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PISIDÈS GEORGES]

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devant de l’empereur avec, sur les lèvres, ce distique Batteur :

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o roi. ces chaussures ùoires que tu portes, tu les teindras de rouge dans le sang des Perses.

Pisidès suivit la première expédition d’Héraclius (622), mais non la seconde (623-629), et lors de l’attaque de Constant inople par les Avares (626). il se trouvait aux côtés du patriarche Sergius. Sa vie se prolongea au delà de 630, mais les détails nous en sont inconnus. Il fut longtemps confondu avec Georges de Nicomédie, ami intime de Photius, chartophylax de Sainte-Sophie, puis métropolite de Nicomédie en Bithynie ; erreur qu’Allatius (De Georgiis, cf. Fabrieius. Biblioth. grwca, Hambourg, t. x, 1737, p. 606), le premier, relève et rente longuement.

II. Œuvres. — Pisidès est plus poète que théologien ou, pour mieux dire, il est le panégyriste des triomphes d’Héraclius. La plupart de ses œuvres, sinon toutes, sont en vers, et son art poétique fut à ce point estimé, par le Moyen Age byzantin, que Michel Psellos (xi siècle) dut répondre longuement à la question de savoir qui, de Pisidès ou d’Euripide, l’emportait en versification. Pisidès est, en effet, considéré par les spécialistes comme un signe : en lui, l’on surprend les derniers reflets de l’inspiration antique et il est l’initiateur des temps nouveaux. Le vers qui a sa préférence presque exclusive est l’ïambe trimètre. Voici la liste de ses œuvres dont la plupart sont reproduites par Migne, P. G., t. xcii, col. 1197-1754.

1. Etç T^v xocrà rifpccôv èxoTpaTsîav’HpaxXeto’JTOÛ 13aat>.écoc. De expeditione Heraclii imperatoris contra Persas. Col. 1197-1260. — Relate en trois « acroases » ou poèmes comprenant 1098 ïambes, les faits qui marquèrent la première expédition d’Héraclius en Perse (622) et dont Pisidès fut le témoin oculaire ; œuvre plus poétique qu’historique.

2. E’.ç, T7)v Yevo(ASVT)v sooSov —rôJv [3ap6âpcov x.cd eïç T » )V ï’jtcôv xoToyîxv. fyroi sxŒaiç toû yevofxévou îioXé|XOU sic tÔ —zzïyoq, TÎ)Ç KojVaTXVTWO’JTTCiXEXOÇ (JL£T’y. ;  ; j’Aoipcuv xai Ttôv rcoXiTÔiv, De invasione fada a barbaris ac de ffuslrato eorum consilio, sine expositio belli quod yestum est ad mania Constantinopoleos inler Avares et cives. Col. 1263-1294. — Œuvre dédiée au patriarche Serge ; elle raconte en 541 vers l’attaque des Avares contre Constantinople, en l’absence d’Héraclius (626), et célèbre aussi la grande organisatrice de la défense, la vierge Marie.

3. h[ : tt)v Dçytocv KvâoTamv toû Xpioroû to ; j ©eoij rjpcôv, In sandam resurredionem J.-C. Domini nostri. Col. 1373-1384. — Hymne pieuse de 129 vers, composée vers 627-628. Pisidès profite de la solennité pascale pour adresser une exhortation morale au prince Constantin, fils d’Héraclius, et l’inciter à imiter les gestes chrétiens de son royal père.

4.’Wtyy’L’.y. : rçxoi tlç t » jv reXetav 7tTÛcriv Xoopéou paôiXscoç [Iepccôv, Heraclias sive de exlremo Chosroæ Persarum régis excidio. Col. 1297-1332. — Le contenu ne correspond pas tout à fait au titre et est plutôt un résumé élogieux de la vie d’Héraclius, composé en 628, dès l’annonce de la victoire définitive sur les Perses. Pisidès. dans son cm| ressèment, n’a même pas attendu le retour de l’empereur pour aller aux renseignements. Ce poème de victoire est composé de deux « acroases.. en 171 vers.

5.’Kiy.^y.zz’j-j r, KocuLOopYi*, Hcxæmeron sive Cosmopoeia. Col. 1 125-1578. — Au témoignage de Suidas, cet écrit comprendrait 3 000vers ; même affirmation chez Labbe (Bibl. nov. manuscriptorum librorum, p. 385). C’est, sans doute, une erreur, lui tout cas.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

Quercius, l’éditeur de Pisidès, n’en publie avec peine que 1910.

Comme ses devanciers en ce genre, Pisidès expose ici les beautés de la nature pour s’en servir comme de degrés dans sa montée vers 1 lieu, et il fournil en même temps aux fidèles des armes contre les erreurs païennes sur l’origine du monde, la Providence divine, etc. Son but semble même d’embrasser fous les dogmes chrétiens et de réfuter toutes les erreurs de son temps. D’où la difficulté de désigner précisément l’adversaire qu’il vise, Un nom vient cependant sous sa plume, c’est celui de Proclus. S’appuyant sur le témoignage de Nicéphore Calliste, Hist. eccl., XYIII, xi.vin, P. G., t. cxlvii, col. 428 C, d’après lequel Pisidès aurait combattu Philopon, et n’ayant eux-mêmes, sur les écrits de Pisidès, que des notions mal arrêtées, des érudits comme C. Oudin (Commentarius de scriptoribus Eccl. antiquis…, t. i, Leipzig, 1722, col. 1613) et G. Cave (Scriplorum eccles. hist. lilter., t. i, Bâle, 1741, p. 583) crurent que cet écrit du poète byzantin était VHexaméron, et ils virent Philopon sous le nom de Proclus. Sans compter que l’ouvrage visé par Nicéphore Calliste est plutôt le Contra Severum. Voici ce qu’il en est en réalité. Dans sa réfutation de l’ouvrage de Proclus sur l’éternité du monde (Kaxà ilpôxXou 7îept daoVjTY)TGç xciapiou Xôa£iç Xôywv it]’) Philopon ne s’était servi que d’arguments philosophiques ; l’Écriture et la théologie n’y avaient joué aucun rôle, méthode qui n’était pas faite pour déplaire au philosophe et qu’on lui avait reprochée au sujet d’autres ouvrages (cf. citation P. G., t. xcii, col. 1409 D). Or„ au temps de Pisidès, la renommée de Philopon était grande, mais son nom, par les fausses doctrines qui s’y attachaient, demeurait odieux. Loin donc de le suivre, Pisidès lui reproche, mais sans le nommer, et sa méthode de réfutation insuffisante et ses multiples sophismes. Pour lui, dans l’exposé de l’œuvre des six jours, comme dans la réfutation des impies, la Bible suffit ; ce qui dépasse l’intelligence, il ne le scrute pas, mais il recourt fréquemment au sens mystique caché au sein des choses. Les allusions à Philopon deviennent mordantes quand il’s’agit des dogmes de la résurrection des morts et des deux natures du Christ, —chapitres sur lesquels Jean Philopon avait erré.

Le style poétique, peu clair et procédant par allusions plus ou moins nettes, ne permet pas de grandes précisions sur les personnages visés et l’on peut dire que, avec Philopon, Pisidès veut atteindre les chefs monophysites : Sévère, Paul le Borgne, et d’autres encore. Faisons remarquer que cette œuvre rappelle celle de saint Basile et que, platonicien de tendance, son auteur s’attaque plus d’une fois aux explications données, en physique, par Aristote. L’Hexameron vit le jour aux environs de 629.

Il existe de cet écrit deux traductions, l’une arménienne, l’autre slavo-russe, celle-ci faite, en 1385, par Démétrius Zographos sur un texte slave du Sud. Ces traductions concordent plus entre elles qu’elles ne s’accordent avec notre texte grec.

6. Kaxà Suaaeêo’jç Seijtjpo’; ’AvTio/stac, Contra impium Severum Antiochiæ. Col. 1621 —1676. — Écrit fie 731 vers. Suidas ne le mentionne pas, mais ce n’esl pas le seul qu’il ne connaisse pas. Obscur, parce que, comme l’écrit précédent, il procède par allusions, il fut composé après la paix conclue avec les Perses, comme il résulte de l’affirmation du vers 75 et nous pouvons le dater approximativement « le 630. D’après les assertions de l’auteur (vers 6, 1 15), il a dû être inspiré cl presque dicté par l’empereur.

Dans cet ouvrage, Pisidès se propose de parfaire son œuvre de chantre d’Héraclius ci de nous montrer l’action de l’empereur sur le terrain religieux. Le Con Ira Severum indique assez par son litre que le poète

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