de penser à Dieu, de se détacher des biens terrestres, de redoubler les prières, d’entendre des instructions, d’assister à la messe, de chanter les louanges de Dieu et de pratiquer avec une grand 1 ferveur les autres devoirs de la piété chrétienne (§ 26). La multiplication des fêtes a produit une'égale indifférence pour toutes ; ce qui procure aux riches l’oisiveté, la vanité, l’intempérance est aussi préjudiciable aux pauvres, qui, en ces jours, ne travaillent point et lan-