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PHILOTHEE KOKK1NOS. ŒUVRES

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et que Grégoire XI multipliait en Europe ses démarches pour l’organisation d’une expédition militaire, le patriarche déchaîna contre les catholiques byzantins et leurs sympathisants une vraie persécution, avec accompagnement de confiscations, d’expulsions et autres sévices. Son animosité antilatine grandit d’ailleurs encore devant la concurrence que Rome commençait à lui faire dans des régions traditionnellement rattachées à Constantinople : en Moldavie, dans la Serbie déchiquetée, en Volhynie et jusqu’à Kiev. La réaction qu’il provoqua fut assez grave pour ébranler la confiance du Saint-Siège dans les promesses régulièrement ajournées du basileus. Lorsque, affaibli par l’âge, Philothée dut démissionner, en 1376, le pape n’en subordonnait pas moins, en raison de la gravité exceptionnelle de la situation dans le Proche-Orient, la question religieuse à l’octroi de l’aide escomptée contre les Turcs. Il est certain cependant que les nouvelles régulièrement fournies à la curie sur l’attitude hostile et l’orientation nettement hérétique du haut clergé grec causa en Occident bien des hésitations quand il eût fallu agir d’urgence, sinon d’enthousiasme. Malgré la vive sympathie qu’avait éveillée en faveur des Grecs la venue de Jean V en Occident, l’hostilité ouvertement affichée du clergé byzantin fit que les appels d’Urbain V et de Grégoire XI furent peu ou point écoutés même de ceux qui étaient le plus intéressés à défendre l’empire.

D’après une donnée incontrôlable, répétée par divers auteurs grecs, Philothée aurait survécu trois ans à sa seconde abdication. Le détail est sans doute emprunté à la vie athonite (voir la bibliographie) et on ne saurait y contredire à priori. Ce qui, par contre, est certain, c’est que, dès qu’il fut mort, la Grande-Église ne tarda pas à canoniser le personnage, défenseur des dogmes palamites. Ni le synaxaire de Constantinople, ni les menées plus étendus n’ont, à la vérité, gardé sa mémoire, mais son nom bénéficie encore chaque année, au Synodicon du premier dimanche de carême, des acclamations réservées aux grands confesseurs de l’orthodoxie byzantine.

II. Œuvres. — Le seul catalogue qui en ait paru a été dressé par Fabricius, Bibliotheca græca, t. xi, p. 513-518 (reproduit dans P. G., t. cliv, col. 711718). Malheureusement, cette compilation, d’ailleurs très détaillée, confond avec les ouvrages authentiques nombre d’apocryphes dus à des homonymes et plusieurs traités imaginaires. Nous distinguerons dans le dossier littéraire de Philothée six catégories de productions : polémiques, hagiographiques, homilétiques et exégétiques, canoniques, poétiques, et diverse (correspondance, discours de circonstances).

1° Œuvres polémiques. — Elles concernent toutes l’hésychasme. Ce sont : 1. Quinze aniirrhétiques contre Nicéphore Grégoras : tlpoç Ta a’jyypaçÉvTa T * ? çiXoaôçcp rpr, vopà xaTa ~.z toû kpoô tt, ç’ExxX^cîaç TÔ(i.o’j xal Cetaç ÈvEpyEtaç xal Osonroioù yàptToç xal 8r, xal "t, ç ôpa6EÎcr ( ç èv 0a60jpîco’jTxpçvôJç OsocpavEÎaç -re xal 8e6T » )Tcç. Inc. : ’ESs^âi^v rà y.a6’r.jxcâv xe xal —r, ç £>jce6e’10cç. Cet écrit, le plus considérable et le plus important de la série, a été édité par Dosithée de Jérusalem dans son Tô^oç’Ayiitrfi, 1698, p. 1-239, reproduit dans P. G., t. cli, col. 773-1186 (sans traduction en regard). Contrairement à ce que pourrait faire croire l’état de certains manuscrits, ce bloc de quinze livres comprend deux parties de date et d’origine diverses. Les trois derniers (P. G., /oc. cit., col. 1139-1186), c’est-à-dire, les deux discours et l’épilogue, donnés comme distincts par l’imprimé, sont les plus anciens. Ils furent composés pour réfuter les déclarations orales de Grégoras, rapportées à l’auteur par deux hauts personnages, alors que les dix livres lancés par le rhéteur contre le tome de 1351 (voir ci dessous) n’étaient pas encore venus à sa connaissance. L’édition en est très défectueuse ; non seulement le prologue propre fait défaut, mais le dernier de ces discours a de graves lacunes que rien parfois ne signale. Cf. G. Mercati, Nolizie ed altri appunti, p. 243-245. Les douze premiers livres, composés en 1353-1354, à la prière de l’empereur Jean Cantacuzène, sont une réfutation méthodique de l’écrit précité de Grégoras. Un second prologue dont Philothée les avait fait précéder, omis par Dosithée, est connu par Boivin qui n’en a toutefois donné qu’une partie, cf. P. G., t. cxlviii, col. 71 ; la fin du texte (dans G. Mercati, op. cit., p. 243) nous apprend que l’auteur lui-même réunit dans une rédaction définitive les deux parties ci-dessus décrites dans l’ordre où elles ont été imprimées. Les recensions antérieures ne furent pas pour cela retirées de la circulation, comme en témoignent certains codices où les deux groupes d’écrits sont conservés isolément.

2. Quatorze chapitres contre l’hérésie d’Acindynus et de Barlaam. Ta XEçàXaia (18) ttjç alpÉascoç’Axiv8ùvou xal BapXaàpt xal tôjv ô[i.G(ppôv<ov aÙTOÏç TsOévxa [xèv ojç aÙTol auvEYpâdiavTo, zt^zïfic, 8s àvaTpE7v6|i.sva rapà toù aû-oû TCarpiap^ou. Inédit, entre autres, dans le Coislin gr. 101, fol. 249 sq. et le Hieros. bibl. patriarc. 276, fol. 215 v° sq. (plusieurs autres copies à l’Athos et à Patmos).

3. Deux discours dogmatiques contre Acindynos au sujet de la lumière thaborique. Aôyoï. 80yjj.aTixol 7tp6ç te tôv’AxtvSuvov xal tô [xépoç aÛToû aoyypacpÉvTEç, 81à toû’HpaxXsîaç (81à toû x’joîo’j Marcian.) OiXo0sou xal aTTOCTTaXévTEç rcapà twv àyiopsiTaiv sic KcovejTavtiv &ûttoXlv, xaTa frîjva îavouàpiov tîjç t8’tv8., aÛToû toû’AxtvSûvou xtvTjaavToç èxetvouç 81à tûv olxEitov auyypaf J t.^t.âTwv. L lÏEpï toù èv Tto Qa6a>plco SsaTioTt.xGÛ’çcotÔç xal Tzzpi Ostaç èvspYslaç Tipàç toùç àvTiXsyovTaç à7roXoyr)Tixcç a’. Inc. : Kal rcaXai [xèv 6 ttjç àXï)0EÎa< ; Xôyoç. — 2. IlEpl 0ei.6t7)toç xal Geîo’j 90JTOÇ xal 7rv£Ufi.aTix(ôv ôpâoEwv xal T7)Ç Espâç tcôv teXeicoç izpoozxr/r^ àTroXoyrjTtxèç Ç>’. Inc. : FIspl (jièv 87) toÛtcov Ixavàx ;. Inédit dans le Marcian. gr. 582, les Mosquens. 236 et 257. Ce traité fut rédigé, d’après la suscription, vers janvier 1346 et porté aussitôt à Byzance. Comme l’insinue d’ailleurs la variante du codex vénitien, l’auteur ne devait pas encore être évêque, quand il composa l’écrit. Celui-ci servit une seconde fois, lorsque les hagiorites, empêchés de se rendre en corps au concile palamite de 1351, y dépu tèrent plusieurs des leurs, porteurs de ces discours « composés par le métropolite d’Héraclée Philothée alors qu’il demeurait encore parmi eux ». Le texte qui nous rapporte le fait (P. G., t. cli, col. 757 CD), où l’on a voulu voir à tort une allusion au tome hagiorite (cf. Mercati, Notizie, p. 246) donne nettement ce double opuscule comme antérieur à l’épiscopat (oûç auvEypâif’^To èxeï eti TtapapiEvcùv pxT’aÙTcôv). Sur les écrits d’Acindynus auxquels il y est répondu, voir ici t. xi, col. 1803.

4. Lettre dogmatique à Pétriotès : Toi nETpiGirfl, ôti o>G7tEp eÏç Œôç 7]’Ayîa Tpiâç, gutco xal u.i<y. r) Œcttjç, xal Txspl Osîaç ivspyEÎaç. Inc. : X0èç xal TCpÔTpiTa [Loi ~.c, tcôv auvY)6cûv. Le destinataire de cet opuscule était barlaamite, le même sans doute que Manuel Pétriotès, officier influent du patriarcat dès 1365. Cf. G. Mercati, Notizie, p. 242, n. 1, où l’orthographe du nom est fautive. Inédit dans les Paris, gr. 1276, fol. 32 sq. ; Coislin 101, fol. 237 sq. ; Vindobon. theol. gr. 201, fol. 70-87, etc.

5. Plusieurs autres documents de caractère officiel sont également l’œuvre personnelle de Philothée et montrent le rôle prépondérant qu’il joua au sein du palamisme avant d’être patriarche. On lui doit : une recension palamite de la profession de foi imposée aux