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bibliothèque de l’université et le ms. 45 du collège espagnol (Albomoz) de Bologne. Cependant, d’après A. Lang, Die Wege der Glaubensbegrùndang bei den Scholaslikern des xiv. Jahihunderts, dans les lieitràge de Baumker, t. xxx, fase. 1-2, p. 9(1, n. 1, le Vat. lat. 67 3 s ne contiendrait pas le commentaire de François de Pignano sur le 1. II des Sentences, mais le commentaire sur le 1. I de Jean de Ripa. Le même auteur ajoute le ms. 532 de la bibliothèque universitaire de Leipzig (I. I et II) et le ms. Pal. 4826 de la bibliothèque de Vienne (1. III et probablement aussi 1. II et IV et quelques questions du 1. I). J.-H. Sbaralea mentionne encore un ms. de la bibliothèque Ambrosienne de Milan, qui contiendrait le 1. III. A ces mss. on doit en ajouter deux autres, les lat. 3071 et 3072 de la Bibliothèque nationale de Paris, contenant tous deux le commentaire sur les quatre livres des Sentences de François de Pignano, déjà cités par M. Schmaus, Der « Liber Propugnatorius », dans les Beitrùge de Baumker. t. xxix, 1930, p. 34, n. 59.

L’examen attentif de ces deux mss. nous a amené à la conclusion que, très probablement, il existe une double rédaction du commentaire sur les Sentences de François de Pignano, au moins en ce qui regarde les deux premiers livres. Le texte du commentaire sur les deux premiers livres diffère, en effet, complètement d’un ms. à l’autre. Dans le lat. 307 1. le 1. I débute : Quwritur primo utrum eus simpliciter simplex possil esse subjectum alicujus scientise, et dans le 3072 : Veteris ac novæ, etc. Quirritur utrum theologia sit de Dco tanquam de primo subjecto. De même pour le t. II, dans le premier ms. Yincipit est : Utrum creatio sit demonstrabile de Deo et videtur quod non, quia creatio proprie non est demonstrabile de creatura ; dans le deuxième, au contraire, Circa principium IV libri primo quæro utrum creatio sit demonstrabile de Deo et videtur quod sic, quia creatio est actio.

Le texte du IIIe livre concorde au contraire, dans les deux mss., qui commencent : Circa tertium librum quæro utrum humana natura rel quæcumque (.lia creata sit assumptibilis ad suppositum divinum. Quod non… et finissent : sed animi Xristi fuit summum perjectibile négative ; ideo habuil summam graliam et gloriam positive ad quam nos perducal ipse. Amen. De même le texte du IVe livre semble être identique dans les deux mss., qui débutent : Circa quarlum librum quæritur utrum in sacramentis sit aliqua virtus supernaturalis insistens sive eis formaliler inhærens et terminent : ad quam bealitudinem nos perducat ille qui est benedictus in sœcula sœculorum. Amen. Toutefois le 1. IV du cod. lat. 3072 est incomplet. D’ailleurs les mss. eux-mêmes distinguent une double rédaction, dont l’une est une réportation. Au fol. 1 r° du 3072, on lit : Fr. Francisci de Marchia, franciscani, reporlationes super IV libros Sent. ; ce ms. contiendrait donc une réportation sur les quatre livres. L’examen des rubriques du 307 1 donne au contraire les résultats suivants : à la fin du 1. III et du 1. IV on lit : Explicit reportatio super II Ium librum a fr. Francisco de Marchia. et Fxplicit reportatio IV 1 libri ; tandis qu’à la fin des deux premiers on lit : Fxplicit 7 U » (II 1 "*) liber mag. Francisci de Marchia. Semblablement, Fr. Ehrle a fait remarquer que le cod. VII, C, 27 de la bibl. nat. de Kaples contient deux commentaires distincts de notre auteur sur le t. I, et l’un d’eux termine : Explicit fr. Francisci de Marchia super Ium Sent, secundum reporlationem factam sub eo tempore quo legit Sententias Parisius anno D l 1320.

Il semble donc qu’il faudrait admettre une double rédaction du commentaire sur les Sentences de François de Pignano, dont l’une constituerait une réportation, faite par quelqu’un de ses élèves et l’autre serait très probablement un commentaire rédigé par

lui-même. On peut d’ailleurs déterminer, semble-t-il, l’élève qui aurait transcrit le commentaire fait en classe par François. J.-II. Sbaralea nous dit, en effet, que dans la bibliothèque du couvent des Douze-Apôtres des conventuels, à Home, existait un ms. qui contenait le commentaire de François de Pignano sur les trois derniers livres des Sentences. Or, à la (in du 1. II dont le début correspond entièrement avec celui du cod. lat. 3072 de la Bibliothèque nationale de Paris, on lisait : Fxplicit secundus liber Sentent iarum fratris Francisci liubei reportatus per jratrem Gulielmum de Rubione Parisius. C’est donc le frère mineur Guillaume de Rubione qui aurait rédigé la réportation. Fr. Ehrle (op. cit., p. 254-258) admet que rien ne s’oppose à ce que Guillaume de Rubione soit l’auteur de cette réportation et qu’après avoir transcrit le commentaire de François de Pignano, il ait composé un propre commentaire, qui fut édité, à Paris, en 1518.

Quant à la date de composition de cette double rédaction, les mss. encore nous fournissent des données précieuses. Ainsi, d’après l’explicit du 1. I dans le cod. VII, C, 27 de la bibliothèque nationale de Naples (ci-dessus, col. 2106), la réportation aurait été rédigée à Paris vers 1320. La date de composition de la 2e rédaction, qui aurait été faite par François de Pignano lui-même, ne peut être déterminée avec certitude.

D’après le cardinal Fr. Ehrle, François de Pignano aurait composé encore des Quodlibela, conservés dans le cod. lat. 16 110 (xive s.) de la Bibliothèque nationale de Paris et des Quæstiones super I « m et II » m librum Metaphysicorum, contenues dans le cod. Fesul. supplem. 161 de la bibliothèque Laurentienne de Florence (op. cit., p. 253-254). J.-H. Sbaralea, de son côté, aflirme qu’il serait l’auteur de Quæstiones super Malthœum et d’un traité sur la sainte Vierge, qui commence : Circa virginis Matris præconia et dans lequel il défendrait l’immaculée conception.

François de Pignano s’est montré toujours un disciple fidèle et un défenseur convaincu des théories et des doctrines du vénérable Jean Duns Scot. Quelques points spéciaux des théories enseignées et défendues par le maître franciscain ont été examinés. Ainsi M. Schmaus, op. cit., p. 243, 354 et 536 sq., a étudié la doctrine de François de Pignano sur la sainte Trinité. A. Lang, op. cit., p. 89-100, expose dans le détail les théories du maître franciscain au sujet du fondement dernier de la foi. La thèse intellectualiste de François de Pignano rompt avec la doctrine traditionnelle des scolastiques et introduit un courant nouveau dans la théologie, qui rencontra les oppositions les plus vives et les plus acharnées. D’après lui, la foi exige comme dernier fondement ou motif une évidence immédiate des vérités à croire. Cette évidence, toutefois, ne doit être qu’externe, c’est-à-dire résulter des motifs de crédibilité, qui démontrent un Dieu révélateur. Celte dernière vérité constitue une vérité nota per se. La foi est donc fondée sur un acte de l’intelligence, qui par moyen d’un raisonnement arrive à la certitude des vérités révélées. C’est à cause de cette évidence externe des vérités à croire que l’homme croit ces vérités. Il s’ensuit que l’homme adhère aux vérités à croire, non à cause d’une grâce gratuite donnée par Dieu, qui meut la volonté à adhérer à ces vérités, mais à cause de leur évidence. De la sorte François de Pignano soutient que la théologie est une science proprement dite. Cependant, il ne rejette point toute intervention de la volonté dans l’acte de foi. Au contraire, il soutient que la volonté doit y intervenir, parce que l’intelligence n’adhère aux vérités à croire que par une évidence externe de.ces vérités et non par leur évidence interne. L’absence de l’évidence interne des vérités, ainsi que les difficultés et les objections alléguées contre la