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PISE (CONCILE DE) PISIDÈS (GEORGES)


d’Anjou, roi de Sicile, le roi de Chypre ; de l’autre, le reste de l’empire avec le roi Robert, les pays Scandinaves, la Hongrie, Venise, les Marches, une portion de la Romagne, Rome, Ladislas de Duras, rival de Louis d’Anjou, la Castille, l’Aragon, l’Ecosse. Les intérêts politiques, plus que le souci de la religion, inspirèrent certes la conduite de plus d’un chef de gouvernement, mais les réfractaires au concile avaient beau jeu pour contester aux cardinaux des deux obédiences le droit de le convoquer, puisque Grégoire XII et Benoit XIII régnaient de fait et qu’aucune sentence de déposition ne leur avait enlevé leurs pouvoirs. D’ailleurs, Benoît XIII et Grégoire XII n’avaient-ils pas promulgué l’ouverture de conciles, l’un à Perpignan, l’autre dans une ville du nord de l’Italie ?.Mais le Sacré Collège avait pour lui’des canonistes de renom, comme BaFde de Pérouse et François Zabarella, et l’adhésion des universités de Paris-, Angers, Toulouse, Montpellier, Bologne et Vienne ; il put espérer arriver à ses fins en dépit des échecs essuyés.

Au jour dit, le 25 mars 1409, l’assemblée conciliaire se réunit à Pise. Elle comprit jusqu’à 500 membres et eut l’apparence de l’œcuménicité. Ce qui frappe, c’est l’unanimité régnant entre ses membres. Tous n’ont à cœur, semble-t-il, qu’une chose : mettre fin aux maux nés du schisme et aux abus qu’il avait provoqués.

La convocation du concile était-elle valide ? Un orateur (4 mai) prétendit la justifier. Les deux papes étaient incontestablement responsables de la prolongation du schisme, en n’adoptant pas les mesures nécessaires et efficaces pour y mettre fin ; en conséquence, ils devenaient schismatiques, donc hérétiques, car c’est un dogme que l’Église est une ; quiconque perpétuait le schisme rompait l’nnité et encourait les peines contenues dans les saints canons. Mais qui est schismatique ou hérétique cesse d’être pape et perd toute juridiction. Les cardinaux ont donc le droit de convoquer un concile général dans des cas urgents et puisque la vacance du Saint-Siège existe de jure.

Les cardinaux éprouvèrent le besoin (10 mai) de déclarer légitimes et canoniques l’union des deux collèges et la convocation du concile ; ce qui leur permit de trancher la question du schisme. Dans la ix c session (17 mai) ils légalisèrent la soustraction d’obédience à Grégoire XII et à Benoît XIII, devenus contumaces à la suite de leur refus de comparaître, et proclamèrent la nullité des sentences prononcées par eux contre les déserteurs de leur cause. Le 5 juin 1409, l’instruction du procès étant achevée, les deux papes furent déclarés schismatiques et hérétiques notoires et, conséquemment, déposés et exclus de l’Église. Il ne restait plus qu’à procéder à une élection pontificale. On convint, après discussion, que les électeurs seraient les cardinaux des deux obédiences, à l’exclusion des Pères du concile. Le 26 juin, Pierre Philargès (ou Pierre de Candie) était élu et prenait le nom d’Alexandre V.

Le premier soin du nouveau pape fut de confirmer tous les décrets et sentences promulgués par le concile et de suppléer aux vices de forme possibles. Les deux collèges cardinalices se trouvèrent fondus en un seul et Alexandre V s’engagea à réformer les abus dont soutirait l’Église ; après quoi, les pénalités prononcées par Benoît XIII et Grégoire XII ou leurs prédécesseurs, à l’occasion du schisme, furent dites nulles. Par contre, on procéda à la sanatio globale de toutes les dispenses de mariage et sentences pénitentielles jadis accordées dans les deux obédiences ; de même, on adopta diverses mesures en matière bénéficiale.

Le 7 août 1409, AlexandreVclôturales séances conciliaires. De la réforme, on ne traita pas. Des synodes provinciaux devaient préparer la tâche qui incomberait à un prochain concile. D’ailleurs, le pape et ses cardinaux promettaient de travailler à régénérer l’Église.

Les Pères assemblés à Pise avaient prétendu éteindre le schisme. Si leur élu fut reconnu par un grand nombre de fidèles, ils n’en contribuèrent pas moins à jeter l’Église dans une crise plus redoutable. Par leur précipitation à agir, ils partagèrent la chrétienté en trois obédiences. Ni Benoît XIII, ni Grégoire XII ne reconnurent la validité des sentences qui les avaient frappées. Mais, malgré tout, le concile de Pise leur porta un coup funeste en leur enlevant un nombre considérable de partisans et en traçant la voie à suivre. Au demeurant, le concile de Constance ne fera que reprendre l’œuvre que l’assemblée de Pise s’était flattée de réaliser. La signification générale du concile de Pise sera étudiée, d’ailleurs, à l’art. Schisme d’Occident.

I. Sources.

Les actes du concile ont été imprimés par

D. Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima colleclio, Venise, 1784, t. xxvi, col. 1131-1256, et t. xxvii, col. 1-502 ; II. 1-inke, Acta concilii Constaniiensis, t. i, Munster, 1896 ; L. Schmitz, Zur Geschichle des Konzils von Pisa 1409, dans Romische Quarlalsehrift, t. ix, 1895, p. 351-375 ; O. Gunther, Zur’orgeschichle des Konzils von Pisa, dans Nettes Archiv der Gesellschajl jùr àllere deuLsche GeschicliLskunde, t. xli, 1917-1918, p. 635-676.

II. Travaux.

J. Lenfant, Histoire du concile de Pise et de ce qui s’est passé de plus mémorable depuis ce concile jusqu’à celui de Constance, 2 vol., Amsterdam, 1724 et Utreçht, 1731 ; R.-K. Kcetzschke, Rttprecltt von der Pfalz ttnd das Konzil ztt Pisa, Iéna, 1891 ; F. Stuhr, Die Organisalion und Geschàflsordnung des Pisaner und Konstanzer Konzils, Leipzig, 1892 ; N. Valois, La France et le Grand Schisme d’Occident, t. iv, Paris, 1902, p. 1-107 ; F. Bliemetzrieder, Die Generalkonzile im grossen abendlàndischen Schisma, Paderborn, 1904 ; Hefele-Leclercq, Histoire des con-iles, t. vii, l re part., Paris, 1916, p. 1-69 ; L. Salembier, Le Grand Schisme d’Occident, Paris, 1900 ; L. von Pastor, Geschichle der Pàpste, 1. 1, Fribourg-en-Brisgau, 1925, 7e éd., p. 186-203 ; G. Zonta, Francesco Zabarella, Padoue, 1915.

G. Mollat.

PISIDÈS Georges (vir 3 siècle). — I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Georges Pisidès, originaire de Pisidie — mais on ne sait de quelle ville — vivait, à Constantinople, sous l’empereur Héraclius (G 10-641). Bien vu par l’empereur, il avait encore un puissant patron en la personne du patriarche Sergius (610-638), son ami et en même temps son maître en spiritualité et en théologie. Nous trouvons Pisidès parmi les diacres de Sainte-Sophie et, qui plus est, avec le titre de skevophylax. distinction qu’il doit, sans doute, à ses puissantes protections. Onsait que, par un décret du l Pr mai 612, Héraclius avait mis ordre au nombre des desservants de la Grande-Église. Ainsi les diacres étaient fixés à cent cinquante, les skevophylaces, préposés à la garde des ornements, vases sacrés et autres objets du culte, étaient au nombre de douze : quatre prêtres, six diacres, deux lecteurs ; d’où l’on peut se faire une idée de l’office et de la dignité de Pisidès. Cependant, plusieurs manuscrits ou écrivains (tels, par exemple. Suidas, Lexicon ; Nicéphore Calliste, Hist. eccl., XVIII, xlviii, P. G., t. cxlvii, col. 428 C ; le ras. Vaticanus gr. 106 [olim 710], xive s.), confondant ces titres, lui attribuent encore celui de chartophylax ou de referendarios, le premier correspondant à la charge de bibliothécaire ou gardechartes de la Grande-Église, le second à celui d’agent de liaison entre le patriarche d’une part et l’empereur ou les archontes d’autre part. Le plus certain est qu’il fut diacre skevophylax, ayant un rôle éminent parmi ses confrères, les dignitaires de Sainte-Sophie, comme en fait foi le trait suivant recueilli et rapporté par l’historien Cédrénos, SùvenJ ; ’-ç tcropicôv, P. G., t. cxxi, col. 785 D :.< Quand, au moment de partir pour la Perse, Héraclius fit son entrée dans Sainte-Sophie, chaussé de noir, afin d’y prier, une dernière fois, dans l’attitude de la pénitence, Pisidès se porta au-