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PISTOU- ; (SYNODE DE). DÉCRETS, A : > SACREMENTS


nécessaire pour être justifiée, car la foi chrétienne est

le fondement du salut (§ 14) ; c) la cupidité dominante est la maladie de l'âme et la charité est la médecine qui la guérit ; il est donc bien évident que la crainte des peines et l’attrition servile ne suffisent pas pour guérir l'âme atteinte par l’amour dominant des choses créées ; la crainte peut arrêter la main mais ne peut guérir le cœur ; le pasteur, avant d’admettre ses pénitents aux sacrements, devra s’en tenir à des signes non équivoques de charité dominante (§ b) ; d) l'Évangile dit que les œuvres sont le signe de la conversion du cœur ; seules, les œuvres peuvent donner un signe moralement certain de conversion (§ l(i) ; e) le plan suivi par Dieu pour le salut du genre humain enseigne aux pasteurs comment se produit le salut du pécheur : il ne s’opère ordinairement que par degrés. Nous devons avoir sous les yeux les trois états de l’humanité : l’ignorance, la Toi, la grâce. De même, le pécheur d’abord ignore le péché, puis il en connaît la gravité et enfin il le déteste. Donc, lorsque le pécheur gémit de l’esclavage de ses mauvaises habitudes, c’est une pratique pleine de prudence et de charité de lui donner le temps de sentir le poids de ses péchés, de s’humilier devant Dieu et de connaître la nécessité de la grâce qui, seule, peut le délivrer de cet esclavage (§ 17) ; I) par conséquent, la vraie conversion du cœur n’est pas transitoire, inconstante et instable, comme on le croit communément, mais elle a une certaine stabilité, et bien qu’elle ne soit pas inamissible, cependant elle ne se perd pas facilement. Il ne faut donc pas se fier aux pénitents qui retombent facilement dans leurs péchés et dont la vie est faite de confessions et de rechutes. Ainsi se trouve réglée la conduite du confesseur à l'égard des récidivistes (S 18). Les absolutions précipitées et imprudentes viennent pour la plupart d’une fausse conception de la liberté et de la grâce. On regarde l’homme comme dans un état d'équilibre, avec des forces égales pour le bien et pour le mal, alors que le cœur humain est profondément corrompu et enclin au mal. La grâce n’est point entre les mains du libre arbitre et il importe de ne pas oublier que l’homme est esclave du péché et que la grâce nécessaire est absolument gratuite et efficace par elle-même (§ lit). De la force victorieuse de la grâce, concluons qu’il ne faut jamais désespérer de la conversion des pécheurs les plus obstinés, qu’il faut demander à Dieu une grâce qui triomphe de leur cupidité, qu’il faut mettre toute sa confiance en Dieu pour vaincre les habitudes les plus invétérées. De la gratuité de la grâce, il faut apprendre à adorer les jugements de Dieu, se tenir fermement aux règles prescrites par Jésus-Christ dans l’administration des sacrements et attendre patiemment les miséricordes du Seigneur (§ 20). Si on change ces notions de la liberté, de la grâce et de la prédestination, on change les maximes de la morale et on introduit cette facilité effrénée à donner des absolutions, sources des maux qui désolent l'Église. Si on perd la notion de la vraie justice, qui est la charité, on dénature toutes les vertus chrétiennes et on corrompt toute la morale, particulièrement dans l’administration du sacrement de pénitence (§ 21). Il faut revenir à la vraie doctrine de saint Augustin et, en particulier, à la doctrine que la faculté de Louvain présenta, en 1677, au pape Innocent XI, et à celle qui fut exposée, en 1725, par le cardinal de Xoailles, en douze articles, qui furent autorisés par le pape Benoît XIII après un sérieux examen (§ 22). Le synode publie les huit articles relatifs à l’ignorance, à l’inadvertance et à la probabilité sur la malice des actes humains, et les seize articles sur les vertus théologales (il est surtout question de la charité et de la foi) proposées par la faculté de Louvain. Ces articles avaient été adoptés déjà par le concile d’Utreeht, en 1763.

Puis le synode approuve les XII articles du cardinal de Noailles sur le péché d’Adam, la concupiscence dominante, la charité, la lecture de l'Écriture sainte, qui est nécessaire, au point que, seule, une véritable impossibilité peut en excuser.

" Les sacrements. A la session du vendredi

J’J. septembre, on aborda la question des sacrements. qui devait occuper cette séance et la suivante. Kn tout temps, une religion fut nécessaire et une religion suppose des signes extérieurs. Ces signes, ou sacrements, sont devenus encore plus nécessaires après la chute d’Adam et ils renferment la promesse d’un rédempteur : dans la loi mosaïque, ils avaient pour but d’exciter la foi au futur rédempteur. Dans la loi nouvelle, les sacrements ont la verlu de conférer la sràce à ceux qui apportent les dispositions requises et. en premier lieu, la loi. Les sept sacrements, institués par Jésus-Christ, sont tous nécessaires, niais pas au même degré. Ils sont composés de choses sensibles ou d’actions et de paroles, et le ministre ne saurait y rien changer, mais l'Église en corps pourrait changer substantiellement l'élément sensible ou les paroles, sans supprimer le sacrement (§ 10). Les ministresdoivent préparer les fidèles à recevoir les sacrements et, dans l’administration elle-même, faire toutes les cérémonies prescrites par l'Église universelle ou par le diocèse.

1. Le baptême.

Le péché originel est un péché grave, et la mort est une peine du péché. Après la mort, il n’y a, finalement, que deux états : le ciel et l’enfer ; ainsi le synode rejette comme une fable pelagienne un troisième lieu où on placerait les enfants qui meurent avec le seul péché originel (§ 3). -Mais nous sommes rachetés par le second Adam, qui s’est fait propitiation pour les péchés du monde entier, et nous renaissons spirituellement par le sacrement de baptême : donc, quiconque n’est pas baptisé, n’a point le caractère de fils adoptif de Dieu imprimé dans l'âme, ne peut avoir part à l’héritage du royaume de Dieu, n’appartient pas au corps de Jésus-Christ, qui est l'Église, et ne participe pas à la communion des saints. Le baptême est donc le premier et le plus nécessaire des sacrements. Cependant, pour les adultes, il y a le baptême de désir. Les parents doivent faire baptiser leurs enfants dans les vingt-quatre heures qui suivent la naissance. Les sages-femmes doivent savoir baptiser. S’il y a un doute prudent au sujet du baptême, il faut s’en tenir aux canons anciens qui, sans faire aucune mention d’une forme conditionnelle, prescrivent de réitérer le sacrement dont l’existence est réellement douteuse (§ 12). Le synode rappelle les antiques traditions : l’habit blanc porté par les adultes durant huit jours après leur baptême (§ 14) ; les catéchumènes et les enfants nés du jeudi au samedi saint doivent être réservés pour le baptême solennel (et de même à la Pentecôte) avec des instructions données aux fidèles sur les cérémonies du baptême (§ 18). Le synode recommande de donner aux garçons un parrain et aux filles une marraine (§ 21) et de donner la bénédiction aux femmes après les couches, à celles qui la demanderont, mais en prenant garde qu’il n’y ait dans l’esprit des femmes ni superstition, ni erreur (§ 24).

2. La confirmation.

Le second sacrement est le complément du baptême, mais il forme un sacrement distinct dont on trouve l’existence dans l'Écriture. Le ministre de ce sacrement est l'évêque. Le concile est d’avis qu’il vaut mieux, sauf maladie, attendre poulies enfants l'âge de raison et qu’il y a obligation de recevoir ce sacrement, à cause des avantages spirituels qu’il procure. Aussi les curés devront instruire les fidèles sur ce sujet, en particulier lorsque l'évêque doit venir dans la paroisse ou les paroisses voisines. Ils exhorteront les confirmants à se préparer par leurs